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Mo Hayder en 10 thrillers – Notre sélection

Mo Hayder en 10 thrillers – Notre sélection

Mo Hayder (1962-2021), née Clare Damaris Bastin à Londres, est une romancière britannique spécialisée dans le thriller et le roman noir. Après avoir quitté l’école à 15 ans, elle mène une vie mouvementée, travaillant notamment comme mannequin de charme et actrice sous le pseudonyme de Candy Davis. À 25 ans, elle part pour le Japon où elle exerce divers métiers, dont celui de professeur d’anglais, avant de poursuivre des études de cinéma aux États-Unis.

De retour en Grande-Bretagne, elle se consacre à l’écriture et fait une entrée remarquée dans le monde du thriller avec « Birdman » (2000), premier volet d’une série mettant en scène l’inspecteur Jack Caffery. Son roman « Tokyo » (2005) lui vaut plusieurs récompenses, dont le Prix SNCF du polar européen. En 2012, elle reçoit le prestigieux prix Edgar-Allan-Poe pour « Proies ».

Surnommée « la Thomas Harris britannique », Mo Hayder se distingue par ses thrillers horrifiques aux atmosphères sombres, inspirés notamment des expériences traumatisantes vécues par ses proches. Elle décède le 27 juillet 2021 à Bath, à l’âge de 59 ans, des suites d’une sclérose latérale amyotrophique.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Tokyo (2005)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Une jeune femme instable du nom de Grey arrive à Tokyo dans les années 1990. Elle recherche désespérément un film qui documenterait les exactions de l’armée japonaise pendant le sac de Nankin en 1937. Ce document serait entre les mains du professeur Shi Chongming, un Chinois qui a fui les massacres et enseigne maintenant au Japon. Mais celui-ci refuse de reconnaître l’existence de cette preuve historique.

Démunie, Grey se fait embaucher comme hôtesse dans le « Some Like It Hot », un club select où elle doit divertir de puissants yakuzas. Parmi eux se trouve le redoutable Fuyuki. Le professeur Chongming accepte finalement de négocier : il lui montrera le film tant convoité si elle parvient à découvrir la nature d’une substance miracle que consomme le vieux mafieux.

Autour du livre

Mo Hayder s’empare d’un épisode méconnu et tabou de l’histoire sino-japonaise pour construire une intrigue psychologique glaçante. Un récit d’une noirceur abyssale qui entremêle deux périodes historiques : le Tokyo des années 1990 et le massacre de Nankin en 1937.

La romancière anglaise puise dans sa propre expérience du Japon, où elle a travaillé comme barmaid, pour dépeindre l’univers interlope des clubs d’hôtesses de Tokyo. Cette connaissance intime du terrain confère une authenticité saisissante aux scènes se déroulant dans le club « Some Like It Hot ». Le récit progresse sur deux lignes temporelles qui se répondent et s’entrechoquent, créant une tension croissante jusqu’à la révélation finale.

Les personnages se dévoilent par fragments, notamment Grey dont le passé trouble émerge peu à peu. Cette construction par strates successives maintient le lecteur en haleine tout en explorant les thèmes de l’obsession, du trauma et de la quête de vérité. Le professeur Shi Chongming incarne quant à lui la mémoire vivante des atrocités de Nankin, ses entrées de journal constituant un contrepoint glaçant à l’enquête de Grey.

Le livre a reçu un accueil critique particulièrement élogieux lors de sa sortie. Harlan Coben le qualifie de « formidable, envoûtant, lyrique, troublant, essentiel ». Val McDermid estime qu’il « propulse Mo Hayder parmi les plus grands auteurs contemporains de thrillers ». Michael Connelly souligne sa capacité à « immerger totalement son lecteur dans un monde neuf et inconnu ». Le roman a d’ailleurs été sélectionné pour le Gold Dagger Award de la Crime Writers’ Association.

Aux éditions POCKET ; 480 pages.


2. Les Lames (2011)

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Résumé

Une adolescente est découverte assassinée le long d’un canal à Bath, en Angleterre. L’inspectrice Zoé Benedict dirige l’enquête d’une main de fer, persuadée que le tueur n’est pas un prédateur en série comme l’affirment ses collègues. Cette affaire la ramène dans l’orbite de sa sœur Sally, dont elle est séparée depuis l’enfance suite à un événement tragique.

