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Romans de Boualem Sansal – Notre sélection

Boualem Sansal en 7 romans – Notre sélection

Boualem Sansal est un écrivain franco-algérien né le 15 octobre 1949 à Theniet El Had, un petit village des monts de l’Ouarsenis en Algérie. Issu d’une famille dont la mère a reçu une éducation « à la française », il suit une formation d’ingénieur à l’École nationale polytechnique d’Alger et obtient un doctorat en économie.

Après avoir occupé divers postes, notamment comme enseignant et chef d’entreprise, il devient haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie algérien. Il commence à écrire en 1997, encouragé par son ami Rachid Mimouni, alors que l’Algérie est en pleine guerre civile. Son premier roman, « Le serment des barbares » (1999), reçoit le prix du Premier Roman et le prix Tropiques.

En 2003, il est limogé de son poste au ministère en raison de ses écrits critiques envers le pouvoir algérien, notamment concernant l’arabisation de l’enseignement. Malgré les menaces et la censure de certaines de ses œuvres en Algérie, il choisit de continuer à vivre dans son pays, à Boumerdès, près d’Alger.

Son œuvre, principalement publiée en France, lui a valu de nombreuses distinctions, dont le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2015 pour « 2084 – La fin du monde ». Écrivain engagé, il est connu pour ses positions critiques envers l’islamisme et ses réflexions sur la société algérienne post-coloniale.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Le village de l’Allemand ou Le journal des frères Schiller (2008)

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En France, Rachel et Malrich Schiller mènent des vies radicalement différentes : l’aîné est un cadre supérieur accompli, le cadet traîne dans sa cité de banlieue. Nés d’un père allemand et d’une mère algérienne, ils apprennent en 1994 que leurs parents ont été égorgés lors d’un raid du GIA dans leur village près de Sétif. En se rendant sur place, Rachel met la main sur le livret militaire de son père et découvre l’effroyable vérité : Hans Schiller, ce moudjahid respecté de tous, était un ancien officier SS impliqué dans l’extermination des Juifs.

Bouleversé, Rachel entame un périple à travers l’Europe sur les traces de son père. Il consigne dans un journal sa quête éperdue de sens, sa culpabilité dévorante, jusqu’à son suicide. Son jeune frère Malrich hérite alors de ce journal. Sa lecture l’amène à une prise de conscience brutale des similitudes entre le nazisme et l’islamisme radical qui prospère dans son quartier.

À travers ces deux journaux croisés, Boualem Sansal établit des parallèles saisissants entre nazisme et islamisme radical, tabou ultime en Algérie où le livre fut interdit. La construction en miroir amplifie la puissance d’un récit qui interroge la transmission de la barbarie et la résurgence des idéologies mortifères.

Aux éditions FOLIO ; 304 pages.


2. Rue Darwin (2011)

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À Paris, dans une chambre d’hôpital, Yazid veille sa mère mourante. Ses frères et sœurs, dispersés aux quatre coins du monde, l’ont rejoint pour ces derniers instants. Avant de s’éteindre, elle murmure : « Va, retourne à la rue Darwin ». Cette phrase énigmatique pousse Yazid, le seul de la fratrie resté en Algérie, à revenir sur les lieux de son enfance, dans le quartier Belcourt d’Alger.

Son retour le propulse dans les années 1950, au cœur d’une étrange demeure où règne Djéda, sa grand-mère. Cette matriarche redoutable a construit un empire sur un florissant réseau de prostitution. Dans sa maison qui communique avec son plus lucratif bordel, elle héberge de nombreux enfants aux liens familiaux flous. À huit ans, Yazid quitte brutalement ce monde interlope pour une modeste existence rue Darwin. Entre ces deux vies s’entremêlent les fils d’une énigme : celle de sa véritable identité.

Dans « Rue Darwin », les secrets de famille se conjuguent aux fractures de l’histoire algérienne, des années 1950 à nos jours. Les phrases incisives de Boualem Sansal cisèlent un récit où la quête d’identité du narrateur se heurte aux silences et aux mensonges. L’écriture alterne fureur et douceur, les scènes truculentes du bordel de Djéda contrastent avec la misère de la rue Darwin. Le texte dénonce sans complaisance la corruption du pouvoir et l’emprise des imams, tout en peignant une galerie de personnages hauts en couleur, dominée par des figures féminines fortes.

Aux éditions FOLIO ; 304 pages.


3. 2084 – La fin du monde (2015)

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En 2084, l’Abistan règne sur un monde ravagé par les guerres saintes. Cette théocratie totale impose à ses habitants la vénération de Yölah et de son prophète Abi. Les citoyens, soumis à neuf prières quotidiennes, vivent dans l’ignorance et l’amnésie collective. Leur langue même, l’abilang, a été simplifiée pour empêcher toute pensée complexe.

Ati, un modeste fonctionnaire, sort du sanatorium où il a passé deux ans à soigner sa tuberculose. Durant son isolement, des doutes ont germé dans son esprit. De retour dans la capitale Qodsabad, il rencontre Koa qui partage ses questionnements. Avec ce dernier, il se lance dans une recherche périlleuse : existe-t-il d’autres pays au-delà des frontières ? D’autres façons de vivre ? La découverte d’un mystérieux village ancien pourrait bien ébranler les certitudes du régime.

Cette dystopie, qui fait écho à 1984 d’Orwell, a reçu le Grand Prix du roman de l’Académie française 2015. Le récit dévoile les mécanismes d’un totalitarisme religieux avec une ironie glaçante. Boualem Sansal y mêle humour noir et descriptions cliniques, créant un sentiment d’oppression qui ne lâche jamais le lecteur.

