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André Malraux en 4 romans – Notre sélection

André Malraux en 4 romans – Notre sélection

André Malraux naît le 3 novembre 1901 à Paris. Essentiellement autodidacte, il se passionne très tôt pour la littérature et l’art. En 1921, il épouse Clara Goldschmidt et part avec elle pour l’Indochine en 1923. Là-bas, une tentative de vol de statues khmères lui vaut d’être arrêté et condamné, avant d’être libéré avec sursis. Cette expérience nourrit son roman « La Voie royale » (1930).

De retour en France, Malraux s’engage dans la lutte antifasciste. Il obtient le Prix Goncourt en 1933 pour « La condition humaine ». En 1936-1937, il combat aux côtés des républicains pendant la guerre d’Espagne, expérience qui inspire son roman « L’espoir » (1937). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Résistance en 1944 et participe aux combats de la Libération sous le nom de « colonel Berger ».

Après la guerre, Malraux s’attache à la personne du général de Gaulle. Il devient ministre des Affaires culturelles de 1959 à 1969, période durant laquelle il mène une politique culturelle ambitieuse : création des Maisons de la Culture, protection du patrimoine architectural, soutien au cinéma. Parallèlement, il poursuit son œuvre d’écrivain et publie notamment ses « Antimémoires » (1967).

Après la mort de ses deux fils dans un accident de voiture en 1961, puis celle de sa compagne Louise de Vilmorin en 1969, Malraux se consacre à l’écriture et à la réflexion sur l’art. Il meurt le 23 novembre 1976 à Créteil. En 1996, ses cendres sont transférées au Panthéon, consacrant son statut d’intellectuel majeur du XXe siècle.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Les Conquérants (1928)

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Résumé

Chine, 1925. Un narrateur venu d’Europe se rend à Canton, ville en proie à une intense agitation révolutionnaire. Sun Yat-sen, le fondateur de la République chinoise, est mort depuis deux ans, et différentes factions s’affrontent pour définir l’avenir du pays. Le narrateur y retrouve son ami Garine, un Européen devenu ministre de la propagande du gouvernement révolutionnaire de Canton. Aux côtés de Borodine, représentant soviétique qui tente d’orienter la révolution chinoise vers le communisme, Garine orchestre une vaste grève générale. Son objectif : paralyser le port britannique de Hong Kong pour démontrer que la puissance coloniale n’est pas invincible.

À travers les yeux du narrateur se dessinent les différents visages de la révolution : Hong, un terroriste animé par la haine des oppresseurs, Tcheng-Daï, figure de la droite du parti prônant la modération, et Garine lui-même, révolutionnaire lucide qui ne croit ni aux idéologies ni aux hommes, mais s’engage totalement dans l’action. Dans ce climat de violence où les attentats succèdent aux répressions sanglantes, chaque personnage affronte à sa manière l’absurdité de l’existence et la question du sens de l’engagement.

Une grève massive des ouvriers chinois de Hong Kong met la colonie britannique au bord de l’asphyxie. Le gouvernement de Canton, sous l’impulsion de Garine et Borodine, interdit l’entrée de toute marchandise provenant de Hong Kong, renforçant ainsi le blocus économique. Mais tandis que la révolution progresse, Garine, malade, confronte sa propre mortalité et s’interroge sur la valeur de son combat.

Autour du livre

Premier volet d’une trilogie consacrée à la condition humaine à travers les soubresauts révolutionnaires de la Chine, « Les Conquérants » paraît d’abord en feuilleton dans La Nouvelle Revue Française avant d’être publié chez Grasset en 1928. La genèse du roman s’enracine dans la propre expérience de Malraux en Asie. En 1923, ruiné après des spéculations malheureuses, l’écrivain s’embarque avec son épouse Clara Goldschmidt pour l’Indochine française, officiellement pour étudier les temples khmers. Cette expédition, qui se solde par une arrestation et une condamnation pour trafic d’antiquités, nourrit sa connaissance intime du contexte asiatique.

