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Geneviève Damas en 5 romans – Notre sélection

Geneviève Damas est une artiste belge polyvalente née à Bruxelles en 1970. Après des études de droit à l’Université catholique de Louvain, elle se forme au métier de comédienne au Conservatoire royal de Bruxelles, à l’Institut des Arts et Diffusion et à la Central School of Speech and Drama de Londres.

En 1998, elle fonde la « Compagnie Albertine » à Bruxelles, marquant le début d’une carrière prolifique dans le théâtre où elle excelle comme comédienne, metteuse en scène et dramaturge. Son talent d’autrice dramatique est notamment récompensé en 2004 avec « Molly à vélo », qui remporte le Prix du Théâtre pour le meilleur auteur.

Elle se lance dans la littérature avec son premier roman « Si tu passes la rivière » (2011), qui connaît un succès remarquable en remportant le prestigieux Prix Victor Rossel et le Prix des Cinq Continents de la Francophonie. Elle poursuit son parcours avec plusieurs romans publiés chez Gallimard, dont « Patricia » (2017), « Bluebird » (2019), « Jacky » (2021) et « Strange » (2023).

Artiste engagée, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture et de théâtre, collabore avec la presse belge, et est artiste associée au Théâtre Les Tanneurs depuis 2019. Son engagement et sa contribution à la culture ont été reconnus en 2024 par sa nomination au rang de Commandeur de l’ordre de la Couronne de Belgique.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Si tu passes la rivière (2011)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

François a 17 ans mais on lui en donnerait dix de moins. Dans la ferme familiale où il vit avec son père et ses deux frères, ce garçon un peu « fada » comme on dit au village, trouve du réconfort auprès des cochons dont il s’occupe. Depuis que sa sœur Maryse a disparu en traversant la rivière – acte formellement interdit par le père – plus personne ne lui témoigne d’affection dans cette famille de rustres où les silences pèsent aussi lourd que les coups.

L’absence de sa mère, dont il ne sait rien, le torture. Mais toute question sur le sujet déclenche la fureur paternelle. Sa rencontre avec Roger, le curé du village, va bouleverser son existence. En lui apprenant à lire, celui-ci va lui donner les clés pour percer les mystères qui entourent ses origines et comprendre pourquoi la rivière est une frontière infranchissable.

Couronné par le Prix Rossel en 2011, ce premier roman de Geneviève Damas frappe par sa capacité à rendre tangible l’éveil d’une conscience. La dramaturge belge insuffle une force rare à ce récit d’apprentissage où la violence côtoie la tendresse. Les mots du narrateur évoluent au fil des pages, accompagnant sa métamorphose d’enfant brimé en jeune homme capable d’affronter la vérité de ses origines.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 106 pages.


2. Jacky (2021)

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À dix-huit ans, Ibrahim Bentaieb n’a qu’une envie : abandonner ses études. Ce jeune Belge d’origine marocaine, fiché S par la justice, doit pourtant rendre un mémoire de fin d’études. Son professeur lui fait alors une proposition inattendue : écrire sur le sujet de son choix. Ibrahim choisit de raconter sa relation avec Jacky, un élève juif rencontré lors d’une journée d’échange inter-lycées.

Sur le papier, rien ne prédisposait ces deux adolescents à devenir amis. Ibrahim vit à Schaerbeek dans une famille modeste, sa mère travaille comme infirmière de nuit. Jacky habite une luxueuse maison d’Uccle avec piscine, son père dirige une entreprise. Pourtant, ils se découvrent des passions communes : le rap, le street art, le sport. Ensemble, ils sillonnent Bruxelles à vélo et préparent des projets d’avenir. Mais leurs communautés respectives voient d’un mauvais œil cette amitié naissante, d’autant qu’Ibrahim cache un lourd passé en Syrie.

Cette histoire s’enracine dans une initiative bruxelloise bien réelle : des ateliers d’écriture réunissant des lycéens de différentes confessions. Geneviève Damas, qui a participé à l’animation de ces rencontres, transforme cette expérience en un récit qui frappe par sa proximité avec l’actualité. L’écriture à la première personne, dans le langage des adolescents d’aujourd’hui, fait entendre une voix authentique, entre révolte et espoir. Ce parti pris a convaincu le jury du Prix Filigranes 2021, qui lui a décerné son Prix d’Honneur.

Aux éditions GALLIMARD ; 160 pages.