Sally lutte pour joindre les deux bouts après son divorce et élever sa fille Millie, amie de la victime. Quand elle découvre que Millie doit une fortune à un dealer, elle accepte un emploi chez un magnat du porno aux intentions troubles. Les deux sœurs se retrouvent malgré elles embarquées dans une spirale infernale où se mêlent chantage, violence et secrets de famille. L’une cherche la vérité sur le meurtre pendant que l’autre s’enfonce inexorablement pour sauver son enfant.

Autour du livre

Avec « Les Lames », Mo Hayder propose un thriller psychologique qui prend place dans la ville de Bath, en Angleterre. Sa singularité réside dans son traitement des relations familiales complexes, notamment à travers le prisme de deux sœurs que tout oppose : Zoé, une inspectrice de police au tempérament affirmé, et Sally, une femme fragilisée par son divorce récent.

La construction narrative s’articule autour d’une double intrigue qui s’entremêle progressivement. D’un côté, l’enquête sur le meurtre d’une adolescente menée par Zoé, et de l’autre, la descente aux enfers de Sally, contrainte de travailler pour un producteur de films pornographiques afin de rembourser les dettes de sa fille. Cette dualité permet à Hayder d’évoquer les thématiques qui lui sont chères : la violence, les secrets de famille, la rédemption.

Moins sanglant que ses précédents ouvrages comme « Tokyo » ou la série Jack Caffery, « Les Lames » n’en demeure pas moins sombre dans son traitement des relations humaines et des choix moraux auxquels sont confrontés les personnages. La tension narrative culmine dans les dernières pages avec un retournement de situation inattendu qui laisse le lecteur sous le choc, signature caractéristique de l’autrice.

La critique souligne unanimement la force du dénouement. Publishers Weekly salue notamment la capacité de Hayder à utiliser « sa violence caractéristique pour un effet sinistre parfait ». Le magazine Elle lui a d’ailleurs décerné son Grand Prix, reconnaissant ainsi la qualité de ce thriller psychologique.

Aux éditions POCKET ; 576 pages.


3. Pig Island (2007)

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Résumé

Sur Pig Island, une île isolée d’Écosse autrefois vouée à l’élevage porcin, une communauté religieuse s’est établie sous la houlette du pasteur Malachi Dove. Joe Oakes, journaliste connu pour débusquer les charlatans, reçoit l’autorisation de visiter l’île. Il connaît bien Dove : vingt ans plus tôt, il avait révélé ses pratiques douteuses qui avaient causé la mort de sa tante. Une vidéo amateur montrant une créature démoniaque sur l’île attise sa curiosité.

L’arrivée de Joe et de son épouse Lexie sur l’île marque le début d’une descente aux enfers. L’odeur de chair en décomposition imprègne l’air, des cadavres d’animaux jonchent le sol. Plus troublant encore : Angeline, la fille de Dove, semble porter un lourd secret. Bientôt, une série de meurtres atroces transforme le reportage en cauchemar.

Autour du livre

Avec « Pig Island », Mo Hayder s’éloigne des conventions du thriller traditionnel pour embrasser une approche hybride qui mêle éléments de polar noir, d’horreur gothique et de drame psychologique. L’insularité géographique – une île écossaise isolée – sert de caisse de résonance aux thématiques centrales : l’obscurantisme religieux, la manipulation mentale et la monstruosité tant physique que morale.

La structure narrative alterne deux points de vue : celui de Joe Oakes, journaliste spécialisé dans le démantèlement des supercheries paranormales, et celui de sa femme Lexie, dont la voix se manifeste à travers des lettres adressées à son psychothérapeute. Ce dispositif narratif crée un effet de miroir déformant où la vérité devient aussi insaisissable que les brumes écossaises enveloppant Pig Island.

La dimension gothique du récit puise dans un riche substrat littéraire, convoquant notamment l’imaginaire de « L’Île du Docteur Moreau » de H. G. Wells à travers le motif de l’île maudite et des expériences contre-nature. Les références au film culte « The Wicker Man » transparaissent également dans le traitement de l’isolement insulaire et du fanatisme religieux.

Le livre est remarquable dans sa capacité à maintenir une tension constante entre le rationnel et l’irrationnel, le naturel et le surnaturel. Cette ambivalence se cristallise particulièrement autour du personnage d’Angeline, dont la difformité physique – une troisième jambe vestigiale – incarne littéralement cette dualité.

