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Harper Lee en 2 romans – Notre sélection

Harper Lee en 2 romans – Notre sélection

Harper Lee naît le 28 avril 1926 à Monroeville, Alabama, dans une famille de quatre enfants. Son père, Amasa Coleman Lee, est avocat et éditeur du journal local, tandis que sa mère, Frances Cunningham, est femme au foyer. Dès son plus jeune âge, elle se lie d’amitié avec son voisin Truman Capote, qui deviendra un célèbre écrivain.

Après des études de droit à l’université de l’Alabama, qu’elle abandonne à un semestre de l’obtention de son diplôme, Lee part s’installer à New York pour poursuivre son rêve de devenir écrivaine. Elle travaille d’abord comme employée de bureau dans une compagnie aérienne tout en écrivant pendant son temps libre.

En 1960, elle publie « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » (To Kill a Mockingbird), qui remporte un succès immédiat et lui vaut le Prix Pulitzer en 1961. Le roman, qui traite du racisme dans le Sud profond des années 1930 à travers le regard d’enfants, devient un classique de la littérature américaine. Il s’inspire en partie de sa propre enfance et de l’expérience de son père en tant qu’avocat.

Lee accompagne ensuite Truman Capote dans ses recherches pour « De sang-froid », mais se retire progressivement de la vie publique. Elle mène une existence discrète, partageant son temps entre New York et Monroeville. En 2007, elle reçoit la médaille présidentielle de la Liberté des mains de George W. Bush.

En 2015, la publication d’un second roman, « Va et poste une sentinelle », écrit avant « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », suscite la controverse quant aux circonstances de sa publication. Harper Lee s’éteint le 19 février 2016 dans sa ville natale de Monroeville.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (1960)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Maycomb, petite ville somnolente de l’Alabama, s’éveille en pleine Grande Dépression des années 1930. Scout Finch, huit ans, narratrice espiègle un brin garçon manqué, grandit aux côtés de son frère Jem sous le regard bienveillant de leur père Atticus, avocat veuf d’une intégrité sans faille. Leur quotidien paisible se partage entre les jeux d’été avec leur ami Dill et leur fascination pour le mystérieux voisin, Arthur « Boo » Radley, reclus dans sa maison depuis des années.

Un jour, le juge Taylor confie à Atticus la défense de Tom Robinson, un ouvrier agricole noir accusé d’avoir violé Mayella Ewell, une jeune femme blanche. Dans cette ville du Sud profond où la ségrégation règne, Atticus devient rapidement la cible de l’hostilité de ses concitoyens. Cette animosité n’épargne pas ses enfants, confrontés aux insultes et aux menaces. Malgré tout, Atticus persiste à défendre Robinson, convaincu de son innocence.

Les témoignages lors du procès révèlent une tout autre version des faits : Mayella aurait en réalité fait des avances à Tom, avant que son père, Bob Ewell, ne les surprenne. Le procès met à nu les préjugés raciaux de la communauté de Maycomb, tandis que Scout et Jem perdent brutalement leur innocence face à la réalité d’une société où la couleur de peau détermine la valeur d’un témoignage.

Autour du livre

Publié en 1960, « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » puise ses racines dans l’enfance de Harper Lee. Née en 1926 à Monroeville, Alabama, elle s’inspire de son propre père, avocat qui défendit deux hommes noirs accusés de meurtre en 1919. Le personnage de Dill est calqué sur son ami d’enfance Truman Capote, qui passait ses étés chez sa tante, voisine des Lee. L’affaire qui inspire le procès de Tom Robinson fait écho à plusieurs événements réels, notamment le cas Walter Lett, un homme noir accusé de viol par une femme blanche en 1936, ainsi que la célèbre affaire des Scottsboro Boys.

Le roman se distingue par sa narration singulière qui mêle la voix d’une enfant observant son environnement à celle d’une adulte réfléchissant sur son passé. Cette double perspective permet d’aborder des sujets graves comme le racisme, le viol et l’injustice avec une sensibilité particulière. La métaphore du mockingbird (traduit par « oiseau moqueur ») traverse le récit comme un fil rouge, symbolisant l’innocence qu’il serait péché de détruire.

La publication suscite des réactions contrastées. Si certains saluent la capacité de Lee à dépeindre les relations raciales dans le Sud des années 1930, d’autres critiquent sa représentation des personnages noirs comme passifs et dépendants de la bienveillance des Blancs. Le livre reçoit néanmoins le Prix Pulitzer en 1961. Il recevra plus tard le soutien de l’ancien président Barack Obama et sera inclus dans les programmes scolaires américains. En 2006, les bibliothécaires britanniques la classent devant la Bible parmi les livres que « tout adulte devrait lire avant de mourir ».

