Les origines de la civilisation maya remontent à la préhistoire, avec les premières traces de sédentarisation entre le VIIe et le IIIe millénaire av. J.-C. Les premiers villages s’établissent sur les côtes de la mer des Caraïbes et de l’océan Pacifique.
La période préclassique (2500 av. J.-C. à 250 ap. J.-C.) voit l’émergence d’une stratification sociale dès le IIe millénaire av. J.-C. Vers 300 av. J.-C., la population augmente considérablement, donnant naissance à des cités importantes comme El Mirador, Nakbé et Tikal.
L’époque classique (250-900) marque l’apogée de la civilisation maya. Les cités-États rivalisent entre elles, particulièrement Tikal et Calakmul qui dominent les Basses-Terres du sud. L’architecture monumentale se développe, les arts atteignent leur apogée et l’écriture hiéroglyphique se généralise.
Entre 750 et 1050, la civilisation maya classique s’effondre dans les Basses-Terres du sud. Les grandes cités sont progressivement abandonnées, victimes probables d’une combinaison de facteurs : sécheresses, surexploitation des sols, guerres endémiques, crises sociales.
La période postclassique (900-1521) est marquée par l’influence grandissante des Nahuas du Mexique central. Le pouvoir se déplace vers le nord du Yucatan, où Chichen Itza puis Mayapan deviennent les nouveaux centres du monde maya. La société se militarise et de nouveaux cultes apparaissent.
La conquête espagnole débute en 1521. Si les royaumes des Hautes-Terres du Guatemala tombent rapidement en 1524, le Yucatán résiste jusqu’en 1542. Le dernier État maya indépendant, le royaume itzá de Tayasal, ne succombe qu’en 1697.
Aujourd’hui, les descendants des Mayas constituent une large part de la population rurale du Guatemala, du Yucatán et du Belize, perpétuant certaines traditions de leurs ancêtres à travers 28 langues mayas toujours vivantes.
Voici notre sélection de livres sur la civilisation maya.
1. Popol Vuh
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Le « Popol Vuh », texte fondateur de la civilisation maya, relate la mythologie et l’histoire du peuple k’iche’ du Guatemala. Cette œuvre sacrée, dont le titre signifie littéralement « Livre de la natte » – en référence au trône royal symbolisant l’unité de la communauté – constitue le document le plus précieux sur les mythes mayas qui nous soit parvenu.
La genèse de ce texte mérite une attention particulière : initialement préservé par tradition orale, il fut transcrit vers 1550 en caractères latins, alors que les conquistadors espagnols détruisaient systématiquement les codex mayas qu’ils considéraient comme « œuvres du diable ». C’est au dominicain Francisco Ximénez que nous devons sa survie : ayant découvert le manuscrit vers 1701 à Santo Tomás Chichicastenango, il en réalisa une copie bilingue k’iche’-espagnol, sauvegardant ainsi ce témoignage inestimable après la disparition du document original.
Le récit s’articule autour de trois grands axes : la création du monde et des hommes par les dieux, les aventures des jumeaux héroïques Hunahpú et Ixbalanqué, et la chronique du peuple k’iche’. La cosmogonie maya présente plusieurs tentatives de création de l’humanité : après l’échec des hommes de glaise, trop fragiles, puis de bois, dépourvus de sentiments, les dieux façonnent finalement les humains à partir de maïs. L’épopée des jumeaux divins constitue le cœur de l’œuvre : leur descente aux enfers de Xibalba, leur victoire sur les seigneurs de la mort et leur transformation finale en Soleil et Lune forment un récit d’une intensité dramatique remarquable.
L’influence du « Popol Vuh » perdure dans la culture contemporaine : le compositeur Edgar Varèse s’en inspire pour son œuvre « Ecuatorial », Alberto Ginastera compose une pièce orchestrale éponyme, et le groupe allemand « Popol Vuh », formé en 1969, crée des musiques de films pour Werner Herzog. Plus récemment, des extraits du texte apparaissent dans le thème principal du jeu « Civilization VII ».
Des découvertes archéologiques viennent corroborer les récits du « Popol Vuh » : en 2009, dans la cité d’El Mirador, les archéologues mettent au jour un panneau datant de 200 av. J.-C. représentant les jumeaux Hunahpú et Ixbalanqué. Cette découverte, contemporaine des plus anciennes œuvres liées au « Popol Vuh », atteste l’ancienneté et l’importance de ces mythes dans la culture maya.
Aux éditions LE CASTOR ASTRAL ; 232 pages.