La réception critique de « Pig Island » divise profondément. The Guardian, sous la plume de Peter Guttridge, souligne que le roman « s’aventure sur un territoire perturbant autour de la sexualité qui fait paraître ‘Freaks’ de Tod Browning comme un film de Doris Day ». Entertainment Weekly lui accorde un « B-« , le qualifiant de « croisement dérangeant entre ‘The Last Seduction’ et ‘Splash' ». Publishers Weekly salue un roman « rigoureusement imaginé » doté d’une « torsion parfaite de l’intrigue », tandis que la Montreal Gazette apprécie particulièrement « le rythme presque langoureux de l’horreur » et sa conclusion « soudaine, choquante et splendide ».

Aux éditions POCKET ; 480 pages.


4. Inspecteur Jack Caffery – Birdman (2000)

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Résumé

Dans la banlieue de Londres, à l’aube des années 2000, des ouvriers exhument cinq corps de femmes atrocement mutilés. Un élément relie ces meurtres : un petit oiseau a été enfermé vivant dans la cage thoracique de chaque victime. L’inspecteur Jack Caffery, fraîchement muté au Service régional des enquêtes sensibles, prend en charge cette affaire qui s’annonce comme l’une des plus sordides de sa carrière.

Caffery doit composer avec une équipe divisée et des collègues hostiles, tout en gérant sa relation défaillante avec Veronica et son obsession pour son voisin, qu’il soupçonne d’être responsable de la disparition de son frère des années plus tôt. Alors que l’enquête progresse et que d’autres victimes apparaissent, il devient évident que le tueur obéit à une logique perverse qui dépasse l’entendement.

Autour du livre

Premier roman de Mo Hayder paru en 2000, « Birdman » inaugure la série des enquêtes de l’inspecteur Jack Caffery. L’intrigue se déroule dans un Londres crépusculaire, particulièrement dans le quartier de Greenwich, à l’ombre du Millennium Dome alors en construction.

Le personnage de Jack Caffery s’inscrit dans la lignée des enquêteurs tourmentés, mais sa complexité psychologique le distingue des archétypes du genre. Son obsession pour la disparition de son frère Ewan, potentiellement victime de son voisin pédophile Penderecki, constitue la colonne vertébrale émotionnelle du récit. Cette blessure originelle influence ses relations personnelles, notamment avec sa compagne Veronica qu’il n’arrive pas à quitter malgré son absence de sentiments.

L’originalité du livre réside dans son traitement de la violence et de la perversion. Mo Hayder transgresse les codes habituels du thriller en osant aborder frontalement le thème de la nécrophilie. Cette audace thématique, inhabituelle pour un premier roman, et encore plus remarquable venant d’une autrice, a marqué les esprits à sa sortie. Le choix de dévoiler relativement tôt l’identité du tueur permet à Hayder de développer une tension narrative qui repose davantage sur le « comment » que sur le « qui ». La structure narrative alterne entre l’enquête policière et l’exploration de la psychologie du meurtrier, créant un effet de miroir entre la quête de vérité de Caffery et les zones d’ombre de sa propre histoire.

Mo Hayder s’est considérablement documentée pour écrire ce livre, passant deux ans à prendre des notes sur le terrain, à fréquenter les milieux policiers et à rencontrer des médecins légistes. Cette rigueur documentaire transparaît notamment dans les descriptions d’autopsies et les procédures policières.

Publishers Weekly salue « une histoire sanglante qui fait la part belle à la violence » tout en soulignant que la romancière « fait preuve d’une solide connaissance des procédures policières anglaises ». The Observer, sous la plume de Nicci Gerrard, note une certaine proximité avec l’univers de Thomas Harris, tout en relevant que le fait qu’une femme écrive ce type de récit « donne une dimension supplémentaire à ce monde de mal baroque ».

Une adaptation de « Birdman » était envisagée pour la télévision britannique dès sa sortie, les meilleurs acteurs britanniques étant pressentis pour le rôle de Jack Caffery, mais le projet n’a finalement pas abouti.

Aux éditions POCKET ; 440 pages.


