Henry James (1843-1916) est l’un des écrivains majeurs du réalisme littéraire du XIXe siècle. Né à New York dans une famille d’intellectuels, il reçoit une éducation éclectique qui l’expose très tôt aux grands classiques de la littérature mondiale.
Établi à Londres dès 1878, il y écrit ses plus grandes œuvres, dont « Daisy Miller » (1878), « Un portrait de femme » (1881) et « Le Tour d’écrou » (1898).
Naturalisé britannique en 1915 en protestation contre la neutralité américaine pendant la Première Guerre mondiale, il décéde à Londres en 1916, laissant derrière lui un héritage littéraire remarquable qui continue d’inspirer le cinéma.
Voici notre sélection de ses meilleurs romans.
1. Un portrait de femme (1881)
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Dans les années 1870, Isabel Archer, une jeune Américaine orpheline originaire d’Albany, quitte son pays natal pour l’Europe à l’invitation de sa tante Mrs Touchett. Intelligente, belle et éprise de liberté, elle s’installe d’abord en Angleterre au domaine familial de Gardencourt.
Elle y fait la connaissance de son cousin Ralph, tuberculeux, qui la prend rapidement en affection. Refusant catégoriquement deux demandes en mariage – celle de Lord Warburton, un aristocrate anglais, puis celle de Caspar Goodwood, un industriel américain venu la rejoindre – Isabel affirme son désir d’indépendance. Un héritage inattendu lui permet bientôt de réaliser ses aspirations.
Mais le destin d’Isabel bascule lors d’un séjour en Italie. Elle y rencontre Gilbert Osmond, esthète américain établi à Florence, que lui présente une amie de sa tante, Madame Merle. Contre l’avis de ses proches, Isabel épouse cet homme qui se révèle être un manipulateur froid et tyrannique, uniquement intéressé par sa fortune. Trois ans plus tard, elle découvre la machination dont elle a été victime et les liens troubles unissant son mari à Madame Merle.
Dans « Un portrait de femme », Henry James dissèque avec une finesse psychologique remarquable les illusions et désillusions d’une femme prisonnière des conventions sociales de son époque. Sa prose ciselée révèle les ambiguïtés des relations humaines et les machinations qui se trament dans les salons feutrés de la haute société anglo-américaine de la fin du XIXe siècle.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 960 pages.
2. Les Bostoniennes (1886)
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Boston, années 1870. Le Sud panse encore ses plaies de la guerre de Sécession quand Basil Ransom, avocat mississippien désargenté, se rend chez sa cousine Olive Chancellor. Cette féministe convaincue l’invite à une conférence où une jeune oratrice, Verena Tarrant, subjugue l’assemblée par son éloquence.
La soirée marque le début d’un affrontement entre deux visions du monde : Olive, qui rêve de faire de Verena l’emblème de la cause des femmes, et Basil, séduit par la jeune fille mais fermement opposé à l’émancipation féminine.
Olive prend Verena sous sa protection, la guide, l’éduque, jusqu’à l’emmener en Europe. Basil, lui, poursuit inlassablement celle qu’il désire épouser, certain que le mariage et la maternité constituent l’accomplissement suprême d’une femme.
Henry James signe en 1886 ce roman où s’entrechoquent tradition et modernité. Il y peint le portrait d’une Amérique en pleine transformation, où le mouvement des suffragettes prend son essor tandis que persistent les valeurs conservatrices.
Aux éditions FOLIO ; 704 pages.
3. Le Tour d’écrou (1898)
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Publié en 1898, « Le Tour d’écrou » se déroule dans un manoir isolé de la campagne anglaise. Une jeune gouvernante de vingt ans y est engagée par un aristocrate pour s’occuper de ses neveux orphelins, Miles et Flora. L’homme pose une condition singulière : elle ne devra jamais le contacter ni le déranger, quoi qu’il arrive. À son arrivée au domaine de Bly, la gouvernante trouve deux enfants d’une beauté et d’une sagesse remarquables. Elle est secondée par Mrs Grose, l’intendante, qui semble bienveillante mais un brin réservée.
