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Jeffrey Eugenides en 3 romans – Notre sélection

Jeffrey Eugenides en 3 romans – Notre sélection

Jeffrey Eugenides naît le 8 mars 1960 à Detroit, dans une famille aisée aux origines grecques et irlandaises. Il grandit dans la banlieue résidentielle de Grosse Pointe. Après des études à l’Université Brown où il obtient sa licence en 1983, il décroche un master en écriture créative à Stanford.

Très discret sur sa vie privée, il épouse l’artiste Karen Yamauchi en 1995, avec qui il a une fille prénommée Georgia. Après avoir vécu à Berlin de 1999 à 2004, il s’installe à Princeton, New Jersey, où il enseigne l’écriture créative. En 2018, il rejoint le programme d’écriture créative de l’Université de New York en tant que professeur titulaire. En 2022, il se convertit au catholicisme avec sa seconde épouse, Marlene Morgan.

Son premier roman, « Virgin Suicides » (1993), reçoit un accueil critique favorable et connaît un succès encore plus important après son adaptation au cinéma par Sofia Coppola en 1999. Son deuxième roman, « Middlesex » (2002), lui vaut le Prix Pulitzer en 2003. Il publie ensuite « Le roman du mariage » (2011) et un recueil de nouvelles, « Des raisons de se plaindre » (2017), confirmant sa réputation d’auteur méticuleux qui prend son temps pour faire mûrir ses œuvres.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Virgin Suicides (1993)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Années 1970. À Grosse Pointe, une banlieue aisée de Detroit, les cinq sœurs Lisbon — Cecilia (13 ans), Lux (14 ans), Bonnie (15 ans), Mary (16 ans) et Therese (17 ans) — mènent une existence apparemment ordinaire sous la surveillance de parents stricts. Leur vie bascule lorsque Cecilia, la cadette, tente de se suicider en se tranchant les veines. Malgré l’intervention des médecins qui la sauvent, elle réussit quelques semaines plus tard à mettre fin à ses jours en se jetant par la fenêtre de sa chambre.

Suite à cette tragédie, Madame Lisbon resserre son emprise sur ses filles et les isole progressivement du monde extérieur. Lux, la plus rebelle, entame pourtant une liaison secrète avec Trip Fontaine, le séducteur du lycée. Après une soirée de bal qui se termine par une transgression des règles familiales, les quatre sœurs sont retirées de l’école et cloîtrées à la maison. Elles tentent désespérément de communiquer avec l’extérieur, en particulier avec un groupe de garçons du quartier qui les observe et les idolâtre. Une nuit, les sœurs leur envoient un message demandant de l’aide…

Autour du livre

L’inspiration de « Virgin Suicides » jaillit d’une anecdote insolite : la baby-sitter du neveu de Jeffrey Eugenides lui confia un jour que ses sœurs et elle avaient planifié de se donner la mort. Intrigué par cette révélation et surtout par la réponse laconique qu’elle donna lorsqu’il lui demanda pourquoi — « nous subissions beaucoup de pression » —, l’auteur commença à élaborer ce qui deviendrait son premier roman. Le premier chapitre parut initialement dans The Paris Review en 1990, remportant The Aga Khan Prize for Fiction en 1991, avant que le livre ne soit publié dans son intégralité en 1993 et traduit en français deux ans plus tard sous le titre « Les Vierges suicidées ».

L’originalité du roman réside dans sa perspective narrative singulière : l’histoire est racontée à la première personne du pluriel par un groupe d’adolescents anonymes du voisinage, devenus adultes mais toujours obsédés par le souvenir des sœurs Lisbon. Cette chorale masculine crée une distance qui amplifie le mystère entourant les jeunes filles. Les narrateurs collectent méticuleusement preuves, témoignages et souvenirs, tel un groupe d’archéologues amateurs tentant de reconstituer une civilisation disparue. Cette structure narrative permet à Eugenides d’interroger notre rapport à la vérité et à la mémoire : « À la fin, nous avions les pièces du puzzle, mais quelle que soit la façon dont nous les assemblions, des trous subsistaient, d’étranges vides aux formes délimitées par ce qui les entourait, comme des pays que nous ne pouvions nommer. »

Le roman transcende le simple récit de suicide adolescent pour devenir une méditation sur la société américaine suburbaine des années 1970. Eugenides saisit l’atmosphère étouffante de ces quartiers résidentiels en apparence parfaits, où les pelouses impeccables dissimulent mal un profond malaise. Les arbres atteints par la graphiose (maladie hollandaise de l’orme) qui sont abattus un à un symbolisent cette lente décomposition sociale. La mort des sœurs Lisbon agit comme un révélateur des hypocrisies et des non-dits qui gangrènent cette communauté. « Nous prîmes conscience que la version du monde qu’ils nous donnaient n’était pas le monde auquel ils croyaient vraiment, et qu’en dépit de toute la peine qu’ils prenaient à traquer les mauvaises herbes ils n’avaient rien à foutre de leurs pelouses », observe le narrateur collectif.

