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Robert Seethaler en 5 romans – Notre sélection

Robert Seethaler est un écrivain, scénariste et acteur autrichien né le 7 août 1966 à Vienne. Issu d’une famille ouvrière (son père était serrurier et sculpteur sur bois, sa mère secrétaire), il grandit dans le dixième arrondissement de Vienne. En raison d’un problème de vue congénital sévère (-18 à -19 dioptries), il fréquente d’abord une école pour malvoyants avant de poursuivre sa scolarité dans un lycée qu’il quitte à quinze ans.

Avant de se consacrer à l’écriture, il exerce divers métiers : vendeur, coursier pour le journal Kurier, ouvrier dans un élevage de dindes en Israël, physiothérapeute, vendeur de disques. Il suit ensuite une formation d’acteur à l’école du Wiener Volkstheater et participe à de nombreuses productions cinématographiques, télévisuelles et théâtrales à Vienne, Berlin, Stuttgart et Hamburg. Il est notamment connu pour son rôle du Dr Kneissler dans la série « Ein starkes Team » et pour son apparition aux côtés de Rachel Weisz dans « Youth » de Paolo Sorrentino (2015).

Sa carrière d’écrivain débute en 2006 avec « Die Biene und der Kurt ». Il connaît un succès international avec « Le tabac Tresniek » (2012), « Une vie entière » (2014) et « Le Champ » (2018). Ses œuvres, traduites dans plus de 40 langues, lui ont valu plusieurs distinctions, dont une nomination pour le prix international Man Booker en 2016 et le prix littéraire Anton-Wildgans en 2017. En 2022, il reçoit la médaille d’or du Mérite de la République d’Autriche.

Robert Seethaler partage aujourd’hui sa vie entre Berlin et Vienne. Il est père d’un fils né en 2009.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Le tabac Tresniek (2012)

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En août 1937, Franz Huchel, dix-sept ans, quitte sa paisible région du Salzkammergut pour Vienne. Sa mère, privée des subsides d’un riche protecteur foudroyé lors d’une baignade, l’envoie travailler chez Otto Tresniek, un buraliste unijambiste. Dans la capitale autrichienne, le jeune provincial découvre un monde en pleine mutation : la montée du nazisme commence à gangrener la société, tandis que les tensions s’exacerbent entre communautés.

Au tabac Tresniek défile une clientèle éclectique, dont le célèbre Sigmund Freud. Une relation singulière se noue entre le « docteur des fous » et Franz, qui sollicite ses conseils quand il tombe éperdument amoureux d’Anezka, une artiste de cabaret. Mais l’Anschluss approche : Freud prépare son exil vers Londres, Otto subit des pressions pour interdire sa boutique aux Juifs, les croix gammées fleurissent sur les murs, la violence s’installe dans les rues de Vienne.

Robert Seethaler transforme ce moment charnière de l’histoire autrichienne en une fable sur la perte de l’innocence. La présence de Freud, loin d’être un artifice narratif, insuffle au récit une épaisseur psychologique convaincante. L’histoire a été adaptée au cinéma en 2017 avec Bruno Ganz dans le rôle de Freud. Le livre a connu un succès considérable dans les pays germanophones avant d’être traduit en plusieurs langues.

Aux éditions FOLIO ; 272 pages.


2. Une vie entière (2014)

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Années 1900. Dans les Alpes autrichiennes, le destin d’Andreas Egger commence sous de sombres auspices. Orphelin dès l’âge de quatre ans, il est recueilli par un oncle brutal qui le bat jusqu’à le rendre boiteux. Sa force physique et son caractère tenace lui permettent pourtant de s’émanciper. Il participe notamment à l’aventure des premiers téléphériques, symboles d’une modernité qui commence à transformer la vallée.

À trente-cinq ans, sa rencontre avec Marie, serveuse dans une auberge du village, illumine enfin son existence. Mais leur bonheur est fugace : une avalanche emporte son épouse. La Seconde Guerre mondiale l’arrache ensuite à ses montagnes pour l’envoyer sur le front russe, où il passera huit ans en captivité. À son retour en 1951, le village s’est métamorphosé : les étables se sont vidées au profit des skieurs, les croix gammées ont cédé la place aux géraniums.

Ce court récit de 150 pages condense avec une économie remarquable toute l’existence d’un homme ordinaire, témoin silencieux des mutations du siècle. L’engouement des lecteurs germaniques ne s’est pas démenti depuis sa parution en 2014, porté par des critiques dithyrambiques et de nombreuses distinctions, dont le prestigieux prix Grimmelshausen en 2015. La traduction anglaise s’est hissée jusqu’à la finale de l’International Booker Prize, avant que le roman ne soit porté à l’écran en 2022 par Hans Steinbichler.

Aux éditions FOLIO ; 144 pages.


