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Romans de Kamel Daoud – Notre sélection

Kamel Daoud en 3 romans – Notre sélection

Kamel Daoud est un écrivain et journaliste franco-algérien né le 17 juin 1970 à Mesra, dans la wilaya de Mostaganem. Fils d’un gendarme et d’une femme de la bourgeoisie terrienne, il est l’aîné d’une fratrie de six enfants et le seul à avoir fait des études supérieures.

Après des études de lettres françaises, il devient journaliste au Quotidien d’Oran en 1994, où il sera rédacteur en chef pendant huit ans. Il y publie notamment une chronique intitulée « Raina raikoum » (Notre opinion, votre opinion).

Son parcours littéraire est marqué par plusieurs succès majeurs. En 2014, son roman « Meursault contre-enquête », une réécriture de « L’Étranger » d’Albert Camus, lui vaut le prix Goncourt du premier roman. En 2024, il devient le premier écrivain algérien à recevoir le prix Goncourt pour son roman « Houris ».

Engagé dans le débat public, il n’hésite pas à prendre position sur des sujets sensibles, ce qui lui vaut parfois des controverses. En 2014, il est même la cible d’une fatwa d’un imam salafiste suite à ses propos sur l’islam. En 2020, il choisit de prendre la nationalité française, tout en conservant sa nationalité algérienne.

Kamel Daoud écrit en français, un choix qu’il justifie en expliquant que la langue arabe est selon lui « piégée par le sacré et les idéologies dominantes ». Il est aujourd’hui considéré comme l’une des voix majeures de la littérature francophone contemporaine.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Houris (2024)

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L’histoire commence à Oran en 2018. Aube, 26 ans, porte les stigmates de la guerre civile algérienne : une cicatrice de dix-sept centimètres qui lui barre le cou et des cordes vocales détruites. Le soir du 31 décembre 1999, elle avait cinq ans quand des islamistes ont égorgé sa famille et massacré tout son village. Sauvée in extremis, elle a grandi auprès de Khadija, son avocate et mère adoptive.

Aujourd’hui, Aube attend un enfant. Dans sa tête, elle parle à ce fœtus qu’elle imagine être une fille et qu’elle appelle Houri. Elle lui confie ses doutes, son histoire et surtout sa décision de ne pas la laisser naître dans une société qui opprime les femmes. Sa quête de vérité la pousse à retourner à Had Chekala, son village natal. En chemin, elle rencontre d’autres rescapés comme Aïssa, un libraire qui garde en mémoire chaque date, chaque lieu des tueries.

Prix Goncourt 2024, ce roman brise le silence imposé par la loi de 2005 qui interdit en Algérie toute évocation de cette décennie sanglante ayant fait 200 000 morts. La puissance du texte réside dans cette voix muette qui hurle contre l’oubli. Interdit dans son pays, ce récit a contraint Kamel Daoud à l’exil et lui a valu d’être banni du Salon du livre d’Alger.

Aux éditions GALLIMARD ; 411 pages.


2. Meursault, contre-enquête (2013)

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Dans un bar d’Oran, un vieil homme, Haroun, livre son histoire à un universitaire. Il se présente comme le frère de « l’Arabe » tué par Meursault dans le célèbre roman de Camus, « L’Étranger ». Cet Arabe sans nom ni existence propre dans l’œuvre originale s’appelait Moussa, dit-il. Sa mort brutale sur une plage d’Alger en 1942 a bouleversé sa vie et celle de leur mère.

Le récit suit Haroun depuis son enfance, marquée par une mère obsédée par la vengeance et le deuil impossible de son fils aîné. Vingt ans plus tard, aux premiers jours de l’indépendance algérienne, Haroun commet à son tour un meurtre : celui d’un Français, sous un ciel lunaire qui fait écho au soleil aveuglant du crime de Meursault. Ce geste le libère autant qu’il l’enchaîne à jamais.

Premier roman de Kamel Daoud paru en 2013, cette réponse à « L’Étranger » transcende la simple réécriture. Le texte tisse des liens avec l’œuvre de Camus tout en questionnant l’identité algérienne, la colonisation et ses séquelles. La prose ciselée mêle colère et poésie pour dire l’absurdité du meurtre et la quête impossible de justice.

Aux éditions FOLIO ; 208 pages.


3. Zabor ou Les psaumes (2017)

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Dans un village aux portes du désert algérien, Zabor vit en paria. Orphelin de mère, rejeté par son père qui s’est remarié, il habite avec sa tante célibataire Hadjer dans la maison du bas. À 28 ans, ce jeune homme à la voix chevrotante refuse de manger de la viande et n’est toujours pas circoncis. Mais il possède un don extraordinaire : par le pouvoir de ses mots, il peut repousser la mort. La nuit, il noircit des milliers de cahiers pour maintenir en vie les villageois qui implorent discrètement son aide.

Un soir, son demi-frère frappe à sa porte : leur père, le riche boucher Hadj Brahim, est mourant. Celui-là même qui l’a abandonné enfant se trouve maintenant entre ses mains. Face à ce père détesté, Zabor hésite. Utilisera-t-il son don pour sauver celui qui l’a renié ? Ou laissera-t-il la mort accomplir sa vengeance ?

Cette fable sur le pouvoir salvateur de l’écriture mêle réalisme et magie dans la tradition des Mille et une nuits. La lecture des livres français abandonnés après la colonisation permet à Zabor d’échapper à l’enfermement religieux et social. Les mots deviennent son territoire de liberté, son arme contre l’obscurantisme. Kamel Daoud a reçu pour ce deuxième roman le prix Méditerranée en 2018.

Aux éditions BABEL ; 336 pages.

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