Robert Mulligan adapte le roman au cinéma en 1962. Gregory Peck incarne Atticus Finch dans une performance qui lui vaut l’Oscar du meilleur acteur. Le film remporte également l’Oscar du meilleur scénario adapté et l’Oscar de la meilleure direction artistique. Une adaptation théâtrale par Christopher Sergel est jouée chaque année depuis 1990 à Monroeville, ville natale de Harper Lee. En 2018, Aaron Sorkin signe une nouvelle version pour Broadway qui obtient plusieurs nominations aux Tony Awards.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 320 pages.


2. Va et poste une sentinelle (2015)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Alabama, années 1950. Jean Louise Finch, surnommée Scout, regagne sa ville natale de Maycomb après plusieurs années passées à New York. À 26 ans, cette jeune femme indépendante retrouve son père Atticus, avocat et ancien législateur d’État désormais âgé de 72 ans. Son retour annuel s’annonce différent des précédents : son frère Jem est décédé d’une maladie cardiaque héréditaire, la fidèle gouvernante noire Calpurnia a pris sa retraite, et sa tante Alexandra gère désormais la maison familiale. Henry Clinton, ami d’enfance devenu avocat au cabinet d’Atticus, lui fait la cour avec insistance.

Mais la quiétude des retrouvailles vole en éclats quand Jean Louise découvre un pamphlet raciste intitulé « La Peste Noire » parmi les documents de son père. Pire encore, elle surprend Atticus et Henry lors d’une réunion du Conseil des Citoyens, où un orateur tient des propos ségrégationnistes. Bouleversée par cette révélation qui ébranle l’image idéalisée qu’elle avait de son père, Jean Louise doit affronter une réalité déchirante : l’homme qu’elle admirait tant pourrait ne pas être celui qu’elle croyait.

Autour du livre

« Va et poste une sentinelle » constitue le premier manuscrit de Harper Lee, rédigé en 1957. Soumis initialement aux éditions J. B. Lippincott Company, il ne convainc pas l’éditrice Tay Hohoff, qui y décèle néanmoins des qualités prometteuses, notamment dans les séquences de flashbacks relatant l’enfance de Scout. Elle suggère alors à Lee de réécrire l’histoire en se concentrant sur ces souvenirs d’enfance. Cette recommandation donnera naissance à « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », publié en 1960.

Le manuscrit, considéré comme perdu pendant des décennies, réapparaît en 2011 dans un coffre-fort de Monroeville, ville natale de la romancière. Sa publication en 2015 soulève une vive polémique. L’état de santé précaire de Harper Lee, alors âgée de 89 ans, et le décès récent de sa sœur Alice, qui gérait ses affaires, nourrissent les spéculations sur son consentement à cette publication. L’État d’Alabama mène même une enquête pour suspicion d’abus de faiblesse, qui se révélera non fondée.

La parution suscite des réactions contrastées. Le New York Times, sous la plume de Michiko Kakutani, qualifie de « choquante » la caractérisation d’Atticus, devenu partisan de la ségrégation. Le Wall Street Journal apprécie la prose de Lee, saluant ses « rythmes nonchalants » et ses « éclairs d’humour désinvolte ». Entertainment Weekly, en revanche, déplore un « premier jet » à la « progression léthargique ». La critique Maureen Corrigan, pour NPR Books, n’hésite pas à qualifier le livre de « ratage ». Ursula K. Le Guin se montre plus nuancée : si « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » évite certaines questions difficiles, « Va et poste une sentinelle » ose les poser frontalement. Le livre reçoit le Goodreads Choice Award dans la catégorie Fiction en 2015.

La publication rencontre un succès commercial retentissant. Amazon annonce des précommandes record, les plus importantes depuis « Harry Potter et les Reliques de la Mort » en 2007. La chaîne de librairie Barnes & Noble enregistre des ventes historiques pour un roman destiné aux adultes. Les libraires organisent des ouvertures nocturnes pour répondre à la demande. Traduit dans plusieurs langues, le roman fait l’objet d’adaptations minutieuses : en finnois, par exemple, la traductrice Kristiina Drews choisit d’atténuer certains termes racistes pour les rendre moins offensants tout en préservant le sens du texte.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 352 pages.

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