Peter Robinson (1950-2022) est un écrivain canadien d’origine britannique, principalement connu pour ses romans policiers. Né à Castleford dans le Yorkshire de l’Ouest, il fait ses études à l’université de Leeds où il obtient une licence en lettres en 1974. La même année, il émigre au Canada où il poursuit son parcours universitaire sous la tutelle de Joyce Carol Oates à l’université de Windsor, obtenant une maîtrise en création littéraire en 1975, puis un doctorat à l’université d’York en 1983.
Sa carrière littéraire débute en 1979 avec un recueil de poésie, mais c’est en 1987 qu’il trouve sa voie avec la publication de « Gallows View », premier volet d’une série policière mettant en scène l’inspecteur Alan Banks. Ces romans, qui se déroulent dans la ville fictive d’Eastvale dans le Yorkshire, connaîtront un grand succès international et seront traduits en vingt langues. Son talent est récompensé par de nombreux prix, dont le grand prix de littérature policière en 2001 pour « Saison sèche ».
Tout en poursuivant sa carrière d’écrivain, Robinson enseigne dans plusieurs établissements de Toronto et à l’université de Windsor. Il partage sa vie entre Toronto, où il réside avec son épouse Sheila Halladay dans le quartier des Beaches, et le Yorkshire où il possède une résidence secondaire. Il s’éteint le 4 octobre 2022 à Toronto, à l’âge de 72 ans, laissant derrière lui une œuvre de plus de 25 romans.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Saison sèche (1999)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Années 1990. Un été caniculaire frappe le Yorkshire. Le lac artificiel de Thornfield s’assèche, révélant les ruines de Hobb’s End, un village submergé quarante ans plus tôt. Un adolescent y fait une macabre découverte : les ossements d’une main humaine dans une ancienne remise. L’inspecteur Alan Banks, en délicatesse avec sa hiérarchie depuis son divorce, hérite de cette enquête que tous jugent vouée à l’échec.
Secondé par le major Annie Cabbot, Banks remonte la piste jusqu’aux années 1940, quand Hobb’s End abritait une base de l’US Air Force. À travers le journal intime d’une romancière qui y vivait adolescente, l’histoire de Gloria, une jeune Londonienne réfugiée des bombardements, refait surface. Sa présence dans ce village rural, ses relations avec les soldats américains et sa liberté de ton avaient alors bousculé les conventions d’une Angleterre corsetée par la guerre.
L’enquête se déploie sur deux temporalités – les investigations de Banks dans le présent et le récit de la vie à Hobb’s End pendant la guerre – qui s’entremêlent habilement jusqu’à la résolution finale. Entre rationnement, couvre-feu, bals clandestins et amours interdites, le quotidien de l’époque se dessine page après page.
Couronné par le Grand Prix de Littérature Policière en 2001 et l’Anthony Award, ce dixième volet des enquêtes d’Alan Banks a été adapté pour la télévision par ITV Network. Robinson s’est notamment inspiré du village de West End, réellement englouti sous le réservoir de Thruscross, dont les ruines réapparaissent lors des étés particulièrement secs.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 544 pages.
2. L’été qui ne s’achève jamais (2003)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
L’inspecteur Alan Banks profite de vacances bien méritées en Grèce quand deux affaires le rappellent brutalement en Angleterre. Des ossements viennent d’être découverts sur un chantier : ceux de Graham Marshall, son ami d’enfance disparu mystérieusement en 1965 alors qu’ils n’avaient que 14 ans. Dans le même temps, à Eastvale où Banks officie habituellement, un adolescent s’évapore sans laisser de trace : Luke Armitage, fils d’une ex-mannequin et d’une star du rock qui s’est suicidée.
Banks se lance dans une double enquête qui le confronte à son passé. Il retourne dans sa ville natale de Peterborough pour aider l’inspectrice Michelle Hart à élucider la mort de Graham, tout en épaulant à distance son ex-compagne Annie Cabbot sur l’affaire Luke Armitage. Les deux disparitions, séparées par plus de trente ans, font remonter à la surface des secrets enfouis : réseaux de pornographie juvénile, violences policières, corruption généralisée.
Publié en 2003, ce treizième opus de la série Banks entremêle deux époques : les années 1960 de l’adolescence du héros et l’Angleterre contemporaine. La musique rock, omniprésente, sert de fil conducteur entre ces deux périodes. Le roman a été nommé pour le prestigieux prix Anthony en 2004, confirmant la place de Peter Robinson parmi les maîtres du polar britannique.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 544 pages.
3. L’amie du diable (2007)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Deux femmes sont assassinées le même dimanche de mai dans le Yorkshire. À Eastvale, une étudiante est découverte sans vie dans un ancien entrepôt désaffecté après une soirée dans les pubs. Sur la côte, à Whitby, une femme paralysée est égorgée au bord d’une falaise. L’inspecteur Alan Banks et sa collègue Annie Cabbot mènent chacun leur enquête en parallèle.
La victime de Whitby s’avère être une figure tristement célèbre : surnommée « l’amie du diable », elle avait participé aux crimes d’un tueur en série quelques années plus tôt. Alors que Banks piétine dans son investigation du meurtre de l’étudiante, Cabbot doit rouvrir de vieux dossiers pour comprendre qui pouvait en vouloir à une femme tétraplégique. Les deux affaires, sans rapport apparent, commencent à révéler d’étranges connexions avec des meurtres non résolus.
Ce 17e opus de la série Banks s’inscrit dans la lignée directe du roman « Aftermath », dont il prolonge l’intrigue. La BBC en a tiré un épisode de sa série « DCI Banks » en 2012, avec Stephen Tompkinson dans le rôle principal. Peter Robinson y dépeint un Yorkshire âpre et mélancolique, entre pubs enfumés et landes battues par les vents, tout en dessinant le portrait d’une équipe de policiers marqués par leurs échecs passés.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 512 pages.
