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Romans de Yasmina Khadra – Notre sélection

Yasmina Khadra en 10 romans – Notre sélection

Mohammed Moulessehoul, connu sous le pseudonyme de Yasmina Khadra, est un écrivain algérien né le 10 janvier 1955 à Kenadsa, dans le Sahara algérien. À l’âge de neuf ans, son père, officier de l’ALN blessé en 1958, l’envoie dans un lycée militaire. Il servira ensuite comme officier dans l’armée algérienne pendant 36 ans, notamment durant la guerre civile où il lutte contre les groupes terroristes.

C’est en 1997 qu’il adopte le pseudonyme de Yasmina Khadra, composé des deux prénoms de son épouse, pour publier son roman « Morituri ». Ce choix du pseudonyme féminin est à la fois un acte d’amour envers sa femme et un engagement pour l’émancipation de la femme musulmane.

En 2000, il quitte l’armée pour se consacrer entièrement à l’écriture et s’installe en France en 2001. Son identité masculine n’est révélée qu’à la publication de son roman autobiographique « L’Écrivain » la même année.

Son œuvre, traduite en 53 langues et publiée dans 56 pays, aborde des thèmes comme l’intolérance, le terrorisme et le dialogue entre Orient et Occident. Parmi ses livres les plus célèbres figurent « Les Hirondelles de Kaboul », « L’Attentat » (Prix des Libraires 2006) et « Ce que le jour doit à la nuit ». Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma et au théâtre.

Reconnu internationalement, Yasmina Khadra a reçu de nombreuses distinctions, dont le Grand Prix de Littérature Henri Gal de l’Académie française en 2011. Il est également Chevalier de la Légion d’honneur.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Ce que le jour doit à la nuit (2008)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans l’Algérie des années 1930, le jeune Younes vit avec sa famille sur des terres agricoles jusqu’au jour où un incendie criminel détruit leurs récoltes. Ruinés, ils s’installent dans les bidonvilles d’Oran. Face à la misère grandissante, son père le confie à son oncle, un pharmacien marié à une Française. Rebaptisé Jonas, l’enfant intègre alors le monde privilégié des colons.

À Rio Salado, Jonas grandit au sein d’une bande d’amis inséparables, découvre les premiers émois amoureux et s’éprend d’Émilie, une jeune Française. Mais les tensions montent en Algérie et la guerre d’indépendance éclate. Déchiré entre ses origines et son éducation européenne, entre sa loyauté envers ses amis et son amour pour Émilie, Jonas peine à trouver sa place dans ce pays qui se déchire.

Salué par la critique à sa sortie en 2008, ce livre de Yasmina Khadra met en lumière les contradictions et la complexité de l’Algérie coloniale. Les personnages, pétris d’humanité, évoluent dans une narration où la poésie adoucit la violence des événements historiques sans l’édulcorer. La dualité du héros, symbolisée par ses deux prénoms, incarne toute l’ambiguïté de cette période trouble.

Aux éditions POCKET ; 448 pages.


2. Les Vertueux (2022)

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En 1914, dans un douar d’Algérie sous domination française, le jeune berger Yacine Chéraga mène une existence simple auprès des siens. Sa vie bascule lorsque le caïd local le force à partir combattre en France sous l’identité de son propre fils. En échange, il promet à Yacine terres et protection pour sa famille.

Après quatre années dans l’enfer des tranchées aux côtés de ses frères d’armes du 7e Régiment de Tirailleurs Algériens, Yacine rentre au pays. Mais le caïd cherche à l’éliminer et sa famille a disparu. Commence alors une longue errance à travers l’Algérie coloniale. D’Oran au Sahara, des camps de rebelles au terrible bagne de Biribi, Yacine affronte trahisons et injustices sans jamais perdre son humanité ni renoncer à retrouver les siens.