2. Les Mayas – Grandeur et chute d’une civilisation (Arthur Demarest)
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Avec « Les Mayas – Grandeur et chute d’une civilisation », Arthur Demarest livre une synthèse magistrale sur la civilisation maya, fruit de trente années de recherches archéologiques menées dans les hauts plateaux et les forêts humides d’Amérique centrale. Il s’attache à déconstruire les nombreux fantasmes qui entourent cette société précolombienne, des théories conspirationnistes sur l’Atlantide aux supposées prophéties extraterrestres.
La singularité des Mayas réside dans leur capacité à avoir bâti une civilisation sophistiquée au cœur même de la forêt tropicale, un environnement a priori hostile. Cette prouesse soulève trois questions fondamentales que l’auteur examine méthodiquement : comment une telle société a-t-elle pu s’épanouir dans la jungle ? Comment expliquer l’omniprésence de la théocratie dans leur organisation sociale ? Et surtout, quelles circonstances ont précipité leur mystérieuse disparition ?
Arthur Demarest bouscule les schémas d’analyse traditionnels en démontrant que les Mayas échappent aux modèles classiques de développement des civilisations. Contrairement aux théories marxistes et hégéliennes, leur société ne repose pas sur une base économique : les élites mayas, loin de constituer une caste marchande, se consacrent exclusivement aux fonctions religieuses et politiques, laissant l’économie aux mains de la population.
L’ouvrage dévoile une civilisation où le pouvoir s’exprime à travers une cosmogonie complexe : un univers à 22 niveaux, des rituels sanglants où les rois-chamans se perforent les organes génitaux, un calendrier d’une précision astronomique remarquable. Cette société théocratique s’organise autour de centres urbains pouvant accueillir jusqu’à 120 000 habitants, reproduits tous les 25 kilomètres à travers la jungle.
La disparition des Mayas au IXe siècle demeure énigmatique. Arthur Demarest avance une hypothèse : l’implosion du modèle politique sous l’effet des guerres d’influence entre cités majeures comme Tikal, Calakmul ou Caracol aurait provoqué des déplacements massifs de population, aboutissant à l’abandon des grandes cités forestières. Plus profondément, c’est peut-être l’émergence d’une classe moyenne, née de la polygamie des élites et de la spécialisation commerciale, qui aurait déstabilisé l’ordre social établi.
« Les Mayas – Grandeur et chute d’une civilisation » se distingue par sa rigueur scientifique, parfois au détriment de sa fluidité narrative. Comme le note un lecteur, « la première partie, consacrée aux questions de méthodologie, peut être lue rapidement, et dans un ouvrage grand public, on peut s’étonner de l’ampleur de la bibliographie ». Néanmoins, cette exigence académique garantit une solide compréhension de cette civilisation qui continue d’interroger les chercheurs contemporains.
Aux éditions TALLANDIER ; 416 pages.
3. Les Mayas (Claude-François Baudez)
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Directeur de recherche honoraire au CNRS, Claude-François Baudez propose un guide consacré à la civilisation maya, dont il dévoile les multiples aspects. L’ouvrage s’inscrit dans une lignée de travaux menés par l’auteur, qui a aussi publié « Les cités perdues des Mayas » avec Sydney Picasso.
Le livre offre une double lecture grâce à sa table des matières et son index thématique, permettant au lecteur de naviguer selon ses centres d’intérêt ou de suivre le fil conducteur établi par Baudez. Le parcours débute par une présentation du cadre géographique, plus diversifié qu’on ne l’imagine, avant d’aborder la chronologie établie par les historiens. L’auteur enchaîne sur l’organisation sociale, économique, puis s’attarde sur la dimension religieuse et artistique des Mayas.
Les contraintes climatiques de la région limitent considérablement les découvertes archéologiques des éléments périssables, qui auraient pu éclairer davantage la vie quotidienne de ce peuple. Baudez met en lumière la relation particulière des Mayas avec l’architecture et la sculpture, qui ne se réduisent pas à leur dimension esthétique : « L’édifice en dur et la sculpture sur pierre sont des créations qui existent pour elles-mêmes et qui ont leur vie propre. » Ces constructions visent à reproduire une image de l’univers, même miniaturisée, pour établir une harmonie avec le cosmos.
L’écriture maya, essentiellement hiératique et officielle, présente des particularités notables : les textes, rédigés à la troisième personne du singulier, se caractérisent par leur solennité et leur impersonnalité. Les formes plurielles, autobiographiques ou les impératifs demeurent rares, tandis que certains mots du langage courant n’ont probablement jamais été transcrits.
La publication de cet ouvrage en français revêt une importance particulière, la majorité des études sur les Mayas étant disponibles en anglais et en espagnol. Son format compact et son prix modeste en font un outil précieux pour les étudiants, chercheurs autodidactes ou voyageurs se préparant à découvrir le Guatemala, le sud du Mexique, le Belize ou le Honduras.
Aux éditions LES BELLES LETTRES ; 272 pages.
