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Umberto Eco en 6 romans – Notre sélection

Umberto Eco en 6 romans majeurs – Notre sélection

Umberto Eco (1932-2016) est un universitaire et écrivain italien de renommée mondiale. Né à Alexandrie dans le Piémont, il obtient un doctorat en philosophie à l’université de Turin en 1954 avec une thèse sur Thomas d’Aquin.

Pionnier de la sémiotique, il devient professeur à l’université de Bologne où il occupe la chaire de sémiotique. Ses travaux universitaires portent principalement sur la sémiotique, l’esthétique médiévale, la communication de masse et la linguistique.

C’est avec son premier roman « Le Nom de la rose » (1980) qu’il connaît un succès international retentissant. Le livre, traduit en 43 langues, se vend à plusieurs millions d’exemplaires. Il publie ensuite d’autres romans à succès comme « Le Pendule de Foucault » (1988), « L’Île du jour d’avant » (1994) et « Le Cimetière de Prague » (2010).

Intellectuel engagé, il collabore régulièrement à divers journaux italiens dont L’Espresso et La Repubblica. Il est membre de nombreuses institutions prestigieuses, notamment le Collège de France où il occupe la chaire européenne en 1992.

Après avoir lutté pendant deux ans contre un cancer du pancréas, il s’éteint à Milan le 19 février 2016. Il laisse derrière lui une œuvre considérable mêlant érudition universitaire et littérature grand public, qui lui a valu de nombreuses distinctions dont le prix Médicis étranger et une quarantaine de doctorats honoris causa.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Le Nom de la rose (1980)

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Un matin de novembre 1327, Guillaume de Baskerville, moine franciscain et ancien inquisiteur, gravit les pentes d’une abbaye bénédictine nichée entre Provence et Ligurie. Accompagné d’Adso de Melk, son jeune secrétaire qui deviendra le narrateur de cette histoire, il doit y superviser une rencontre cruciale entre les émissaires du pape Jean XXII et les représentants de l’ordre franciscain. L’enjeu est de taille : trancher la question controversée de la pauvreté du Christ, qui divise profondément l’Église.

Mais à son arrivée, l’abbé lui confie une toute autre mission : enquêter sur la mort suspecte d’un jeune moine enlumineur, retrouvé sans vie au pied des murailles. D’autres décès suivent bientôt, selon une mise en scène macabre qui évoque les visions de l’Apocalypse. Au cœur de cette série de crimes se trouve la bibliothèque de l’abbaye, un édifice labyrinthique abritant la plus vaste collection de livres de la chrétienté. Gardée par Jorge de Burgos, un vieux moine aveugle aux convictions inflexibles, elle renferme des ouvrages jugés dangereux pour la foi.

Guillaume et Adso parcourent les couloirs de l’abbaye, interrogent les moines, déchiffrent les indices. L’arrivée de l’inquisiteur Bernardo Gui, qui nourrit une vieille rancune envers Guillaume, précipite les événements. Entre procès en hérésie et luttes de pouvoir, l’enquête se transforme en une course effrénée pour démasquer le meurtrier avant qu’il ne frappe à nouveau.

Publié en 1980, « Le Nom de la rose » marque les débuts fracassants d’Umberto Eco dans la fiction. Le succès est immédiat : traduit en plus de quarante langues, couronné par le prix Médicis étranger en 1982, le livre s’écoule à plusieurs millions d’exemplaires. En 1986, Jean-Jacques Annaud en tire un film mémorable avec Sean Connery.

Le roman puise notamment son inspiration dans les nouvelles de Jorge Luis Borges et dans le Sherlock Holmes de Conan Doyle. En 2019, une série télévisée en huit épisodes puis une adaptation en bande dessinée par Milo Manara en 2022 viennent prolonger l’héritage de ce récit qui mêle enquête policière et débats théologiques, tout en questionnant le rapport au savoir et à la vérité.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 640 pages.


2. Le Pendule de Foucault (1988)

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Milan, années 1980. Trois intellectuels employés dans une maison d’édition se lancent dans un jeu dangereux. Casaubon, spécialiste des Templiers, Belbo, éditeur tourmenté, et Diotallevi, passionné de textes religieux, imaginent par divertissement une vaste théorie du complot. Leur échafaudage fictif mêle sociétés secrètes, ordres mystiques et événements historiques dans un plan de domination mondiale censé culminer en l’an 2000.

Si ce passe-temps cérébral relève initialement du divertissement, il prend une dimension troublante dès lors que leur fiction commence à rejoindre la réalité. Le plan qu’ils ont imaginé semble prendre vie, suscitant l’attention de groupes occultes persuadés qu’ils détiennent la clé d’un véritable complot millénaire. Le jeu vire au drame lorsque Belbo disparaît à Paris.

Publié en 1988, ce roman préfigure la vague des thrillers ésotériques des années 2000, mais avec une approche radicalement différente. L’immense érudition déployée ne sert pas à convaincre mais à démontrer comment n’importe quelle théorie peut sembler crédible si on accumule suffisamment de « preuves ». Le pendule de Foucault qui donne son titre au livre est ainsi le symbole d’une quête de sens qui finit par tourner sur elle-même.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 656 pages.


