Michael Morpurgo naît le 5 octobre 1943 à St Albans, en Angleterre. Fils de l’acteur Tony Van Bridge et de l’actrice Kippe Cammaerts, il grandit sans connaître son père biologique, parti en guerre à Bagdad. Sa mère se remarie avec Jack Morpurgo en 1947, dont Michael prend le nom.
Son enfance est marquée par l’évacuation en Northumberland pendant la guerre, puis par des années difficiles en pensionnat dans le Sussex. Après des études au King’s College de Londres, il s’engage brièvement à l’Académie militaire de Sandhurst avant de réaliser que la vie militaire ne lui convient pas. Il se tourne alors vers l’enseignement, découvrant sa vocation de conteur d’histoires auprès des enfants.
En 1963, à seulement 19 ans, il épouse Clare Lane, fille du fondateur des éditions Penguin Books. Ensemble, ils créent en 1976 l’association « Farms for City Children », permettant aux enfants des villes de découvrir la vie à la ferme. Cette initiative, qu’il considère comme sa plus grande réussite, a déjà accueilli plus de 85 000 enfants.
Auteur prolifique, il publie plus de 130 livres dont le célèbre « Cheval de guerre » (1982), adapté avec succès au théâtre puis au cinéma par Steven Spielberg. Son œuvre, marquée par des thèmes comme le triomphe des marginaux et la relation avec la nature, lui vaut de nombreuses distinctions, dont le titre de Children’s Laureate (2003-2005) et celui de Chevalier de l’Empire britannique (2018).
Proche du poète Ted Hughes, qui devient son mentor et ami, Morpurgo continue d’écrire et de défendre ses convictions, notamment en faveur de la paix et de l’éducation. Il vit dans le Devon, où il a écrit la majeure partie de son œuvre.
Voici notre sélection de ses romans jeunesse.
1. Le mystère de Lucy Lost (dès 9 ans, 2015)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Mai 1915. Sur l’île de Bryher, dans l’archipel des Scilly, la famille Wheatcroft recueille une mystérieuse adolescente trouvée mourante sur une île voisine. La jeune fille, que l’on surnomme « Lucy Lost », reste muette et semble avoir perdu la mémoire. Seuls quelques indices troublants subsistent : un ours en peluche et une couverture brodée d’un nom allemand.
Tandis que le docteur Crow et la famille tentent d’aider Lucy à retrouver ses souvenirs, l’histoire nous emmène quelques mois plus tôt à New York. Merry, une jeune pianiste, s’embarque avec sa mère sur le Lusitania pour rejoindre son père, un soldat blessé soigné en Angleterre. Le navire sera torpillé par un sous-marin allemand au large des côtes irlandaises.
Autour du livre
En s’inspirant du naufrage du Lusitania, torpillé par un sous-marin allemand en 1915, Michael Morpurgo tisse une histoire poignante qui mêle habilement fiction et réalité historique. L’action se déroule dans l’archipel des Scilly, au large des côtes de Cornouailles, choix géographique qui n’est pas anodin puisque ces îles bénéficiaient d’une protection particulière pendant la Première Guerre mondiale : un ordre secret allemand interdisait à la marine impériale de les attaquer.
La construction du récit alterne deux temporalités : le présent sur l’île avec Lucy et le passé à New York avec Merry, permettant de maintenir le suspense malgré la prévisibilité apparente de l’intrigue. Cette structure narrative est enrichie par la multiplication des points de vue, notamment à travers le journal du docteur Crow et les notes du directeur d’école, offrant ainsi un panorama complet des réactions face à l’arrivée de Lucy.
La critique salue unanimement la qualité du roman. Ann Moore, dans le School Library Journal, le qualifie de « superbement écrit » et le considère comme « l’une des meilleures œuvres de Morpurgo à ce jour ». Kirkus Reviews souligne la beauté de la construction narrative et la finesse du traitement des thèmes de la mémoire et des préjugés. Publishers Weekly met en avant la puissance des descriptions du naufrage et la subtilité avec laquelle l’auteur aborde la guérison et la croissance des personnages.
En 2024, le studio d’animation français Xilam Films annonce l’adaptation du roman en long-métrage d’animation intitulé « Lucy Lost ». Le film, dirigé par Olivier Clert pour son premier long-métrage et co-écrit avec Helen Blakeman, doit sortir en mars 2026. Le producteur Marc du Pontavice, qui a découvert le livre en 2017, choisit de mêler animation traditionnelle et 3D pour donner vie à cette histoire initialement envisagée comme une mini-série télévisée.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 400 pages ; dès 9 ans.