4. Les cités perdues des Mayas (Claude-François Baudez, Sydney Picasso)
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Claude-François Baudez et Sydney Picasso reconstituent dans « Les cités perdues des Mayas » l’histoire de la redécouverte progressive d’une civilisation engloutie, depuis les premiers contacts avec les Européens jusqu’aux découvertes archéologiques du XXe siècle.
Les premiers échanges débutent en 1502, quand Christophe Colomb rencontre des pirogues mayas au large du Yucatan. Ces contacts initiaux tournent souvent à l’affrontement, mais Cortès saura exploiter les rivalités entre tribus locales. La conversion d’un roi du Yucatan en 1546 marque un point de bascule, même si le contrôle total de la région par les Espagnols n’intervient qu’en 1696-1697.
Un moment clé survient en 1735 : le père de Solis et sa famille s’installent à Santo Domingo de Palenque et découvrent par hasard des « maisons de pierre » abandonnées – ils viennent de mettre au jour l’un des sites mayas les plus significatifs. Le capitaine del Rio mène ensuite les premières investigations, mais sa méthode s’avère dévastatrice : « Il arrache ici une tête en stuc, là un panneau en calcaire sculpté de glyphes. Plus loin, il rend bancal un trône de pierre en prélevant un de ses pieds sculptés. » Ces fragments arrachés prennent la direction du Cabinet royal d’histoire naturelle de Madrid.
Les années 1820-1830 marquent l’arrivée des premières informations en Europe. Juan Galindo comprend que ces monuments précèdent la civilisation aztèque. De Waldeck dessine Palenque en 1832, ses croquis illustreront plus tard le travail de Charles Étienne Brasseur de Bourbourg. En 1841, John Stephens et Frederick Catherwood inaugurent une approche plus rigoureuse, leurs gravures témoignent d’un souci d’exactitude inédit.
La recherche des codex mayas s’intensifie en Europe. Léon de Rosny en découvre un en 1859 dans une corbeille de la Bibliothèque nationale. L’arrivée de la photographie transforme l’étude des sites : Désiré Charnay réalise les premiers clichés et des moulages en papier mâché des sculptures. Le déchiffrement progressif des glyphes permet d’établir la chronologie maya en quatre grandes périodes, du préclassique au post-classique.
En 1944, la découverte des fresques de Bonampak par Giles Healy bouleverse les certitudes établies : les scènes de violence et de sacrifices humains contredisent l’image d’une civilisation pacifique. Les fouilles de Palenque en 1949 révèlent l’épuisement des cités mayas, consumées par les luttes internes et la course aux monuments prestigieux.
« Les cités perdues des Mayas » a été adapté en documentaire par Jean-Claude Lubtchansky en 2000. Il a été tourné au Mexique et au Guatemala puis diffusé sur Arte et doublé en plusieurs langues, permettant une large diffusion de cette épopée archéologique.
Aux éditions DÉCOUVERTES GALLIMARD ; 176 pages.
5. L’aventure Maya – Découvertes du XVIe au XXIe siècle (Éric Taladoire)
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Fruit d’une commande des Éditions du Cerf, « L’aventure Maya – Découvertes du XVIe au XXIe siècle » d’Éric Taladoire se démarque par son angle d’approche original. Plutôt que de s’attarder sur les vestiges archéologiques eux-mêmes, l’auteur retrace l’histoire des découvertes de la civilisation maya du XVIe au XXIe siècle, mettant en lumière les personnages parfois excentriques qui ont contribué à notre compréhension de cette culture millénaire.
Le livre dresse un panorama chronologique des recherches mayanistes sur un territoire immense – près d’un million de kilomètres carrés – couvrant le nord du Mexique, le Bélize, le Guatemala et les marges du Salvador, du Honduras et du Nicaragua. Taladoire y décortique l’évolution des connaissances, depuis l’époque où les manuscrits mayas étaient encore confondus avec des documents aztèques par Alexandre von Humboldt en 1810, jusqu’aux découvertes les plus récentes qui ont permis d’établir que les premiers Mayas remontent à 1200-1300 avant notre ère.
Les grandes figures de la recherche défilent au fil des pages, révélant des connexions inattendues avec le monde artistique et littéraire du XIXe siècle : Victor Hugo, Chateaubriand, Lamartine, George Sand et Delacroix se sont tous intéressés aux mystères de cette civilisation. Éric Taladoire n’hésite pas à pointer du doigt les obstacles qui ont entravé les recherches, qu’ils soient d’ordre idéologique, institutionnel ou financier.