5. Inspecteur Jack Caffery – L’homme du soir (2002)

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Résumé

Dans le sud de Londres, aux abords de Brockwell Park, un garçon de neuf ans est enlevé à son domicile. La police découvre ses parents ligotés et déshydratés après trois jours de séquestration. L’inspecteur Jack Caffery prend en charge l’enquête. Les indices orientent rapidement les recherches vers une piste pédophile, d’autant que les enfants du quartier évoquent la présence d’un mystérieux individu qui rôderait la nuit.

Pour Jack Caffery, cette affaire fait écho à son propre passé : vingt-cinq ans plus tôt, son jeune frère Ewan disparaissait dans des circonstances similaires. Depuis, l’inspecteur soupçonne son voisin, un pédophile notoire, d’être responsable de ce crime jamais élucidé. Cette nouvelle enquête pourrait enfin lui permettre de découvrir la vérité sur le sort d’Ewan.

Autour du livre

Deuxième volet de la série consacrée à l’inspecteur Jack Caffery, « L’homme du soir » s’inscrit dans la lignée des grands thrillers psychologiques britanniques, tout en poussant plus loin les limites du genre. Mo Hayder, qui a quitté l’école à quinze ans et exercé divers métiers dont celui d’hôtesse dans un club de Tokyo, livre ici une enquête particulièrement sombre qui met en scène les démons personnels de son protagoniste.

La force du récit repose sur l’imbrication entre l’enquête principale et les tourments intimes de Caffery, hanté par la disparition de son frère Ewan vingt-cinq ans plus tôt. Cette obsession teinte chacune de ses décisions et transforme cette traque d’un prédateur d’enfants en une quête intime déchirante. Les relations complexes entre les personnages ajoutent une profondeur supplémentaire au récit, notamment à travers la figure de Rebecca, rescapée du tueur de « Birdman », et celle de Danniella Souness, supérieure directe de Caffery dont l’humour apporte une respiration bienvenue dans cette atmosphère oppressante.

L’originalité du livre tient à sa capacité à dérouter constamment le lecteur. Les hypothèses s’effondrent les unes après les autres, tandis que la vérité se révèle plus terrible encore que les suppositions initiales. Mo Hayder manie avec habileté les codes du fantastique, notamment à travers la figure du « Troll » évoquée par les enfants du quartier, créant ainsi une dimension presque irréelle qui culmine dans la scène finale.

Les critiques saluent unanimement la puissance du récit. Michael Connelly souligne l’impact durable de l’écriture de Mo Hayder. Le magazine Kirkus Reviews évoque un « thriller efficace » qui parvient à maintenir l’attention malgré quelques longueurs dans le développement de la relation entre Caffery et Rebecca.

« L’homme du soir » a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2014 par le réalisateur belge Hans Herbots sous le titre « De Behandeling » (The Treatment). Cette version transpose l’action de Londres vers la Belgique tout en conservant la noirceur et l’intensité du matériau original.

Aux éditions POCKET ; 544 pages.


6. Inspecteur Jack Caffery – Rituel (2008)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans le port de Bristol, le sergent « Flea » Marley, chef de l’unité de police subaquatique, découvre une main humaine sectionnée avec une netteté troublante. Cette découverte macabre attire l’attention du commissaire Jack Caffery, récemment muté de Londres. L’autopsie révèle que l’amputation a été pratiquée sur une personne vivante. Quand une deuxième main est retrouvée, les deux enquêteurs comprennent qu’ils doivent agir vite pour retrouver la victime avant qu’il ne soit trop tard.

Leurs investigations les mènent sur la piste de rituels africains liés au « muti », une forme de sorcellerie impliquant des sacrifices humains. Tandis que Caffery et Flea tentent de démêler cette affaire, ils doivent aussi affronter leurs propres démons : lui reste hanté par la disparition de son frère trente ans plus tôt, elle par la mort mystérieuse de ses parents lors d’une mission en Afrique du Sud.

Autour du livre

Troisième volet des enquêtes de l’inspecteur Jack Caffery, « Rituel » marque un tournant significatif dans la série. Six années se sont écoulées depuis la parution de « L’homme du soir », et Mo Hayder change radicalement de décor en déplaçant son protagoniste de Londres à Bristol. Cette mutation géographique s’accompagne de l’introduction d’un nouveau personnage central : Phoebe « Flea » Marley, sergent de la brigade subaquatique.

