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Albert Camus en 9 livres majeurs – Notre sélection

Albert Camus en 9 livres majeurs – Notre sélection

Albert Camus naît le 7 novembre 1913 à Mondovi en Algérie française. Un peu moins d’un an plus tard, son père meurt à la guerre, laissant sa mère Catherine, à moitié sourde et analphabète, élever seule ses deux fils dans le quartier populaire de Belcourt à Alger. Grâce à son instituteur Louis Germain qui détecte ses talents, le jeune Albert obtient une bourse pour étudier au lycée. Malgré la tuberculose qui le frappe en 1930, il poursuit brillamment ses études.

En 1934, il épouse Simone Hié dont il divorce quelques années plus tard. Il commence alors une carrière de journaliste et publie ses premiers textes. En 1940, il se marie avec Francine Faure et s’installe à Paris. La publication de « L’étranger » et du « Mythe de Sisyphe » en 1942 le fait connaître. Pendant l’Occupation, il entre dans la Résistance et dirige le journal Combat. Dans l’après-guerre, il publie des œuvres majeures comme « La peste » (1947) et « L’homme révolté » (1951) qui provoque sa rupture avec Sartre.

Durant les années 1950, Camus prend position sur la guerre d’Algérie, plaidant pour une solution équitable qui préserverait la coexistence des communautés. En 1957, il reçoit le prix Nobel de littérature. Le 4 janvier 1960, il meurt dans un accident de voiture à Villeblevin, alors qu’il rentre à Paris avec son éditeur Michel Gallimard. Dans sa sacoche, on retrouve le manuscrit inachevé du « Premier homme » (1994).

Écrivain engagé, dramaturge, philosophe, Camus laisse une œuvre marquée par la question de l’absurde et de la révolte, ainsi qu’une réflexion profonde sur la condition humaine. Son style dépouillé et son humanisme continuent d’influencer la littérature et la pensée contemporaines.

Voici notre sélection de ses livres majeurs.


1. L’étranger (roman, 1942)

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« Aujourd’hui, maman est morte. » Ainsi débute « L’étranger », le roman phare d’Albert Camus paru en 1942. Meursault, un modeste employé algérois, apprend le décès de sa mère. Lors de l’enterrement, pas une larme ne coule sur son visage. Le chagrin lui est étranger. Comme tout le reste. Il rencontre Marie, une jeune femme pétillante. Elle l’aime, lui propose le mariage. Mais Meursault demeure insaisissable, indifférent aux conventions sociales.

Un jour de canicule, sur une plage écrasée de soleil, Meursault abat un Arabe de cinq balles dans le corps. Lors de son procès, son crime passe au second plan. C’est son apparente insensibilité qui dérange. Son absence de remords. Son honnêteté dérangeante. Condamné à mort, Meursault refuse la consolation de l’aumônier. Seul face à l’échafaud, il embrasse « la tendre indifférence du monde », conscient de l’absurdité de son existence.

Véritable électrochoc lors de sa parution en 1942, « L’étranger » n’a rien perdu de sa force et de sa modernité. Camus y dresse le portrait glaçant d’un homme en décalage avec la société, étranger à lui-même et aux autres. À travers le destin tragique de Meursault, Camus signe un puissant réquisitoire contre la peine de mort et une réflexion magistrale sur le sens de la vie.

« L’étranger » devient rapidement l’un des romans français les plus lus au monde, traduit dans près de soixante-dix langues. Il inspire de nombreuses adaptations, dont une version cinématographique par Luchino Visconti en 1967 avec Marcello Mastroianni. En 1954, Camus lui-même enregistre une lecture intégrale du texte, aujourd’hui disponible en format audio. En 2013, l’écrivain algérien Kamel Daoud répond à Camus avec « Meursault, contre-enquête », donnant enfin une voix au frère de la victime anonyme. L’œuvre inspire également musiciens et artistes, comme le groupe The Cure qui compose « Killing an Arab » en 1978.

Aux éditions FOLIO ; 192 pages.


2. La peste (roman, 1947)

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Années 1940, Oran, Algérie française. Des rats meurent par centaines dans les rues. Bientôt, ce sont les hommes qui succombent, frappés par la peste. Le docteur Rieux pressent le danger, mais les autorités tardent à réagir. Quand elles se décident enfin, il est trop tard. La ville est mise en quarantaine, coupée du monde. Le fléau se propage. Peur, souffrances et séparations sont le lot des habitants.

