Douglas Kennedy est un écrivain américain né le 1er janvier 1955 à Manhattan, New York. Il grandit dans l’Upper West Side, fils d’un courtier en bourse et d’une assistante de production à NBC. Après des études à la Collegiate School et au Bowdoin College, il passe une année au Trinity College de Dublin en 1974.
Sa carrière débute comme régisseur à Broadway avant de s’installer définitivement en Europe en 1977. À Dublin, il cofonde une compagnie de théâtre et travaille au National Theatre of Ireland (1978-1983). Il se lance ensuite dans le journalisme et l’écriture de pièces radiophoniques pour la BBC.
Son premier roman, « Cul-de-sac », paraît en 1994. La consécration arrive avec « L’homme qui voulait vivre sa vie » (1997), best-seller international traduit en seize langues. Ses œuvres, souvent adaptées au cinéma, se distinguent par leur regard critique sur la société américaine et leurs questionnements sur les relations humaines.
Parfaitement francophone, Douglas Kennedy partage aujourd’hui sa vie entre Londres, Paris, Berlin et le Maine. Il a été marié à Grace Carley de 1985 à 2009, avec qui il a eu deux enfants. Il a reçu plusieurs distinctions, notamment le WH Smith Literary Award (1998) et a été fait Chevalier des Arts et des Lettres en 2006.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. L’homme qui voulait vivre sa vie (1997)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Ben Bradford incarne la réussite à l’américaine des années 1990. Avocat prospère à Wall Street, il vit dans une luxueuse demeure du Connecticut avec sa femme Beth et leurs deux jeunes fils. Mais derrière cette façade, il suffoque : son métier l’ennuie profondément et son mariage s’étiole. Sa véritable passion, la photographie, reste confinée dans sa chambre noire au sous-sol, où il accumule un équipement sophistiqué sans jamais oser franchir le pas.
Un soir, il découvre que Beth le trompe avec leur voisin Gary Summers, un photographe bohème qui vit de son art. La confrontation tourne au drame : dans un accès de rage, Ben tue Gary. Au lieu de se rendre à la police, il élabore un plan ingénieux : faire croire à sa propre mort et endosser l’identité de sa victime. Il s’exile alors dans le Montana sous le nom de Gary, où il peut enfin se consacrer à la photographie. Mais son talent grandissant attire les projecteurs, menaçant de faire ressurgir son passé.
Publié en 1997, ce livre a propulsé Douglas Kennedy sur le devant de la scène littéraire. Le suspense psychologique se double d’une satire mordante de la société américaine et de ses apparences trompeuses. Les descriptions techniques du monde de la photographie s’entremêlent habilement à l’action, sans jamais ralentir son rythme effréné. Le roman a été adapté au cinéma en 2010 par Éric Lartigau, avec Romain Duris dans le rôle principal.
Aux éditions POCKET ; 512 pages.
2. Piège nuptial (1994)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
En 1994, dans le nord-est des États-Unis. Nick Hawthorne, pigiste trentenaire sans attaches, décide sur un coup de tête de partir en Australie après être tombé par hasard sur une carte routière. Une fois sur place, il achète un vieux combi Volkswagen et prend la route, bien décidé à traverser le continent. Sa rencontre avec Angie, une auto-stoppeuse au tempérament volcanique, va faire basculer son existence.
Ce qui devait être une simple aventure d’un soir se transforme en enfer : drogué, Nick se réveille dans un village perdu au cœur du bush australien, marié contre son gré à Angie. Wollanup, 54 âmes, est une communauté coupée du monde dirigée par quatre familles qui survivent en dépeçant des kangourous. Privé de ses papiers et de son argent, surveillé en permanence, Nick comprend qu’il est prisonnier d’un groupe d’illuminés. Le désert qui s’étend à perte de vue rend toute fuite impossible.
