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Val McDermid en 8 polars – Notre sélection

Val McDermid en 8 polars noirs – Notre sélection

Val McDermid est une écrivaine britannique de romans policiers, née le 4 juin 1955 à Kirkcaldy en Écosse. Brillante étudiante, elle marque l’histoire en devenant à 17 ans la première élève d’une école publique écossaise à intégrer le prestigieux St Hilda’s College de l’Université d’Oxford.

Après ses études, elle travaille comme journaliste pendant quinze ans à Glasgow et Manchester. Engagée politiquement à gauche pendant l’ère Thatcher, elle écrit son premier roman policier « Report for Murder » en 1987, qui lance sa carrière d’écrivaine.

Son œuvre, ancrée dans ses convictions féministes, comprend quatre séries majeures avec des personnages récurrents : la journaliste Lindsay Gordon, la détective Kate Brannigan, le duo formé par le profileur Tony Hill et l’inspectrice Carol Jordan, et plus récemment l’enquêtrice Karen Pirie. Ses romans s’inscrivent dans le courant du « tartan noir », mêlant roman noir et culture écossaise.

Autrice prolifique, elle a reçu de nombreuses distinctions, dont le prestigieux Gold Dagger Award en 1995 pour « The Mermaids Singing » et le Cartier Diamond Dagger en 2010 pour l’ensemble de sa carrière. En parallèle de son activité d’écrivaine, elle collabore avec la BBC et travaille comme critique littéraire.

Val McDermid vit aujourd’hui à Manchester avec son épouse, la géographe Jo Sharp, et partage son temps entre la ville et une maison de campagne dans le Northumberland.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Une enquête de Carol Jordan et Tony Hill – La fureur dans le sang (1997)

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Résumé

Dans l’Angleterre de la fin des années 1990, Tony Hill dirige une nouvelle cellule de profilage criminel où il forme de jeunes policiers aux techniques d’analyse comportementale. Lors d’un exercice sur d’anciennes disparitions d’adolescentes, l’une de ses recrues, l’inspectrice Shaz Bowman, découvre un lien troublant : les victimes ont toutes disparu dans des villes où se produisait Jacko Vance, un présentateur télé adulé du public britannique.

Pendant ce temps, l’inspectrice-chef Carol Jordan enquête sur une série d’incendies criminels dans le Yorkshire. Les deux affaires vont bientôt se rejoindre. Car derrière le sourire charismatique de Jacko Vance se cache un prédateur méthodique qui ne laisse aucune trace. Mais comment prouver la culpabilité d’un homme que tout le pays considère comme un héros ?

Autour du livre

Particularité de ce thriller paru en 1997 : le meurtrier est dévoilé dès les premières pages. Le suspense ne repose pas sur son identité mais sur la manière dont les enquêteurs vont réussir à le confondre, dans un contexte où sa notoriété le rend pratiquement intouchable. Le livre s’inspire librement du scandale Jimmy Savile qui a secoué la BBC : un présentateur vedette a pu dissimuler pendant des décennies ses crimes grâce à son aura médiatique.

« La fureur dans le sang » se déroule en 1998, à l’aube de l’ère numérique. L’absence de téléphones portables sophistiqués et de réseaux sociaux influence considérablement le déroulement de l’enquête. Les caméras de surveillance, encore peu répandues à l’époque, commencent tout juste à faire leur apparition dans le paysage urbain britannique. Ce contexte technologique limité accroît les difficultés auxquelles font face les enquêteurs.

Les critiques saluent notamment la construction des personnages secondaires et leur destin imprévisible. Par exemple, Val McDermid suit pendant une centaine de pages l’inspectrice Shaz Bowman avant de la transformer brutalement en victime du tueur en série. Cette technique narrative audacieuse renforce l’idée qu’aucun protagoniste n’est à l’abri.

L’intrigue s’inscrit dans une réflexion plus large sur le pouvoir des médias et le monde du spectacle. Le criminel, présentateur vedette adulé du public, incarne la face sombre du star-system britannique. Son charisme et sa popularité le rendent pratiquement intouchable, questionnant ainsi les liens entre célébrité, pouvoir et impunité.