Le docteur Rieux, lui, soigne inlassablement les pestiférés. Avec quelques volontaires, comme Tarrou ou Rambert, il organise des formations sanitaires. Mais comment lutter contre un mal aussi absurde, qui condamne même les enfants innocents ? Comment garder espoir et humanité quand l’épidémie désagrège les liens et les âmes ?

Ce récit, qui valut à Camus le Prix des Critiques en 1947, transcende la simple chronique d’une épidémie. S’il peut se lire comme une allégorie de l’Occupation – les « formations sanitaires » rappelant les réseaux de résistance – il interroge plus largement la condition humaine face à l’absurde. Jean-Paul Sartre lui-même salue d’abord l’œuvre avant d’en critiquer la métaphore, jugeant réducteur de comparer les nazis à des microbes.

Le roman connaît un succès immédiat : il devient le troisième plus grand succès des éditions Gallimard, derrière « Le Petit Prince » et « L’étranger ». Traduit dans des dizaines de langues, il connaît un regain d’intérêt spectaculaire lors de la pandémie de Covid-19, les lecteurs y retrouvant les mécanismes psychologiques et sociaux à l’œuvre dans leur propre expérience du confinement. Il inspire aussi plusieurs adaptations, notamment au théâtre par Francis Huster et en mini-série pour France Télévisions en 2024.

Aux éditions FOLIO ; 400 pages.


3. La chute (roman, 1956)

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Amsterdam, années 1950. Dans un bar louche du quartier des marins, un ancien avocat parisien nommé Jean-Baptiste Clamence aborde un compatriote français. Au fil des verres et des jours, il lui confie son histoire : celle d’un homme qui régnait autrefois sur les prétoires parisiens, défendait la veuve et l’orphelin avec talent, multipliait les conquêtes féminines et les actes de générosité apparente.

Mais un soir, alors qu’il traverse le Pont Royal, Clamence voit une femme se jeter dans la Seine. Au lieu de lui porter secours, il poursuit son chemin, paralysé par la peur et l’indécision. Cet événement le hante et provoque sa chute morale. Il prend alors conscience de sa vanité, de son hypocrisie, de l’imposture de sa vie entière. Incapable de continuer à jouer son rôle d’homme vertueux, il quitte Paris pour les bas-fonds d’Amsterdam où il se livre à la débauche avant de devenir ce mystérieux « juge-pénitent ».

Publié en 1956, ce court roman constitue la dernière œuvre de fiction achevée de Camus. Le choix du monologue – on n’entend jamais les réponses de l’interlocuteur – crée un dispositif narratif singulier qui enferme le lecteur dans la conscience tourmentée du narrateur. Les cercles concentriques des canaux d’Amsterdam, comparés à ceux de l’enfer de Dante, symbolisent la descente aux enfers du personnage.

« La chute » frappe par sa noirceur et son ambiguïté. Les thèmes de la culpabilité et du jugement s’entremêlent dans une réflexion vertigineuse sur la condition humaine. Le livre peut aussi se lire comme une réponse cryptée aux attaques des intellectuels parisiens contre Camus après « L’homme révolté ». Sartre y verra d’ailleurs son « livre le plus beau et le moins compris », tandis que l’écrivain américain William Styron reconnaîtra dans Clamence le portrait saisissant d’un dépressif.

Aux éditions FOLIO ; 224 pages.


4. La mort heureuse (roman, 1971)

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Dans l’Algérie des années 1930, Patrice Mersault, modeste employé du port d’Alger, mène une existence terne. Sa rencontre avec Zagreus, un homme fortuné devenu infirme après un accident, va tout bouleverser. Ce dernier, las de sa condition, propose à Mersault de le tuer en échange de son argent. Le crime est maquillé en suicide. Désormais riche, Mersault part pour l’Europe, séjourne à Prague puis à Gênes, avant de revenir en Algérie.

Entre relations amoureuses compliquées et quête obsessionnelle du bonheur, Mersault oscille. Il entretient une liaison avec Marthe, qui ne l’aime pas comme il le voudrait, puis épouse Lucienne, pour qui ses sentiments restent tièdes. La solitude finit par s’imposer comme un choix délibéré. Il s’installe dans une maison face à la mer, dans le Chenoua, où la maladie le rattrape. Dans ses derniers instants, face aux paysages lumineux d’Algérie, il atteint peut-être enfin cet état de plénitude tant recherché.

Premier roman d’Albert Camus, rédigé en 1937-1938 mais publié à titre posthume en 1971, « La mort heureuse » contient déjà les thèmes essentiels de son œuvre : l’absurdité de l’existence, la recherche du bonheur, le rapport à la nature. Le style, encore en formation, alterne moments de grande beauté – notamment dans les descriptions de paysages – et passages plus laborieux. On y découvre la première version du personnage de Meursault, qui deviendra le protagoniste de « L’étranger ». Camus lui-même considérait ce texte comme imparfait, mais il constitue un témoignage précieux sur la naissance de son écriture.

