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Les meilleurs polars de Jim Thompson – Notre sélection

Jim Thompson en 8 polars – Notre sélection

Jim Thompson (1906-1977) est l’un des maîtres américains du roman noir. Né à Anadarko dans l’Oklahoma, il est le fils d’un shérif devenu prospecteur pétrolier. Sa jeunesse est marquée par une vie mouvementée : il travaille comme groom d’hôtel pendant la Prohibition, fournissant alcool et drogues aux clients, avant de connaître une dépression nerveuse à 19 ans.

Dans les années 1930, il dirige le Federal Writers Project de l’Oklahoma et adhère brièvement au Parti communiste (1935-1938). Il publie son premier roman « Now and on Earth » en 1942, mais c’est avec « L’assassin qui est en moi » (1952) qu’il trouve sa voix. Entre 1952 et 1954, il connaît sa période la plus prolifique, publiant jusqu’à cinq romans par an.

Thompson collabore brièvement avec Stanley Kubrick comme scénariste pour « L’Ultime Razzia » (1956) et « Les Sentiers de la gloire » (1957). Malgré une œuvre riche de plus de trente romans, il reste peu reconnu de son vivant et doit se tourner vers l’écriture pour la télévision pour subsister.

Son œuvre, caractérisée par des narrateurs peu fiables et une exploration des aspects les plus sombres de la psyché humaine, a profondément influencé le genre noir. Ses romans les plus célèbres comme « Les Arnaqueurs » (1963) et « Pottsville, 1280 habitants » (1964) ont fait l’objet d’adaptations cinématographiques.

Alcoolique chronique, il meurt à Los Angeles en 1977, alors qu’aucun de ses livres n’est plus disponible aux États-Unis. Sa reconnaissance littéraire n’interviendra véritablement qu’après sa mort, notamment grâce aux rééditions des années 1980.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Pottsville, 1280 habitants (1964)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

1917. Nick Corey est shérif à Pottsville, un trou perdu du Texas. Pour ses administrés, c’est l’idiot du village : il passe son temps à dormir, s’empiffrer et éviter les ennuis. Sa femme le maltraite, son beau-frère attardé vit sous son toit, et il jongle tant bien que mal entre ses maîtresses Rose et Amy.

Un concurrent sérieux se présente aux élections. Nick doit réagir s’il veut conserver son poste, sa seule source de revenus. Derrière son masque de simplet se cache en réalité un manipulateur hors pair. Et gare à qui lui barre la route.

Cette chronique féroce de l’Amérique rurale dévoile la noirceur de l’âme humaine avec un humour corrosif. Thompson manie une prose mordante pour dépeindre une société rongée par la bêtise, la corruption et les préjugés raciaux. Un grand classique.

Aux éditions RIVAGES ; 272 pages.


2. Une femme d’enfer (1954)

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Dans l’Amérique des années 1950, Frank « Dolly » Dillon gagne sa vie comme représentant pour le « Bazar à cent sous ». Ses journées se résument à faire du porte-à-porte dans des quartiers défavorisés, à subir les brimades de Staples, son patron, et à encaisser les reproches de Joyce, son épouse frustrée par leur vie médiocre.

Un matin, lors d’une tournée de démarchage, il rencontre une vieille femme qui lui propose les faveurs de sa nièce Mona en échange d’un service de table. Touché par la jeune fille, Dillon refuse mais découvre que la tante cache une importante somme d’argent dans sa cave. Il échafaude alors un plan pour s’emparer du magot et fuir avec Mona.

Jim Thompson signe un roman noir où les personnages, tous plus louches les uns que les autres, s’enfoncent dans une spirale infernale faite de cupidité, de mensonges et de violence. La construction narrative particulière, qui alterne récit classique et journal intime, révèle peu à peu la personnalité trouble et paranoïaque du protagoniste.

Aux éditions RIVAGES ; 224 pages.


3. La cabane du métayer (1952)

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Oklahoma, début des années 1950. Tommy Carver a 19 ans et travaille dur sur l’exploitation de son père adoptif, un métayer au caractère inflexible. Le père rêve de céder leurs maigres terres aux compagnies pétrolières, mais le riche propriétaire amérindien Matthew Ontime, dont les champs encerclent les leurs, s’y oppose farouchement.

Dans ce climat déjà tendu, Tommy entretient une liaison passionnelle avec Donna, la fille d’Ontime. Une relation impossible dans cette société où les Blancs déclassés haïssent la réussite des Amérindiens. Le meurtre d’Ontime fait basculer le destin de Tommy : accusé du crime, il se retrouve pris dans l’engrenage d’une justice expéditive.

Sous ses allures de roman rural noir, « La cabane du métayer » déconstruit le mythe de l’Amérique des opportunités en montrant une société figée où les destins semblent joués d’avance. En faisant des Amérindiens les détenteurs du pouvoir économique et judiciaire local, Jim Thompson inverse les schémas habituels pour mieux révéler l’absurdité des préjugés raciaux.

Aux éditions RIVAGES ; 288 pages.


4. L’assassin qui est en moi (1952)

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Lou Ford est adjoint du shérif à Central City, une bourgade texane des années 1950. Il se présente comme un homme serviable, un peu benêt, qui aime sortir des expressions toutes faites. Mais derrière cette façade se dissimule un psychopathe redoutable. Son frère est mort sur un chantier de Chester Conway, le potentat local. Lou attend son heure pour se venger.

L’arrivée de Joyce Lakeland, une prostituée que le fils Conway courtise, lui en donne l’occasion. Mais ce qui devait être une simple vengeance déclenche une mécanique infernale. Les meurtres s’enchaînent. Lou accumule les cadavres autour de lui pour masquer ses précédents crimes.