Aux éditions J’AI LU ; 512 pages.


2. Une enquête de Carol Jordan et Tony Hill – La souffrance des autres (2004)

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Résumé

Traumatisée par un viol subi lors d’une mission sous couverture, Carol Jordan prend un nouveau départ à la tête d’une brigade d’élite à Bradfield. Ses supérieurs lui font confiance, mais son équipe reste sceptique sur sa capacité à diriger après un tel traumatisme. Deux affaires mettent immédiatement son leadership à l’épreuve : des enfants disparus depuis plusieurs mois et le meurtre de prostituées selon un mode opératoire similaire à celui d’un tueur déjà sous les verrous.

Tony Hill, profileur et ami proche de Carol, s’installe lui aussi à Bradfield pour l’épauler. Entre eux, une tension palpable persiste, alimentée par leur proximité nouvelle – elle devient sa locataire – et leur passé tumultueux. L’enquête prend un tournant dramatique quand une membre de l’équipe tombe aux mains du tueur.

Autour du livre

« La souffrance des autres » est le quatrième volet des enquêtes du duo Carol Jordan et Tony Hill. L’épaisseur psychologique des personnages s’affirme comme le point fort du roman. À travers le personnage de Carol Jordan, Val McDermid aborde avec justesse la reconstruction d’une femme après un viol, sans tomber dans le piège du pathos ou de la victimisation. Le traumatisme devient un élément moteur qui nourrit l’intrigue et influence les relations entre les personnages.

Le duo formé par Carol Jordan et Tony Hill occupe une place centrale. Leur relation ambiguë, teintée d’une attirance non avouée, crée une tension sous-jacente qui se mêle habilement à l’enquête. Tony Hill se révèle un personnage complexe, parfois dérangeant dans ses méthodes pour comprendre la psychologie des tueurs.

Les membres de la nouvelle brigade d’élite ne servent pas de simples faire-valoir mais s’intègrent à l’intrigue à travers des portraits fouillés qui se dévoilent progressivement. Val McDermid dépeint avec tact les dynamiques de groupe, les doutes et les rivalités qui émergent face à une supérieure fragilisée.

La narration alterne entre différents points de vue, dont celui du tueur. Si certains critiques jugent ces passages répétitifs, ils participent à la construction d’une tension psychologique qui culmine dans une course contre la montre haletante. Cette structure narrative démontre la maîtrise de Val McDermid dans l’art du thriller psychologique, genre qui lui a permis de toucher plus de douze millions de lecteurs.

Aux éditions J’AI LU ; 480 pages.


3. Une enquête de Carol Jordan et Tony Hill – Fièvre (2009)

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Résumé

Dans l’Angleterre de 2009, le corps mutilé d’une adolescente est retrouvé près de Worcester. Le profileur Tony Hill et l’inspectrice en chef Carol Jordan découvrent rapidement qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé : un tueur en série cible des jeunes gens via le réseau social RigMarole. L’assassin, tel un caméléon, gagne leur confiance en ligne en simulant des centres d’intérêt communs avant de les attirer vers une mort certaine.

La situation se complique davantage quand James Black, le nouveau commandant territorial, décide de se passer des services de Tony Hill pour des raisons budgétaires. La Brigade des Enquêtes Prioritaires de Carol Jordan se retrouve alors en sursis, avec seulement trois mois pour démontrer son utilité. Pendant que Carol enquête à Bradfield, Tony est sollicité à Worcester, où l’attend l’héritage inattendu de son père, qu’il n’a jamais connu.

Autour du livre

« Fièvre » s’inscrit dans la continuité des enquêtes de Tony Hill et Carol Jordan, tout en creusant davantage la psychologie des personnages principaux. L’histoire s’articule autour de deux axes majeurs : l’enquête sur les meurtres d’adolescents et l’évolution personnelle de Tony Hill, qui découvre l’héritage de son père absent. Cette dualité narrative permet d’approfondir la personnalité du profileur, hanté par son passé familial.

Il convient de souligner la modernité du propos, notamment dans le traitement des réseaux sociaux et de leurs dangers potentiels. Le contexte de 2009, avec l’émergence des plateformes en ligne, confère à l’intrigue une résonance particulière. La surveillance numérique et la protection des données personnelles s’entremêlent aux enjeux de l’enquête criminelle, créant une tension supplémentaire.