Loin d’un simple témoignage historique sur la révolution chinoise, le roman interroge la nature de l’engagement et la quête de sens face à l’absurdité de l’existence. Les personnages incarnent différentes réponses à cette interrogation fondamentale : Garine, lucide et désabusé, affirme que « la vie ne m’intéresse pas » tout en poursuivant une action révolutionnaire dont il mesure les limites. Cette tension entre conscience de l’absurde et nécessité d’agir traverse l’œuvre. La mort y occupe aussi une place centrale telle « une écrasante obsession ».

La dimension philosophique s’articule autour de l’opposition entre « dignité » et « humiliation » de l’homme. Les personnages refusent l’absurdité de leur condition à travers l’action révolutionnaire. Comme l’exprime Garine : « l’individualisme est une maladie bourgeoise ». Cette réflexion sur le sens de l’engagement collectif face au destin individuel fait écho aux préoccupations de l’Europe de l’entre-deux-guerres.

La critique de l’époque salue l’émergence d’une voix singulière. Emmanuel Berl, dans « Mort de la pensée bourgeoise » (1929), y voit « un événement de la plus haute importance dans l’histoire morale contemporaine ». Il souligne la conception du révolutionnaire selon Malraux, qui ne repose ni sur la foi ni sur l’information, mais sur « un certain état de disponibilité et de courage ». En 1948, Malraux lui-même relativise la dimension historique de son œuvre : « Ce livre n’appartient que bien superficiellement à l’histoire. S’il a surnagé, ce n’est pas pour avoir peint tels épisodes de la révolution chinoise, c’est pour avoir montré un type de héros en qui s’unissent l’aptitude à l’action, la culture et la lucidité ».

Albert Camus, qui recevra le Prix Nobel de littérature, déclarera que cette distinction aurait dû revenir à Malraux, soulignant ainsi l’influence déterminante de ce roman sur la littérature française contemporaine.

Aux éditions GRASSET ; 200 pages.


2. La Voie royale (1930)

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Résumé

Au début des années 1920, dans l’Indochine coloniale, Claude Vannec, jeune archéologue breton sans le sou, embarque à Marseille avec une idée fixe : s’enrichir rapidement en pillant les temples khmers qui bordent la voie royale, antique route reliant Angkor aux lacs du Ménam. À bord du paquebot, il fait la connaissance de Perken, un aventurier danois énigmatique qui s’est taillé un petit royaume aux confins du Laos. Les deux hommes, unis par leur mépris des conventions sociales, décident de s’associer : Vannec pour les sculptures anciennes ; Perken pour financer l’achat d’armes et retrouver son ami Grabot, disparu dans la jungle.

L’expédition se déroule initialement selon leurs plans. Ils parviennent à s’emparer de précieux bas-reliefs. Mais leur guide les abandonne soudainement, les laissant seuls dans une jungle étouffante et hostile. Pour éviter les autorités coloniales, ils s’enfoncent dans le territoire des redoutables tribus Moïs. C’est là qu’ils découvrent Grabot, réduit en esclavage par les Stiengs qui l’ont aveuglé et utilisent sa force de travail pour actionner la roue d’un puits. Lors de leur tentative pour le libérer, Perken trébuche sur une lance empoisonnée. Dans cette région reculée, sans médecin ni médicaments modernes, l’infection se propage inexorablement. L’aventurier danois meurt lentement, rongé par une arthrite purulente, tandis que Vannec assiste, impuissant, à son agonie.

Autour du livre

Paru en 1930 chez Grasset, « La Voie royale » puise sa matière première dans la propre expérience de Malraux. En 1923, acculé par des revers financiers, l’écrivain s’était rendu au Cambodge avec son épouse Clara pour piller le temple de Banteay Srei. Arrêté et condamné à trois ans de prison – peine ramenée à un an avec sursis – il transforme cet épisode peu glorieux en une méditation sur la condition humaine.