3. Strange (2023)

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À Arlon, petite ville des Ardennes belges, Raphaël grandit seul avec son père depuis que sa mère est morte d’un cancer. Sensible et différent des autres garçons, il subit les moqueries de ses camarades jusqu’à sa découverte salvatrice du chant. Le Conservatoire de Bruxelles lui offre l’échappatoire tant attendue : à dix-huit ans, il quitte le foyer paternel pour la capitale.

Cette liberté nouvelle lui permet enfin d’être lui-même, ou plutôt elle-même. Car Raphaël a toujours su qu’il était Nora, prisonnière d’un corps qui n’était pas le sien. Dans la métropole, elle trouve le courage d’entamer sa transition, soutenue par de nouvelles amitiés qui soutiennent son combat. Mais comment l’annoncer à ce père aimant qui ne s’y attend pas ? La pandémie de Covid-19 repousse l’échéance pendant des mois, jusqu’à ce qu’une visite imminente la force à tout avouer dans une lettre.

Publié en 2023 aux éditions Grasset dans la collection « Le Courage », « Strange » s’inscrit dans un moment où les débats sur la transidentité font rage. La sobriété du ton et l’absence de sensationnalisme permettent d’accéder à une réalité bien plus complexe que celle véhiculée par les clichés médiatiques. Les critiques saluent cette approche qui privilégie l’humain aux polémiques stériles.

Aux éditions GRASSET ; 180 pages.


4. Patricia (2017)

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Jean Iritimbi a quitté la Centrafrique il y a dix ans, laissant derrière lui sa femme Christine et leurs deux filles, Myriam et Vanessa. Réfugié au Canada sans papiers, il travaille au noir dans un hôtel près des chutes du Niagara, économisant pour faire venir sa famille. Sa rencontre avec Patricia, une bibliothécaire parisienne venue disperser les cendres de sa mère, bouleverse ses plans. Elle tombe amoureuse de lui et lui propose de le ramener en France, allant jusqu’à voler le passeport d’un Afro-Américain pour y parvenir.

Une fois à Paris, Jean apprend que sa femme et ses filles ont utilisé leurs économies pour payer un passeur et traverser la Méditerranée afin de le rejoindre. Le bateau fait naufrage. Seule Vanessa, douze ans, survit. Pendant que Jean part en Italie chercher les corps de sa femme et de sa fille aînée, Patricia accueille cette enfant mutique et hostile qui n’a plus que son silence pour se protéger.

Publié en 2017, ce court roman s’inspire de reportages réalisés à Lampedusa pour le journal Le Soir. Geneviève Damas donne successivement la parole à ces trois personnages – Jean, Patricia et Vanessa – dans une narration chorale qui éclaire différentes facettes du drame. À travers leurs voix s’esquisse le portrait d’une société où les plus démunis risquent leur vie pour un espoir de vie meilleure, tandis que d’autres tentent, à leur échelle, des gestes de solidarité. Un regard lucide sur l’une des plus grandes tragédies contemporaines.

Aux éditions FOLIO ; 144 pages.


5. Bluebird (2019)

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Juliette a seize ans et demi quand elle apprend qu’elle est enceinte de six mois. Cette grossesse insoupçonnée, fruit d’une histoire d’amour avec Tom, un étudiant australien reparti dans son pays, bouleverse son quotidien de lycéenne studieuse. Le déni de grossesse prend fin brutalement lors d’une visite aux urgences, alors qu’elle pensait souffrir d’une simple appendicite.

La nouvelle fait l’effet d’une bombe auprès de sa mère, qui élève seule trois enfants depuis son divorce. Juliette trouve alors refuge chez sa grand-mère, qui l’accueille sans jugement. Officiellement atteinte d’une mononucléose, elle s’isole du lycée et de ses amis. Dans ce havre de paix, entourée par sa grand-mère et Yvette, une voisine au passé douloureux, l’adolescente écrit une longue lettre à son futur enfant. Elle y déverse ses doutes, ses peurs, mais aussi ses espoirs, tout en pesant la décision la plus difficile de sa vie : garder le bébé ou le confier à l’adoption.

« Bluebird », surnom que lui avait donné Tom en référence à ses yeux bleus, aborde avec tact les thèmes de la maternité précoce et du déni de grossesse. Sans jamais sombrer dans le mélodrame, Geneviève Damas compose un récit lumineux sur la transmission entre générations de femmes, la résilience, la force des liens familiaux.

Aux éditions FOLIO ; 144 pages.

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