Aux éditions FOLIO ; 336 pages.


4. Harraga (2005)

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Dans l’Algérie du début des années 2000, Lamia, une pédiatre de trente-cinq ans, mène une existence solitaire dans une vaste demeure héritée de ses parents sur les hauteurs d’Alger. Cette femme indépendante refuse les conventions d’une société qui étouffe sous le poids des traditions et de l’islamisme.

Son quotidien bascule le jour où Chérifa, une adolescente de seize ans enceinte, frappe à sa porte. Cette jeune fille insouciante et rebelle prétend avoir été envoyée par Sofiane, le frère disparu de Lamia, parti comme tant d’autres tenter sa chance en Europe.

Entre les deux femmes se noue une relation complexe, faite de disputes et de réconciliations. Lamia tente d’initier sa protégée à la culture, seule arme contre l’obscurantisme ambiant. Mais Chérifa, imperméable à toute instruction, multiplie les fugues jusqu’à sa disparition définitive. Bouleversée, Lamia part à sa recherche dans les rues d’une Alger gangrénée par la corruption et l’incompétence administrative.

Les mots cinglants s’entrechoquent avec une poésie brute pour dépeindre une Algérie qui se délite. La solitude et la désillusion percent sous l’humour féroce. Sans jamais céder au misérabilisme, Boualem Sansal fait surgir des personnages hauts en couleur qui refusent de se soumettre à l’ordre établi, dans un pays où la jeunesse n’a d’autre choix que l’exil ou la résignation.

Aux éditions FOLIO ; 320 pages.


5. Le serment des barbares (1999)

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Dans l’Algérie des années 1990, à Rouiba, une ville proche d’Alger, deux hommes sont retrouvés assassinés : Si Moh, un puissant mafieux, et Abdallah Bakour, un ancien ouvrier agricole revenu au pays après trente ans passés en France. L’inspecteur Larbi, un policier berbère à quelques mois de la retraite, se voit confier l’enquête sur ces meurtres qui semblent sans rapport.

Entre la corruption généralisée et la montée de l’islamisme, le vieil inspecteur navigue dans un pays en pleine guerre civile. Ses investigations le mènent jusqu’au cimetière chrétien de la ville, où d’étranges allées et venues attirent son attention. Malgré les pressions de sa hiérarchie qui souhaite attribuer les meurtres au FIS (Front islamique du salut), Larbi s’obstine à chercher la vérité.

Premier roman de Boualem Sansal paru en 1999 et couronné du Prix du Premier Roman, « Le serment des barbares » frappe par sa langue incisive et sa colère sourde. Le polar sert de prétexte pour disséquer trente ans d’histoire algérienne : la décolonisation, la corruption du pouvoir, le délabrement des institutions et la montée du fanatisme religieux. Cette charge virulente contre les maux de l’Algérie contemporaine a valu à son auteur d’être censuré dans son pays.

Aux éditions FOLIO ; 464 pages.


6. Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu (2018)

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Dans une petite ville allemande imaginaire du nom d’Erlingen, Ute von Ebert, héritière d’un puissant empire industriel, écrit des lettres à sa fille Hannah qui vit à Londres. La ville d’Erlingen se trouve assiégée par des envahisseurs mystérieux, surnommés « les Serviteurs », qui veulent imposer leur dieu comme loi unique. Les habitants attendent avec fébrilité l’arrivée d’un train censé les évacuer, mais celui-ci ne vient jamais.

Cette première trame narrative se double d’une seconde histoire : celle d’Elisabeth Potier, professeure d’histoire à la retraite qui enseignait dans une banlieue difficile de Paris. Après avoir été agressée lors d’une manifestation de soutien aux victimes des attentats du Bataclan en 2015, elle sombre dans le coma. À son réveil, elle se met à écrire sous l’identité d’Ute von Ebert, mêlant ainsi les deux récits.

La construction du roman bouleverse les codes narratifs traditionnels. Le texte mêle lettres non envoyées, bribes de romans inachevés et notes de lecture qui s’entrechoquent. Cette architecture fragmentée sert un propos puissant sur la montée des extrémismes religieux et la paralysie des démocraties face à ces menaces.

Aux éditions FOLIO ; 304 pages.


7. Vivre – Le compte à rebours (2024)

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À Paris, un professeur de mathématiques, Paolo, reçoit un message qui va bouleverser sa vie : la Terre disparaîtra dans exactement 780 jours. Cette révélation lui parvient en songe, transmise par une intelligence extraterrestre. D’autres humains triés sur le volet, les « Appelés », partagent ce secret qui les dépasse.

Leur tâche s’annonce monumentale : désigner la moitié des habitants de la Terre qui embarqueront vers une autre planète. Paolo et ses compagnons doivent établir des critères de sélection tout en déjouant les manœuvres des puissants qui voudront prendre le contrôle de l’opération. Une course contre la montre s’engage pour sauver une partie de l’humanité sans répéter les erreurs qui ont conduit à sa perte.

Cette fable d’anticipation de Boualem Sansal décoche ses flèches contre les travers de notre époque : le wokisme, l’intégrisme religieux, la bureaucratie, la cancel culture. Son humour mordant transforme ce compte à rebours apocalyptique en une critique acide de nos sociétés, où la science-fiction sert de prétexte à une réflexion sur la nature humaine.

Aux éditions GALLIMARD ; 240 pages.

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