2. Cheval de guerre (dès 9 ans, 1982)
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Résumé
En 1914, dans une ferme anglaise du Devon, le jeune Albert apprivoise avec patience Joey, un poulain que son père, un homme violent et alcoolique, vient d’acheter. Entre le garçon et le cheval naît une amitié exceptionnelle. Joey apprend à labourer aux côtés de Zoey, une vieille jument qui l’aide à s’adapter à sa nouvelle vie. Mais quand la guerre éclate, le père d’Albert, criblé de dettes, vend Joey à l’armée britannique.
Sur le front français, Joey passe de main en main. Il sert d’abord sous les ordres du capitaine Nicholls dans la cavalerie, avant de devenir cheval d’ambulance pour l’armée anglaise. Capturé par les Allemands, il tire leurs pièces d’artillerie dans la boue et le froid. Sa seule consolation est l’amitié de Topthorn, un puissant cheval noir qui devient son compagnon d’infortune. Une parenthèse de douceur leur est offerte par Émilie, une fillette malade, et son grand-père qui les cachent un temps dans leur ferme.
Autour du livre
À travers le regard innocent d’un cheval, Michael Morpurgo livre une vision saisissante de la Première Guerre mondiale dans « Cheval de guerre », son premier roman paru en 1982. L’idée de cette narration originale prend sa source dans la rencontre de l’auteur avec trois vétérans de la Grande Guerre dans son village du Devon : Wilfred Ellis, qui servait dans la Devon Yeomanry avec les chevaux, le Capitaine Budgett, ancien de la cavalerie, et Albert Weeks, qui se souvenait de la réquisition des chevaux par l’armée.
Un événement déterminant pousse Morpurgo à adopter cette perspective équine : dans sa ferme destinée aux enfants des villes, il observe un jeune garçon bègue, Billy, parler librement à une jument nommée Hebe. Cette scène révèle la relation particulière qui peut se nouer entre l’homme et le cheval. Une peinture à l’huile de 1917 par F.W. Reed, montrant des chevaux pris dans les barbelés lors d’une charge de cavalerie britannique, achève de convaincre l’auteur.
La force du récit réside dans cette narration qui transcende les camps et les nationalités. Joey ne distingue pas les uniformes – pour lui, seule compte la bonté ou la cruauté des hommes qu’il rencontre. Cette neutralité permet d’aborder la guerre sous un angle universel, mettant en lumière l’absurdité du conflit. Le passage où Joey, blessé dans le no man’s land, réunit brièvement un soldat gallois et un soldat allemand dans un élan d’humanité, illustre parfaitement cette dimension.
La critique salue unanimement cette approche novatrice. The Guardian souligne que « Michael Morpurgo écrit brillamment sur la guerre et les animaux et transmet les grandes émotions sans prêcher ». Hazel Rochman dans Booklist note que « la capacité de Joey à comprendre la langue partout où il se trouve – Angleterre, France, Allemagne – renforce le message anti-guerre du roman ».
D’abord adapté en pièce de théâtre acclamée au National Theatre de Londres en 2007, « Cheval de guerre » connaît sa consécration avec l’adaptation cinématographique de Steven Spielberg en 2011. Le livre est également décliné en version radiophonique par la BBC en 2008, avec Timothy Spall, Brenda Blethyn et Bob Hoskins. La popularité du film de Spielberg provoque un regain d’intérêt pour le roman, multipliant les demandes de traduction à l’international.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 208 pages ; dès 9 ans.
3. Enfant de la jungle (dès 9 ans, 2009)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Will est un garçon de neuf ans qui habite en Angleterre. Son père, militaire engagé en Irak, meurt au combat en 2004. Pour adoucir leur chagrin, ses grands-parents paternels lui offrent à lui et à sa mère un séjour en Indonésie. Le 26 décembre, une simple balade à dos d’éléphant sur la plage bascule dans le drame. L’animal, pressentant le danger, s’enfuit dans la forêt avec Will sur son dos. Derrière eux, le tsunami engloutit tout. Sa mère ne survivra pas.