4. Noir comme neige (1991)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
À quelques jours de Noël, dans la petite ville d’Eastvale au Yorkshire, le corps de Caroline Hartley est découvert au pied de son sapin. La jeune femme gît nue, poignardée à plusieurs reprises, tandis qu’un disque de Vivaldi tourne en boucle sur le phonographe. C’est sa compagne, Veronica Shildon, qui fait cette macabre découverte en rentrant du travail.
L’inspecteur divisionnaire Alan Banks, secondé par le sergent Richmond et la détective Susan Gay, se lance dans l’enquête. Les soupçons se portent d’abord sur Veronica, puis sur son ex-mari, un compositeur de renom qui n’a jamais accepté leur séparation. Mais Caroline Hartley avait fait du secret son mode de vie : son passé trouble à Londres, ses années de prostitution, sa relation ambiguë avec son frère Gary… Autant de zones d’ombre que Banks devra éclaircir.
L’enquête se déploie dans plusieurs directions : le milieu du théâtre amateur où Caroline répétait une pièce de Shakespeare, son ancienne vie londonienne, son cercle familial… Chaque nouvelle piste révèle de nouveaux suspects, et chaque suspect semble avoir quelque chose à cacher.
Publié en 1991, ce cinquième volet des enquêtes d’Alan Banks a remporté l’Arthur Ellis Award. Le traitement des relations homosexuelles, encore marqué par les préjugés de l’époque, témoigne des mentalités du début des années 90. La dimension psychologique des personnages prend le pas sur l’action pure, dans une tension qui monte crescendo jusqu’au dénouement final.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 480 pages.
5. Face à la nuit (2012)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
L’inspecteur-chef Alan Banks fait face à une affaire délicate : le meurtre à l’arbalète de Bill Quinn, un officier médaillé, dans l’enceinte d’un centre de soins pour policiers. Banks se voit confier l’enquête, épaulé par Joanna Passero des Affaires Internes. Des photos compromettantes retrouvées près de la scène de crime montrent Quinn en compagnie d’une très jeune femme, laissant planer le doute sur son intégrité.
Rapidement, un second meurtre – celui d’un journaliste estonien – vient complexifier l’enquête. Banks décèle des similitudes avec un dossier non résolu qui hantait Quinn : la disparition d’une jeune Anglaise à Tallinn six ans plus tôt. Pendant que Banks et Passero s’envolent pour l’Estonie, Annie Cabbot, sa partenaire habituelle tout juste rétablie d’une blessure par balle, démantèle un réseau d’exploitation de migrants clandestins dans le Yorkshire.
Vingtième opus de la série Banks, ce polar publié en 2012 se démarque par les thèmes évoqués : le trafic d’êtres humains et la corruption policière. Les ruelles pavées du vieux Tallinn, encore imprégnées de l’ère soviétique, offrent un cadre saisissant à cette enquête où convergent policiers véreux, journalistes d’investigation et réseaux criminels d’Europe de l’Est.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 552 pages.
6. Moissons sanglantes (2014)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Un matin pluvieux dans le Yorkshire, l’inspecteur-chef Alan Banks revient de vacances en Italie pour se retrouver plongé dans une enquête qui démarre modestement : le vol d’un tracteur dernier cri chez un gentleman-farmer, ancien trader de la City reconverti dans l’agriculture. La nouvelle commissaire ayant fait de la délinquance rurale une priorité, il doit s’y atteler malgré sa réticence initiale.
L’affaire prend une tournure plus sombre quand un promeneur découvre une large flaque de sang dans un hangar désaffecté. Puis deux jeunes hommes du village disparaissent sans laisser de trace. La situation bascule définitivement dans l’horreur lorsqu’un camion transportant des carcasses d’animaux fait une sortie de route : parmi les cadavres destinés à l’équarrissage se trouve un corps humain atrocement mutilé.
Ce polar de 2014 s’impose comme l’un des plus sombres de la série, avec une immersion dans l’univers des abattoirs clandestins. La particularité de ce vingt-deuxième volet tient à la place centrale accordée aux enquêtrices Annie Cabbot et Winsome Jackman, qui mènent l’investigation pendant que Banks reste en retrait.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 576 pages.
7. Ne jouez pas avec le feu (2004)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Par une glaciale matinée de janvier dans le Yorkshire, deux péniches désaffectées sont ravagées par les flammes. Dans les décombres, les enquêteurs découvrent deux corps : celui de Tom, un artiste solitaire à la carrière modeste, et celui de Tina, une jeune toxicomane de seize ans. Pour l’inspecteur principal Alan Banks et sa collègue Annie Cabbot, l’origine criminelle de l’incendie ne fait aucun doute.
L’enquête prend un nouveau tournant lorsqu’une caravane est incendiée quelques jours plus tard, avec à son bord le corps d’un ancien taulard. Les investigations révèlent des liens troublants entre les victimes : Tom et l’ex-prisonnier avaient tous deux laissé entendre qu’ils allaient bientôt toucher une importante somme d’argent. Une affaire de faux tableaux commence à se dessiner, tandis que le petit ami de Tina soupçonne son beau-père d’être impliqué dans sa mort.
Publié en 2004, ce quatorzième volet des enquêtes d’Alan Banks conjugue deux intrigues parallèles : une affaire d’escroquerie artistique et un drame familial sordide. L’atmosphère du Yorkshire industriel, ses canaux désertés et ses terrains vagues brumeux servent magnifiquement cette histoire où le feu ne cesse de consumer les secrets du passé.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 576 pages.