Le choix du cadre indochinois ne relève pas du simple exotisme. La jungle étouffante, avec sa végétation luxuriante et pourrissante, devient le théâtre d’une confrontation existentielle. Les personnages se heurtent moins aux périls tangibles qu’à leurs propres démons intérieurs. Pour Perken comme pour Vannec, l’aventure représente une échappatoire à « la vie de poussière des hommes ». Leur anticonformisme viscéral traduit un refus des valeurs établies et une quête désespérée de sens dans un monde privé de transcendance.

L’ombre tutélaire de Joseph Conrad plane sur cette œuvre qui évoque irrésistiblement « Au cœur des ténèbres ». Comme dans le roman de Conrad, la progression dans la jungle s’accompagne d’une descente dans les profondeurs de la psyché humaine. La découverte de Grabot, aveugle et déshumanisé, fait écho au destin de Kurtz. Mais là où Conrad dénonçait les méfaits du colonialisme, Malraux utilise le contexte colonial comme toile de fond d’une réflexion plus large sur la mort et l’absurdité de l’existence.

L’obsession de la mort traverse tout le roman. Elle n’apparaît pas comme un risque à surmonter mais comme une réalité « hasardeuse, irrémédiable, arbitraire ». L’agonie de Perken constitue l’acmé de cette méditation : « Ce n’est pas pour mourir que je pense à ma mort, c’est pour vivre ». Dans un monde dépourvu de Dieu, où « aucune pensée divine, aucune récompense future, rien ne pouvait justifier la fin d’une existence humaine », seule demeure la révolte contre l’absurde.

À sa sortie, le roman reçoit le premier Prix Interallié de l’histoire. Denis de Rougemont, dans Foi et Vie, salue en 1931 la portée philosophique de l’œuvre : « Je ne sais pas aujourd’hui le livre ‘bien pensant’ qui pose avec une pareille acuité le problème central de notre civilisation ». Il voit en Perken l’incarnation de « l’homme moderne » – « l’homme sans Dieu, qui n’attend rien que de cette vie, mais auquel cette vie même paraît absurde, parce qu’il refuse de lui trouver un sens dans la mort ».

Second volet d’une trilogie asiatique entamée avec « Les Conquérants » (1928) et achevée par « La condition humaine » (1933), « La Voie royale » marque une étape décisive dans l’évolution littéraire de Malraux. Le style se caractérise par une tension constante, des phrases aux multiples subordonnées et un lyrisme qui confine parfois à l’emphase. Cette écriture dense et tourmentée reflète la complexité des questionnements métaphysiques qui habitent les personnages.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.


3. La condition humaine (1933)

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Résumé

Shanghai, mars 1927. Le roman s’ouvre sur une scène saisissante : le jeune révolutionnaire Tchen s’apprête à assassiner un trafiquant d’armes dans son sommeil. Ce meurtre doit permettre aux communistes de récupérer des documents nécessaires à l’acquisition d’un arsenal destiné au soulèvement prolétarien.

La ville vit alors une période charnière : l’armée nationaliste du Kuomintang, menée par Tchang Kaï-chek, avance vers Shanghai. Les cellules communistes locales, dirigées par Kyo Gisors, préparent une insurrection pour faciliter sa prise de la ville. Kyo, fils d’un professeur marxiste opiomane, s’entoure de personnalités éclectiques : sa femme May, médecin allemand engagé dans la cause révolutionnaire ; Tchen, que son premier meurtre transforme peu à peu en terroriste mystique ; et Katow, vétéran aguerri de la révolution russe.

Face à eux se dresse Ferral, puissant président de la Chambre de commerce française, qui représente les intérêts coloniaux occidentaux. Entre ces forces antagonistes gravite le baron de Clappique, un trafiquant d’armes fantasque et joueur invétéré, dont les allégeances fluctuent au gré des circonstances.

