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Alfred de Musset en 6 livres – Notre sélection

Alfred de Musset en 6 livres – Notre sélection

Alfred de Musset naît le 11 décembre 1810 à Paris, dans une famille aristocratique cultivée. Brillant élève au collège Henri-IV, il se lie d’amitié avec le duc de Chartres et obtient le deuxième prix de dissertation latine au Concours général en 1827.

À 19 ans, il publie son premier recueil poétique, « Contes d’Espagne et d’Italie », qui est salué par Pouchkine. Il fréquente le Cénacle de Charles Nodier et commence une vie de dandy parisien. Sa première pièce de théâtre, « La Nuit vénitienne », est un échec, mais cela ne l’empêche pas de poursuivre son œuvre dramatique en publiant ses pièces dans la Revue des deux Mondes.

En 1833, sa rencontre avec George Sand marque un tournant. Leur liaison passionnée, notamment un voyage tumultueux à Venise, lui inspire plusieurs œuvres majeures dont « Lorenzaccio » (1834) et « Les Nuits » (1835-1837), considérées comme des chefs-d’œuvre du romantisme français.

Après sa rupture avec Sand, Musset connaît plusieurs autres liaisons, notamment avec la comédienne Rachel et la princesse Belgiojoso, tout en continuant à écrire. L’alcoolisme et une santé fragile marquent ses dernières années. Il est néanmoins élu à l’Académie française en 1852 après avoir reçu la Légion d’honneur en 1845.

Musset meurt le 2 mai 1857 à Paris, à l’âge de 46 ans. Il laisse une œuvre qui comprend du théâtre (« Les Caprices de Marianne », « On ne badine pas avec l’amour »), de la poésie (« Les Nuits »), des nouvelles (« Le Fils du Titien ») et un roman autobiographique (« La Confession d’un enfant du siècle »). D’abord quelque peu oublié après sa mort, il est redécouvert au XXe siècle et considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands écrivains romantiques français.

Voici notre sélection de ses livres majeurs.


1. La Confession d’un enfant du siècle (roman, 1836)

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Résumé

Paris, 1830. Octave, jeune homme de dix-neuf ans, découvre lors d’un souper que sa maîtresse le trompe avec l’un de ses amis. Cette trahison le précipite dans un profond désespoir. Son ami Desgenais tente de le consoler en l’initiant au libertinage, mais cette vie de débauche ne fait qu’accentuer son mal-être. À la mort de son père, Octave se réfugie à la campagne où il rencontre Brigitte Pierson, une jeune veuve dévouée aux œuvres de charité. Leur amour mutuel lui apporte un bref moment de bonheur, vite gâché par sa jalousie maladive et ses soupçons incessants. L’arrivée d’Henri Smith, ami d’enfance de Brigitte, achève de bouleverser leur relation. Comprenant qu’il ne peut que faire souffrir celle qu’il aime, Octave choisit de s’effacer pour permettre à Brigitte de vivre son amour avec Smith.

Autour du livre

« La Confession d’un enfant du siècle » naît d’une double impulsion : la liaison tumultueuse de Musset avec George Sand et sa volonté de dépeindre le désarroi d’une génération. Le projet s’esquisse dans une lettre du 30 avril 1834 où Musset confie à Sand : « je m’en vais faire un roman, j’ai bien envie d’écrire notre histoire ». Cette dernière lui répond : « parle de moi comme tu l’entendras, je me livre à toi les yeux bandés ».

Les deux premiers chapitres dressent un tableau saisissant de la France post-napoléonienne. Musset y dépeint une jeunesse orpheline de ses idéaux, prise entre « un passé pour toujours détruit » et « l’aurore d’un immense horizon ». Cette génération traverse « quelque chose de vague et flottant, une mer tempétueuse pleine de naufrages ».