Les figures des sœurs Lisbon incarnent la tension entre innocence et sensualité qui caractérise l’adolescence féminine dans une société puritaine. Plus particulièrement, le personnage de Lux, avec ses transgressions nocturnes sur le toit de la maison familiale, illustre cette révolte du corps contre les contraintes imposées. Ce qui pourrait n’être qu’une simple histoire de rébellion adolescente prend cependant une dimension mythique sous la plume d’Eugenides. Les jeunes filles deviennent des créatures quasi légendaires, tantôt victimes sacrificielles, tantôt femmes fatales, comme le suggère Marta Salij du Detroit Free Press : « Leur suicide collectif, qui survient exactement un an après la première tentative de Cecilia, transforme ces adolescentes en créatures tragiques, si coupées de la vie que la mort ne représentait pas un grand changement. »

La critique littéraire a accueilli « Virgin Suicides » avec enthousiasme, y reconnaissant l’émergence d’une voix singulière dans la littérature américaine contemporaine. Daniel Mendelsohn du New York Review of Books loue la « narration dense, entrelacée de commentaires sardoniques, à la mode postmoderne ». Lisa Schwarzbaum d’Entertainment Weekly lui attribue la note A-. Le Washington Post souligne comment Eugenides parvient à « évoquer le monstrueux avec une voix comique, une forme de narration inhabituelle et un œil pour les détails bizarres. » Ce succès critique a contribué à établir Eugenides comme l’un des écrivains américains majeurs de sa génération, ce que Tim Morris de l’Université du Texas à Arlington confirme en le plaçant aux côtés d’autres figures littéraires contemporaines éminentes comme Jonathan Franzen.

L’adaptation cinématographique par Sofia Coppola en 1999 a considérablement amplifié la renommée du livre. Ce premier long-métrage de la réalisatrice, avec Kirsten Dunst, James Woods et Kathleen Turner dans les rôles principaux, est remarquablement fidèle au texte original, reprenant souvent les dialogues et la narration mot pour mot. Le film a reçu des critiques élogieuses et a été classé R (Restricted, les mineurs doivent être accompagnés d’un adulte) pour ses « éléments thématiques forts impliquant des adolescents ». La bande sonore, composée par le groupe français Air, contribue à l’atmosphère éthérée et mélancolique qui caractérise tant le roman que son adaptation. Plusieurs critiques littéraires s’accordent à dire que Sofia Coppola a parfaitement su transposer à l’écran l’ambiance envoûtante et le ton poétique si particuliers au texte d’Eugenides.

Aux éditions DE L’OLIVIER ; 272 pages.


2. Middlesex (2002)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Calliope Stephanides vient au monde en janvier 1960 à Detroit, au sein d’une famille américaine d’origine grecque. Les médecins la déclarent fille à la naissance, et elle grandit comme telle pendant quatorze ans. Mais son histoire commence bien avant, en 1922, lorsque ses grands-parents, Desdemona et Lefty, frère et sœur amoureux l’un de l’autre, fuient l’incendie de Smyrne en Turquie.

Arrivés aux États-Unis, ils se marient en dissimulant leur lien fraternel et s’installent à Detroit. Leur fils Milton épouse ensuite sa cousine Tessie, renforçant sans le savoir la concentration de gènes récessifs dans la famille. Cette union donnera naissance à Calliope, porteuse d’une mutation génétique rare : le syndrome de déficit en 5-alpha-réductase, qui fait d’elle une personne intersexuée.

À l’adolescence, alors que ses amies développent des attributs féminins, Calliope constate des changements troublants dans son corps. Un examen médical révèle sa condition : génétiquement mâle mais élevée comme une fille. Suite à ce diagnostic bouleversant, Calliope doit affronter la question de son identité : subir une opération pour conformer son corps à son éducation féminine ou embrasser sa nature biologique masculine en devenant Cal ?

Autour du livre

Jeffrey Eugenides consacre neuf années à l’écriture de « Middlesex », son deuxième roman après « Virgin Suicides ». L’étincelle initiale surgit lorsqu’il découvre les mémoires d’Herculine Barbin, une hermaphrodite française du XIXe siècle, publiées par Michel Foucault. Insatisfait par ce texte qui, selon lui, élude les questions anatomiques et émotionnelles liées à l’intersexualité, Eugenides ambitionne d’écrire « l’histoire qu’il n’obtenait pas des mémoires ». Ses recherches le conduisent à la découverte du déficit en 5-alpha-réductase, une anomalie génétique rare. Ce qui devait être une « autobiographie fictive » d’un individu intersexué se métamorphose en fresque épique traversant trois générations d’une famille gréco-américaine.