L’ouvrage bouleverse certaines idées reçues tenaces : « L’effondrement maya classique est un phénomène politique et culturel, pas démographique », souligne Taladoire. Les Mayas n’ont jamais vraiment disparu – leurs descendants, qui se comptent par millions, peuplent toujours le Mexique et le Guatemala. Cette mise au point s’accompagne d’une réflexion plus large sur la naissance des civilisations : comment se forment les différenciations sociales ? Comment l’homme domestique-t-il les plantes et les animaux ?
Si le livre s’adresse à un public averti, il évite les discussions trop techniques tout en maintenant sa rigueur scientifique, comme en témoigne sa bibliographie de quarante pages. Cette synthèse monumentale s’impose comme une référence pour comprendre l’histoire de l’archéologie maya.
Aux éditions DU CERF ; 336 pages.
6. Les mystères des Mayas – Essor, gloire et chute d’une civilisation (Collectif)
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Publié par National Geographic, ce livre consacré à la civilisation maya conjugue rigueur scientifique et accessibilité pour éclairer les dernières découvertes archéologiques en Méso-Amérique. « Les mystères des Mayas – Essor, gloire et chute d’une civilisation » dévoile les mystères d’une civilisation millénaire apparue vers 2000 ans avant J.-C., à travers une iconographie remarquable : photographies d’explorateurs, vestiges archéologiques, peintures et documents historiques se succèdent en pleine page.
La structure du livre s’articule autour de cinq grands chapitres qui retracent l’histoire de cette civilisation : « À la redécouverte des Mayas », « L’avènement des rois », « Les seigneurs de la guerre », « Les princes marchands » et « Un héritage vivant ». Un accent particulier est mis sur les techniques de construction des pyramides mésoaméricaines, édifiées selon un principe d’emboîtement comparable aux poupées russes : chaque nouveau niveau préservait la structure précédente, permettant aux archéologues contemporains d’étudier les différentes strates historiques à travers des galeries.
L’ouvrage accorde une place significative aux découvertes récentes, notamment les travaux de l’archéologue William Saturno sur le site de San Bartolo, au nord du Guatemala. Ses recherches ont révélé une fresque monumentale, reconstituée à partir de plus de 350 photographies, représentant cinq divinités et arbres sacrés reliant terre et ciel dans la cosmogonie maya.
La dimension contemporaine n’est pas négligée : le livre souligne la persistance de la culture maya aujourd’hui, notamment à travers l’éducation. Des écoles dispensent un enseignement en langue maya, permettant aux nouvelles générations de renouer avec leur histoire et leur territoire. Cette approche témoigne de la vitalité d’une civilisation qui, loin d’être figée dans le passé, continue d’évoluer et de se transmettre.
Aux éditions NATIONAL GEOGRAPHIC ; 139 pages.
7. Les Mayas (Sébastien Jahan)
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Dans « Les Mayas », publié aux éditions Ellipses en 2021, Sébastien Jahan, historien et maître de conférences à l’université de Poitiers, déconstruit les mythes et fantasmes occidentaux qui entourent cette civilisation millénaire, tout en retraçant son parcours depuis ses origines jusqu’à nos jours.
L’ouvrage se démarque par son ambition de couvrir trois millénaires d’histoire, en adoptant une approche qui rompt avec l’européocentrisme traditionnel. La première partie transporte le lecteur entre 1000 av. J-C et 1500 ap. J-C, période durant laquelle les Mayas développent leurs institutions politiques, leurs pratiques cultuelles et leurs relations avec les autres peuples amérindiens.
La deuxième partie de l’essai aborde la période coloniale et ses suites, de 1520 à 2020. Sébastien Jahan y dépeint la brutalité de la conquête espagnole et ses répercussions durables : travail forcé, choc microbien dévastateur, déshumanisation systématique. Il met en lumière la résistance des communautés mayas qui, loin de disparaître, persistent à travers les siècles malgré l’oppression. Il évoque notamment leur rôle dans les mouvements révolutionnaires et leur confrontation aux dictatures latino-américaines soutenues par les États-Unis.
La dernière partie dissèque la « passion occidentale » pour les Mayas. Sébastien Jahan y déconstruit les interprétations ésotériques et pseudo-scientifiques qui les entourent – des crânes de cristal aux prophéties apocalyptiques. Cette partie souligne également leur importance contemporaine dans les domaines du tourisme et de l’écologie.
Spécialiste de l’Amérique coloniale et directeur de l’ouvrage « Les violences génocidaires au Guatemala, une histoire en perspective » (2012), Sébastien Jahan livre ici une synthèse accessible tant aux historiens qu’aux néophytes. Son travail éclaire particulièrement les luttes actuelles des Mayas, notamment lors du génocide guatémaltèque des années 1980 et du soulèvement zapatiste de 1994 au Chiapas, porté par le sous-commandant Marcos.
Aux éditions ELLIPSES ; 318 pages.