Le « mal du siècle » dont souffre Octave transcende la simple histoire d’amour pour incarner un malaise collectif. George Sand elle-même salue cette dimension en déclarant le récit « magnifique » et « très supérieur à ‘Adolphe’ de Benjamin Constant ». Le personnage de Brigitte Pierson est directement inspiré de George Sand, comme Musset le confirme dans une lettre à Franz Liszt : « Mme Pierson […] est G. S. en personne jusqu’à la moitié du 2e vol. » Cette transposition romanesque permet à Musset de sublimer leur relation tout en livrant une réflexion plus large sur son époque.

Le roman bénéficie d’une réception immédiate favorable, notamment grâce à la publication de son deuxième chapitre dans la Revue des Deux Mondes en septembre 1835. Charles-Augustin Sainte-Beuve y voit l’expression d’une génération qui « semble avoir dépensé tout d’un coup sa faculté de vouloir ». L’œuvre connaît plusieurs adaptations, notamment deux versions cinématographiques : un téléfilm de Claude Santelli en 1974 et un long-métrage de Sylvie Verheyde en 2011. Le théâtre s’en empare également avec des lectures à la Comédie-Française et une adaptation en monologue au Théâtre du Marais en 2013.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 441 pages.


2. Les Caprices de Marianne (pièce de théâtre, 1833)

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Résumé

« Les Caprices de Marianne » met en scène un triangle amoureux aux conséquences tragiques. Dans le Naples du XIXe siècle, le jeune et romantique Cœlio brûle d’amour pour Marianne, mariée au juge Claudio, un homme âgé et jaloux. N’osant déclarer sa flamme lui-même, Cœlio demande l’aide de son ami Octave, libertin insouciant et cousin de Claudio. Marianne, d’abord froide et distante, s’éprend paradoxalement d’Octave venu plaider la cause de son ami. Elle lui donne un rendez-vous secret. Fidèle à son amitié pour Cœlio, Octave l’envoie à sa place. Mais Claudio, soupçonnant l’infidélité de sa femme, a fait embusquer des tueurs. Cœlio trouve la mort, persuadé qu’Octave l’a trahi. Bouleversé par cette fin tragique, Octave rejette l’amour de Marianne et renonce à sa vie de plaisirs.

Autour de la pièce

« Les Caprices de Marianne » naît sous la plume d’Alfred de Musset en 1833, d’abord publié dans la Revue des Deux Mondes. Si l’auteur la qualifie de comédie, la pièce s’apparente davantage au drame romantique. La création théâtrale intervient tardivement, en 1851 à la Comédie-Française, après de nombreuses modifications imposées par la censure qui juge l’œuvre moralement contestable.

Cette première représentation efface l’échec cuisant de « La Nuit vénitienne » (1830), qui avait poussé Musset à renoncer temporairement à la scène. L’incident de l’actrice Suzanne Béranger, dont le costume s’était maculé de peinture verte fraîche lors de la représentation, avait déclenché les huées du public.

La pièce dépeint trois protagonistes emblématiques : Cœlio incarne le héros romantique par excellence, être sensible et mélancolique, hanté par de sombres pressentiments. Octave représente son double inverse, personnage bohème et insouciant qui révèle progressivement une profondeur insoupçonnée. Marianne, loin d’être simplement capricieuse comme le titre pourrait le suggérer, apparaît comme une femme lucide et intelligente, prisonnière des conventions sociales.

« Les Caprices de Marianne » a connu plusieurs adaptations, notamment l’opéra d’Henri Sauguet créé en 1954 à Aix-en-Provence. La pièce a également inspiré « La Règle du jeu » de Jean Renoir en 1939. Des mises en scène contemporaines continuent de faire vivre le texte, comme celle de Lambert Wilson au théâtre des Bouffes du Nord en 1994, ou celle de Sébastien Azzopardi au Lucernaire en 2009.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.