Aux éditions FOLIO ; 176 pages.


5. Le premier homme (roman autobiographique, 1994)

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« Le premier homme » est tiré d’un manuscrit d’Albert Camus, retrouvé inachevé dans sa sacoche lors de l’accident de voiture qui lui coûta la vie en janvier 1960. Ce roman autobiographique s’ouvre sur une nuit orageuse de 1913 dans un village algérien, alors qu’une femme met au monde un enfant dont le père mourra quelques mois plus tard dans les tranchées de la Grande Guerre.

Quarante ans après, Jacques Cormery, double romanesque de Camus, se rend sur la tombe de ce père qu’il n’a jamais connu. Face à la pierre tombale, une révélation le bouleverse : l’homme enterré là est mort plus jeune que lui. Cette prise de conscience déclenche en lui le besoin impérieux de comprendre qui était ce père, de reconstituer son histoire.

Il retourne alors en Algérie interroger sa mère, cette femme à demi-sourde et presque muette qui vit toujours dans le quartier pauvre de son enfance. Mais les réponses sont rares, et c’est plutôt vers ses propres souvenirs que Jacques se tourne : l’autorité de sa grand-mère, la tendresse maladroite de sa mère, les parties de football avec les copains, et surtout la figure lumineuse de son instituteur, M. Bernard, qui lui permit d’échapper à la misère grâce aux études.

À travers cette quête des origines se dessine le portrait d’une famille modeste dans l’Algérie coloniale, où la pauvreté n’empêche pas le bonheur, où le silence des êtres cache parfois leur profonde humanité. Le récit évoque avec pudeur et sensibilité cette enfance sous le soleil d’Alger, marquée par l’absence du père mais aussi par la force des liens familiaux.

Aux éditions FOLIO ; 380 pages.


6. Le mythe de Sisyphe (essai philosophique, 1942)

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Comment vivre dans un monde dépourvu de sens ? En 1942, « Le mythe de Sisyphe » bouscule la philosophie traditionnelle en plaçant le suicide au cœur de sa réflexion. Avec cet essai percutant, Albert Camus, alors jeune journaliste de vingt-huit ans, s’attaque à la question de l’absurdité de la condition humaine.

L’argument central se déploie autour du décalage entre notre soif de comprendre et l’opacité d’un univers qui refuse obstinément de livrer ses secrets. Cette confrontation fait naître l’absurde, notion clé qui traverse l’ensemble de l’ouvrage. Pour l’illustrer, Camus convoque la figure mythologique de Sisyphe, condamné par les dieux à pousser éternellement un rocher jusqu’au sommet d’une montagne, d’où il redescend invariablement.

Plutôt que de céder au désespoir ou de se réfugier dans des consolations métaphysiques, Camus propose une voie radicale : celle de la révolte lucide. Il s’agit d’embrasser pleinement la condition absurde sans renoncer à vivre intensément, transformer l’absence de sens en liberté absolue.

Rédigé dans la France occupée de 1940, ce texte majeur constitue avec « L’étranger » et « Caligula » le cycle de l’absurde qui établit la réputation de Camus. Plus qu’un simple essai philosophique, l’œuvre se lit comme un manifeste pour la révolte joyeuse contre le non-sens de l’existence, traduit en plus de quarante langues et constamment réédité depuis sa parution.

Aux éditions FOLIO ; 169 pages.


7. L’homme révolté (essai philosophique, 1951)

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Publié en 1951, « L’homme révolté » constitue le prolongement philosophique du « Mythe de Sisyphe », où Camus s’interrogeait sur l’absurdité de l’existence et le suicide. Dans cet essai, il examine les fondements et les manifestations de la révolte à travers l’histoire occidentale, depuis les premières contestations bibliques jusqu’aux totalitarismes du XXe siècle.

La réflexion s’articule autour d’une question centrale : comment maintenir l’esprit de révolte sans sombrer dans le nihilisme meurtrier ? Pour y répondre, Camus convoque les grandes figures de la pensée révoltée : Sade, qui théorise la négation absolue ; les romantiques, qui défient Dieu ; Nietzsche, qui proclame sa mort ; jusqu’aux révolutionnaires qui, de Saint-Just à Lénine, rationalisent la violence au nom d’un idéal. À travers ce panorama, il montre comment la révolte légitime contre l’injustice peut dégénérer en révolution totalitaire quand elle perd de vue ses limites morales.