L’atmosphère idyllique des premiers jours se dégrade rapidement. La gouvernante commence à apercevoir des silhouettes inquiétantes : celles de Peter Quint, un ancien valet, et de Miss Jessel, la précédente gouvernante, tous deux décédés dans des circonstances troubles. Ces apparitions deviennent de plus en plus fréquentes. La jeune femme est persuadée que ces spectres cherchent à nuire aux enfants, avec lesquels ils entretenaient des relations ambiguës de leur vivant. Son obsession grandit, tandis que le comportement des enfants semble de plus en plus étrange.
Le génie d’Henry James réside dans l’ambiguïté qu’il maintient tout au long du récit. Le lecteur ne sait jamais avec certitude si ces apparitions sont réelles ou si elles naissent de l’esprit tourmenté de la narratrice. Cette tension constante, servie par une écriture élégante, fait du « Tour d’écrou » un classique du genre fantastique qui continue de susciter de multiples interprétations.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 216 pages.
4. La coupe d’or (1904)
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La « coupe d’or », chef-d’œuvre tardif d’Henry James paru en 1904, nous transporte dans les salons feutrés de l’aristocratie londonienne du début du XXe siècle. L’intrigue gravite autour de Maggie Verver, une héritière américaine installée à Londres avec son père Adam, un collectionneur d’art qui a bâti une fortune colossale.
Amoureuse, Maggie décide d’épouser le prince Amerigo, un noble italien sans le sou mais auréolé du prestige de sa lignée. Ce qu’elle ignore, c’est que son futur époux a vécu une passion ardente avec Charlotte Stant, son amie la plus proche – une liaison que les deux amants ont tue, leur pauvreté rendant impossible tout projet de mariage.
Dans un élan de générosité qui s’avérera fatal, Maggie pousse son père à épouser Charlotte, persuadée de créer ainsi un cercle harmonieux. Les quatre protagonistes se retrouvent alors enfermés dans une cage dorée où chacun observe l’autre sans rien dire. Tandis que la fille et le père maintiennent une relation fusionnelle, Charlotte et le prince se redécouvrent, incapables de résister à leur attirance mutuelle.
Cette histoire d’amour et de trahison se déroule dans une atmosphère étouffante où les conventions sociales imposent le silence. Henry James compose une partition subtile faite de regards dérobés et de conversations à double sens. Son style ciselé met à nu les méandres de la conscience de ses personnages, leurs doutes, leurs désirs, leurs angoisses.
Aux éditions ROBERT LAFFONT ; 640 pages.
5. Les papiers de Jeffrey Aspern (1888)
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Dans la Venise de la fin du XIXe siècle, un critique littéraire américain cherche à mettre la main sur des documents inédits de Jeffrey Aspern, un poète défunt qu’il vénère. Ces précieux papiers seraient en possession de Juliana Bordereau, une très vieille dame qui fut jadis la maîtresse du poète. Pour approcher cette femme qui vit recluse, le narrateur loue quelques pièces de son palais vénitien délabré, où elle vit avec sa nièce Tina dans un dénuement manifeste.
Sous de faux prétextes, le critique s’installe dans la demeure et tente de gagner la confiance des deux femmes. Il restaure le jardin à l’abandon, paie un loyer exorbitant et courtise prudemment la timide Tina. Mais la vieille Miss Bordereau, perspicace, semble deviner ses intentions véritables. S’engage alors un subtil jeu de dupes entre les trois personnages, dans l’atmosphère étouffante de ce palais aux murs lépreux.
Ce court roman d’Henry James, publié en 1888, installe une tension psychologique feutrée entre trois personnalités que tout oppose.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.
6. Ce que savait Maisie (1897)
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Écrit en 1897 par Henry James, « Ce que savait Maisie » décortique avec une acuité psychologique rare les affres d’un divorce et son impact sur une enfant. Dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, la jeune Maisie Farange, issue d’un milieu privilégié, devient l’enjeu d’une lutte sans merci entre ses parents, Ida et Beale. Déchirée entre deux foyers, elle subit les assauts de leur égoïsme forcené, exacerbé par les mariages consécutifs des ex-époux.