3. On ne badine pas avec l’amour (pièce de théâtre, 1834)

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Résumé

Dans un château français, le Baron projette d’unir sa nièce Camille, tout juste sortie du couvent, à son fils Perdican, fraîchement diplômé. Les deux cousins, séparés depuis dix ans, se retrouvent dans ce lieu où ils ont grandi et partagé leur enfance. Malgré leurs sentiments réciproques, Camille, marquée par l’éducation des religieuses qui lui ont enseigné à se méfier des hommes, repousse Perdican et annonce son intention de retourner au couvent. Blessé dans son orgueil, Perdican entreprend de la rendre jalouse en séduisant Rosette, une jeune paysanne sœur de lait de Camille. Ce jeu cruel aboutit à des aveux passionnés entre les cousins, mais Rosette, témoin caché de la scène, meurt d’émotion en découvrant qu’elle n’était qu’un instrument dans leur manipulation. Cette révélation sépare définitivement les amants.

Autour de la pièce

« On ne badine pas avec l’amour » naît dans un contexte autobiographique douloureux. En mars 1834, Musset quitte Venise après sa rupture avec George Sand, qui l’abandonne pour le médecin Pietro Pagello. Cette expérience amoureuse tourmentée imprègne profondément l’œuvre, au point que la scène 5 de l’acte II reprend textuellement des passages des lettres de Sand.

La pièce se distingue par sa liberté formelle singulière qui défie les classifications traditionnelles. Elle oscille entre le proverbe dramatique, genre mondain fondé sur une intrigue sentimentale légère, et le drame romantique qui s’impose dans le dernier acte avec l’irruption de la mort. Cette hybridation générique se manifeste également dans la multiplicité des espaces scéniques : salles du château, place publique, nature sauvage. La diversité des tons, du burlesque au tragique, accompagne cette structure mouvante.

L’anticléricalisme constitue l’un des axes majeurs de critique sociale. Musset dénonce avec force l’éducation religieuse dispensée aux jeunes filles, qui les prive du bonheur terrestre en leur inculquant la peur de l’amour. Les religieux apparaissent sous des traits peu flatteurs : goinfres, délateurs, responsables d’une perversion de la dévotion qui conduit davantage à la haine des hommes qu’à l’amour divin.

Musset y déploie aussi une réflexion sur l’orgueil et ses conséquences dévastatrices. Les personnages, prisonniers de leur vanité, jouent avec les sentiments sans mesurer la portée de leurs actes. Leur immaturité les conduit à tisser eux-mêmes leur malheur, transformant l’intrigue légère en tragédie. La mort de Rosette incarne la punition de cette légèreté coupable.

Créée pour la lecture, la pièce n’est représentée qu’en 1861, après la mort de Musset. Elle connaît ensuite de multiples adaptations, notamment cinématographiques : Georges Méliès en 1908, Georg Wilhelm Pabst en 1926 avec Werner Krauss, et Jean Desailly en 1955. Camille Saint-Saëns compose même une musique de scène pour sa représentation au théâtre de l’Odéon en 1917. Sa popularité ne se dément pas au fil des décennies, comme en témoignent les nombreuses mises en scène jusqu’à nos jours, de Jean Vilar en 1959 à Yann Lefeivre en 2016.

Aux éditions FOLIO ; 192 pages.


4. Lorenzaccio (pièce de théâtre, 1834)

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Résumé

Florence, 1537. Lorenzo de Médicis, jeune patricien de 19 ans féru d’Antiquité, nourrit un projet audacieux : tuer son cousin, le duc Alexandre de Médicis, pour libérer la ville de sa tyrannie. Celui-ci règne en despote sur la ville avec l’appui du Saint-Empire et du pape. Pour parvenir à ses fins, Lorenzo devient le confident et le compagnon de débauche du duc, s’attirant le mépris des Florentins qui le surnomment « Lorenzaccio ». Cette duplicité corrode peu à peu son âme : le masque du débauché finit par adhérer à son visage. Lorsqu’il assassine enfin le duc, son acte demeure vain car les grandes familles républicaines, par lâcheté, préfèrent élire un nouveau tyran, Cosme de Médicis. Contraint à l’exil à Venise, Lorenzo y est poignardé par des inconnus qui jettent son corps dans la lagune.