L’originalité de « Rituel » réside dans son ancrage dans les croyances ancestrales africaines, en particulier le muti – une médecine traditionnelle impliquant l’utilisation de parties du corps humain. Mo Hayder s’inspire notamment de faits réels, comme l’affaire « Adam », du nom donné à un jeune garçon nigérian dont le torse fut découvert dans la Tamise en 2001. Cette dimension documentaire apporte une profondeur sociologique au récit en abordant la question de l’intégration des pratiques culturelles des immigrés africains au Royaume-Uni.

Mo Hayder modifie sensiblement sa formule narrative en accordant autant d’importance à Flea qu’à Caffery. Les deux protagonistes partagent une blessure profonde : lui reste hanté par la disparition de son frère Ewan durant leur enfance, elle porte le fardeau de la mort de ses parents dans un accident de plongée en Afrique du Sud. Cette symétrie des traumatismes crée une résonance psychologique qui structure le récit par-delà l’enquête criminelle.

La romancière introduit également un personnage énigmatique, le Marcheur, ancien détenu devenu vagabond qui établit avec Caffery une relation basée sur l’échange d’informations contre des bulbes de plantes. Cette figure mystérieuse incarne la possibilité d’une rédemption par la souffrance, thème qui traverse l’ensemble du roman.

L’accueil critique s’avère contrasté. Si certains saluent l’évolution de la série et l’ajout du personnage de Flea, d’autres regrettent l’intensité des premiers opus. Les critiques pointent particulièrement le rythme plus lent et la place prépondérante accordée aux tourments personnels des protagonistes, qui relèguent parfois l’intrigue criminelle au second plan. Néanmoins, l’atmosphère oppressante caractéristique de Mo Hayder demeure, même si elle se manifeste différemment des précédents volumes.

Aux éditions POCKET ; 512 pages.


7. Inspecteur Jack Caffery – Skin (2009)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans ce quatrième opus de la série, le commissaire Jack Caffery refuse de tourner la page après une sombre affaire de trafic d’organes liée à des rituels vaudous. Alors que tous ses collègues de la police de Bristol se concentrent sur la disparition d’une ex-femme de footballeur, il s’obstine à traquer le Tokoloshe, un démon africain qu’il pense responsable des précédents meurtres. En parallèle, des cadavres écorchés sont découverts, maquillés en suicides.

Le sergent Flea Marley, de la brigade subaquatique, se retrouve elle aussi dans une situation périlleuse. Son frère Thom l’entraîne malgré elle dans une spirale infernale qui pourrait mettre fin à sa carrière. Les deux enquêteurs, aux prises avec leurs démons personnels, devront affronter une réalité plus terrifiante que leurs pires cauchemars.

Autour du livre

Quatrième volet de la série consacrée à l’inspecteur Jack Caffery, « Skin » s’inscrit dans la continuité directe de « Rituel », le précédent opus. L’intrigue débute à peine quelques jours après les événements du tome précédent, créant ainsi une forte cohésion entre les deux romans. Cette proximité temporelle permet d’évoquer les répercussions psychologiques des affaires précédentes sur les protagonistes.

Les deux personnages principaux, Jack Caffery et Flea Marley, suivent des trajectoires distinctes qui ne se croisent que rarement, contrairement au tome précédent. Pour la première fois, Caffery laisse transparaître ses peurs, tandis que Flea se retrouve confrontée à des choix cornéliens qui pourraient lui coûter sa carrière et sa liberté.

Une évolution significative se dessine dans le traitement de la violence. Si les premiers romans de la série privilégiaient des descriptions crues et frontales, « Skin » adopte une approche plus subtile, privilégiant l’impact psychologique sur les personnages plutôt que le spectaculaire. Les thématiques de prédilection de Hayder – la décomposition, les modifications corporelles, le malaise physique – demeurent présentes mais sont traitées avec une distance clinique qui renforce leur pouvoir d’évocation.

La figure énigmatique du Marcheur apporte une épaisseur supplémentaire au récit. Ses brèves apparitions électrisent l’atmosphère et ses échanges avec Caffery permettent d’approfondir la psychologie tourmentée du protagoniste.

Les critiques soulignent majoritairement la qualité du développement psychologique des personnages, tout en relevant parfois un certain déséquilibre entre les différentes intrigues. Le magazine Kirkus Reviews salue notamment la création de « personnages consciencieux et vaillants dont les défaillances troublantes ont pour effet paradoxal de faire en sorte que les lecteurs leur fassent confiance et les soutiennent ».