Les restrictions budgétaires qui menacent la Brigade des Enquêtes Prioritaires ajoutent une dimension réaliste à l’histoire. Cette contrainte administrative, loin d’être un simple artifice narratif, reflète les problématiques concrètes du travail policier. La présence d’un « cold case » en parallèle de l’enquête principale étoffe la trame sans alourdir le récit.

La fin, qualifiée d’inattendue par plusieurs critiques, déjoue les attentes habituelles du genre. Le dénouement bouleverse les codes tout en maintenant sa cohérence avec l’ensemble du récit. La relation entre Carol et Tony continue d’évoluer, laissant entrevoir de nouvelles perspectives pour les prochains volets de la série.

Ce sixième tome de la série peut se lire indépendamment des précédents, même si la connaissance des autres opus permet de mieux saisir les relations entre les personnages.

Aux éditions J’AI LU ; 512 pages.


4. Une enquête de Carol Jordan et Tony Hill – Châtiments (2011)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

La Brigade des Enquêtes Prioritaires de Bradfield vit ses dernières heures. L’inspectrice Carol Jordan et son équipe doivent résoudre une ultime affaire : plusieurs prostituées ont été sauvagement assassinées, leurs corps marqués d’un inquiétant tatouage au poignet. Le profileur Tony Hill, malgré son éviction officielle pour raisons budgétaires, continue d’épauler l’équipe.

La situation bascule quand ils apprennent l’évasion de Jacko Vance. Cet ancien présentateur vedette, condamné pour le meurtre de dix-sept adolescentes, n’a jamais digéré son arrestation par Carol Jordan et Tony Hill. Durant ses années en prison, il a élaboré un plan méticuleux pour détruire tous ceux qui ont contribué à sa chute. Grâce à sa fortune et à ses nombreux soutiens qui croient encore en son innocence, il dispose de moyens considérables.

Le duo d’enquêteurs se retrouve dans une course contre la montre. Ils doivent à la fois traquer un tueur de prostituées et déjouer les plans d’un psychopathe assoiffé de vengeance. Mais Vance frappe toujours là où on ne l’attend pas.

Autour du livre

« Châtiments » est le septième volet des enquêtes du tandem Tony Hill – Carol Jordan. La lecture préalable des tomes précédents, en particulier « La fureur dans le sang » qui présente le personnage de Jacko Vance, permet de mieux saisir les enjeux et la profondeur psychologique des protagonistes.

Le duo formé par Carol Jordan et Tony Hill défie les codes habituels : ils partagent le même toit sans former un couple, entretenant une complicité qui joue avec les frontières du privé et du professionnel. Tony Hill incarne un profileur atypique, maladroit dans ses rapports humains, accro aux jeux vidéo et dont la vie tient dans un sac plastique bleu. Sa capacité à pénétrer l’esprit des tueurs le place dans une zone grise inquiétante, à la limite du basculement.

La Brigade des Enquêtes Prioritaires (BEP) compose une galerie de personnages qui s’éloigne des stéréotypes du genre : pas de flic solitaire et alcoolique, mais une équipe soudée aux profils variés, incluant notamment une hackeuse paranoïaque et une enquêtrice lesbienne. Face à eux, Jacko Vance s’impose comme un antagoniste d’exception : ancien athlète et présentateur télé charismatique, son intelligence et sa fortune en font un prédateur d’autant plus redoutable qu’il maîtrise les codes sociaux.

Les critiques soulignent la dimension psychologique prononcée de ce septième opus, où les relations humaines prennent le pas sur les mécaniques d’enquête traditionnelles. Sans sacrifier la tension narrative, « Châtiments » privilégie l’exploration des failles et des traumatismes de ses protagonistes. Une réflexion sur la nature de la vengeance et ses répercussions sur ceux qui la subissent comme sur ceux qui l’exercent.

Aux éditions J’AI LU ; 480 pages.