L’insurrection réussit dans un premier temps, mais Tchang Kaï-chek, redoutant la montée en puissance des communistes, se retourne contre eux. Malgré un ultime voyage de Kyo auprès du Komintern à Han-Kéou pour obtenir leur soutien, Moscou refuse d’intervenir. La répression s’abat alors avec une violence inouïe. Tchen meurt dans une tentative d’attentat-suicide contre Tchang Kaï-chek. Kyo, capturé, choisit le cyanure plutôt que d’être torturé. Dans un geste d’abnégation sublime, Katow, lui aussi emprisonné, donne sa dose de poison à deux jeunes militants terrifiés, avant d’accepter d’être brûlé vif dans la chaudière d’une locomotive.

Autour du livre

Publié en 1933 aux éditions Gallimard, « La condition humaine » parachève la trilogie asiatique de Malraux, après « Les Conquérants » (1928) et « La Voie royale » (1930). Le roman s’impose comme précurseur du mouvement existentialiste qui émergera après la Seconde Guerre mondiale. La singularité du texte réside dans sa capacité à faire coexister la conscience de l’absurde avec la certitude de pouvoir triompher de son destin par l’engagement dans l’Histoire.

L’écriture adopte une technique quasi cinématographique, avec une composition discontinue qui alterne les points de vue et les échelles, du destin individuel aux enjeux géopolitiques. Cette construction fragmentée oblige le lecteur à recomposer activement le sens de l’œuvre. Les scènes s’enchaînent comme des plans de cinéma, servies par une narration nerveuse où s’entrechoquent conceptions du monde et intérêts divergents.

Les personnages transcendent leur simple fonction romanesque pour incarner différentes postures face à l’engagement et à la mort. Leurs trajectoires questionnent la possibilité d’une action politique qui préserverait la dignité humaine. Malraux ne verse jamais dans le manichéisme : chaque protagoniste, même dans le camp adverse, conserve son épaisseur psychologique et sa complexité morale.

La critique de l’époque salue une œuvre majeure qui anticipe les bouleversements à venir. « La condition humaine » obtient le Prix Goncourt en 1933 grâce à la double voix du président du jury. En 1950, il est inclus dans la liste du Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle. Le journaliste Christopher Hitchens souligne que le roman « met en lumière le poids croissant de l’Asie dans les affaires mondiales » et « démontre un immense respect pour le communisme et les communistes tout en évoquant simultanément la tragédie d’une révolution trahie par Moscou ». L’écrivain Mario Vargas Llosa le considère comme « l’un des meilleurs romans français du XXe siècle, un chef-d’œuvre » qui montre comment « un mouvement spontané de personnes privées de leurs droits peut être manipulé et transformé en quelque chose qui n’a plus rien à voir avec l’élan idéaliste d’origine ».

Quatre tentatives d’adaptation cinématographique ont échoué. Fred Zinnemann y consacre trois ans de préparation avant que Metro-Goldwyn-Mayer n’annule la production une semaine avant le début du tournage en 1969. Costa-Gavras abandonne le projet en 1979 faute d’autorisation de tournage en Chine. Dans les années 1980, Bernardo Bertolucci préfère finalement réaliser « Le Dernier Empereur ». En 2001, Michael Cimino annonce une adaptation qui ne verra jamais le jour. Ces échecs successifs témoignent peut-être de la difficulté à transposer à l’écran la densité philosophique et la complexité narrative du roman.

Aux éditions FOLIO ; 337 pages.


4. L’espoir (1937)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Publié en 1937, « L’espoir » se déroule pendant les huit premiers mois de la guerre civile espagnole. En juillet 1936, le général Franco, soutenu par les forces fascistes, déclenche un soulèvement militaire contre le gouvernement républicain démocratiquement élu. Dans ce contexte, le roman suit le parcours de Manuel, un jeune ingénieur du son communiste qui s’engage aux côtés des républicains. Face aux troupes nationalistes bénéficiant de l’appui de l’Allemagne nazie et de l’Italie mussolinienne, les forces républicaines, composées d’un assemblage hétéroclite d’anarchistes, de communistes et de socialistes, doivent s’organiser rapidement.