Le titre « Middlesex » recèle une double signification habilement orchestrée : il désigne à la fois le boulevard où s’installe la famille Stephanides à Grosse Pointe et fait allusion à la condition intersexuée du protagoniste – ni tout à fait homme, ni tout à fait femme. Cette dualité imprègne l’intégralité du roman, qui oscille constamment entre deux pôles : l’Orient et l’Occident, le passé et le présent, la tradition et la modernité, le masculin et le féminin. Même Berlin, où Cal s’établit en tant que diplomate américain, porte cette symbolique de division et de réunification qui fait écho à son propre parcours identitaire.

Les références à la mythologie grecque jalonnent le récit et lui confèrent une dimension quasi épique. Cal s’apparente tantôt à Tirésias, le devin aveugle qui vécut sept ans en tant que femme suite à une malédiction, tantôt à Hermaphrodite, fils d’Hermès et d’Aphrodite qui fusionna avec la nymphe Salmacis. La métamorphose, thème central du roman, s’incarne également dans l’image des vers à soie élevés par Desdemona, symbole de la transformation identitaire que subira sa descendance. Loin d’être de simples ornements littéraires, ces références mythologiques soulignent le caractère universel et intemporel des questionnements sur l’identité.

Le livre brosse dans le même temps une fresque de l’Amérique du XXe siècle. Des chaînes de montage de Ford à la Prohibition, des émeutes raciales de Detroit en 1967 à l’émergence de la Nation of Islam, Eugenides capture les tensions sociales et politiques qui façonnent ses personnages. La quête identitaire de Cal se déroule en parallèle avec celle des immigrants grecs cherchant leur place dans le creuset américain. Cette double trame narrative interroge les notions d’assimilation et de marginalité, tout en déconstruisant le mythe du « rêve américain » que poursuivent les Stephanides. L’intersexualité peut ainsi se lire comme une métaphore d’une société tiraillée entre ses contradictions.

Le débat entre l’inné et l’acquis constitue l’un des axes majeurs de « Middlesex ». Le livre pose cette question épineuse : qu’est-ce qui détermine notre identité sexuelle ? Est-ce notre patrimoine génétique, notre éducation, une combinaison des deux ? Le docteur Luce, spécialiste fictif des « désordres sexuels », incarne la position constructiviste selon laquelle le genre relève essentiellement de l’acquis. À l’inverse, Cal affirme : « J’ai un cerveau masculin. Mais on m’a éduquée comme une fille. » Cette tension entre biologie et culture trouve son expression la plus poignante lorsque Cal, après avoir vécu quatorze ans comme une fille, doit réapprendre les codes sociaux masculins ; elle compare alors son expérience à celle « d’un immigrant en terre inconnue ».

La publication de « Middlesex » en 2002 propulse Jeffrey Eugenides au firmament littéraire avec l’obtention du Prix Pulitzer en 2003. Le New York Times Book Review, Entertainment Weekly et le Los Angeles Times le consacrent parmi les meilleurs livres de l’année. Certains critiques n’hésitent pas à le qualifier de prétendant au titre de « Great American Novel », à l’instar de Tim Morris qui compare Cal à Huckleberry Finn. Le roman séduit également Oprah Winfrey qui l’intègre à son célèbre club de lecture en 2007, contribuant à son succès commercial – plus de quatre millions d’exemplaires vendus et des traductions dans trente-quatre langues. La critique médicale salue la justesse avec laquelle Eugenides dépeint la réalité intersexuée, la revue Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine louant « une voix authentique et sensible ». Toutefois, quelques voix discordantes s’élèvent, notamment parmi les activistes intersexes qui critiquent l’association entre inceste et intersexualité, jugée « inexacte et trompeuse » par Thea Hillman de l’Intersex Society of North America.

Aux éditions POINTS ; 656 pages.


3. Le roman du mariage (2011)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En 1982, trois étudiants finissent leurs études à l’université Brown. Madeleine Hanna, issue d’une famille aisée, prépare une thèse sur le mariage dans les romans victoriens de Jane Austen et George Eliot. Elle vient de tomber amoureuse de Leonard Bankhead, étudiant brillant en biologie, séduisant mais diagnostiqué maniaco-dépressif. De son côté, Mitchell Grammaticus, étudiant en théologie, nourrit depuis leur première année une passion non réciproque pour Madeleine, convaincu qu’elle est la femme de sa vie.

Après l’obtention de leurs diplômes, Madeleine suit Leonard à Cape Cod où il décroche un poste dans un laboratoire de recherche. Leur relation s’intensifie malgré les sautes d’humeur de Leonard, lequel jongle entre euphorie créative et profonde dépression. Pendant ce temps, Mitchell part en quête spirituelle à travers l’Europe et l’Inde, où il travaille auprès des mourants avec Mère Teresa, tout en gardant Madeleine dans ses pensées.