Telle une poupée de chiffon, Maisie est trimballée de maisons en pension, de gouvernantes en beaux-parents. Les adultes, figures veules et lâches, n’ont de cesse de l’instrumentaliser. Mais l’enfant, dont la finesse d’esprit échappe à son entourage, aiguise sa compréhension des passions sourdes qui s’agitent autour d’elle. Malgré sa souffrance soigneusement tue, elle développe une capacité d’observation et une clairvoyance hors normes.
Véritable prouesse littéraire, Henry James nous fait percevoir l’étendue des drames à travers le prisme encore naïf de la fillette. Son écriture magistrale, tout en non-dits et faux-semblants, traduit les blessures secrètes de ces enfances cabossées par l’aveuglement des adultes. Au-delà du récit intimiste, le roman questionne avec une modernité confondante le sens du devoir et de la morale dans une société hypocritement conservatrice.
Aux éditions 10/18 ; 400 pages.
7. Daisy Miller (1878)
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Nous sommes à la fin du XIXe siècle. Daisy Miller, une Américaine de la haute société, parcourt l’Europe au gré de ses envies. Sa route croise celle de Frederick Winterbourne, un compatriote installé sur le Vieux Continent. Il est immédiatement charmé. Mais le naturel et la spontanéité de Daisy dérangent. Son insouciance fait jaser.
Winterbourne hésite. Doit-il succomber au charme de cette ingénue rebelle ? Ou céder aux injonctions de son entourage bien-pensant ? Le dilemme se corse quand Giovanelli entre en scène. Cet Italien énigmatique accapare Daisy. Imprudente, la jeune femme brave les interdits. Jusqu’au drame final, qui la rattrapera à Rome.
Avec « Daisy Miller », Henry James signe un roman emblématique sur l’émancipation féminine. En quelques pages ciselées, il dit tout du poids des traditions et du désir de liberté. Une œuvre qui n’a pas pris une ride.
Aux éditions FOLIO ; 112 pages.
8. Les ailes de la colombe (1902)
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« Les ailes de la colombe », publié en 1902 par Henry James, se déroule dans la haute société londonienne et vénitienne du début du XXe siècle. L’histoire suit Kate Croy, une jeune aristocrate anglaise désargentée qui vit sous la tutelle de sa tante fortunée, Maud Lowder. Éperdument amoureuse de Merton Densher, un journaliste sans le sou, Kate se heurte au refus catégorique de sa tante d’accepter cette union.
L’arrivée de Milly Theale, une riche héritière américaine condamnée par la maladie, bouleverse leur existence. Cette rencontre fait naître dans l’esprit de Kate un stratagème aussi cruel qu’ingénieux : pousser Merton à séduire Milly pour hériter de sa fortune après sa mort, ce qui lui permettrait enfin de l’épouser.
Le couple met son plan à exécution dans le décor somptueux de Venise, où Milly s’est installée. Mais la douceur et la noblesse d’âme de la jeune Américaine, que Kate surnomme « la colombe », ébranlent peu à peu leurs certitudes. Merton, déchiré entre son amour pour Kate et son admiration grandissante pour Milly, commence à perdre pied.
Aux éditions FOLIO ; 816 pages.
9. Les ambassadeurs (1903)
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Paris, début du XXe siècle. Lambert Strether, un Américain d’âge mûr, pose le pied sur le sol européen. Sa mission ? Ramener au bercail le jeune Chad Newsome, parti conquérir la Ville Lumière. Woollett, petite ville du Massachusetts, s’inquiète pour son fils prodigue. Madame Newsome, riche veuve et mère de Chad, a chargé Strether de le convaincre de rentrer.
Mais les charmes de Paris opèrent. Chad, transformé par la capitale, semble s’y épanouir. Une femme, Madame de Vionnet, retient le jeune homme. Entre l’appel du devoir et la tentation d’une vie nouvelle, Strether hésite. Ses certitudes vacillent. Woollett lui apparaît soudain bien terne face à ce Paris enivrant.
Dans cette subtile étude de mœurs, Henry James éclaire avec brio les tourments intérieurs d’un homme tiraillé entre deux mondes. Un classique intemporel à découvrir.
Aux éditions LE BRUIT DU TEMPS ; 608 pages.