Aux éditions POCKET ; 448 pages.


8. Inspecteur Jack Caffery – Proies (2010)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Somerset, mois de novembre. Une femme range ses courses dans le coffre de sa voiture quand un homme masqué en Père Noël l’agresse et s’enfuit avec le véhicule. À l’arrière se trouve Martha, sa fille de onze ans. Pour la police de Bristol et le commissaire adjoint Jack Caffery, il ne s’agit que d’un banal car-jacking qui devrait vite rentrer dans l’ordre – le voleur va certainement relâcher l’enfant dès qu’il découvrira sa présence.

Mais les heures passent et Martha reste introuvable. La situation s’aggrave quand une deuxième fillette disparaît dans des circonstances similaires. Caffery fait équipe avec Flea Marley, responsable de la brigade de recherche subaquatique, pour retrouver les enfants. Le ravisseur ne tarde pas à narguer la police. Une course contre la montre s’engage alors que les indices restent minces et que le kidnappeur semble toujours avoir un coup d’avance.

Autour du livre

Cinquième volet de la série mettant en scène l’inspecteur Jack Caffery, « Proies » marque le retour de Mo Hayder à ses premières amours. Publié en 2010, ce thriller psychologique renoue avec l’intensité des deux premiers opus qui ont fait la réputation de l’écrivaine britannique.

La relation entre Jack Caffery et Flea Marley est au cœur de la narration. Six mois après les événements de « Skin », les deux protagonistes maintiennent une distance professionnelle teintée d’une attirance mutuelle non avouée. Leur collaboration forcée sur cette affaire d’enlèvements met en lumière les secrets qui les rongent : pour Caffery, le traumatisme de la disparition de son frère aux mains d’un pédophile trente ans plus tôt ; pour Flea, la culpabilité liée à un accident mortel dissimulé.

Le personnage énigmatique du Marcheur prend une place grandissante dans la série. Cette figure mystique, ancien homme d’affaires devenu vagabond après la perte de sa fille, sert de guide spirituel à Caffery. Leurs échanges philosophiques ponctuent l’enquête et permettent au policier de prendre du recul sur les événements.

Mo Hayder s’écarte ici de ses thématiques habituelles en réduisant considérablement la violence graphique caractéristique de ses précédents romans. L’angoisse naît davantage de la psychologie des personnages et du compte à rebours implacable qui rythme la recherche des fillettes disparues.

L’écho critique s’avère particulièrement enthousiaste. Le Times souligne la tension permanente du récit tandis que Michael Connelly le qualifie de « hantant ». Karin Slaughter le décrit comme « terrifiant » et Harlan Coben comme « dérangeant ». Une reconnaissance qui culminera avec l’obtention de l’Edgar Award du meilleur roman policier en 2012, plus haute distinction pour un roman policier anglo-saxon.

Aux éditions POCKET ; 544 pages.


9. Inspecteur Jack Caffery – Fétiches (2013)

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Résumé

L’établissement psychiatrique Beechway est en proie à une vague de terreur. Des patients se mutilent et meurent dans des circonstances mystérieuses. AJ LeGrande, responsable des soins, s’inquiète de voir la peur gagner les membres du personnel. Il contacte le commissaire Jack Caffery pour faire la lumière sur ces événements.

L’affaire se corse avec la libération d’Isaac Handel, un patient au lourd passé criminel qui fabrique d’étranges poupées vaudou. En parallèle, Caffery est tourmenté par une autre enquête : la disparition de Misty Kitson. Sa collègue Flea Marley dissimule des informations de premier ordre sur cette affaire, tandis que la mère de la victime réclame justice.

Autour du livre

Sixième volet de la série mettant en scène l’inspecteur Jack Caffery, « Fétiches » marque une inflexion notable dans la bibliographie de Mo Hayder. L’autrice britannique y délaisse les ressorts du gore et de l’ultraviolence qui caractérisaient ses premiers romans pour privilégier une tension psychologique plus sourde. Le cadre principal – un hôpital psychiatrique de haute sécurité – permet d’orchestrer une atmosphère oppressante sans recourir aux effets spectaculaires.