Dans la jungle hostile, Will doit sa survie à Oona, l’éléphante qui l’a sauvé. Il s’adapte peu à peu à son nouvel environnement. Des orangs-outans le prennent sous leur protection. Entre les arbres centenaires et les lianes, il trouve un sens nouveau à son existence. Mais des braconniers sans scrupules rôdent autour du jeune garçon…
Autour du livre
Inspiré d’un fait réel survenu lors du tsunami de 2004 dans l’océan Indien, « Enfant de la jungle » naît d’un article de presse relatant l’histoire d’une fillette sauvée par un éléphant qui, pressentant le danger, s’était enfui dans la jungle avec elle. Cette trame narrative trouve un écho particulier dans l’imaginaire de Michael Morpurgo qui confie avoir « toujours voulu écrire un livre sur un enfant sauvage et un éléphant ».
Les thématiques qui traversent le récit s’imbriquent avec brio : la résilience face au deuil, la survie dans un environnement hostile, et un plaidoyer écologique contre la déforestation et le braconnage. La structure narrative adopte une perspective inattendue, dévoilée dans un post-scriptum : le grand-père de Will s’avère être le véritable narrateur du récit, avec l’accord de son petit-fils.
L’intertextualité irrigue l’ensemble de l’œuvre. Le poème « The Tyger » de William Blake ponctue le texte, tandis que deux œuvres de Rudyard Kipling résonnent en filigrane : « L’enfant d’éléphant » et « Le livre de la jungle ». Cette filiation littéraire, assumée par l’auteur, ne l’empêche pas de tracer sa propre voie en ancrant son récit dans des problématiques contemporaines comme la guerre en Irak ou la préservation des espèces menacées.
La critique souligne la dextérité avec laquelle Morpurgo s’adresse simultanément aux jeunes lecteurs et aux adultes. Linda Newbery note que ce roman « à la fois épopée aventureuse et plaidoyer pour les habitats menacés » s’inscrit parmi ses œuvres majeures. David Robinson du Scotsman met en exergue la dimension écologique du récit et « son message selon lequel l’humanité peut être sauvée par le contact avec les animaux ».
En 2016, Samuel Adamson adapte « Enfant de la jungle » pour la scène au Regent’s Park Open Air Theatre de Londres. La critique Lyn Gardner salue « les marionnettes d’animaux grandeur nature » tout en regrettant un message écologique « trop appuyé ». Le Primary Times loue quant à lui une « production épique » qui raconte « une histoire émouvante d’amour, de perte et de loyauté ».
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 304 pages ; dès 9 ans.
4. Soldat Peaceful (dès 13 ans, 2003)
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Résumé
Au début du XXe siècle, dans la campagne anglaise, le jeune Thomas Peaceful, dit Tommo, grandit auprès de sa mère et de ses deux frères : Charlie, son aîné dont il est inséparable, et Big Joe, qui souffre d’un handicap mental. La mort accidentelle de leur père, dont Tommo se sent responsable, marque profondément leur enfance. Les trois garçons trouvent néanmoins du réconfort dans leur complicité et leur amitié avec Molly, une camarade d’école.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Charlie s’engage dans l’armée britannique. Tommo, alors âgé de seize ans, décide de le suivre malgré son jeune âge. Les deux frères se retrouvent bientôt dans les tranchées en Belgique, près d’Ypres, où ils affrontent ensemble la boue, le froid, la peur et la mort qui rôde.
Une nuit de juin 1916, Tommo veille seul. Il ne veut pas dormir. Il lui reste quelques heures pour se remémorer les moments heureux et cruels qui ont jalonné sa vie, avant qu’un événement terrible ne survienne à l’aube.
Autour du livre
« Soldat Peaceful » naît d’une découverte fortuite lors d’une visite de Michael Morpurgo au musée In Flanders Fields d’Ypres. L’écrivain britannique y découvre l’histoire bouleversante des soldats fusillés pour l’exemple durant la Première Guerre mondiale. Plus tard, sa femme Clare remarque sur une tombe du cimetière Bedford House le nom d’un certain Private T.S.H. Peaceful – en réalité Thomas Samuel Henry Peacefull, dont le patronyme deviendra celui des protagonistes du roman.
La construction narrative se démarque par son originalité : chaque chapitre s’ouvre sur une heure précise, créant un compte à rebours inexorable vers une aube fatidique. Cette tension temporelle insuffle au récit une dimension tragique, tandis que s’entremêlent les souvenirs d’une jeunesse insouciante dans la campagne anglaise et la réalité brutale des tranchées.