Premier roman de Douglas Kennedy paru en 1994, ce thriller déjanté a d’abord été publié sous le titre « Cul-de-sac » avant d’être retraduit et rebaptisé « Piège nuptial ». L’humour noir transpire à chaque page, tandis que la tension monte crescendo jusqu’à l’explosion finale. La chaleur étouffante du bush, les effluves de chair putréfiée et l’omniprésence de la bière tiède créent une atmosphère suffocante qui colle à la peau.
Aux éditions POCKET ; 256 pages.
3. Les hommes ont peur de la lumière (2021)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Brendan, la cinquantaine désabusée, survit tant bien que mal comme chauffeur Uber à Los Angeles. Licencié après trente ans de bons et loyaux services dans la vente d’équipements électriques, il accumule les heures de conduite pour un salaire dérisoire. Sa vie privée n’est qu’un champ de ruines : depuis la mort de leur premier enfant, sa femme s’est enfermée dans un fanatisme religieux et milite activement contre l’avortement. Seule éclaircie dans ce tableau sombre : sa relation complice avec sa fille Klara.
Sa routine bascule le jour où il conduit Elise, une ancienne universitaire devenue bénévole dans une clinique pratiquant l’IVG. Sous ses yeux, un attentat frappe l’établissement. Cette rencontre le précipite dans une spirale infernale : entre sa femme convertie à l’intégrisme, un prêtre manipulateur et des groupuscules extrémistes, il se retrouve au centre d’une guerre idéologique qui pourrait bien lui coûter la vie.
Publié juste avant la révocation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême américaine, ce thriller social frappe par sa dimension prophétique. La mécanique implacable du récit décortique les rouages d’une société fracturée, où l’extrémisme religieux côtoie l’exploitation économique des plus fragiles. Entre courses Uber et guerres idéologiques, ce portrait sans concession de l’Amérique contemporaine met en lumière les angles morts d’une démocratie en péril.
Aux éditions POCKET ; 320 pages.
4. Les Désarrois de Ned Allen (1998)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Dans le New York des années 90, Ned Allen excelle comme vendeur d’espaces publicitaires pour un magazine d’informatique. Marié à Lizzie, une brillante attachée de communication, il mène une vie confortable à Manhattan. Le couple dépense sans compter, persuadé que leur ascension sociale ne connaîtra pas de limites. Mais un rachat hostile de son entreprise fait tout basculer : Ned perd son emploi et se retrouve sur la liste noire de toute la profession après une altercation violente.
La chute s’accélère. Lizzie le quitte, ses amis s’éloignent, les créanciers le harcèlent. Au bord du gouffre, il accepte la proposition d’un ancien camarade de lycée qui lui offre un poste dans une société de placement. Ce qui semble être une planche de salut s’avère être un redoutable piège. Ned se retrouve embarqué malgré lui dans une gigantesque arnaque orchestrée par des escrocs sans scrupules.
Commandé par son éditeur américain pour surfer sur le succès de « L’homme qui voulait vivre sa vie », ce thriller financier conjugue critique sociale et suspense haletant. Le New York des années Clinton y apparaît dans toute sa démesure : une jungle impitoyable où l’argent facile côtoie la déchéance la plus brutale. Les premiers chapitres posent le décor avec minutie avant que l’intrigue ne s’emballe, la chronique sociale vire alors au polar addictif.
Aux éditions POCKET ; 544 pages.
5. La Poursuite du bonheur (2001)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Manhattan, 1945. Sara Smythe, récemment installée à New York, rencontre Jack Malone lors d’une soirée organisée par son frère Eric. Une passion fulgurante naît entre eux, mais Jack doit repartir le lendemain comme correspondant de guerre à Londres. Malgré ses promesses, il disparaît sans laisser de traces. Sara apprend plus tard qu’il a épousé Dorothy, déjà enceinte de lui. Jack meurt quand leur fille Kate n’a que dix-huit mois.
Un demi-siècle plus tard, Kate Malone enterre sa mère Dorothy. Dans l’assistance, elle remarque une femme élégante qui l’observe avec insistance. Cette inconnue, Sara Smythe, tente d’établir le contact par téléphone et par lettres. Elle finit par lui remettre un album photos et un manuscrit qui révèlent la vérité sur Jack Malone, ce père dont elle n’a aucun souvenir.