La maladie de Leonard s’aggrave à partir du moment où il entreprend de modifier seul son traitement au lithium. Ses crises successives mettent Madeleine face à un choix déchirant : doit-elle sacrifier sa propre vie pour tenter de sauver celui qu’elle aime ? Le mariage, autrefois dénouement inévitable des romans qu’elle étudie, pourrait-il encore être la solution ?

Autour du livre

Jeffrey Eugenides commence l’écriture du « Roman du mariage » après la publication de son roman « Middlesex », couronné par le Prix Pulitzer. Il consacre environ cinq à six ans à ce troisième opus, partiellement inspiré par sa propre expérience universitaire. Initialement, il envisage une intrigue centrée sur une fête de débutantes ou une grande réunion familiale, mais après avoir créé le personnage de Madeleine, il réoriente son récit sur cette jeune femme et son parcours académique. Il choisit d’ancrer son histoire à Brown, son alma mater, plutôt que dans une université fictive, estimant que cela aurait représenté « trop de travail pour ce que ça valait ». Certains aspects autobiographiques transparaissent : à l’instar de Mitchell, Eugenides est d’origine grecque, a grandi à Detroit et a voyagé en Inde après ses études.

« Le roman du mariage » interroge la pertinence du schéma narratif traditionnel des romans victoriens – où une jeune femme choisit entre plusieurs prétendants – dans un contexte post-féministe. Comme le formule un professeur dans le livre : « Qu’importerait avec qui Emma se marierait si elle pouvait demander une séparation plus tard ? » Le livre se mue en méta-commentaire sur les traditions littéraires en juxtaposant les certitudes romantiques de la littérature victorienne aux théories déconstructionnistes qui dominaient le milieu universitaire dans les années 1980. Les « Fragments d’un discours amoureux » de Roland Barthes y occupent une place centrale, servant à la fois de référence textuelle et de cadre thématique pour comprendre les relations amoureuses des personnages.

Eugenides dresse le tableau de la vie universitaire américaine du début des années 1980, au moment où la théorie littéraire française révolutionnait les campus. Les cours de sémiotique et les textes ardus de Derrida et Barthes symbolisent le paysage intellectuel changeant auquel les personnages doivent s’adapter. Le romancier américain tourne en dérision la prétention académique tout en reconnaissant son influence réelle sur la conception des relations chez les jeunes. Comme le constate Madeleine : « Lire un roman après avoir lu de la théorie sémiotique, c’était comme faire du jogging les mains vides après en avoir fait avec des poids. » Le roman passe avec agilité des débats intellectuels aux quêtes spirituelles et à la dure réalité de la maladie mentale en examinant comment les jeunes adultes construisent leur identité à travers l’éducation, la recherche spirituelle et les relations amoureuses.

L’un des aspects les plus remarquables du livre reste sa représentation minutieuse du trouble bipolaire. L’état de Leonard fait l’objet d’un traitement nuancé et cliniquement précis, de la productivité euphorique des épisodes maniaques jusqu’au poids écrasant de la dépression. Les effets secondaires du traitement au lithium – prise de poids, tremblements, ralentissement cognitif – sont méticuleusement documentés. À travers la lutte de Leonard, Eugenides sonde tant l’expérience intérieure de la maladie mentale que son impact sur les interactions sociales. Sa condition remet en question les récits romantiques conventionnels : l’amour peut-il transcender ou guérir la maladie mentale ? Devrait-il essayer ? À mesure que la relation entre Madeleine et Leonard évolue, le roman questionne si le dévouement seul peut surmonter les réalités biologiques des troubles psychiatriques graves.

« Le roman du mariage » a suscité un enthousiasme considérable lors de sa parution en 2011. The Washington Post, NPR, The Guardian et Salon l’ont tous inclus dans leurs listes des « meilleurs livres de 2011 ». Il a reçu le Salon Book Award for Fiction 2011 et figurait parmi les meilleurs livres de l’année selon le Library Journal. Dans The New York Times Book Review, William Deresiewicz saluait un roman « intime dans son ton et son échelle » qui « possède la texture et la douleur de l’expérience vécue ». Carlin Romano l’a qualifié de « campus novel la plus divertissante depuis « Moi, Charlotte Simmons » de Tom Wolfe ». Tous les critiques n’ont cependant pas manifesté un enthousiasme sans réserve. Eleanor Barkhorn, dans The Atlantic, a pointé un manque de crédibilité dans la représentation des relations féminines, notant que Madeleine n’entretient presque aucune amitié significative avec d’autres femmes.

Aux éditions POINTS ; 576 pages.

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