Le roman soulève la question de l’insubordination face à des ordres suicidaires. À travers le destin des frères Peaceful, Michael Morpurgo met en lumière le sort des 290 soldats britanniques et du Commonwealth exécutés pour désertion, lâcheté ou simple assoupissement à leur poste. Cette injustice historique n’a été reconnue qu’en 2006, lorsque le gouvernement britannique a finalement accordé un pardon posthume aux condamnés – une décision à laquelle le roman a contribué.
La dimension fraternelle constitue la colonne vertébrale du récit. Le lien indéfectible entre Tommo et Charlie transcende les épreuves, de leur enfance paisible jusqu’aux horreurs du front. La présence de Big Joe, le frère aîné handicapé mental, ajoute une profondeur supplémentaire à cette réflexion sur l’amour fraternel et la protection des plus vulnérables.
La critique salue unanimement ce texte qui ne tombe jamais dans le piège du sentimentalisme facile. The Guardian souligne la progression « douce mais persistante et menaçante » du récit. The Telegraph évoque « une histoire qui fonctionne efficacement ». Le Sunday Times loue un roman « empli de chaleur mais aussi de tristesse, qui montre combien la vie est précieuse ».
« Soldat Peaceful » connaît plusieurs adaptations : Simon Reade en tire une pièce de théâtre créée au Bristol Old Vic en 2004, un spectacle musical avec le trio folk Coope Boyes and Simpson, et une version radiophonique pour BBC Radio 4 en 2012. Pat O’Connor réalise en 2012 une adaptation cinématographique avec George MacKay et Jack O’Connell dans les rôles des frères Peaceful.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 224 pages ; dès 13 ans.
5. Le phare aux oiseaux (dès 9 ans, 2020)
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Résumé
Par une nuit de tempête au début du XXe siècle, un bateau fait naufrage près des îles Scilly, au large des côtes anglaises. Benjamin Postlethwaite, le gardien solitaire du phare de Puffin Island, brave les flots déchaînés pour sauver la trentaine de passagers, dont le jeune Allen Williams, 5 ans, qui s’y trouve avec sa mère.
Avant de quitter l’île, Ben offre à Allen l’une de ses peintures marines. Le garçon, profondément marqué par cet homme taciturne et son acte héroïque, garde précieusement le tableau. La vie reprend son cours : Allen et sa mère s’installent chez ses grands-parents, puis le garçon est envoyé en pension. Il écrit régulièrement à Ben mais ses lettres restent sans réponse.
Des années plus tard, devenu adulte, Allen retourne sur l’île pour retrouver celui qui lui a sauvé la vie. Cette rencontre marque le début d’une amitié profonde entre les deux hommes, unis par leur passion commune pour la mer, la peinture et les oiseaux marins. Ensemble, ils vont notamment s’attacher à protéger les macareux qui donnent son nom à l’île.
Autour du livre
« Le phare aux oiseaux » s’inscrit dans la lignée des récits maritimes de Michael Morpurgo, tout en rendant un hommage touchant à Allen Lane, le fondateur des éditions Penguin Books et de la maison d’édition Puffin Books dédiée aux livres jeunesse. Cette filiation n’est pas anodine puisque Claire Morpurgo, l’épouse de l’auteur, est la fille d’Allen Lane. Cette dimension familiale confère au récit une saveur particulière.
Publié initialement en novembre 2020, ce roman célèbre les 80 ans de la maison d’édition Puffin Books en mêlant habilement fiction et réalité historique. Le texte prend vie grâce aux illustrations de Benji Davies qui déploient des paysages marins saisissants, des scènes de tempête évocatrices et des portraits sensibles des personnages. Ces aquarelles en couleur ponctuent le récit avec justesse, entre doubles pages spectaculaires et vignettes plus intimistes.
La narration épouse le rythme des marées, oscillant entre moments de tension dramatique et périodes de calme contemplatif. Les thématiques chères à Morpurgo – la solitude, la transmission intergénérationnelle, la préservation de la nature – s’entrelacent autour de la figure centrale du phare, symbole de guidance et de résistance face aux éléments. Le cadre temporel, qui s’étend des années 1920 à l’après-guerre, permet d’aborder avec tact des sujets comme la Seconde Guerre mondiale sans jamais alourdir le propos.
La dimension écologique du récit se manifeste notamment à travers la réintroduction des macareux sur l’île, illustrant la possibilité d’une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. Cette renaissance de la colonie d’oiseaux fait écho au renouveau personnel des protagonistes.