5. Une enquête de Carol Jordan et Tony Hill – Une victime idéale (2013)

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Résumé

Dans une petite ville du Yorkshire, un tueur en série traque des femmes blondes aux yeux bleus. Après les avoir enlevées, il les séquestre. Il recherche une épouse parfaite, totalement soumise. Quand ses victimes ne répondent pas à ses attentes, il les torture et les assassine avec une violence inouïe.

L’enquête est menée par Paula McIntyre, récemment promue lieutenant après le démantèlement de la Brigade des Enquêtes Prioritaires. Elle travaille désormais sous les ordres d’Alex Fielding, une commissaire rigide et carriériste. Le profiler Tony Hill, consulté sur l’affaire, se retrouve rapidement sur le banc des accusés quand des preuves l’incriminent. Son ancienne collègue et amie Carol Jordan, qui s’était retirée de la police suite à un drame personnel, sort alors de sa retraite pour tenter de le disculper.

Cette nouvelle enquête ravive les blessures du passé : Carol tient toujours Tony pour responsable de la mort de son frère et de sa belle-sœur, assassinés par le tueur en série Jacko Vance lors de leur précédente affaire. Entre culpabilité et rancœur, les deux anciens partenaires doivent mettre leurs différends de côté pour arrêter un prédateur avant qu’il ne frappe à nouveau. Mais ce dernier a déjà repéré sa prochaine proie et s’apprête à passer à l’action.

Autour du livre

« Une victime idéale » est le huitième volet des enquêtes du duo Tony Hill et Carol Jordan. Cette nouvelle affaire marque un tournant dans la série : la Brigade des Enquêtes Prioritaires n’existe plus, ses membres se sont dispersés dans différents services, les relations entre les personnages principaux atteignent un point de rupture. Le traumatisme causé par Jacko Vance, le tueur de l’opus précédent, continue de résonner à travers les pages.

L’engagement féministe de Val McDermid transparaît dans sa manière de traiter la conception du rôle des femmes et les mauvais traitements qu’elles subissent. Le profil psychologique du tueur, qui recherche une épouse soumise correspondant aux stéréotypes des années 50, sert de contrepoint aux personnages féminins forts comme Carol Jordan et Paula McIntyre. Cette dernière prend d’ailleurs une importance croissante dans l’intrigue, accompagnée de sa compagne Elinor.

La narration alterne les points de vue entre Paula, le meurtrier, les victimes, Carol et Tony. Cette structure place le lecteur dans une position particulière : il en sait toujours un peu plus que les enquêteurs. Les chapitres consacrés au psychopathe s’avèrent particulièrement glaçants, sans jamais tomber dans le voyeurisme gratuit grâce à une suggestion de l’horreur plutôt qu’une description explicite.

Val McDermid puise dans son expérience de journaliste pour donner de la crédibilité aux méthodes d’enquête. Ce souci d’authenticité lui a valu plusieurs distinctions prestigieuses dont le Diamond Dagger Award, le Gold Dagger Award et l’Anthony Award. La BBC a d’ailleurs adapté plusieurs romans de la série, preuve de leur pouvoir d’évocation et de leur qualité narrative.

Aux éditions J’AI LU ; 576 pages.


6. Une enquête de Karen Pirie – Quatre garçons dans la nuit (2003)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Décembre 1978, St Andrews en Écosse. Quatre étudiants rentrent d’une soirée bien arrosée quand ils découvrent le corps de Rosie Duff, une barmaid qu’ils connaissent bien. La jeune femme, violée et poignardée, succombe à ses blessures malgré leurs tentatives pour la sauver. Ils alertent immédiatement la police, mais passent rapidement du statut de témoins à celui de suspects.

Faute de preuves tangibles, l’enquête piétine. Pourtant, la suspicion s’installe durablement. Les frères de la victime, persuadés de leur culpabilité, les harcèlent sans relâche. L’opinion publique les condamne. Leur amitié, jusque-là indéfectible, commence à se lézarder sous le poids des non-dits et des doutes.

Vingt-cinq ans plus tard, en 2003, les progrès de la police scientifique permettent de rouvrir ce « cold case ». Alors que les quatre hommes ont reconstruit leurs vies, le passé ressurgit brutalement. L’un d’eux est retrouvé mort, puis un autre. La vérité sur cette nuit de décembre 1978 menace d’éclater au grand jour.