Autour de la pièce

« Lorenzaccio » naît d’une collaboration entre Alfred de Musset et George Sand en 1834. Cette dernière confie à Musset le manuscrit d’une scène historique inédite intitulée « Une conspiration en 1537 », inspirée de la « Storia fiorentina » de Benedetto Varchi, chronique relatant la vie florentine au XVIe siècle.

La dualité du protagoniste constitue la pierre angulaire de ce drame romantique. Lorenzo incarne d’abord l’idéaliste pur, admirateur des héros antiques, avant de devenir ce « Lorenzaccio » méprisé, suffixe péjoratif accolé à son nom par les Florentins. Cette métamorphose soulève une question majeure : peut-on combattre le mal par le mal sans se corrompre soi-même ?

Le caractère précurseur de l’œuvre transparaît dans sa dimension politique. Écrite après l’échec des journées révolutionnaires de juillet 1830, elle dresse un constat amer sur l’impossibilité du changement politique face à la pusillanimité des élites. La Florence des Médicis devient ainsi le miroir de la France post-révolutionnaire.

Initialement conçue comme un « spectacle dans un fauteuil » destiné à la lecture, la pièce ne sera montée qu’en 1896, après la mort de Musset. Sa première adaptation scénique au théâtre de la Renaissance, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre, marque le début d’une longue tradition : pendant des décennies, ce sont des actrices qui incarneront Lorenzo. Il faudra attendre 1933 pour voir Jean Marchat devenir le premier homme à endosser ce rôle au Grand Théâtre de Bordeaux.

La postérité de « Lorenzaccio » s’étend bien au-delà du théâtre. L’œuvre a inspiré plusieurs adaptations cinématographiques et télévisuelles, notamment en Italie, en France et en Slovaquie. Elle a également donné naissance à des œuvres musicales, comme l’opéra « Une nuit à Florence » du compositeur tchèque Ladislav Zavrtal, créé au Théâtre Provisoire de Prague en 1880.

Aux éditions FLAMMARION ; 288 pages.


5. Fantasio (pièce de théâtre, 1834)

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Résumé

Munich, XIXe siècle. Fantasio, jeune bourgeois criblé de dettes, cherche désespérément à échapper à ses créanciers. Quand le bouffon du roi décède, il saisit l’opportunité de prendre sa place à la cour. Au même moment, la princesse Elsbeth doit épouser le prince de Mantoue pour maintenir la paix entre les deux royaumes. Ce dernier, désireux d’observer secrètement sa future épouse, échange ses vêtements avec son aide de camp Marinoni. Témoin de la tristesse d’Elsbeth face à ce mariage arrangé, Fantasio tente de la convaincre d’écouter son cœur plutôt que la raison d’État. Pour déjouer cette union, il ridiculise publiquement le prince en lui volant sa perruque à l’aide d’un hameçon. Si cet acte lui vaut la prison, il parvient néanmoins à faire échouer le projet de mariage.

Autour de la pièce

Écrite en 1833 et publiée en 1834, « Fantasio » n’est représentée qu’en 1866, après la mort d’Alfred de Musset. Cette pièce en deux actes s’inscrit dans le « spectacle dans un fauteuil », un genre que Musset privilégie après ses échecs sur scène. Paul de Musset, son frère, adapte plus tard l’œuvre pour l’opéra-comique de Jacques Offenbach, créé en 1872.

La pièce conjugue plusieurs influences théâtrales : Shakespeare, Hoffmann, Marivaux et Les Mille et Une Nuits. Si les codes du théâtre classique demeurent – l’action ne dépasse pas vingt-quatre heures et se déroule entièrement à Munich – Musset s’en écarte subtilement pour créer une œuvre singulière.

Le personnage de Fantasio incarne parfaitement le « mal du siècle » propre à la génération romantique : intelligent mais désabusé, il porte sur le monde un regard à la fois lucide et amusé. Son cynisme n’exclut pas la générosité, puisqu’il sacrifie sa liberté pour sauver une jeune femme de la tristesse. Les dialogues brillent par leur virtuosité, mêlant boutades percutantes et formules déconcertantes, tout en jonglant avec les références bibliques et contemporaines.