L’histoire se déploie dans l’Amérique puritaine des années 1950, sous l’ombre menaçante du maccarthysme. Les personnages se débattent dans cette société où la moindre transgression des conventions peut briser une vie. Sara, femme libre refusant de se soumettre aux diktats de son époque, lutte pour son indépendance tandis que la chasse aux sorcières orchestrée par McCarthy écrase les intellectuels et les artistes.
Aux éditions POCKET ; 784 pages.
6. Les Charmes discrets de la vie conjugale (2005)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
En 1970, Hannah surprend ses parents, universitaires militants de gauche, en épousant Dan, un étudiant en médecine conventionnel. Elle abandonne ses rêves de séjour à Paris pour le suivre dans une bourgade isolée du Maine où il débute sa carrière. Jeune mère accaparée par un bébé difficile, elle tue l’ennui en travaillant à la bibliothèque locale. Sa vie bascule quand elle accueille chez elle Tobias, un activiste politique poursuivi par le FBI. Après une brève idylle, il la contraint à l’aider à s’enfuir au Canada, la rendant complice d’un délit fédéral.
2003. Hannah a construit une vie confortable comme professeure. Son mari dirige le service d’orthopédie de l’hôpital, ses enfants ont quitté le nid. Mais ce fragile équilibre vole en éclats : sa fille Lizzie, instable émotionnellement, s’évapore dans la nature. Au même moment, Tobias, reconverti en prédicateur ultra-conservateur, sort un livre qui révèle et déforme leur liaison d’antan. Les médias s’emparent du scandale. Son fils, devenu évangélique radical, la renie. Dan s’enferme dans un silence glacial.
Le récit oppose deux Amériques : celle des campus contestataires des seventies et celle du conservatisme religieux post-11 septembre. Les cent premières pages brodent méticuleusement la toile d’une vie rangée avant que les événements ne s’enchaînent à un rythme effréné. La description acerbe des médias sensationnalistes et du fondamentalisme chrétien sert de toile de fond à cette histoire de secrets enfouis qui finissent par éclater au grand jour.
Aux éditions POCKET ; 608 pages.
7. La Symphonie du hasard (2017)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Au début des années 1980, Alice Burns, éditrice new-yorkaise, apprend un terrible secret lors d’une visite à son frère Adam en prison. Cette révélation la plonge dans ses souvenirs du début des années 1970, quand sa famille vivait dans la banlieue cossue d’Old Greenwich, Connecticut.
Adolescente surdouée, mal dans sa peau, Alice suffoque entre un père catholique autoritaire qui passe plus de temps au Chili qu’à la maison, et une mère juive névrosée qui lit son journal intime. Ses deux frères, Peter et Adam, subissent comme elle le poids des disputes parentales et des secrets familiaux. Son admission à l’université de Bowdoin marque un tournant : elle y trouve un mentor en la personne du professeur Hancock, vit une histoire d’amour avec Bob, mais se heurte aussi aux préjugés et à la violence qui imprègnent le campus en ces temps de contestation contre Nixon et la guerre du Vietnam.
Cette saga familiale dépeint l’Amérique des années Nixon avec une acuité remarquable. Les non-dits et les trahisons s’accumulent dans cette famille dysfonctionnelle, tandis que le pays traverse une période de bouleversements majeurs. Le premier tome d’une trilogie qui entremêle habilement la petite et la grande Histoire, où les destins individuels se heurtent aux soubresauts d’une société en pleine mutation.
Aux éditions POCKET ; 416 pages.
8. Cet instant-là (2011)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Thomas Nesbitt, un écrivain américain divorcé d’une cinquantaine d’années, reçoit dans sa maison du Maine un mystérieux colis en provenance de Berlin. Cette livraison inattendue le propulse vingt-cinq ans en arrière, quand il était alors un jeune auteur parti écrire un livre sur Berlin-Ouest. À cette époque, la ville coupée en deux par le Mur cristallisait toutes les tensions de la Guerre froide.