Cette grande fresque romanesque de Yasmina Khadra, dédiée à sa mère illettrée, dépeint vingt-cinq ans d’histoire algérienne à travers le destin d’un homme droit malmené par le sort. Les scènes de guerre égalent la puissance d’un Dorgelès, tandis que l’évocation de l’Algérie profonde résonne de vérité. Par touches successives se dessine le portrait d’une société fracturée, où la violence côtoie la solidarité, où l’espoir survit malgré tout.

Aux éditions POCKET ; 512 pages.


3. Les Hirondelles de Kaboul (2002)

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Dans les ruines brûlantes de Kaboul au début des années 2000, la mort rôde sous le joug des talibans. Les exécutions publiques et les lapidations rythment le quotidien d’une ville où même le rire est devenu suspect.

Atiq, ancien moudjahid devenu geôlier, traîne sa peine entre les murs de la prison pour femmes et son foyer où Mussarat, son épouse malade, se meurt à petit feu. De leur côté, Mohsen et sa femme Zunaira tentent de préserver leur amour malgré la misère qui les entoure. Lui rêvait d’une carrière de diplomate, elle excellait comme avocate avant que les talibans ne réduisent leurs ambitions à néant. Un jour, Mohsen avoue à Zunaira avoir participé à la lapidation d’une femme. Cet aveu déclenche une dispute qui aura des conséquences tragiques.

Les destins de ces deux couples s’entremêlent quand Zunaira se retrouve dans la prison d’Atiq, condamnée à mort. Face à cette femme d’une beauté bouleversante, le geôlier voit son monde basculer. Sa femme Mussarat, consciente du trouble qui habite son mari, propose alors un sacrifice qui changera leur destin à tous.

Les mots percutants de Yasmina Khadra frappent au cœur en révélant la cruauté d’un régime qui déshumanise autant les bourreaux que les victimes. Dans ce roman publié en 2002, chaque scène résonne comme un coup de cravache, chaque dialogue transpire la peur et l’oppression. Premier volet d’une trilogie, ce texte court mais incisif a été adapté en film d’animation en 2019 par Zabou Breitman.

Aux éditions POCKET ; 160 pages.


4. L’Attentat (2005)

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Tel-Aviv, 2005. Le docteur Amine Jaafari accumule les succès : chirurgien respecté, mari comblé, il incarne la réussite d’un Palestinien dans la société israélienne. Sa vie bascule le jour où un attentat frappe un restaurant du centre-ville. Après des heures passées à opérer les victimes, il doit identifier le corps de la kamikaze. L’impensable se produit : c’est Sihem, sa femme, qui s’est fait exploser au milieu des clients.

Effondré, d’abord incrédule puis rongé par la culpabilité de n’avoir rien vu venir, Amine part sur les traces de son épouse. Comment cette femme qu’il croyait connaître par cœur, cette compagne de quinze ans qui ne portait pas le voile et menait une vie occidentale, a-t-elle pu basculer dans le terrorisme ? Sa quête le mène des quartiers huppés de Tel-Aviv aux camps palestiniens, où il redécouvre la réalité brutale d’un conflit qu’il avait voulu ignorer.

« L’Attentat » a reçu le Prix des Libraires en 2006 et fait partie d’une trilogie avec « Les Hirondelles de Kaboul » et « Les Sirènes de Bagdad ». La force du livre tient dans sa capacité à saisir l’essence du conflit israélo-palestinien sans prendre parti. Les mots de Yasmina Khadra frappent juste et dur, sans tomber dans le piège du manichéisme ni de la moraline. Chaque page résonne avec une actualité qui, près de vingt ans après la publication, n’a rien perdu de son intensité.

Aux éditions POCKET ; 256 pages.


5. Les Sirènes de Bagdad (2006)

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Dans l’Irak post Saddam Hussein, un jeune Bédouin mène une existence paisible à Kafr Karam, village isolé du désert. Étudiant en lettres contraint d’interrompre ses études à cause de la guerre, il observe avec distance les tensions qui déchirent son pays, jusqu’au jour où des soldats américains font irruption dans sa maison familiale.