L’ouvrage s’achève sur « la pensée de midi », où Camus dessine les contours d’une révolte mesurée qui refuse aussi bien la tyrannie que le chaos nihiliste. Cette voie médiane repose sur la solidarité et le refus du meurtre, même justifié par l’idéologie.

La publication de « L’homme révolté » déclencha une violente polémique avec les intellectuels de gauche, notamment Sartre et les surréalistes, qui y virent une trahison de l’idéal révolutionnaire. En pleine guerre froide, Camus osait mettre sur le même plan fascisme et communisme comme expressions du nihilisme moderne. Le temps lui a donné raison : son analyse des dérives totalitaires garde aujourd’hui toute sa pertinence face aux nouveaux fanatismes.

Aux éditions FOLIO ; 384 pages.


8. Caligula (pièce de théâtre, 1944)

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Rome, an 41 après J.C. La mort de sa sœur et amante Drusilla bouleverse l’empereur Caligula. Cette disparition lui révèle une insupportable vérité : l’absurdité d’un monde où les hommes meurent sans avoir connu le bonheur. Après trois jours d’errance, il regagne son palais, habité par une vision nouvelle : puisque le monde n’a pas de sens, il exercera sa liberté de la manière la plus totale qui soit.

S’ouvre alors un règne de pure démence logique. Caligula tue au hasard, confisque les biens, force les patriciens à servir à sa table, prostitue leurs épouses. Il exige l’impossible – qu’on lui apporte la Lune – et met en scène des spectacles grotesques où il se travestit en Vénus. Dans ce chaos organisé, seules quelques voix s’élèvent : le jeune poète Scipion tente de le comprendre, l’intellectuel Cherea prépare sa chute, pendant que Caesonia et Hélicon le suivent aveuglément.

Cette trajectoire meurtrière s’achève comme elle devait s’achever : Caligula, qui a tout détruit autour de lui, orchestre sa propre fin. Face à son reflet dans le miroir, il reconnaît l’échec de sa quête effrénée de liberté absolue.

Écrite entre 1938 et 1944, cette pièce fait partie du « cycle de l’absurde » aux côtés de « L’étranger » et du « Mythe de Sisyphe ». La première représentation en 1945 révèle un Gérard Philipe de 23 ans dans le rôle-titre. Le texte connaît plusieurs versions : celle de 1941 développe un nihilisme radical, tandis que la version définitive de 1944 prend une dimension plus politique, marquée par l’expérience de la guerre. La pièce n’a cessé d’être montée depuis, avec des mises en scène qui oscillent entre la toge romaine traditionnelle et des versions contemporaines où Caligula apparaît en costume-cravate, revolver à la main.

Aux éditions FOLIO ; 176 pages.


9. Les Justes (pièce de théâtre, 1949)

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En février 1905, dans un appartement moscovite, cinq jeunes révolutionnaires préparent un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, figure autoritaire du régime tsariste. Le groupe se compose d’Annenkov, leur chef, du poète Kaliayev chargé de lancer l’explosif, de Dora qui fabrique les bombes, de l’intransigeant Stepan et du fragile Voinov. Unis dans leur lutte contre la tyrannie, ils divergent néanmoins sur les moyens à employer.

L’histoire bascule quand Kaliayev, au moment de commettre l’attentat, découvre deux enfants dans la calèche du grand-duc et refuse de les tuer. Cette décision provoque une crise au sein du groupe, notamment avec Stepan qui considère que la fin justifie les moyens. Deux jours plus tard, Kaliayev accomplit sa mission mais est aussitôt arrêté. Face aux propositions de grâce en échange d’une trahison de ses camarades, Kaliayev choisit la fidélité à sa cause et accepte la pendaison. Sa mort pousse Dora, qui l’aimait en secret, à reprendre le flambeau de la violence révolutionnaire.

Écrite entre 1947 et 1949, cette pièce s’ancre dans des événements historiques que Camus a découverts dans les mémoires du terroriste Boris Savinkov. Elle constitue une réponse à « Les mains sales » de Sartre en interrogeant la légitimité de l’action terroriste et les dilemmes moraux qu’elle soulève. La première représentation, avec Maria Casarès dans le rôle de Dora et Serge Reggiani dans celui de Kaliayev, reçut un accueil mitigé, les critiques regrettant le mélange entre romance et intrigue politique. Abd Al Malik en a proposé en 2019 une adaptation remarquée sous forme de tragédie musicale au théâtre du Châtelet.

Aux éditions FOLIO ; 150 pages.

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