Victor Hugo (1802-1885) est l’une des figures majeures de la littérature française. Né à Besançon dans une famille de militaire, son enfance est marquée par de nombreux déplacements entre la France, l’Italie et l’Espagne. Très tôt attiré par l’écriture, il remporte ses premiers succès poétiques alors qu’il est encore lycéen.
Sa carrière littéraire s’épanouit véritablement avec « Cromwell » (1827), manifeste du drame romantique, suivi d’œuvres majeures comme « Notre-Dame de Paris » (1831) et « Les Misérables » (1862). Parallèlement à sa vie d’écrivain, il mène une vie sentimentale tumultueuse : marié à Adèle Foucher en 1822, il entretient plusieurs relations extra-conjugales, notamment avec l’actrice Juliette Drouet.
Son engagement politique le conduit de l’Académie française (1841) à l’Assemblée Constituante (1848), avant qu’il ne soit contraint à l’exil pendant près de vingt ans suite à son opposition à Napoléon III. C’est durant cet exil à Jersey puis Guernesey qu’il écrit certaines de ses œuvres majeures, dont « Les Châtiments » (1853) et « Les Contemplations » (1856). De retour en France en 1870, il continue à écrire jusqu’à sa mort à Paris en 1885.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Les Misérables (1862)
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Monument de la littérature française, « Les Misérables » déroule avec lyrisme le destin tumultueux de Jean Valjean, ancien forçat en quête d’absolution. Autour de ce protagoniste charismatique gravitent des figures comme Fantine, une paria réduite à la prostitution, l’impitoyable inspecteur Javert ou les sordides époux Thénardier et leur fils Gavroche, gamin des rues gouailleur.
Leur histoire s’inscrit dans le décor du Paris populaire des années 1830, que Victor Hugo restitue avec un réalisme saisissant, des taudis aux barricades. L’écrivain entrecroise les drames individuels et la grande histoire, jusqu’à l’insurrection républicaine de juin 1832 qui vient nouer tous les fils du récit.
Émaillé de scènes mémorables, des égouts de la capitale aux lupanars en passant par le bagne de Toulon, le roman compose un requiem bouleversant pour tous les damnés de la terre. Pétri d’humanisme, « Les Misérables » est un vibrant plaidoyer contre une société génératrice d’exclusion. Sa force demeure intacte aujourd’hui.
Aux éditions FOLIO ; 1344 pages.
2. Notre-Dame de Paris (1831)
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Paris, 1482. Esmeralda, une envoûtante bohémienne, fait battre les cœurs. Quasimodo, le difforme sonneur de cloches de Notre-Dame, l’aime en secret. Tout comme l’archidiacre Claude Frollo, rongé par un désir coupable. Mais la jeune femme n’est éprise que du bel officier Phoebus. Un chassé-croisé amoureux qui se noue dans l’ombre de la majestueuse cathédrale. Et qui va les précipiter vers un destin tragique.
Avec « Notre-Dame de Paris », Victor Hugo signe un chef-d’œuvre de romantisme. Sa langue est un feu d’artifice, sa verve inépuisable. L’intrigue, haletante, s’enrichit de digressions qui donnent vie au décor médiéval. Car le véritable personnage principal du roman, c’est elle : la grande dame de pierre. Blessée, mutilée, Hugo plaide avec fougue pour sa restauration. Et le roman sauvera finalement sa muse de la destruction.
Gringoire, Frollo, Quasimodo… Ces noms résonnent en nous comme ceux de vieilles connaissances. Preuve que l’auteur a touché à l’universel. En scrutant les tréfonds de l’âme humaine, il compose un tableau saisissant. Un hymne à la beauté qui gît en toute chose. Même la plus repoussante en apparence.
Aux éditions FOLIO ; 960 pages.
3. Le dernier jour d’un condamné (1829)
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En 1829, Victor Hugo publie anonymement un court roman qui fera date. « Le dernier jour d’un condamné » nous plonge dans le calvaire d’un homme promis à la guillotine. Enfermé dans un cachot, il ne lui reste que six semaines à vivre. Nous ne saurons jamais son nom, ni la teneur exacte de son crime. Car l’essentiel est ailleurs : dans l’angoisse qui suinte à chaque page, dans l’horreur indicible d’une fin annoncée.