La dimension politique transparaît à travers le personnage d’Elsbeth, dont le dilemme entre devoir dynastique et aspirations personnelles fait écho au mariage historique entre Louise d’Orléans et Léopold de Belgique. Le prince de Mantoue, quant à lui, sert de contrepoint comique : son travestissement maladroit parodie les stratagèmes du théâtre de Marivaux.

« Fantasio » a connu plusieurs adaptations marquantes, notamment à la Comédie-Française en 1925 avec Pierre Fresnay, puis en 2008 dans une mise en scène de Denis Podalydès. Plus récemment, l’opéra d’Offenbach a été repris à l’Opéra Comique en décembre 2023, démontrant la pérennité de cette œuvre qui interroge les apparences sociales et le pouvoir libérateur du masque.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 288 pages.


6. Il ne faut jurer de rien (pièce de théâtre, 1836)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En 1836, Alfred de Musset met en scène Valentin, jeune dandy de vingt-cinq ans qui vit aux crochets de son oncle van Buck. Ce dernier, las de payer les dettes de son neveu, lui pose un ultimatum : épouser Cécile de Mantes ou perdre son héritage. Réfractaire au mariage par peur d’être trompé, Valentin propose un marché à son oncle : s’il parvient à séduire incognito sa promise en huit jours, il prouvera qu’elle ne mérite pas d’être épousée. Van Buck accepte le pari et accompagne son neveu au château de Mantes. Mais face à la sincérité et la pureté de la jeune fille, les plans de Valentin s’effondrent. Celui qui voulait démontrer la légèreté des femmes se retrouve pris à son propre piège : il tombe éperdument amoureux de Cécile, illustrant ainsi le proverbe qui donne son titre à la pièce.

Autour de la pièce

Écrite en 1836 mais mise en scène seulement le 22 juin 1848 au Théâtre-Français, « Il ne faut jurer de rien » s’inscrit dans le genre du proverbe dramatique, une courte comédie qui illustre la morale contenue dans son titre. Cette pièce, l’une des plus gaies de Musset, entremêle habilement les thèmes du romantisme avec une critique sociale mordante de l’aristocratie et du clergé.

Le personnage de Valentin incarne le double littéraire de Musset lui-même. Les similitudes entre l’auteur et son protagoniste sont frappantes : tous deux partagent une vie de dandy, marquée par le libertinage et une profonde méfiance envers l’amour durable. Cette dimension autobiographique confère à l’œuvre une authenticité particulière, notamment dans la description des tourments amoureux.

La construction dramatique repose sur un subtil jeu de miroirs et de manipulations. Si Valentin pense mener la danse avec son stratagème de séduction, c’est finalement Cécile qui se révèle la plus habile stratège. Derrière son apparente naïveté se cache une lucidité redoutable qui sape « avec délices, amour et orgues » les certitudes du héros.

L’œuvre présente des parallèles significatifs avec « On ne badine pas avec l’amour », autre proverbe dramatique de Musset. Les deux pièces partagent le même découpage en trois actes et sondent le thème du refus du mariage, motivé par la peur d’un amour éphémère. Toutefois, là où « On ne badine pas avec l’amour » s’achève dans la tragédie, « Il ne faut jurer de rien » opte pour une résolution heureuse.

La pièce a connu plusieurs versions (1836, 1848 et 1853) et a traversé différentes périodes politiques, de Louis-Philippe à Napoléon III. Cette évolution témoigne de la capacité de Musset à adapter son œuvre tout en conservant sa question fondamentale : « À quoi rêvent les jeunes filles ? » Une adaptation cinématographique récente par Éric Civanyan en 2005, avec Gérard Jugnot, Jean Dujardin et Mélanie Doutey, prouve la pérennité et l’universalité de cette réflexion sur l’amour et ses paradoxes.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 128 pages.

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