La réception critique souligne unanimement la puissance émotionnelle du texte. Elle salue la capacité de Morpurgo à traiter des thèmes profonds – l’illettrisme, la solitude, la guerre – avec une grande sensibilité. Certains considèrent néanmoins que la narration manque parfois de rythme comparée à d’autres œuvres du romancier comme « Le jour des baleines » ou « Soldat Peaceful ».
Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 112 pages ; dès 9 ans.
6. Le roi de la forêt des brumes (dès 9 ans, 1987)
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Résumé
À la fin des années 1930, Ashley Anderson mène une existence paisible en Chine aux côtés de son père, un médecin missionnaire anglais. Sa vie bascule quand la guerre éclate entre la Chine et le Japon. Pour le protéger, son père le confie à Oncle Sung, un moine tibétain qui doit le conduire en Inde à travers l’Himalaya.
Le périple s’avère périlleux. Après des jours de marche dans le froid et la neige, Ashley et Oncle Sung trouvent refuge dans une cabane de berger. À court de provisions, Oncle Sung part chercher de la nourriture mais ne revient pas. Seul et transi de froid, Ashley reçoit alors la visite de créatures qu’il croyait imaginaires : les yétis.
Ces êtres légendaires le traitent avec une bonté inattendue et le considèrent comme leur roi. Dans leur royaume caché par les brumes, Ashley découvre une société harmonieuse, préservée de la violence des hommes. Une mystérieuse boîte lui révèle qu’un autre humain a peut-être partagé ce secret avant lui.
Autour du livre
Publié en 1987, ce récit initiatique conjugue histoire et fantastique. Le point de départ – la guerre sino-japonaise de 1937 – ancre solidement la narration dans la réalité historique, avant que celle-ci ne bascule progressivement vers une dimension légendaire avec l’apparition des yétis. Michael Morpurgo confie avoir puisé son inspiration dans l’article d’un alpiniste autrichien qui affirmait avoir aperçu un yéti lors de son ascension du K2.
La force du récit réside dans sa capacité à transcender le simple récit d’aventures pour livrer une réflexion sur l’altérité. À travers le regard d’Ashley, le lecteur découvre une société yéti dépeinte non pas comme un groupe de créatures effrayantes, mais comme une civilisation à part entière, dotée de sa propre culture et de ses propres codes. Cette inversion du regard traditionnel sur ces créatures mythiques permet d’aborder les thèmes de la différence et des préjugés.
Les illustrations de François Place, réalisées à l’aquarelle, contribuent à créer une atmosphère singulière. Ses dessins parviennent notamment à restituer la démesure des paysages himalayens tout en s’inspirant des codes de la peinture traditionnelle chinoise.
Les critiques soulignent majoritairement la qualité du roman. Mary Mueller, dans School Library Journal, salue « une douce fantasy où les yétis apparaissent très réels et sont dépeints comme des créatures intelligentes et bienveillantes ». Pour sa part, Emergency Librarian Magazine le qualifie « d’histoire d’aventure et de fantasy imaginative et bien écrite ». Le livre a d’ailleurs été sélectionné pour la Carnegie Medal en 1987 et a remporté le Prix Sorcières en 1993 dans la catégorie Roman.
Une adaptation en court-métrage d’animation de trente minutes a vu le jour en 2002, réalisée par Jean-Jacques Prunès et coproduite par Les Films de l’Arlequin et France 3. Cette version animée a reçu plusieurs distinctions, notamment un Prix Artistique au Festival du Cinéma Nature & Environnement de Grenoble et un Prix du Meilleur Spécial Télévision au Festival du Court Métrage d’Auch.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 224 pages ; dès 9 ans.
7. Seul sur la mer immense (dès 13 ans, 2006)
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Résumé
L’histoire commence en 1947. Arthur a six ans quand on l’arrache à sa sœur Kitty pour l’envoyer en Australie. Comme des milliers d’autres orphelins britanniques, il fait partie d’un programme gouvernemental visant à peupler les colonies. Dans sa poche, une petite clé offerte par sa sœur reste son seul lien avec son passé.
Le destin le jette dans un ranch perdu où règne Piggy Bacon, un homme brutal qui traite les enfants comme des esclaves. Arthur y noue une amitié indéfectible avec Marty. Ensemble, ils s’échappent et trouvent asile chez Megs, une femme au grand cœur. C’est le début d’une nouvelle vie où Arthur découvre sa passion : la mer. Mais d’autres obstacles se dressent encore sur sa route.