3. Baudolino (2000)

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Dans l’Italie médiévale du XIIe siècle, un jeune garçon du Piémont bouleverse le cours de l’Histoire par la seule force de son imagination. Baudolino, menteur virtuose aux multiples talents, séduit l’empereur Frédéric Barberousse qui décide de l’adopter. Devenu confident du souverain, il participe aux grands événements de son temps, de la fondation d’Alexandrie aux croisades.

Le récit s’ouvre en 1204, pendant le sac de Constantinople. Baudolino, désormais sexagénaire, raconte son histoire à Nicétas, un dignitaire byzantin qu’il vient de sauver. Il dévoile comment ses inventions ont pris corps dans la réalité : la quête du Graal, les circonstances troubles de la mort de Barberousse, et surtout son périple vers le mythique royaume du Prêtre Jean. Cette dernière aventure l’entraîne aux confins du monde connu, dans un Orient fantastique peuplé de créatures extraordinaires.

Publié en 2000, ce livre d’Umberto Eco joue avec malice sur l’ambiguïté entre faits historiques et légendes médiévales. Les mensonges de Baudolino deviennent peu à peu réalité, questionnant la nature même de la vérité historique. La dimension autobiographique ajoute une couche supplémentaire de sens : comme son héros, Eco est natif d’Alexandrie, dont le saint patron n’est autre que San Baudolino.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 672 pages.


4. L’Île du jour d’avant (1994)

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En plein XVIIe siècle, Roberto de la Grive, agent secret mandaté par Mazarin, s’embarque vers les antipodes. Sa mission : découvrir le secret des longitudes, clé de la suprématie maritime convoitée par toutes les puissances européennes. Le naufrage de son navire le mène jusqu’à la Daphné, un vaisseau mystérieusement déserté mais pourvu de vivres en abondance.

Ne sachant pas nager, Roberto se retrouve prisonnier de ce navire ancré face à une île qu’il ne peut atteindre. Cette terre se dresse précisément sur le 180e méridien, ligne imaginaire où le jour bascule dans la veille. Pour tromper sa solitude, il couche sur le papier le récit de son existence : les batailles de la guerre de Trente Ans, les intrigues des salons parisiens, ses rencontres avec les penseurs de son temps. Dans son isolement, il donne vie à Ferrante, un double imaginaire qui personnifie ses démons intérieurs.

Le livre tisse une trame où s’enchevêtrent les grands bouleversements intellectuels du Grand Siècle. Les avancées en astronomie et en géographie ébranlent les certitudes religieuses, tandis que la philosophie mécaniste remet en question la vision traditionnelle du monde. Eco dissimule avec malice des personnages historiques sous des noms d’emprunt : Saint-Savin cache Cyrano de Bergerac, tandis qu’un jeune inventeur d’une machine à calculer évoque clairement Pascal.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 508 pages.


5. Le Cimetière de Prague (2010)

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En 1897, un faussaire italien réfugié à Paris, Simon Simonini, découvre que quelqu’un s’introduit dans son appartement et annote son journal intime. Cet intrus mystérieux, l’abbé Dalla Piccola, semble connaître tous les détails de sa vie. Pour comprendre ce qui lui arrive, Simonini entreprend de coucher sur le papier ses souvenirs.

Son récit nous ramène dans l’Italie des années 1830, où il grandit entre les influences contradictoires d’un père carbonaro et d’un grand-père réactionnaire obsédé par les théories du complot. Sa maîtrise de la contrefaçon le propulse dans les arcanes de l’espionnage international. Il traverse les grands bouleversements du siècle : l’unification italienne, la Commune de Paris, l’affaire Dreyfus. Mais c’est surtout son antisémitisme féroce qui guide ses actes. Il élabore patiemment un faux document appelé à une sinistre postérité : « Les Protocoles des Sages de Sion », censés révéler un prétendu complot juif international.

Ce roman publié en 2010 par Umberto Eco a suscité de vifs débats. En mettant en scène un protagoniste odieux dans une intrigue labyrinthique où se mêlent personnages réels et fictifs, il dissèque les mécanismes de fabrication des théories conspirationnistes qui empoisonnent encore notre époque. La narration éclatée, qui alterne les voix de Simonini et de son mystérieux double, brouille les frontières entre vérité historique et manipulation.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 576 pages.


6. Numéro zéro (2015)

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Milan, 1992. Colonna, un écrivain raté de cinquante ans, se voit proposer un poste de rédacteur en chef adjoint pour un nouveau quotidien baptisé Domani. Aux côtés de cinq autres journalistes, il doit préparer des numéros tests sous la direction de Simei, mandaté par un mystérieux commanditaire.

L’équipe s’attelle à la création d’articles anticipant l’actualité future, tout en évitant soigneusement les sujets qui pourraient froisser leur financeur. Mais Colonna découvre rapidement que le journal ne verra jamais le jour : il s’agit d’un instrument de chantage destiné à faire pression sur les puissants.

Parallèlement, l’un des journalistes, Braggadocio, mène l’enquête sur une théorie explosive : Mussolini n’aurait pas été tué en 1945, mais remplacé par un sosie. Lorsque Braggadocio est retrouvé mort, Colonna comprend que sa vie est en danger.

Ce dernier roman d’Umberto Eco, paru quelques mois avant sa mort, livre une critique musclée des médias italiens des années Berlusconi. À travers cette fable sur la manipulation de l’information se dessine un tableau grinçant des collusions entre presse, politique et pouvoir économique.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 240 pages.

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