Autour du livre

« Quatre garçons dans la nuit » marque la première apparition de l’inspectrice Karen Pirie, qui deviendra ensuite le personnage central d’une série de romans policiers. Val McDermid, originaire de Kirkcaldy comme ses personnages, y développe une réflexion sur les mécanismes de la suspicion et ses effets dévastateurs sur le tissu social.

La force du récit tient dans le portrait minutieux des quatre protagonistes : Ziggy, fils d’un émigré polonais juif et étudiant en médecine ; Alex Gilly, passionné d’histoire de l’art ; Weird, le mathématicien fantasque ; et Mondo, francophone émérite. Leurs caractères dissemblables mais complémentaires créent une dynamique complexe qui se désagrège sous la pression des événements. La narration suit principalement Alex, témoin privilégié de cette déliquescence.

Le contexte des années 1970 imprègne la première partie du livre : la musique y occupe une place prépondérante, avec des références à David Bowie et aux Pink Floyd. Les préjugés de l’époque, notamment l’homophobie dont souffre Ziggy, ajoutent une dimension sociale percutante. La seconde partie, située en 2003, met en lumière l’évolution des techniques d’investigation, particulièrement l’avènement des tests ADN.

McDermid s’attache aux spécificités de la loi criminelle écossaise, où une condamnation ne peut reposer sur de simples aveux : les preuves matérielles restent indispensables. Cette particularité juridique structure l’ensemble de l’intrigue et renforce sa crédibilité. Le cadre géographique de St Andrews, avec son université prestigieuse et son atmosphère maritime, ne sert pas uniquement de toile de fond mais participe pleinement à l’ambiance du récit.

La construction en deux époques permet d’observer comment le traumatisme initial a façonné la vie des protagonistes. Chacun a réussi professionnellement, mais porte encore les stigmates de cette nuit fatidique. Cette architecture narrative souligne l’impossibilité d’échapper à son passé, thème central qui sous-tend l’ensemble de « Quatre garçons dans la nuit ».

Aux éditions J’AI LU ; 464 pages.


7. Une enquête de Karen Pirie – Sans laisser de traces (2008)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En 2007, l’inspectrice Karen Pirie, responsable des affaires non résolues en Écosse, se retrouve confrontée à deux enquêtes distinctes. La première concerne Mick Prentice, un mineur disparu en 1984 pendant la grande grève qui opposait les syndicats au gouvernement Thatcher. Sa fille Misha sollicite la police pour le retrouver : son fils malade nécessite une greffe de moelle osseuse et son père pourrait être compatible.

En parallèle, une journaliste, Bel Richmond, découvre en Toscane un indice crucial concernant l’enlèvement de Catriona Maclennan Grant et de son bébé, survenu la même année. L’affaire s’était soldée par la mort de la jeune femme lors de la remise de rançon et la disparition de l’enfant. Le père de la victime, puissant homme d’affaires écossais, n’a jamais cessé de rechercher son petit-fils.

Ces deux cold cases, en apparence sans lien, vont peu à peu révéler des connexions inattendues. Des secrets enfouis depuis plus de vingt ans, mettant au jour la face sombre d’une communauté ouvrière meurtrie par les années Thatcher.

Autour du livre

« Sans laisser de traces » prend racine dans un contexte historique précis : la grande grève des mineurs britanniques de 1984-1985. Cette période de confrontation avec le gouvernement Thatcher, qualifiée par les médias de « La Dame de fer contre les hommes du charbon », a mis à genoux toute une population ouvrière. Val McDermid, petite-fille de mineurs écossais, dédie d’ailleurs son livre à ses grands-parents qui lui ont « montré ce qu’est l’amour » et « enseigné l’esprit de communauté », tout en n’oubliant jamais « l’humiliation que l’on ressent à faire la queue à la soupe populaire pour nourrir ses enfants. »

Cette dimension autobiographique se reflète dans la précision avec laquelle sont décrits les lieux, notamment le Fife écossais – Newton of Wemyss, East Wemyss, Kirkcaldy – où la romancière a passé son enfance. La trame historique ne sert pas simplement de toile de fond : elle structure profondément les personnages et leurs motivations. Les communautés minières apparaissent dans toute leur complexité, loin des images d’Épinal, avec leurs solidarités mais aussi leurs trahisons.