La seconde partie du récit se déroule des années plus tard. On y suit sa fille Allie qui entreprend la traversée inverse. Sur le Kitty IV, un bateau construit par son père, elle affronte seule les océans pour gagner les côtes anglaises. Sa mission : retrouver cette tante inconnue dont son père n’a jamais cessé de parler. Entre les vagues et le ciel, elle poursuit le rêve inachevé d’Arthur.
Autour du livre
Michael Morpurgo puise l’inspiration de ce roman dans un fait historique méconnu : entre 1947 et 1967, les autorités britanniques envoient des milliers d’enfants orphelins vers les colonies du Commonwealth, notamment l’Australie. Cette déportation d’enfants s’inscrit dans une politique de peuplement des colonies par une population « de bonne souche blanche et britannique ». Les orphelinats, soutenus par différentes œuvres charitables religieuses, organisent ces transferts avec l’aval du gouvernement, souvent sans l’accord des familles.
La genèse du livre repose également sur une anecdote réelle : en mars 2005, Alex Whitworth et Peter Crozier, deux navigateurs australiens amis de l’auteur, aperçoivent une étrange lumière dans le ciel pendant leur circumnavigation. Après avoir contacté leurs proches à Sydney, ils découvrent qu’il s’agit de la Station Spatiale Internationale. S’ensuit alors une correspondance extraordinaire avec l’astronaute Leroy Chiao, commandant de l’Expédition 10, qui stimule l’imagination de Morpurgo. Cette communication improbable entre terre et espace trouve un écho dans la structure même du roman, divisé en deux récits qui se répondent.
L’histoire s’articule autour d’un objet symbolique fort – une clé mystérieuse – qui traverse les générations et incarne l’espoir de retrouvailles familiales. La chanson enfantine « London Bridge is Falling Down » et « The Rime of the Ancient Mariner » de Coleridge constituent deux fils conducteurs poétiques qui tissent des liens entre les deux parties du récit.
La réception critique salue unanimement ce roman. Kate Kellaway, dans The Observer, le considère comme « son meilleur livre depuis des années ». Pour Clare Kennedy de Reading Time, il s’agit d’un « roman chargé d’émotion » qui sonde les liens transgénérationnels d’une famille aux racines anglaises, australiennes et grecques. Jennifer Taylor du Bookseller souligne que « la perspective ajoutée par l’encadrement du récit apporte une grande émotion ». L’écrivaine Julia Eccleshare note que les « deux histoires qui s’entrecroisent, traversées par des thèmes marins, capturent le déchirement et le bonheur de l’enfance ».
En 2017, « Seul sur la mer immense » fait l’objet d’une adaptation radiophonique par Ian McMillan, diffusée sur BBC Radio 2 en quatre épisodes. Cette version met en scène des acteurs renommés comme Jason Donovan dans le rôle d’Arthur Hobhouse et Toby Jones dans celui de Piggy Bacon, avec la participation de Michael Morpurgo lui-même. La production intègre des compositions musicales originales interprétées par des chanteurs folk britanniques, dont Julie Matthews, Chris While, Boo Hewerdine et Jez Lowe. Charlotte Runcie du Daily Telegraph décrit cette première adaptation comme « émouvante et évocatrice », tandis que Kate Chisholm du Spectator loue les qualités de conteur naturel de Morpurgo.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 304 pages ; dès 13 ans.
8. Le royaume de Kensuké (dès 9 ans, 1999)
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Résumé
1987. Les parents de Michael, onze ans, viennent de perdre leur travail à l’usine. Cette mauvaise nouvelle les pousse à concrétiser un rêve fou : acquérir un voilier, le Peggy Sue, pour parcourir les mers du globe en famille. Une nuit de tempête bouleverse leur existence : Michael et sa chienne Stella passent par-dessus bord dans l’océan Pacifique.
Miraculeusement, ils échouent sur une petite île luxuriante. Michael y découvre bientôt la présence d’un mystérieux habitant : Kensuké, un vieux monsieur d’origine japonaise qui a choisi de vivre en ermite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si leurs premiers contacts sont tendus, une relation profonde se tisse peu à peu entre eux.
Au fil des mois, le garçon et le vieil homme s’apprivoisent et s’enrichissent mutuellement. Kensuké initie Michael à la pêche et à la peinture traditionnelle. En retour, l’adolescent lui apprend sa langue et lui parle du monde moderne. Mais leur amitié sera mise à l’épreuve par l’arrivée de chasseurs d’orangs-outans.