L’humiliation infligée à son père, dénudé devant ses enfants, bouleverse sa vie. Rongé par la honte et la colère, il quitte son village pour Bagdad où il erre dans une ville ravagée par les attentats et les règlements de compte entre sunnites et chiites. Il finit par rejoindre un groupe de fedayins qui lui confient une mission d’une ampleur inédite : se faire inoculer un virus mortel pour contaminer l’Occident depuis Londres.

Cette histoire d’une radicalisation trace le parcours d’un jeune homme sensible transformé par la violence et l’humiliation. Sans jamais tomber dans le manichéisme, Yasmina Khadra démonte les mécanismes qui poussent un être pacifique vers l’extrémisme. Les personnages opposent différentes visions du conflit entre Orient et Occident, tandis que la narration à la première personne nous fait ressentir la montée progressive de la haine chez le protagoniste, son cheminement psychologique qui le mène au terrorisme.

Aux éditions POCKET ; 320 pages.


6. Khalil (2018)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Paris, 13 novembre 2015. Khalil s’apprête à perpétrer un attentat-suicide dans le métro parisien, pendant qu’au Stade de France se déroule un match de football. Ce jeune Belge de Molenbeek, d’origine marocaine, fait partie d’un commando de quatre kamikazes. Mais sa ceinture d’explosifs ne fonctionne pas. Contraint de fuir, il regagne la Belgique, rongé par la peur d’être considéré comme un lâche par ses « frères ».

De retour dans son quartier, Khalil doit mentir à tous : à sa famille qui ignore tout de sa radicalisation, à son ami d’enfance Rayan qui a choisi une autre voie, à sa sœur jumelle Zahra dont il est proche. Entre les reproches de ses commanditaires et les questions de ses proches, le doute commence à s’insinuer dans son esprit. Quand il apprend qu’une nouvelle mission l’attend à Marrakech, ses certitudes vacillent davantage.

Le roman dévoile l’itinéraire d’un jeune en déshérence, happé par l’islamisme radical. Sans emploi ni perspectives, en rupture avec sa famille et la société, Khalil trouve dans la mosquée une reconnaissance et un sens à sa vie. Le lavage de cerveau opéré par les « frères » transforme sa frustration en haine meurtrière.

La narration à la première personne nous transporte au cœur de la psyché d’un terroriste. Les scènes où Khalil affronte le regard de ses proches atteignent une intensité rare. Cette proximité avec un personnage qui prépare le pire crée un malaise salutaire, qui interroge les failles de notre société.

Aux éditions POCKET ; 240 pages.


7. Les anges meurent de nos blessures (2013)

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Dans l’Algérie coloniale des années 1920, un jeune homme surnommé Turambo, du nom de son village natal, survit de petits boulots dans les rues d’Oran. Son destin bascule le jour où son direct du gauche attire l’attention d’un entraîneur de boxe. Sous la houlette de DeStefano et de son ami Gino, il s’élève rapidement dans le milieu de la boxe jusqu’à devenir champion d’Afrique du Nord.

Mais dès les premières pages, nous savons que Turambo finira sur l’échafaud. Entre son ascension fulgurante et sa chute tragique se dessine le portrait d’un homme simple, à la recherche perpétuelle de l’amour. De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, ses histoires de cœur jalonnent son parcours et le mènent inexorablement vers son destin funeste. Dans une société où les « araberbères » subissent quotidiennement le mépris des colons, sa gloire sur le ring ne suffira pas à le protéger.

La force du texte tient dans sa capacité à entremêler l’intime et le social, la violence du ring et la douceur des sentiments. Les combats de boxe deviennent la métaphore d’une société brutale où chaque coup peut être fatal. Les descriptions d’Oran, de ses ruelles et de ses habitants composent une fresque saisissante de l’entre-deux-guerres. 

Aux éditions POCKET ; 456 pages.