Dans « L’assassin qui est en moi », Jim Thompson donne la voix à un tueur froid et calculateur. Son style sec, dépouillé, sans pathos, renforce l’atmosphère glaçante du récit. Ce roman de 1952 révolutionna le genre noir en donnant la parole à un monstre conscient de sa monstruosité. L’influence de ce livre majeur se retrouve chez de nombreux auteurs contemporains, de James Ellroy à Bret Easton Ellis.

Aux éditions RIVAGES ; 272 pages.


5. Nuit de fureur (1953)

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Peardale, Long Island, années 1950. Charlie Bigger, alias Carl Bigelow, sort de sa retraite pour un dernier contrat : supprimer Jake Winroy, un homme qui s’apprête à témoigner contre la pègre new-yorkaise. Le tueur à gages n’a rien d’impressionnant avec son mètre cinquante, ses dents pourries et sa tuberculose. Mais c’est un manipulateur hors pair. Pour approcher sa proie, il loue une chambre dans la pension des Winroy et se fait passer pour un étudiant. Le shérif local ne tarde pas à avoir des soupçons.

Thompson signe ici un roman noir magistral où la paranoïa s’installe peu à peu. Les dialogues ciselés et l’atmosphère poisseuse créent un malaise grandissant. Les certitudes vacillent, la folie rôde, jusqu’à une conclusion aussi audacieuse que déconcertante qui propulse le récit vers des territoires inattendus.

Aux éditions RIVAGES ; 272 pages.


6. L’échappée (1958)

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À sa sortie de prison, Doc McCoy retrouve Carol, sa jeune épouse. Ce couple de malfrats ne perd pas de temps : avec l’aide d’un certain Rudy, ils préparent le hold-up d’une banque dans une petite ville du Sud. Le braquage se déroule comme prévu, mais Doc décide de supprimer Rudy, jugé trop encombrant.

La fuite du couple vers le nord s’avère chaotique. Les obstacles s’accumulent, les morts aussi. Un juge corrompu, un pickpocket, un représentant de commerce… Doc et Carol ne font pas de quartier. Sous leurs airs de couple modèle se cachent deux êtres impitoyables qui n’hésitent jamais à tuer pour assurer leur survie.

La force de ce polar tient à son style sec et nerveux, sans fioritures. Les scènes d’action – notamment celle de la gare ou de la grotte – sont menées tambour battant. Mais c’est surtout la fin qui frappe : Jim Thompson bascule soudain dans une dimension quasi fantastique, presque cauchemardesque, qui donne une toute autre portée à cette histoire de fuite désespérée.

Aux éditions RIVAGES ; 240 pages.


7. Ville sans loi (1957)

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Texas, 1957. David « Bugs » McKenna débarque à Ragtown, bourgade pétrolière perdue au milieu de nulle part. Son casier judiciaire déborde mais la chance lui sourit enfin : l’adjoint du shérif Lou Ford, homme rusé qui cache son intelligence derrière une apparente bonhomie, lui propose un emploi de vigile à l’hôtel Hanlon.

L’établissement, seul hôtel de la ville, est la propriété d’un ancien prospecteur devenu paraplégique. Sa jeune épouse Joyce rôde dans les couloirs comme une panthère en quête de proie. Le personnel ne vaut guère mieux : un comptable véreux, un directeur qui noie son ennui dans l’alcool et des employés aux motivations douteuses. Quand un cadavre est découvert et qu’une importante somme d’argent s’évapore, McKenna comprend qu’il est tombé dans un piège.

Jim Thompson dépeint avec maestria cette atmosphère de western crépusculaire où chaque personnage dissimule ses véritables intentions. Il joue avec les codes du polar noir des fifties : machisme, racisme et alcoolisme imprègnent le récit. Une tension qui monte crescendo jusqu’à un dénouement inattendu.

Aux éditions RIVAGES ; 288 pages.


8. Une jolie poupée (1954)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans une petite ville du Sud des États-Unis des années 1950, Dusty Rhodes travaille comme groom de nuit à l’hôtel Manton. Ce jeune homme à la beauté remarquable a dû renoncer à ses études de médecine pour subvenir aux besoins de son père, un enseignant mis à l’écart après avoir signé une pétition en faveur des droits civiques. Entre les pourboires et son salaire, Dusty parvient tout juste à maintenir leur modeste train de vie.

Une nuit, Marcia Hillis franchit les portes de l’hôtel. Cette femme, dont la beauté bouleverse Dusty, lui rappelle une figure de son passé. Malgré l’interdiction formelle de fréquenter les clients, le jeune homme succombe à son charme. Dans l’établissement réside aussi Tug Trowbridge, un mafieux local entouré de ses hommes de main.

Lorsque le coffre-fort de l’hôtel est cambriolé et que Marcia disparaît, la vie paisible de Dusty bascule. Sous ses apparences de fils dévoué et d’employé modèle se révèle alors une personnalité plus retorse qu’il n’y paraît.

« Une jolie poupée » s’inscrit dans la grande tradition du polar noir américain des années 1950, mais Jim Thompson y apporte une profondeur psychologique rare pour l’époque. La première moitié du roman adopte délibérément un rythme lent, presque soporifique, qui reflète la vie morne du protagoniste. Elle permet à Thompson de mieux faire ressentir le basculement brutal de la seconde partie, où les masques tombent et où le véritable caractère de Dusty se dévoile.

Aux éditions RIVAGES ; 240 pages.

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