Manuel, d’abord simple volontaire, monte en grade et devient un chef militaire respecté. Sa propre évolution reflète celle du camp républicain : l’enthousiasme initial laisse place à la nécessité d’une organisation militaire efficace. Autour de lui s’active une constellation de personnages emblématiques : Magnin, un ancien ingénieur français qui dirige une escadrille d’aviateurs internationaux ; Garcia, un ethnologue qui théorise la nécessité de la discipline ; et le colonel Ximénès, un officier catholique resté fidèle à la République malgré ses convictions religieuses.

Le récit s’articule autour de trois événements majeurs : le siège de l’Alcazar de Tolède, au cours duquel les républicains échouent à déloger les nationalistes ; la défense de Madrid contre les bombardements fascistes ; et la bataille de Guadalajara en mars 1937, qui s’achève sur une victoire républicaine porteuse d’espoir. À travers ces épisodes, Malraux, lui-même engagé comme colonel dans l’aviation républicaine, dépeint la transformation d’un mouvement révolutionnaire spontané en une force militaire organisée.

Autour du livre

Rédigé dans l’urgence de l’Histoire, « L’espoir » constitue un témoignage sans équivalent sur la guerre civile espagnole. Malraux ne se contente pas de relater les événements : il les vit. En tant que colonel de l’escadrille España, il participe activement aux combats aériens qu’il décrit. Cette implication directe confère au texte une dimension testimoniale unique, même si l’auteur prend des libertés avec la chronologie des faits pour servir son propos.

Le roman se structure en trois parties : « L’illusion lyrique » décrit l’enthousiasme initial des républicains, « Le Manzanarès » relate la défense acharnée de Madrid, et « L’espoir » suit les opérations autour de Teruel. Cette progression narrative reflète l’évolution du camp républicain, qui passe de l’exaltation spontanée à une organisation militaire plus rigoureuse.

L’originalité du texte réside dans sa polyphonie. Malraux multiplie les points de vue et les voix, faisant dialoguer communistes, anarchistes, catholiques et intellectuels. Ces conversations constituent le cœur intellectuel du roman, où s’affrontent différentes conceptions de l’engagement et de l’action politique. Le personnage de Garcia incarne particulièrement cette réflexion lorsqu’il affirme que « la force d’un penseur n’est ni dans son approbation ni dans sa protestation » mais « dans son explication ».

Les personnages féminins sont toutefois absents, ce qui a été critiqué comme une limite majeure de l’œuvre. Les protagonistes masculins eux-mêmes se définissent moins par leur psychologie que par leur fonction dans le combat commun. Manuel, figure centrale, incarne cette subordination de l’individu à la cause : son parcours illustre le passage du lyrisme révolutionnaire initial à la discipline nécessaire.

Le roman interroge la possibilité d’une action politique efficace qui ne trahisse pas ses idéaux. La thèse de « l’efficacité », défendue par Garcia, soutient qu’une révolution doit s’organiser pour durer : « L’Apocalypse veut tout, tout de suite ; la résolution obtient peu – lentement et durement ». Cette tension entre spontanéité et organisation traverse tout le livre.

Albert Camus aurait lu « L’espoir » huit fois, sensible à sa profondeur philosophique. D’autres, comme Maurice Nadeau, ont reproché à Malraux une vision trop idéologique du conflit. Susan Suleiman note que le roman à thèse n’empêche pas la complexité des débats et des situations. Jean-Yves Tadié souligne que Malraux réussit à transcender le simple reportage pour atteindre une dimension universelle.

Le roman a connu une adaptation cinématographique par Malraux lui-même. « Espoir, sierra de Teruel », tourné en 1939 dans des conditions périlleuses en Catalogne, fut censuré à sa sortie en raison de la Seconde Guerre mondiale. Le film ne fut projeté qu’en 1945, après d’importantes modifications. Cette version cinématographique, différente du roman, met davantage l’accent sur le rôle des paysans dans la guerre que sur les débats intellectuels.

Aux éditions FOLIO ; 589 pages.

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