Albert Camus (1913-1960) est un écrivain et philosophe français majeur du XXe siècle. Né à Mondovi en Algérie française, il grandit dans une famille modeste avant de devenir l’une des voix les plus importantes de sa génération.
Romancier, dramaturge et essayiste, il est l’auteur d’œuvres marquantes comme « L’étranger » (1942) et « La peste » (1947), dans lesquelles il développe les thèmes de l’absurde et de la révolte.
Journaliste engagé, notamment au journal « Combat » pendant la Résistance, il lutte toute sa vie contre les injustices et les totalitarismes. Son humanisme et son talent lui valent le prix Nobel de littérature en 1957.
Il meurt tragiquement dans un accident de voiture à Villeblevin le 4 janvier 1960, laissant une œuvre qui continue d’influencer la pensée contemporaine.
Voici notre sélection de ses meilleurs romans.
1. L’étranger (1942)
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« Aujourd’hui, maman est morte. » Ainsi débute « L’étranger », le roman phare d’Albert Camus paru en 1942. Meursault, un modeste employé algérois, apprend le décès de sa mère. Lors de l’enterrement, pas une larme ne coule sur son visage. Le chagrin lui est étranger. Comme tout le reste. Il rencontre Marie, une jeune femme pétillante. Elle l’aime, lui propose le mariage. Mais Meursault demeure insaisissable, indifférent aux conventions sociales.
Un jour de canicule, sur une plage écrasée de soleil, Meursault abat un Arabe de cinq balles dans le corps. Lors de son procès, son crime passe au second plan. C’est son apparente insensibilité qui dérange. Son absence de remords. Son honnêteté dérangeante. Condamné à mort, Meursault refuse la consolation de l’aumônier. Seul face à l’échafaud, il embrasse « la tendre indifférence du monde », conscient de l’absurdité de son existence.
Véritable électrochoc lors de sa parution, « L’étranger » n’a rien perdu de sa force et de sa modernité. Camus y dresse le portrait glaçant d’un homme en décalage avec la société, étranger à lui-même et aux autres. À travers le destin tragique de Meursault, Camus signe un puissant réquisitoire contre la peine de mort et une réflexion magistrale sur le sens de la vie.
Aux éditions FOLIO ; 192 pages.
2. La peste (1947)
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Années 1940, Oran, Algérie française. Des rats meurent par centaines dans les rues. Bientôt, ce sont les hommes qui succombent, frappés par la peste. Le docteur Rieux pressent le danger, mais les autorités tardent à réagir. Quand elles se décident enfin, il est trop tard. La ville est mise en quarantaine, coupée du monde. Le fléau se propage. Peur, souffrances et séparations sont le lot des habitants.
Le docteur Rieux, lui, soigne inlassablement les pestiférés. Avec quelques volontaires, comme Tarrou ou Rambert, il organise des formations sanitaires. Mais comment lutter contre un mal aussi absurde, qui condamne même les enfants innocents ? Comment garder espoir et humanité quand l’épidémie désagrège les liens et les âmes ?
Avec une objectivité clinique, Camus dissèque la progression implacable du bacille et ses répercussions. L’épidémie devient la métaphore du Mal absolu, insaisissable. Ce roman intense questionne notre rapport à la souffrance et à la mort, mais exalte aussi la solidarité et l’engagement. Un livre d’une brûlante actualité, à découvrir ou redécouvrir.
Aux éditions FOLIO ; 400 pages.
3. La chute (1956)
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Amsterdam, un soir des années 1950. Jean-Baptiste Clamence, expatrié français, se confie à un compatriote de passage. Dans un monologue, il retrace sa vie d’avant, quand il était un grand avocat parisien adulé. Tout a basculé lorsqu’il a été témoin passif du suicide d’une inconnue.