Autour du livre
Premier succès majeur de Michael Morpurgo dans la littérature jeunesse, « Le royaume de Kensuké » paraît en 1999 aux éditions Egmont UK. Cette robinsonnade moderne transpose l’esprit de Daniel Defoe dans le contexte des années 1980, tout en y insufflant une solide réflexion sur l’amitié intergénérationnelle et interculturelle.
La genèse du livre trouve son origine dans la lettre d’un jeune lecteur qui, passionné par « Le naufrage du Zanzibar » du même auteur, suggère à Morpurgo d’écrire une histoire similaire mais avec un protagoniste masculin. Pour rendre son récit plus immersif, le romancier choisit délibérément de donner son prénom au héros. Le nom de Kensuké provient quant à lui d’une rencontre fortuite lors d’une séance de dédicaces, tandis que celui du chien, Stella Artois, s’inspire d’une anecdote réelle.
Les thématiques abordées dépassent largement le simple cadre de l’aventure : la résilience face aux épreuves de la vie, incarnée par des parents qui transforment leur licenciement en opportunité de réinventer leur existence ; la solitude et l’isolement volontaire de Kensuké, marqué par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale ; la protection de l’environnement et le respect des animaux, symbolisés par les orangs-outans que le vieil homme protège des braconniers.
La dimension initiatique se manifeste à travers l’évolution de Michael qui, au contact de Kensuké, découvre d’autres façons d’appréhender le monde. L’apprentissage mutuel de leurs langues respectives symbolise cette ouverture progressive l’un à l’autre, tandis que la transmission des techniques de pêche et de peinture illustre le passage des savoirs entre générations.
Les critiques saluent unanimement la sensibilité avec laquelle Morpurgo traite des sujets complexes comme la guerre ou la solitude. Le livre reçoit plusieurs distinctions prestigieuses : le Children’s Book Award en 2000 au Royaume-Uni, puis le Prix Sorcières et le Prix Tam-Tam en France en 2001.
« Le royaume de Kensuké » connaît plusieurs adaptations : une version théâtrale présentée au Festival d’Édimbourg en 2018, avec une participation de Jenny Agutter pour la voix off, puis une adaptation en film d’animation sortie en 2024, réalisée par Neil Boyle et Kirk Hendry, avec les voix de Sally Hawkins, Cillian Murphy et Ken Watanabe. Le film fait sa première mondiale au Festival International du Film d’Animation d’Annecy en juin 2023.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 160 pages ; dès 9 ans.
9. Loin de la ville en flammes (dès 9 ans, 2010)
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Résumé
En 1945, Elizabeth habite Dresde avec sa mère, qui travaille au zoo, et son petit frère Karli. Leur vie bascule le jour où les bombardements alliés transforment la ville en brasier. La famille doit partir sur-le-champ, accompagnée de Marlène, une jeune éléphante que la mère a sauvée de l’euthanasie qui menaçait les animaux du zoo.
Dans la neige et le froid, le petit groupe s’enfuit vers l’ouest. Ils cherchent à éviter l’armée soviétique qui progresse depuis l’est. Sur leur route, ils trouvent refuge dans une ferme où se cache Peter, un aviateur canadien. Entre la jeune Elizabeth et le soldat ennemi naissent peu à peu des sentiments plus forts que la guerre.
Autour du livre
En s’inspirant d’une histoire vraie survenue à Belfast pendant la Seconde Guerre mondiale, Michael Morpurgo transpose l’action à Dresde pour créer cette fable sur la guerre et l’humanité. L’idée germe dans son esprit lorsque sa femme le réveille une nuit pour écouter une émission de la BBC relatant l’histoire de Denise Weston Austin, surnommée « l’Ange aux éléphants », qui avait sauvé Sheila, une jeune éléphante du zoo de Belfast, en l’hébergeant dans son jardin pendant les bombardements de 1941.
La structure narrative adopte un double niveau temporel : le présent dans une maison de retraite canadienne où Lizzie, désormais âgée, raconte son histoire à Karl, le fils d’une infirmière, et le passé avec les événements de 1945 à Dresde. Ce dispositif permet d’aborder la transmission de la mémoire entre générations, thème cher à l’auteur qui déclare : « Je suis très attaché à personnaliser l’Histoire, car si l’on s’attache aux personnages d’un livre, on ressent leur détresse ; on comprend, on éprouve de l’empathie ».
