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Timothée de Fombelle en 8 romans jeunesse – Notre sélection

Timothée de Fombelle en 8 romans jeunesse – Notre sélection

Timothée de Fombelle est un écrivain et dramaturge français né en 1973 à Paris. Fils d’un architecte-urbaniste et d’une conseillère conjugale, il passe une partie de son enfance en Côte d’Ivoire avant de poursuivre sa scolarité à Paris. Après des études littéraires au lycée Condorcet, il devient enseignant à La Courneuve.

Sa carrière artistique débute avec le théâtre : en 1990, il fonde la Troupe des Bords de Scène et se fait remarquer avec sa pièce « Le Phare » qui reçoit le Prix du Souffleur en 2002. En 2006, il se tourne vers la littérature jeunesse avec « Tobie Lolness », un roman qui connaît un succès international traduit en 29 langues. Il confirme ensuite avec d’autres œuvres majeures comme la saga « Vango » (2010-2011) et « Le Livre de Perle » (2014).

Sa trilogie la plus récente, « Alma » (2020-2024), qui traite de la traite négrière, démontre son engagement à aborder des sujets historiques complexes pour un jeune public. Son œuvre, régulièrement récompensée, lui a valu de nombreux prix littéraires. En 2020, il est fait Chevalier de l’ordre national du Mérite.

Voici notre sélection de ses romans jeunesse.


1. Alma – Le vent se lève (dès 11 ans, 2020)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

1786. Dans une vallée reculée d’Afrique vit Alma, treize ans, avec ses parents et ses deux frères. Leur existence paisible bascule le jour où Lam, le plus jeune, s’enfuit à dos de cheval pour découvrir le monde. Sans prévenir personne, Alma part à sa recherche. Elle ignore alors que leur père, jadis chasseur d’esclaves, se lance également sur leurs traces.

Pendant ce temps à Lisbonne, un jeune vagabond de treize ans, Joseph Mars, réussit à se glisser en secret sur La Douce Amélie. Ce navire négrier, commandé par l’impitoyable capitaine Gardel, s’apprête à faire route vers l’Afrique. Joseph est persuadé qu’un immense trésor se cache à bord. À La Rochelle, une autre intrigue se noue autour d’Amélie Bassac, la fille de l’armateur du navire.

Entre l’Europe, l’Afrique et les Antilles, ces trois destins vont se croiser dans la tourmente du commerce triangulaire. Premier volet d’une trilogie, ce roman entremêle l’histoire de l’esclavage avec une quête initiatique ponctuée de mystères et de trahisons.

Autour du livre

L’idée d’ « Alma » a germé dans l’esprit de Timothée de Fombelle il y a plus de trente ans, lors d’une visite des forteresses abandonnées sur la côte du Ghana. Face à ces prisons blanches où transitaient les esclaves africains avant leur déportation vers les Amériques, le romancier s’est juré de raconter un jour ce crime contre l’humanité. Treize années de maturation et de documentation historique ont été nécessaires pour donner naissance à cette fresque ambitieuse sur le commerce triangulaire.

Une dimension surnaturelle s’ajoute à la trame historique à travers le peuple des Okos, doté de pouvoirs particuliers : le chant pour la mère d’Alma, le jardinage pour son frère Soum, la chasse pour Alma elle-même. Cette touche de magie, inspirée des traditions africaines, insuffle une note d’espoir dans ce contexte historique sombre.

La sortie du livre suscite une polémique significative dans le monde anglo-saxon. L’éditeur Walker Books refuse de le publier, estimant qu’un auteur blanc ne peut légitimement s’approprier l’histoire de l’esclavage. Cette controverse soulève des questions fondamentales sur la légitimité des créateurs à aborder certains sujets historiques selon leur origine.

En France, « Alma » reçoit un accueil triomphal. Le premier tome remporte le Prix Sorcières catégorie « Carrément Passionnant maxi » 2021, le Prix Gulli du Roman 2020 et le prix #MonLivreDeLété 2020 de France Télévision. Le magazine Lire le désigne « Meilleur livre de l’année 2020 » dans la catégorie jeunesse. Le journaliste Laurent Marsick de RTL estime que cette « saga marquera à jamais la littérature jeunesse ».

Les illustrations en noir et blanc de François Place, déjà collaborateur sur « Tobie Lolness », accompagnent le texte. Ses dessins épurés transcrivent aussi bien l’atmosphère luxuriante de la forêt africaine que les scènes maritimes. Cette association entre le texte et l’image renforce la dimension immersive du récit.

Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 400 pages ; Dès 11 ans.


2. Vango – Entre ciel et terre (dès 12 ans, 2010)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Paris, 1934. Sur le parvis de Notre-Dame, Vango Romano s’apprête à devenir prêtre quand la police surgit pour l’arrêter. Accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, le jeune homme de 19 ans s’enfuit en escaladant la façade de la cathédrale. Mais ce ne sont pas seulement les forces de l’ordre qui le traquent : de mystérieux tueurs semblent également déterminés à l’éliminer.

L’histoire remonte alors seize ans en arrière, quand un petit garçon de trois ans et sa nourrice échouent sur une île des côtes siciliennes après un naufrage. Élevé dans ce havre isolé, Vango grandit sans rien connaître de ses origines ni de son passé. À 14 ans, poussé par un moine bienveillant, il part découvrir le monde avant de se destiner à la prêtrise. Mais son passé le rattrape et le force à fuir à travers l’Europe des années 1930.