Jour après jour, le condamné se débat contre cette réalité qui le dépasse. Il pense à sa fille, convoque des souvenirs heureux, implore la clémence royale. En vain. Sa vie n’est plus qu’un sursis, rythmé par l’attente insupportable du couperet. Hugo excelle à restituer les tourments de cet homme confronté à sa propre finitude. Les geôliers indifférents, le froid glacial, le bruit des chaînes, l’obscurité de la cellule : tout concourt à son supplice.
En refusant de nous révéler la nature du crime commis, Victor Hugo universalise son propos. Il dénonce l’inhumanité d’une société qui condamne froidement ce qu’elle réprouve, une foule assoiffée de sang qui se repaît du spectacle macabre. Cri d’indignation et d’humanité, ce texte bouleversant est précurseur. Il préfigure les luttes abolitionnistes qui jalonneront le XIXe siècle.
Aux éditions FOLIO ; 208 pages.
4. Quatrevingt-treize (1874)
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1793, la Révolution au paroxysme de sa violence et de ses contradictions. Le crépuscule de la monarchie. L’aube de la République. Victor Hugo en fait la toile de fond de son ultime roman, « Quatrevingt-treize ».
En Vendée, bastion de la contre-révolution royaliste, trois destins se nouent. Lantenac, vieux général aristocrate, revenu pour prendre la tête des insurgés. Cimourdain, prêtre ayant troqué la soutane pour l’habit révolutionnaire, envoyé pour mater la rébellion. Et entre eux, Gauvain, le neveu républicain déchiré par sa fidélité à son maître et à son sang. Duel à mort où s’affrontent deux visions de la France.
Hugo dépeint ce tableau historique avec une puissance évocatrice inouïe. Ses mots sont comme des coups de canon qui martèlent les pages. Sa plume, comme l’épée de ses héros, virevolte, s’abat, foudroie. Le récit, haletant, nous emporte des forêts profondes de Bretagne aux salons parisiens où complotent Robespierre, Danton et Marat.
Fresque intensément humaine aussi, avec cette mère courage lancée à la recherche de ses enfants pris dans la fureur de l’Histoire. Jusqu’au dénouement, coup de tonnerre sublime et terrible, où la grandeur d’âme se confronte à l’implacabilité de la raison d’État. Un souffle romanesque et lyrique à vous couper le souffle.
Aux éditions FOLIO ; 544 pages.
5. L’Homme qui rit (1869)
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« L’Homme qui rit », paru en 1869, compte parmi les œuvres majeures de Victor Hugo. L’intrigue se déroule dans une Angleterre sombre et baroque, à la fin du XVIIe siècle. Gwynplaine, un garçon de dix ans, est abandonné par les « Comprachicos », des trafiquants d’enfants. Mutilé, le visage à jamais figé dans un rictus grotesque, il erre dans la nuit glaciale. Sa route croise alors celle de la petite Dea, un bébé aveugle agrippé au cadavre de sa mère.
Recueillis par Ursus, un vendeur ambulant, les deux innocents grandissent dans une roulotte de saltimbanque. Leur spectacle, dans lequel Gwynplaine incarne « L’Homme qui rit », rencontre le succès, mais aussi les moqueries. Seule Dea perçoit l’âme lumineuse derrière le masque monstrueux de Gwynplaine. Mais le passé ressurgit, confrontant le jeune homme à ses origines troubles et à une aristocratie décadente que Hugo crible d’une ironie grinçante.
De la tendresse à la cruauté, du rire aux larmes, « L’Homme qui rit » est un tourbillon d’émotions porté par une écriture flamboyante. Hugo y déploie tout son génie littéraire pour tisser une histoire aussi envoûtante que déchirante, véritable ode à l’amour et à l’humanité par-delà les apparences.
Aux éditions FOLIO ; 838 pages.
6. Claude Gueux (1834)
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Paris, début du 19ème siècle. La misère pousse Claude Gueux, un ouvrier jusqu’alors sans histoire, à commettre un vol pour nourrir les siens. Arrêté, il est jeté en prison pour cinq longues années. Derrière les barreaux, une amitié naît avec Albin, un codétenu qui partage sa maigre pitance avec lui. Mais même cette lueur d’humanité lui sera arrachée par un directeur cruel qui les sépare.