La particularité de ce récit tient dans son point de vue : celui d’une famille allemande ordinaire prise dans la tourmente de la guerre. Cette perspective inhabituelle permet de montrer une autre facette du conflit, loin des clichés sur les « méchants nazis ». Les personnages incarnent une Allemagne pacifiste qui subit la guerre sans l’avoir voulue.
La présence de Marlène, l’éléphante, ajoute une dimension allégorique au récit. Plus qu’un simple animal, elle devient le symbole de l’espoir et de la résistance face à la barbarie. Sa force tranquille et sa capacité à rassembler les gens autour d’elle en font un personnage à part entière qui transcende les divisions entre ennemis.
La critique salue majoritairement la réussite du roman. Mal Peet, dans The Observer, loue « un livre élégant et très attirant » qui « mérite une place de choix dans les bibliothèques scolaires ». Le School Library Journal souligne sa valeur pédagogique, le qualifiant de « commentaire éclairant sur les traumatismes humains et le bien-être animal pendant la guerre ». Quelques réserves sont émises par Kirkus Reviews qui juge que « le cadre contemporain distrait parfois de la réalité sombre du récit de guerre ».
« Loin de la ville en flammes » a été adapté pour la scène par Simon Reade en 2014. Cette version théâtrale, créée au Northcott Theatre d’Exeter, prend la forme d’un one-woman-show où tous les rôles sont interprétés par Alison Reid. Si The Observer salue une production qui confirme « notre potentiel de transformation », The Daily Telegraph émet quelques réserves sur l’incarnation scénique de l’éléphante, tout en reconnaissant la qualité de la scénographie.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 224 pages ; dès 9 ans.
10. Le roi Arthur (dès 9 ans, 1994)
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Résumé
Un jeune garçon s’aventure seul sur une île des côtes anglaises, bravant l’interdiction de s’y rendre à marée basse. Le brouillard l’encercle pendant son retour et il perd pied dans les flots. Sauvé in extremis par un vieil homme, il découvre qu’il s’agit d’Arthur Pendragon en personne, le légendaire roi de Bretagne qui vit reclus depuis des siècles sur l’île de Lyonnesse.
Le temps d’une soirée, Arthur raconte son extraordinaire destin au garçon : son enfance comme simple écuyer, l’épée Excalibur qui le désigne comme héritier légitime du trône, la création du royaume de Camelot et la réunion des chevaliers de la Table Ronde. Le récit évoque aussi les grands personnages qui ont marqué son règne : Merlin l’enchanteur et son fidèle chien Bercelet, la reine Guenièvre, les preux chevaliers Lancelot, Gauvain, Perceval et Tristan.
Autour du livre
Avec « Le roi Arthur », Michael Morpurgo renouvelle la transmission des légendes arthuriennes en adoptant un procédé narratif original : Arthur Pendragon lui-même prend la parole pour raconter son histoire à un jeune garçon de notre époque. Ce choix permet d’insuffler une proximité inédite avec le lecteur, tout en préservant la dimension légendaire du récit.
Le roi déchu se dévoile sous un jour plus humain que dans les versions traditionnelles. Les failles et les erreurs d’Arthur contribuent à sa dimension tragique, notamment dans sa relation avec Guenièvre ou sa paternité cachée de Mordred. Cette humanisation du personnage mythique constitue l’une des particularités marquantes de cette adaptation.
La structure narrative s’articule autour d’épisodes choisis qui ponctuent le règne d’Arthur : son accession au trône, la création de la Table Ronde, mais aussi les récits individuels de certains chevaliers comme Gauvain, Tristan ou Perceval. Si les thèmes classiques de la matière de Bretagne sont présents (amour, trahison, quête du Graal), ils sont traités avec une sensibilité contemporaine qui les rend accessibles aux jeunes lecteurs.
Les critiques soulignent la capacité de Morpurgo à condenser l’essentiel de la légende arthurienne sans la dénaturer. Plusieurs observateurs notent toutefois que malgré sa destination jeunesse, le livre aborde des thèmes adultes comme l’infidélité ou la violence. Le magazine Reading in Bed salue particulièrement le traitement du personnage de Merlin, décrit comme « triste et las », qui apporte une nouvelle dimension au mentor d’Arthur.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 272 pages ; dès 9 ans.