3. Le café sans nom (2023)

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En 1966, dans un quartier populaire de Vienne encore marqué par la guerre, Robert Simon quitte son travail de journalier pour réaliser son rêve : ouvrir un café. Orphelin discret et travailleur, il rénove un local abandonné près du marché des Carmélites. Le succès arrive dès les premiers jours, si bien qu’il recrute Mila comme serveuse, une jeune femme courageuse que son usine textile vient de licencier.

Le café devient vite un refuge pour tout le voisinage. Johannes Berg, le boucher d’en face, y décompresse de sa famille nombreuse. René, un catcheur sur le déclin, y noie ses défaites. Des commerçants, des ouvriers et même quelques artistes s’y croisent autour d’un verre de punch ou d’une tartine de saindoux. Robert observe leurs joies et leurs peines, leurs amours et leurs disputes, tandis que sa logeuse Martha, une veuve de guerre, veille sur lui.

Pendant dix ans, le café résiste aux bouleversements qui transforment Vienne : la modernisation effrénée, l’arrivée des supermarchés, la construction du métro. Mais en 1976, le propriétaire endetté doit vendre l’immeuble. Robert organise une dernière fête avant de fermer définitivement son établissement.

Ce sixième roman de Robert Seethaler marque son retour à Vienne après « Le tabac Tresniek » (2012). L’histoire débute l’année de sa naissance, en 1966, dans le quartier même où il a grandi : les Carmélites. À travers ce microcosme d’après-guerre, il compose une chronique sociale de l’Autriche des années 1960-70, où les séquelles du conflit côtoient les premiers signes de la société de consommation. Le livre a été finaliste des prix Femina et Médicis étrangers 2023.

Aux éditions FOLIO ; 272 pages.


4. Le Champ (2018)

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Un cimetière autrichien baptisé « le Champ », dans la petite ville imaginaire de Paulstadt. C’est là qu’un vieil homme vient s’asseoir chaque jour, persuadé d’entendre les voix des morts s’élever de terre. Ces murmures, d’abord indistincts comme un gazouillis d’oiseaux, prennent peu à peu forme et substance.

Une trentaine de défunts se succèdent alors pour raconter leur histoire. Certains évoquent un instant décisif, d’autres déroulent toute une vie. Un prêtre parle de sa folie incendiaire, une femme de son mari qu’elle n’a jamais vraiment connu, un enfant de ses souvenirs fugaces. Les récits se répondent et se contredisent. Chacun livre un fragment de son existence – parfois en quelques mots, parfois en plusieurs pages.

De ces voix émerge le portrait d’une bourgade ordinaire traversée par l’Histoire, des années d’après-guerre jusqu’à aujourd’hui. Les morts évoquent les bombardements, l’exode, mais aussi les petits arrangements du maire, le tragique accident au centre commercial, les préjugés face aux étrangers. Sans pathos ni sensiblerie, ils livrent l’essence de ce qui fit leur existence.

Publié en 2018, ce troisième roman de Robert Seethaler traduit en français prolonge sa veine mélancolique initiée avec « Le tabac Tresniek ». Sans tomber dans le morbide, le romancier autrichien compose une réflexion sur la mémoire collective d’une communauté et l’empreinte que chacun y laisse.

Aux éditions FOLIO ; 256 pages.


5. Le dernier mouvement (2020)

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1911. Gustav Mahler quitte New York après sa dernière saison à la tête de l’orchestre philharmonique. Sur le pont du paquebot qui le ramène en Europe, le compositeur autrichien, affaibli par la maladie, sait que la mort approche. Fiévreux, emmitouflé dans une couverture, il n’échange que quelques mots avec le jeune domestique chargé de veiller sur lui, pendant qu’Alma, son épouse, et leur fille Anna restent dans leur cabine.

Dans ce moment de solitude face à l’immensité des flots, les souvenirs affluent. Sa jeunesse dans une famille juive de quatorze enfants, ses années à diriger l’Opéra de Vienne de 1897 à 1907, sa rencontre avec Alma Schindler – considérée comme la plus belle femme de Vienne. L’année 1907 marque un tournant tragique : la mort de sa fille aînée Maria, emportée par la diphtérie à cinq ans, la perte de son poste à l’Opéra de Vienne, le diagnostic d’une maladie cardiaque incurable. Plus tard surgira la trahison d’Alma, éprise d’un jeune architecte.

La trame narrative emprunte au roman de Thomas Mann, « La mort à Venise », dont le protagoniste, un artiste vieillissant, Gustav von Aschenbach, partage plusieurs traits avec Mahler. Seethaler prolonge cette tradition tout en s’ancrant dans la réalité historique, ce qui lui a valu d’être traduit en sept langues et d’intégrer la sélection du Prix du livre allemand.

Aux éditions FOLIO ; 144 pages.

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