Depuis cet évènement, il erre à Amsterdam, ville qu’il décrit comme les cercles de l’Enfer. Au fil de son récit, il s’érige en juge-pénitent et s’accuse sans pitié. Derrière ses fautes, c’est la condition humaine qu’il met en accusation. Une existence peut-elle avoir un sens quand on a perdu ses illusions ? Peut-on jamais échapper à la culpabilité ?
Roman phare de Camus, « La chute » interroge sans concession nos certitudes et tire un portrait grinçant de l’homme moderne. Réflexion sur la justice, le jugement, la liberté, ce texte inclassable laisse une profonde empreinte.
Aux éditions FOLIO ; 224 pages.
4. Le premier homme (1994)
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« Le premier homme » est tiré d’un manuscrit d’Albert Camus, retrouvé inachevé dans sa sacoche lors de l’accident de voiture qui lui coûta la vie en janvier 1960. Ce roman autobiographique s’ouvre sur une nuit orageuse de 1913 dans un village algérien, alors qu’une femme met au monde un enfant dont le père mourra quelques mois plus tard dans les tranchées de la Grande Guerre.
Quarante ans après, Jacques Cormery, double romanesque de Camus, se rend sur la tombe de ce père qu’il n’a jamais connu. Face à la pierre tombale, une révélation le bouleverse : l’homme enterré là est mort plus jeune que lui. Cette prise de conscience déclenche en lui le besoin impérieux de comprendre qui était ce père, de reconstituer son histoire.
Il retourne alors en Algérie interroger sa mère, cette femme à demi-sourde et presque muette qui vit toujours dans le quartier pauvre de son enfance. Mais les réponses sont rares, et c’est plutôt vers ses propres souvenirs que Jacques se tourne : l’autorité de sa grand-mère, la tendresse maladroite de sa mère, les parties de football avec les copains, et surtout la figure lumineuse de son instituteur, M. Bernard, qui lui permit d’échapper à la misère grâce aux études.
À travers cette quête des origines se dessine le portrait d’une famille modeste dans l’Algérie coloniale, où la pauvreté n’empêche pas le bonheur, où le silence des êtres cache parfois leur profonde humanité. Le récit évoque avec pudeur et sensibilité cette enfance sous le soleil d’Alger, marquée par l’absence du père mais aussi par la force des liens familiaux.
Aux éditions FOLIO ; 380 pages.
5. La mort heureuse (1971)
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Dans l’Algérie des années 1930, Patrice Mersault, modeste employé du port d’Alger, mène une existence terne. Sa rencontre avec Zagreus, un homme fortuné devenu infirme après un accident, va tout bouleverser. Ce dernier, las de sa condition, propose à Mersault de le tuer en échange de son argent. Le crime est maquillé en suicide. Désormais riche, Mersault part pour l’Europe, séjourne à Prague puis à Gênes, avant de revenir en Algérie.
Entre relations amoureuses compliquées et quête obsessionnelle du bonheur, Mersault oscille. Il entretient une liaison avec Marthe, qui ne l’aime pas comme il le voudrait, puis épouse Lucienne, pour qui ses sentiments restent tièdes. La solitude finit par s’imposer comme un choix délibéré. Il s’installe dans une maison face à la mer, dans le Chenoua, où la maladie le rattrape. Dans ses derniers instants, face aux paysages lumineux d’Algérie, il atteint peut-être enfin cet état de plénitude tant recherché.
Premier roman d’Albert Camus, rédigé en 1937-1938 mais publié à titre posthume en 1971, « La mort heureuse » contient déjà les thèmes essentiels de son œuvre : l’absurdité de l’existence, la recherche du bonheur, le rapport à la nature. Le style, encore en formation, alterne moments de grande beauté – notamment dans les descriptions de paysages – et passages plus laborieux. On y découvre la première version du personnage de Meursault, qui deviendra le protagoniste de « L’étranger ». Camus lui-même considérait ce texte comme imparfait, mais il constitue un témoignage précieux sur la naissance de son écriture.
Aux éditions FOLIO ; 176 pages.