1984. Dans les locaux de Radio Liberty où il travaille comme pigiste, Thomas rencontre Petra Dussmann, une jeune traductrice qui a fui l’Allemagne de l’Est. Entre eux, c’est le coup de foudre. Mais le passé de Petra recèle des zones d’ombre : son fils de trois ans est resté de l’autre côté du Mur et ses absences répétées éveillent les soupçons. Quand les services secrets américains s’en mêlent, Thomas doit faire un choix qui bouleversera leur existence.
L’intrigue se déploie sur deux temporalités qui s’entremêlent, portée par une documentation historique minutieuse sur les années de guerre froide. Les descriptions du Berlin des années 80 s’appuient sur l’expérience personnelle de Kennedy, qui y a vécu plusieurs mois en 1983. Le contexte de la Guerre froide sert d’écrin à une réflexion sur ces instants décisifs qui font basculer une vie. Les 700 pages démarrent lentement mais la tension monte crescendo jusqu’à un dénouement où la petite histoire rejoint la grande.
Aux éditions POCKET ; 704 pages.
9. Quitter le monde (2009)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Le soir de ses treize ans, Jane Howard lance une phrase qui bouleversera sa vie : « Je ne me marierai jamais et je n’aurai jamais d’enfants. » Le lendemain, son père quitte le foyer familial. Sa mère, incapable de surmonter cet abandon, fait porter à Jane le poids de cette rupture. Malgré cette enfance marquée par la culpabilité, la jeune femme brille dans ses études à Harvard avant de se lancer dans une carrière à Wall Street. Elle rencontre Theo, un homme passionné de cinéma avec qui elle aura une petite fille, Emily.
Mais le destin s’acharne. Une succession de trahisons et de drames pousse Jane à bout. Quand survient l’impensable – la mort d’Emily dans un accident de voiture – elle décide de disparaître. Elle s’exile au Canada, dans la ville de Calgary, où elle trouve un emploi de bibliothécaire. C’est là qu’elle croise la route d’une adolescente en danger. Cette rencontre la forcera à reprendre pied dans une existence qu’elle voulait fuir.
Les 700 pages de ce livre déploient une mécanique implacable où chaque événement en entraîne un autre. La narration alterne entre moments d’accalmie et coups de théâtre brutaux. L’histoire bascule plusieurs fois, passant du roman psychologique au thriller avec une maîtrise qui tient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement. La presse a salué la capacité de Kennedy à se glisser dans la peau d’une femme avec une justesse rare pour un écrivain masculin.
Aux éditions POCKET ; 704 pages.
10. Une relation dangereuse (2003)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Sally Goodchild, une reporter américaine de 37 ans pour le Boston Post, croise la route de Tony Thompson lors d’une mission au Moyen-Orient. Entre ces deux journalistes de guerre, le coup de foudre est immédiat. Bientôt, Sally tombe enceinte. Tony, rappelé à Londres pour un poste prestigieux, lui propose de se marier. Le couple s’installe dans la capitale britannique, où Sally peine à s’adapter aux codes de la société anglaise.
La grossesse se révèle difficile, l’accouchement traumatisant. Sally sombre dans une profonde dépression post-partum tandis que son mari se montre de plus en plus distant. À son retour d’un bref séjour aux États-Unis, elle découvre sa maison vide : Tony est parti avec leur bébé. Une bataille juridique s’engage alors, opposant une mère fragilisée à un mari manipulateur qui utilise la dépression de son épouse comme argument pour obtenir la garde exclusive de l’enfant.
Cette descente aux enfers d’une femme trahie frappe par sa construction en deux temps : une première partie psychologique qui installe patiemment le piège, suivie d’un affrontement judiciaire haletant. Les différences culturelles entre Américains et Anglais ajoutent une épaisseur supplémentaire au récit, tout comme le sujet de la dépression périnatale, encore tabou à l’époque.
Aux éditions POCKET ; 544 pages.