L’alternance entre l’Écosse et la Toscane, entre 1984 et 2007, crée un contraste saisissant qui met en relief les cicatrices laissées par ce conflit social majeur. Les personnages féminins se distinguent par leur force de caractère : l’inspectrice Karen Pirie lutte dans un univers masculin hostile, tandis que l’héritière assassinée incarnait une femme libre malgré sa condition privilégiée.

À travers cette histoire de disparitions et de secrets enfouis, Val McDermid réinvente les codes du roman noir à la Agatha Christie en les ancrant dans une réalité sociale puissante. La violence n’est pas celle de psychopathes sanguinaires mais celle, plus sourde, d’êtres ordinaires pris dans une spirale infernale. Les descriptions gourmandes des repas de Karen Pirie – comme ce « pithiviers de filet de pigeon parfaitement présenté, entouré de toutes petites pommes grenailles » – apportent des touches de légèreté bienvenues à ce tableau sombre d’une Écosse meurtrie.

Aux éditions J’AI LU ; 576 pages.


8. Une enquête de Karen Pirie – Hors limites (2016)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans les rues d’Édimbourg, un banal accident de la route fait ressurgir une affaire criminelle vieille de vingt ans. L’ADN d’un jeune conducteur correspond à celui du meurtrier d’une coiffeuse de Glasgow – or, l’adolescent n’était pas encore né à l’époque des faits ! Le commandant Karen Pirie, responsable des affaires non résolues, hérite de cette enquête délicate.

En parallèle, cette policière écossaise au caractère bien trempé s’intéresse au prétendu suicide d’un homme dont la mère est morte vingt ans plus tôt dans l’explosion d’un avion. Malgré les réticences de sa hiérarchie et le poids de son propre deuil – son mari policier a été tué en service -, Karen Pirie refuse de croire à la simple coïncidence.

Entre les ruelles nocturnes d’Édimbourg où elle combat ses insomnies et les obstacles administratifs qui ralentissent ses recherches, l’enquêtrice s’approche peu à peu de secrets que certains préféreraient garder enfouis, au péril de sa vie.

Autour du livre

En se démarquant des polars contemporains qui privilégient l’action spectaculaire, « Hors limites » de Val McDermid s’inscrit dans la tradition du roman policier procédural écossais. Cette quatrième enquête du commandant Karen Pirie met en scène une héroïne meurtrie par la perte récente de son mari, qui trouve dans son travail à l’unité des affaires historiques d’Édimbourg une forme de résilience. Les insomnies du personnage principal donnent lieu à des déambulations nocturnes dans la ville, occasions de rencontres avec des réfugiés syriens qui enrichissent la trame d’une dimension sociale contemporaine.

La construction du récit s’articule autour de deux enquêtes menées en parallèle : une affaire de viol et de meurtre vieille de vingt ans, relancée par une correspondance ADN, et le décès suspect d’un homme dont la mère avait péri dans un attentat non revendiqué par l’IRA. Cette double enquête permet d’aborder des thématiques variées comme l’adoption, le droit au respect de la filiation, les séquelles psychologiques du deuil.

Le duo formé par Karen Pirie et son adjoint Jason Murray, surnommé « la Menthe », rappelle celui du Département V de Jussi Adler-Olsen, tout en conservant sa singularité. Le personnage de Pirie se distingue par son caractère insubordonné et sa propension à outrepasser ses attributions, ce qui génère des tensions avec sa hiérarchie et notamment avec le commissaire Simon Lees.

McDermid évite les écueils du sensationnalisme en privilégiant une approche sobre et réaliste du travail policier. Les procédures administratives, les délais judiciaires et la minutie des investigations scientifiques sont décrits avec précision, offrant un contrepoint réaliste aux séries télévisées qui simplifient souvent ces aspects. Le traitement des cold cases s’éloigne des résolutions spectaculaires pour mettre l’accent sur la persévérance et la méthodologie d’investigation.

Aux éditions J’AI LU ; 544 pages.

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