La structure narrative innove également par rapport aux précédents opus : les chapitres très courts alternent principalement entre deux personnages, Jack Caffery et AJ LeGrande, l’infirmier en chef de l’établissement. Cette construction duale met en parallèle deux enquêtes distinctes qui ne se rejoignent qu’à mi-parcours. Le personnage d’AJ prend même le pas sur Caffery, reléguant pour la première fois le héros récurrent au second plan.

Les personnages secondaires occupent une place prépondérante, en particulier « Mère Monstre », patiente persuadée d’avoir donné naissance à tous les patients et membres du personnel. Mo Hayder dépeint avec tact l’univers psychiatrique sans tomber dans les clichés du genre. La relation entre AJ et sa tante Patience apporte une touche d’humanité bienvenue au milieu de cette noirceur.

L’intrigue entremêle habilement réalité et surnaturel à travers la légende de « La Maude », ce fantôme d’infirmière naine censé hanter les couloirs. Les poupées vaudou confectionnées par Isaac Handel, patient libéré peut-être trop tôt, ajoutent une dimension mystique troublante à l’ensemble.

La critique souligne majoritairement cette évolution dans l’écriture de Mo Hayder. Paula L. Woods du Los Angeles Times met en avant « la manière nuancée et convaincante » dont la romancière dépeint le mal, tandis que le Publishers Weekly salue « des personnages nettement dessinés et une acuité psychologique qui font de ‘Fétiches’ une lecture effrayante et convaincante ».

Le roman a été adapté en 2023 pour la télévision britannique dans le cadre de la série « Wolf », qui transpose l’univers de Jack Caffery à l’écran.

Aux éditions POCKET ; 512 pages.


10. Inspecteur Jack Caffery – Viscères (2015)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans le Somerset, la famille Anchor-Ferrers s’installe pour quelques jours dans leur maison de campagne isolée. Oliver, qui se remet d’une opération cardiaque, sa femme Matilda et leur fille Lucia espèrent y trouver le calme. Mais leur séjour vire au cauchemar quand ils découvrent des viscères accrochées aux arbres du jardin, selon un mode opératoire identique à celui d’un double meurtre survenu quinze ans plus tôt près de chez eux. L’arrivée de deux hommes se présentant comme des policiers marque le début d’une terrible séquestration.

En parallèle, l’inspecteur Jack Caffery poursuit son obsessionnelle quête de vérité sur la disparition de son frère, enlevé dans son enfance par un pédophile. Un mystérieux vagabond lui propose un marché : s’il retrouve les propriétaires d’une petite chienne égarée, il lui révélera ce qui est arrivé à son frère. Cette enquête va progressivement le mener jusqu’aux Anchor-Ferrers.

Autour du livre

Avec « Viscères », septième volet des enquêtes de l’inspecteur Jack Caffery, Mo Hayder s’éloigne de la trame habituelle des précédents opus pour livrer une intrigue à huis clos qui se démarque par son atmosphère oppressante et sa construction atypique.

Le livre adopte une structure narrative alternée, entrecroisant deux fils conducteurs : d’une part la séquestration de la famille Anchor-Ferrers dans leur propriété isolée du Somerset, d’autre part la quête personnelle de Jack Caffery concernant la disparition de son frère. Cette dualité narrative permet à Mo Hayder d’insuffler un rythme soutenu tout en ménageant ses effets.

La figure énigmatique du « Marcheur », personnage récurrent de la série, prend ici une dimension particulière. Ce vagabond mystérieux, qui sillonne inlassablement les lieux où sa fille a disparu, devient le pivot autour duquel s’articulent les deux intrigues principales. Son interaction avec Caffery révèle une nouvelle facette du personnage principal, plus vulnérable et tourmenté que jamais.

L’absence notable de Flea Marley, personnage clé des précédents tomes, n’est pas fortuite : elle souligne l’isolement croissant de Caffery et la nécessité pour lui d’affronter seul ses démons intérieurs. Cette solitude amplifiée trouve un écho dans le huis clos vécu par les Anchor-Ferrers.

La critique souligne majoritairement la maîtrise dont fait preuve Mo Hayder dans la construction de son intrigue. Le journal The Bookseller salue particulièrement la façon dont elle parvient à maintenir la tension tout en développant la psychologie de ses personnages. Plusieurs critiques notent toutefois que certains retournements de situation peuvent paraître moins crédibles que dans les précédents volumes.

Aux éditions POCKET ; 506 pages.

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