Marie-Henri Beyle, plus connu sous le pseudonyme de Stendhal, est un écrivain français majeur du XIXe siècle. Né le 23 janvier 1783 à Grenoble, il mène une vie riche en expériences qui nourrissent son œuvre littéraire.
Sa carrière débute dans l’armée napoléonienne, où il sert comme sous-lieutenant dans les Dragons lors de la campagne d’Italie (1800-1801). Il poursuit son engagement au service de l’Empire dans l’administration jusqu’en 1814.
La chute de Napoléon marque un tournant dans sa vie. Il s’exile à Milan où il se découvre une vocation d’écrivain. Expulsé d’Italie en 1821 pour ses sympathies envers les carbonari, il regagne Paris. C’est là qu’il publie ses chefs-d’œuvre : « Le Rouge et le Noir » (1830), influencé par la révolution de juillet, et « La Chartreuse de Parme » (1839), rédigé en à peine cinquante-deux jours.
Nommé consul à Civitavecchia et fait chevalier de la Légion d’Honneur, Stendhal partage ses dernières années entre l’Italie et Paris. Il meurt d’une apoplexie dans la capitale française le 23 mars 1842, laissant inachevés plusieurs ouvrages dont son autobiographie « Vie de Henri Brulard » et le roman « Lamiel ».
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La Chartreuse de Parme (1839)
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Nous sommes en Italie, au lendemain de la chute de Napoléon. Fabrice del Dongo, un jeune noble italien, rêve de gloire militaire et s’engage dans l’armée de l’Empereur. C’est ainsi qu’il participe à la funeste bataille de Waterloo, une expérience qui le marquera à jamais. Ainsi débute « La Chartreuse de Parme », l’un des plus grands romans de Stendhal, paru en 1839.
De retour dans sa ville natale, Parme, Fabrice se retrouve pris dans les filets des intrigues politiques et amoureuses qui agitent la cour. Sa tante, la flamboyante et impétueuse duchesse Sanseverina, se démène pour assurer son avenir et le protéger des nombreux dangers qui le guettent.
Mais un événement tragique vient bouleverser le cours de sa vie : accusé de meurtre, Fabrice est incarcéré dans la sinistre tour Farnèse. C’est pourtant dans cette sombre prison qu’il vivra la plus lumineuse des passions en tombant amoureux de Clélia Conti, la fille du gouverneur. Un élan réciproque qui constitue le fil rouge du récit.
Avec « La Chartreuse de Parme », Stendhal signe un roman total où se côtoient satire politique, comédie, drame et réflexion philosophique. Un monument de la littérature française à découvrir ou redécouvrir.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 743 pages.
2. Le Rouge et le Noir (1830)
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Publié en 1830, « Le Rouge et le Noir » se déroule sous la Restauration dans la petite ville de Verrières, dans le Jura. Le roman suit l’ascension sociale de Julien Sorel, un jeune homme de 19 ans issu d’une famille modeste de charpentiers. Intelligent et cultivé, il voue une admiration sans bornes à Napoléon Bonaparte.
Grâce à sa connaissance du latin, il devient précepteur chez Monsieur de Rênal, le maire de la ville. Dans cette demeure bourgeoise, Julien parvient à séduire Madame de Rênal, une femme sensible qui s’éprend profondément de lui. Leur liaison découverte, le jeune homme est contraint à l’exil au séminaire de Besançon. Il y rencontre l’abbé Pirard qui le recommande comme secrétaire auprès du marquis de la Mole à Paris.
Dans ce nouveau milieu aristocratique, Julien entame cette fois une relation passionnée avec Mathilde, la fille du marquis. L’ambition dévorante du jeune homme semble enfin récompensée : Mathilde attend un enfant et son père consent à leur mariage. Mais une lettre de Madame de Rênal dénonçant l’immoralité du jeune homme fait tout basculer.
Avec ce roman d’apprentissage, Stendhal décrit le destin tragique d’un personnage ambitieux qui se perd dans les méandres du pouvoir et de l’amour, dans une société sclérosée par les conventions. Une œuvre majeure d’une modernité intacte.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 864 pages.
3. Lucien Leuwen (1894)
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Sous la Monarchie de Juillet, Lucien Leuwen, un jeune polytechnicien issu de la haute bourgeoisie parisienne, est exclu de l’École pour ses opinions républicaines. Il devient alors sous-lieutenant dans un régiment de lanciers à Nancy. Dans cette ville de province où la noblesse légitimiste cultive sa morgue pour le nouveau régime, le jeune homme croise le regard de Madame de Chasteller. Cette aristocrate, aussi belle qu’inaccessible, fait naître chez lui une passion dévorante. Leur histoire d’amour, bien que partagée, reste platonique : la jeune femme refuse d’abandonner ses principes et son rang.
Déçu par cet échec sentimental, Lucien regagne Paris où son père, un puissant banquier qui fait et défait les ministères, l’introduit dans les cercles du pouvoir. Le jeune homme devient alors secrétaire d’un ministre et l’observateur privilégié des tractations, des compromissions et de la médiocrité qui règnent dans les hautes sphères politiques.
Ce roman inachevé de Stendhal met en scène un héros à contre-courant : contrairement aux personnages habituels des romans d’apprentissage, Lucien possède déjà fortune et pouvoir. Ses obstacles sont intérieurs. Trop honnête pour une société corrompue, il peine à trouver sa place entre légitimistes bornés et républicains doctrinaires.
Aux éditions FOLIO ; 930 pages.
4. Armance (1827)
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Dans « Armance », son premier roman paru en 1827, Stendhal brosse le portrait d’un jeune aristocrate singulier, Octave de Malivert. Nous sommes à Paris, sous la Restauration. Octave, tout juste sorti de Polytechnique, brille par son esprit et sa prestance, mais déconcerte son entourage par son caractère ombrageux et sa propension à la solitude. Sa mère, inquiète de le voir si peu enclin aux mondanités de leur milieu, le pousse vers une vie plus conforme à son rang.
Le jeune homme croise alors le chemin de sa cousine Armance de Zohiloff, une aristocrate russe que les bouleversements politiques ont contrainte à l’exil en France. Cette rencontre chamboule leurs existences. Octave, prisonnier d’un secret qu’il ne peut révéler, s’interdit d’avouer son amour. Les deux jeunes gens s’aiment en silence, tout en multipliant les stratagèmes pour masquer leurs sentiments l’un à l’autre.
Ce roman inaugure les grands thèmes stendhaliens : l’amour impossible, l’ambition sociale, les mœurs aristocratiques. L’écriture, déjà remarquable, mêle ironie et psychologie d’une grande rigueur.
Aux éditions FOLIO ; 313 pages.