8. À quoi rêvent les loups (1999)

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À la fin des années 1980, dans une Algérie au bord du chaos, Nafa Walid rêve de devenir acteur. Ce jeune homme d’origine modeste décroche un emploi de chauffeur auprès d’une des familles les plus puissantes d’Alger. Une nuit, on lui ordonne de faire disparaître le corps d’une adolescente morte d’overdose dans le lit du fils de ses employeurs. S’il refuse, il sera accusé du meurtre.

Traumatisé, Nafa quitte son travail et trouve refuge dans la religion. Les groupes islamistes, qui recrutent massivement parmi les jeunes désœuvrés, l’accueillent et lui donnent un sentiment d’appartenance. Peu à peu, il s’enfonce dans une spirale infernale qui le transforme en tueur impitoyable, jusqu’à commettre l’impensable : égorger un bébé.

L’histoire de Nafa illustre la tragédie d’une génération prise au piège entre corruption et extrémisme religieux. Yasmina Khadra, ancien officier de l’armée algérienne, a combattu ces groupes terroristes. Son témoignage résonne avec une force particulière à l’heure où le fanatisme continue de séduire les âmes perdues.

Aux éditions POCKET ; 288 pages.


9. L’Équation africaine (2011)

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Allemagne, de nos jours. Le docteur Kurt Krausmann ne se remet pas du suicide de sa femme Jessica. Cette dernière, cadre brillante, n’a pas supporté d’avoir manqué une promotion et s’est donné la mort dans leur appartement de Francfort. Pour sortir son ami de la dépression, Hans Makkenroth l’invite à participer à une mission humanitaire aux Comores à bord de son voilier.

Mais au large des côtes somaliennes, leur bateau est pris d’assaut par des pirates. Les deux hommes sont faits prisonniers et transférés dans un campement clandestin où ils rencontrent Bruno, un otage français oublié de tous. Commence alors une longue descente aux enfers, entre conditions de détention effroyables et proximité avec des mercenaires sans pitié. Hans est séparé du groupe pour être monnayé contre une forte rançon. Kurt parvient à s’échapper et trouve refuge dans un camp de la Croix-Rouge au Darfour.

Ce roman oppose habilement deux réalités : celle d’une Europe prospère où l’on peut se suicider pour une promotion manquée, et celle d’une Afrique où chaque jour est une lutte pour la survie. Les dialogues percutants, souvent philosophiques, donnent à cette histoire une profondeur qui dépasse le simple récit d’aventure.

Aux éditions POCKET ; 352 pages.


10. Qu’attendent les singes (2014)

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Dans l’Algérie contemporaine, une jeune étudiante est retrouvée assassinée dans la forêt de Baïnem, près d’Alger. Son corps est nu, avec un sein arraché. L’enquête est confiée à la commissaire Nora Bilal, qui devra composer avec une équipe peu enthousiaste à l’idée d’être dirigée par une femme.

Épaulée par l’inspecteur Zine, devenu impuissant suite à un attentat, et par le lieutenant Guerd qui supporte mal son autorité, Nora remonte la piste jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Elle se heurte alors à la figure redoutable de Hadj Saâd Hamerlaine, un « rboba » – décideur de l’ombre – qui tire les ficelles de la politique et des médias algériens. Dans ce système gangrené par la corruption, où les témoins sont éliminés les uns après les autres, la commissaire voit sa propre homosexualité utilisée comme moyen de chantage.

Ce thriller politique de Yasmina Khadra, paru en 2014, dresse un portrait sans concession de l’Algérie moderne. Les descriptions acérées de la société algérienne s’entremêlent avec une intrigue policière tendue qui ne laisse aucun répit. La violence du propos n’exclut pas quelques touches poétiques, tandis que la fin, bien que brutale, laisse entrevoir une lueur d’espoir pour ce « magnifique peuple » cher à l’auteur.

Aux éditions POCKET ; 320 pages.

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