Entre Paris, l’Écosse et l’Allemagne nazie, Vango va alors croiser le chemin d’une jeune aristocrate, d’un commandant de zeppelin opposé à Hitler, et d’une adolescente qui connaît tous les toits de Paris. Pendant ce temps, des agents de Staline et la police française suivent sa trace.

Autour du livre

Fort du succès de « Tobie Lolness », Timothée de Fombelle signe avec « Vango » une fresque ambitieuse qui conjugue fiction et réalité historique. Pour écrire ce premier tome, il a accumulé pendant plusieurs années des archives rares sur l’entre-deux-guerres : l’épopée du Graf Zeppelin, les exploits de Lindbergh, la France des années folles, la montée du nazisme.

La narration, construite comme un puzzle, alterne entre différentes époques et points de vue. Chaque chapitre ajoute sa pièce à l’énigme centrale. Les étudiants de l’École Louis Lumière et de la Fémis ont d’ailleurs adapté le roman dans un court-métrage, séduits par cette structure cinématographique.

La force de « Vango » réside aussi dans sa galerie de personnages secondaires. Hugo Eckener, commandant du Graf Zeppelin et opposant au nazisme, a réellement existé – tout comme le tour du monde en dirigeable de 1929 mentionné dans le livre. D’autres figures historiques apparaissent, comme Svetlana, la fille de Staline, ancrant solidement la fiction dans son contexte historique.

Si le livre s’adresse initialement à un public adolescent, il transcende largement cette catégorisation. Les critiques soulignent notamment sa capacité à traiter avec tact des thèmes complexes comme la montée des totalitarismes, le poids des secrets familiaux ou la quête identitaire. « Vango » fait écho aux grands romans d’aventures classiques : plusieurs critiques comparent son souffle romanesque à celui d’Alexandre Dumas, tandis que d’autres évoquent des similitudes avec Corto Maltese.

Cette première partie du diptyque s’achève sur de nombreuses questions en suspens. Le second tome, intitulé « Un prince sans royaume », promet de lever le voile sur les mystères qui entourent encore l’identité du protagoniste.

Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 432 pages ; Dès 12 ans.


3. Tobie Lolness – La vie suspendue (dès 10 ans, 2006)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Un millimètre et demi de haut : c’est la taille de Tobie Lolness, jeune habitant d’un chêne majestueux qui abrite tout un peuple miniature. Dans les Cimes, où résident les familles les plus influentes, Tobie grandit aux côtés de son père Sim, chercheur reconnu, et de sa mère Maïa. Mais leur vie bascule le jour où Sim refuse de dévoiler une invention qui, entre de mauvaises mains, pourrait anéantir l’écosystème fragile de l’arbre.

Condamnée à l’exil dans les dangereuses Basses-Branches, la famille Lolness s’adapte tant bien que mal à sa nouvelle vie. Cinq ans plus tard, le terrible Jo Mitch fait arrêter les parents de Tobie. À treize ans, le garçon se retrouve seul, poursuivi par tout son peuple. Sa survie dépend désormais de sa capacité à éviter les dangers mortels qui le guettent : araignées géantes, oiseaux prédateurs et anciens amis, prêts à le trahir pour quelques miettes de pouvoir.

Autour du livre

« Tobie Lolness » est une puissante allégorie écologique, où l’arbre devient le miroir de notre planète menacée. La dimension environnementale n’écrase pourtant jamais le récit : elle se distille naturellement à travers l’histoire de ce peuple miniature, entre les Cimes ensoleillées et les Basses-Branches humides. Les thématiques sociales et politiques s’y entremêlent avec brio : la montée de l’autoritarisme, l’exploitation excessive des ressources, la peur de l’étranger incarnée par le peuple des Pelés.

Les personnages secondaires contribuent à la densité de l’univers créé. La famille Asseldor, musiciens accueillants toujours prêts à partager un repas, apporte une touche de chaleur humaine. Elisha, jeune fille impulsive et déterminée qui tient tête aux hommes de Jo Mitch, insuffle son énergie rebelle. Même les antagonistes échappent au manichéisme : certains, comme Patate, relèvent plus de l’ignorance que de la méchanceté pure.

Le succès critique ne s’est pas fait attendre. Publié en 2006, « Tobie Lolness » remporte le Prix Saint-Exupéry, le Prix Tam-Tam et le Prix Sorcières en 2007. Les critiques soulignent la capacité du texte à transcender les âges : les enfants s’identifient au courage de Tobie tandis que les adultes apprécient les résonances contemporaines du récit. L’adaptation en série animée sur France Télévisions en 2022 témoigne de la pérennité de l’œuvre.

La narration alterne présent et passé sans jamais perdre le lecteur. L’imaginaire déployé transforme les éléments naturels en décor grandiose : la mousse devient forêt, une boule de gui se mue en labyrinthe, les insectes prennent des proportions titanesques. Cette vision microscopique du monde invite à reconsidérer notre rapport à l’environnement, sans jamais tomber dans le prêche moralisateur.

Quinze ans après sa parution, les thèmes abordés – changement climatique, clivages sociaux, montée des autoritarismes, frontières, dérives scientifiques – résonnent avec une acuité renouvelée. Timothée de Fombelle réussit ce tour de force : porter un message engagé tout en maintenant le souffle épique d’une grande aventure.

Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 400 pages ; