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Patricia Highsmith en 5 thrillers – Notre sélection

Patricia Highsmith en 5 thrillers – Notre sélection

Née en 1921 à Fort Worth au Texas, Patricia Highsmith grandit principalement à New York avec sa mère et son beau-père. Dès l’adolescence, elle s’intéresse à l’écriture et étudie à l’université Barnard dont elle sort diplômée en 1942. Pour subvenir à ses besoins, elle travaille comme scénariste de comics tout en écrivant ses propres nouvelles.

Son premier roman, « L’inconnu du Nord-Express » (1950), est immédiatement adapté au cinéma par Alfred Hitchcock. Elle publie ensuite « Carol » (1952) sous pseudonyme, un roman lesbien novateur pour l’époque. En 1955, elle crée son personnage le plus célèbre, Tom Ripley, qui apparaîtra dans cinq romans.

Elle s’installe définitivement en Europe dans les années 1960, d’abord en Angleterre, puis en France et finalement en Suisse. Elle y trouve un plus grand succès qu’aux États-Unis. Son œuvre, composée d’une vingtaine de romans et de nombreuses nouvelles, aborde les thèmes du double, de la culpabilité et des identités troubles, avec une prédilection pour les thrillers psychologiques.

Highsmith mène une vie solitaire, préférant la compagnie des chats à celle des humains. Alcoolique, elle développe un caractère difficile et fait preuve d’antisémitisme. Sa vie sentimentale est marquée par de nombreuses relations avec des femmes, mais aucune ne dure plus de quelques années.

Elle meurt en 1995 à Locarno, en Suisse, des suites d’une anémie aplasique et d’un cancer du poumon, laissant derrière elle une œuvre majeure qui continue d’inspirer le cinéma et la littérature. Ses écrits sont conservés aux Archives littéraires suisses à Berne.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. L’inconnu du Nord-Express (1950)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

New York, années 1950. Guy Haines, jeune architecte en vue, monte dans un train pour rejoindre le Texas où l’attend son épouse Miriam. Cette dernière, enceinte d’un autre homme, refuse de lui accorder le divorce qui lui permettrait d’épouser Anne Faulkner, la femme qu’il aime. Durant le trajet, Charles Anthony Bruno, héritier désœuvré d’une riche famille, s’installe face à lui et engage la conversation. Au fil des verres partagés, Bruno élabore un plan qu’il juge infaillible : chacun assassinera la personne qui fait obstacle au bonheur de l’autre. Bruno se chargera de Miriam, tandis que Guy éliminera Samuel Bruno, le père autoritaire qui refuse de laisser son fils dilapider sa fortune. Sans mobile apparent ni lien entre les meurtriers, la police ne pourra remonter jusqu’à eux.

Guy rejette cette proposition insensée et quitte le train, persuadé de ne plus jamais revoir cet inquiétant compagnon de voyage. Mais quelques semaines plus tard, alors qu’il se trouve au Mexique, il apprend que Miriam a été étranglée dans un parc d’attractions. Bruno réapparaît alors dans sa vie, bien décidé à obtenir sa part du marché. Il commence à harceler Guy, s’immisce dans son quotidien et menace de le dénoncer s’il refuse d’assassiner Samuel Bruno. Le détective privé Arthur Gerard, proche de la famille Bruno, commence à établir des liens troublants entre les deux hommes. La survie sociale de Guy ne tient plus qu’à un fil…

Autour du livre

« L’inconnu du Nord-Express » naît de l’intérêt de Patricia Highsmith pour la psychologie criminelle. Dans une lettre adressée à son ami Marc Brandel en 1985, elle confie sa conviction que n’importe qui, même le voisin le plus ordinaire, peut dissimuler de terribles secrets ou des penchants sordides. Cette réflexion constitue la pierre angulaire de son premier roman, rédigé entre 1945 et 1950. Le personnage de Bruno s’inspire d’ailleurs d’un jeune homme débauché que l’autrice avait brièvement côtoyé au Texas dans sa jeunesse.

Le roman interroge la dualité inhérente à la nature humaine. À travers les personnages de Guy et Bruno, Highsmith met en scène deux faces d’une même pièce : « Chaque personne en abrite deux autres. Il existe toujours quelqu’un qui représente exactement votre opposé, quelque part dans le monde, et il attend en embuscade. » Cette réflexion sur le bien et le mal coexistant dans chaque être humain se double d’une tension homoérotique latente et d’un complexe d’Œdipe marqué chez les deux protagonistes, particulièrement dans leur relation avec leurs mères respectives.

La critique salue l’habileté avec laquelle Highsmith ausculte l’obsession et la psychopathie. Le roman décroche une nomination pour le meilleur premier roman aux Prix Edgar-Allan-Poe en 1951 et se classe 38ème dans le palmarès des cent meilleurs romans policiers établi par la Crime Writers’ Association en 1990. La critique souligne la maîtrise avec laquelle la romancière dépeint l’attraction homosexuelle latente de Bruno envers Guy, suggérée subtilement sans jamais être explicite.

« L’inconnu du Nord-Express » connaît plusieurs adaptations à l’écran, dont la plus célèbre demeure celle d’Alfred Hitchcock en 1951. Le cinéaste s’empare de l’idée initiale mais s’éloigne sensiblement du roman original. En 1969, Robert Sparr transpose l’histoire dans « Histoire d’un meurtre », tandis qu’en 1996, Tommy Lee Wallace réalise « Alliance interdite », un téléfilm qui transforme les deux protagonistes masculins en femmes. Le dramaturge Craig Warner signe en 1995 des adaptations pour la radio et le théâtre. Sa version radiophonique, diffusée par la BBC en 2004, suit plus fidèlement l’intrigue du roman mais propose un dénouement différent. La pièce est montée au Gielgud Theatre de Londres entre novembre 2013 et février 2014, avec Jack Huston et Laurence Fox dans les rôles principaux. L’influence du roman se ressent également dans de nombreuses séries télévisées comme « Castle », « Rizzoli & Isles » ou « New York, police judiciaire », ainsi que dans des films comme « Balance maman hors du train » (1987) et « Si tu me venges… » (2022).

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 408 pages.


2. Le meurtrier (1954)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

New York, années 1950. L’avocat Walter Stackhouse vit un mariage destructeur avec Clara, une femme névrosée qui chasse méthodiquement tous leurs amis par son comportement pathologique. Lorsque Walter rencontre Ellie Briess, une jeune professeure de musique, il entrevoit la possibilité d’une nouvelle vie. Clara tente alors de se suicider, le forçant à rester auprès d’elle.

Au même moment, un fait divers attire l’attention de Walter : le meurtre d’Helen Kimmel, retrouvée morte près d’une aire de repos d’autobus. Sans preuve tangible, Walter se persuade que le mari de la victime, le libraire Melchior Kimmel, est l’assassin. Sa conviction tourne bientôt à l’obsession : il se rend même dans la librairie de Kimmel pour l’observer.

Quand Clara annonce qu’elle prend le bus pour visiter sa mère mourante, Walter, incapable de résister, suit secrètement le véhicule. Le lendemain, le corps de Clara est découvert au pied d’une falaise, près d’une aire de repos, dans des circonstances étonnamment similaires à la mort d’Helen Kimmel.

Le lieutenant Corby, un policier aux méthodes brutales, prend l’affaire en main. Persuadé de tenir un meurtrier qui a copié le crime de Kimmel, il traque Walter sans relâche. Les erreurs à répétition de Walter – qui lui valent son surnom de « blunderer » (maladroit) – et son obsession pour l’affaire Kimmel le transforment peu à peu en coupable idéal. Ses amis s’éloignent, sa réputation s’effondre, sa vie bascule dans un engrenage infernal dont il ne peut s’échapper…

Autour du livre

« Le meurtrier », publié en 1954, est le troisième roman de Patricia Highsmith. Il s’inscrit dans la lignée de son premier succès « L’inconnu du Nord-Express », paru trois ans plus tôt, dont il reprend certains thèmes comme le double maléfique et la culpabilité. La romancière poursuit son travail d’exploration psychologique des liens troubles qui unissent les criminels et les innocents, brouillant délibérément les frontières morales.

Dans ce thriller psychologique d’une rare intensité, l’étau se resserre inexorablement autour du protagoniste. Les erreurs de Walter, qui donnent son titre au roman (« The Blunderer » en version originale), s’accumulent avec une logique implacable. Le récit embrasse une construction atypique : le meurtrier est dévoilé dès les premières pages, déplaçant l’intérêt vers l’étude des mécanismes psychologiques qui poussent un homme ordinaire à basculer dans l’abîme.

Dans une Amérique des années 1950, Patricia Highsmith dépeint le conformisme étouffant des banlieues résidentielles, le poids des conventions sociales, la fragilité du rêve américain. Les cocktails entre voisins masquent mal le vide existentiel qui ronge ces couples de la classe moyenne supérieure.

Dans le New York Times, Anthony Boucher souligne « une idée d’intrigue saisissante » et loue l’analyse psychologique des personnages, tout en regrettant que la fin ne soit pas à la hauteur des promesses initiales. Le roman est aujourd’hui considéré comme l’une des œuvres majeures de Highsmith, notamment pour sa dissection clinique de la culpabilité et sa remise en question des notions de justice.

« Le meurtrier » a fait l’objet de deux adaptations cinématographiques. La première, réalisée par Claude Autant-Lara en 1963, met en scène Gert Fröbe, Marina Vlady et Robert Hossein. Plus récemment, en 2016, Andy Goddard propose une nouvelle version intitulée « A Kind of Murder », avec Patrick Wilson et Jessica Biel dans les rôles principaux.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 384 pages.


3. Monsieur Ripley (Ripley #1, 1955)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

New York, années 1950. Tom Ripley mène une existence précaire, enchaînant les petites arnaques pour survivre. Un jour, Herbert Greenleaf, riche industriel de la construction navale, lui fait une proposition : il le paiera généreusement s’il se rend en Italie pour convaincre son fils Dickie de revenir aux États-Unis s’occuper de l’entreprise familiale. Tom accepte immédiatement, laissant croire qu’il connaît bien Dickie alors qu’il l’a à peine croisé par le passé.

Arrivé dans la petite ville côtière de Mongibello, Tom rencontre Dickie, jeune héritier qui mène une vie insouciante entre peinture et loisirs, accompagné de sa petite amie Marge Sherwood. Tom parvient à se lier d’amitié avec Dickie et s’installe chez lui. Il découvre alors une existence qu’il n’aurait jamais osé imaginer : villas somptueuses, restaurants raffinés, voyages à travers l’Europe… Une obsession grandit en lui : il ne veut plus être Tom Ripley, mais devenir Dickie Greenleaf.

Lorsque Dickie commence à se lasser de sa présence et menace de mettre fin à leur amitié, Tom voit son rêve lui échapper. Il élabore alors un plan macabre : lors d’une excursion en bateau à Sanremo, il assassine Dickie et prend son identité. Commence alors un dangereux jeu de dupes où Tom doit sans cesse alterner entre sa véritable identité et celle de sa victime, tout en déjouant les soupçons de la police italienne, de Marge, et d’un détective privé envoyé par la famille Greenleaf…

Autour du livre

« Monsieur Ripley » naît en 1954 sous la plume de Patricia Highsmith, qui le rédige en seulement six mois. Elle puise son inspiration dans sa propre fascination pour l’amoralité de son protagoniste, revendiquant ouvertement « le triomphe du mal sur le bien ». Le projet initial, qui impliquait une histoire de trafic de drogue et de cadavres, évolue vers une étude psychologique plus subtile de la relation entre deux hommes, thématique déjà présente dans ses précédents romans « L’inconnu du Nord-Express » et « Le meurtrier ».

Ce premier volet d’une série qui comptera cinq romans est remarquable par sa construction psychologique novatrice. Tom Ripley incarne un personnage aux multiples facettes : sociopathe sophistiqué, manipulateur social habile, mais aussi être profondément insécure. Sa capacité à endosser différentes identités reflète les questionnements de l’époque sur la construction du soi. L’homosexualité latente du personnage, jamais explicitement mentionnée mais constamment suggérée, fait écho au contexte répressif des années 1950, où Highsmith, elle-même lesbienne, devait composer avec les normes sociales.

La réception critique salue unanimement la puissance du roman. Le New Yorker qualifie Tom Ripley de « personnage parmi les plus repoussants et fascinants depuis longtemps » dans une histoire jugée « remarquablement immorale ». Le livre reçoit le Grand Prix de Littérature Policière en 1957 et figure dans plusieurs classements prestigieux, dont la 45ème place des cent meilleurs romans policiers établie par la Crime Writers’ Association en 1990.

« Monsieur Ripley » connaît plusieurs adaptations au cinéma. En 1960, René Clément réalise « Plein Soleil » avec Alain Delon dans le rôle de Ripley. En 1999, Anthony Minghella propose une nouvelle version avec Matt Damon, Jude Law et Gwyneth Paltrow. Plus récemment, en 2024, la série « Ripley » de Steven Zaillian met en scène Andrew Scott dans le rôle-titre. Le roman inspire également plusieurs adaptations radiophoniques et théâtrales.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 318 pages.


4. Eaux profondes (1957)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Années 1950. Dans la petite ville huppée de Little Wesley, au Massachusetts, Vic et Melinda Van Allen forment un couple atypique. Lui est un éditeur de livres d’art qui vit de ses rentes, élève des escargots sur son temps libre et s’occupe avec tendresse de leur fille Trixie. Elle, séduisante et hédoniste, collectionne ouvertement les amants pour tromper son ennui. Leur mariage ne tient que par un pacte tacite : Vic tolère les infidélités de Melinda tant qu’elle ne quitte pas le domicile conjugal. Il accueille même ses conquêtes sous son toit avec une courtoisie qui lui vaut l’admiration de leurs voisins.

L’équilibre précaire de cet arrangement bascule quand Vic, lassé des provocations de sa femme, fait courir le bruit qu’il aurait assassiné l’un de ses anciens amants. Si la rumeur se révèle vite infondée, elle éveille chez Vic un sentiment grisant de pouvoir. Lorsque Melinda entame une nouvelle liaison avec un pianiste du coin, la tension monte d’un cran. Sous ses dehors policés de mari complaisant, Vic nourrit des pensées de plus en plus sombres…

Autour du livre

« Eaux profondes » paraît en 1957 chez Harper & Brothers. C’est le cinquième roman de Patricia Highsmith, initialement intitulé « The Dog in the Manger » avant d’être publié sous le titre « Deep Water ». La romancière américaine y décortique avec une précision chirurgicale la lente décomposition d’un mariage dysfonctionnel dans l’Amérique puritaine des années 1950.

Tout l’art de Highsmith consiste à nous faire épouser le point de vue de Vic, ce mari en apparence si raisonnable : père attentionné, voisin serviable, patron compréhensif. Sa femme alcoolique et volage suscite naturellement l’antipathie. Pourtant, comme souvent chez Highsmith, ce personnage sympathique cache un sociopathe méticuleux dont nous devenons les complices malgré nous.

La tension psychologique monte crescendo, rythmée par les provocations de Melinda et la rage contenue de Vic. Les scènes de fêtes mondaines, où le couple joue sa partition mortifère sous les yeux de voisins médusés, sont particulièrement réussies. Highsmith excelle à dépeindre cette petite communauté bourgeoise où les apparences comptent plus que tout, au point que même un meurtrier peut conserver l’estime générale tant qu’il reste « présentable ».

Anthony Boucher, dans le New York Times, salue « la maturité acquise par Highsmith comme romancière » et souligne que « Eaux profondes » surpasse nettement son premier roman « L’inconnu du Nord-Express » en « subtilité et profondeur de caractérisation ». Plus récemment, l’écrivaine Gillian Flynn cite le livre parmi ses favoris, admirant particulièrement comment « toutes les phobies, les peurs et les ténèbres se déploient à l’intérieur du foyer conjugal ».

« Eaux profondes » connaît plusieurs adaptations à l’écran : un film français en 1981 réalisé par Michel Deville avec Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert, un téléfilm allemand en 1983, et plus récemment une version américaine en 2022 par Adrian Lyne avec Ben Affleck et Ana de Armas.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 384 pages.


5. Le cri du hibou (1962)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Au début des années 1960, Robert Forester quitte New York pour une petite ville de Pennsylvanie après un divorce éprouvant avec Nickie, son ex-femme. Ingénieur dans une entreprise aéronautique, il mène une existence solitaire et développe une habitude singulière : chaque soir, il observe Jenny Thierolf, une jeune femme de 23 ans, à travers la fenêtre de sa cuisine. Ce rituel voyeuriste, dénué de tout désir sexuel, lui apporte un sentiment de paix.

Un soir, Jenny le surprend dans son jardin. Plutôt que d’appeler la police, elle l’invite à entrer. Cette rencontre bouleverse leurs vies : Jenny rompt ses fiançailles avec Greg Wyncoop, persuadée que Robert est un signe du destin. Greg, furieux, s’allie avec Nickie pour détruire la réputation de Robert.

La situation dégénère lors d’une confrontation nocturne au cours de laquelle Robert laisse Greg inconscient au bord d’un fleuve. Dans les jours qui suivent, un corps en décomposition est repêché. La police soupçonne Robert du meurtre, d’autant que Nickie l’accuse d’avoir été violent pendant leur mariage. Les habitants de la ville se retournent contre lui, tandis que Jenny, de plus en plus instable, se persuade que Robert est une incarnation de la mort. Le piège se referme inexorablement sur Robert qui clame son innocence, mais le pire reste à venir…

Autour du livre

Patricia Highsmith rédige « Le cri du hibou » entre avril 1961 et février 1962, période qui coïncide avec la fin de sa relation avec Marijane Meaker. Cette rupture teinte les pages d’une amertume particulière : le personnage de Nickie serait inspiré de Meaker, selon les dires de cette dernière, qui y voit un acte de « représailles ». La dédicace énigmatique « pour D. W. » ferait référence à Daisy Winston, avec qui Highsmith entretient une brève liaison en 1961. Les premières ébauches de l’intrigue apparaissent dans ses carnets dès 1954-1955, mais le projet ne prend véritablement forme qu’en 1958.

« Le cri du hibou » se démarque par sa manière d’interroger la psychologie humaine et ses zones d’ombre. Le titre fait écho à la croyance de Jenny selon laquelle le cri du hibou présage la mort – une superstition qui structure la narration et confère au récit sa tonalité inquiétante. La force du roman réside dans sa capacité à retourner les situations : le voyeur devient proie, la victime se mue en prédateur. Highsmith dépeint une micro-société où la frontière entre normalité et déviance s’estompe progressivement.

La critique accueille favorablement le roman, malgré les réserves de son autrice qui le considère comme l’une de ses œuvres mineures. En 1967, l’écrivaine britannique Brigid Brophy classe « Le cri du hibou » parmi les cinq ou six romans majeurs des deux dernières décennies, aux côtés de « Lolita » de Vladimir Nabokov. Le New Yorker salue la capacité de Highsmith à générer du suspense non pas à partir de la peur de la mort, mais de celle, plus insidieuse, de l’humiliation sociale.

Claude Chabrol porte « Le cri du hibou » à l’écran en 1987 avec Christophe Malavoy et Mathilda May. La même année, Tom Toelle réalise une version allemande pour la télévision. En 2009, Jamie Thraves en propose une nouvelle version avec Julia Stiles et Paddy Considine. Le roman inspire également une dramatisation radiophonique en quatre parties pour BBC Radio 4 en 2002. Wim Wenders, qui convoitait initialement les droits d’adaptation dans les années 1970, se rabat finalement sur « Ripley s’amuse », un autre roman de Highsmith.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 351 pages.

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