La raison vacille. Le désespoir gagne. Claude supplie qu’on lui rende son ami. En vain. L’injustice est trop grande. Il se fait juge et bourreau, et abat son tortionnaire d’un coup de hache. La machine judiciaire s’emballe. Voleur devenu meurtrier, Claude est condamné à mort et guillotiné.
Dans ce court roman paru en 1834, Victor Hugo s’inspire d’un fait réel pour dresser un réquisitoire contre la peine capitale et l’indifférence d’une société qui broie les plus faibles. Un texte d’une étonnante modernité qui, à l’instar des « Misérables », révèle un Hugo profondément engagé et humaniste. Un classique à (re)découvrir.
Aux éditions FOLIO ; 144 pages.
7. Les Travailleurs de la mer (1866)
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Sur l’île de Guernesey, Gilliatt, pêcheur solitaire un brin rêveur, voue un amour secret à Déruchette. Lorsque la Durande, le bateau à vapeur de l’oncle de la jeune fille, sombre sur les écueils des Douvres, Gilliatt saisit l’occasion de prouver sa valeur. Il se lance seul dans un périlleux sauvetage pour arracher le navire aux flots déchaînés.
Bravant les vents, les marées et même une pieuvre monstrueuse, Gilliatt accomplit un véritable exploit. Son labeur acharné et son ingéniosité forcent l’admiration. Mais l’amour de Déruchette se montre aussi capricieux que l’océan.
Dans ce récit, Victor Hugo célèbre le courage des « Travailleurs de la mer » face aux caprices d’une nature grandiose et impitoyable. Au fil de descriptions éblouissantes, le roman dévoile les splendeurs et les noirceurs insondables de la mer. Une ode puissante à l’océan et à ceux qui l’affrontent, sublimée par la plume magistrale de Victor Hugo.
Aux éditions FOLIO ; 631 pages.
8. Bug-Jargal (1826)
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Premier roman de Victor Hugo, « Bug-Jargal » relate la révolte des esclaves à Saint-Domingue en 1791. Au cœur de l’intrigue, Bug-Jargal, un esclave d’une force et d’une intelligence remarquables, prend la tête des insurgés. Cependant, les liens d’amitié qu’il entretient avec Léopold d’Auverney, un jeune officier blanc, ainsi que son amour secret pour Marie, la cousine de ce dernier, viennent compliquer la situation.
Sur fond de bouleversements historiques, Hugo tisse une histoire où s’entremêlent romance, aventure et questionnements sur la condition humaine. Malgré son jeune âge – il n’a que 16 ans lorsqu’il écrit la première version – l’auteur fait preuve d’une grande maturité dans sa dénonciation de l’esclavage et du racisme.
« Bug-Jargal » annonce déjà les thèmes chers à Hugo : la lutte pour la liberté et l’inégalité sociale. Un premier roman qui, bien que parfois inégal, laisse entrevoir le génie en devenir.
Aux éditions FOLIO ; 272 pages.
9. Han d’Islande (1823)
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« Han d’Islande », roman de jeunesse de Victor Hugo paru en 1823, nous plonge dans une Norvège du XVIIe siècle, sombre et tourmentée. Le brave Ordener se lance dans une périlleuse aventure pour prouver l’innocence du père de sa dulcinée, la douce Ethel.
Mais le terrifiant Han d’Islande, créature monstrueuse assoiffée de sang, rôde dans les montagnes. Rien n’arrête sa soif de violence, pas même son fidèle ours blanc. Tandis qu’Ordener affronte mille dangers, un odieux complot se trame à la cour pour abattre le père d’Ethel.
Entre romantisme et frénésie, Hugo tisse une intrigue complexe où les passions s’entrechoquent. Malgré les imperfections d’une œuvre de jeunesse, « Han d’Islande » révèle déjà l’immense talent narratif de l’écrivain. La singularité des personnages et la force des descriptions annoncent les chefs-d’œuvre à venir.
Aux éditions FOLIO ; 576 pages.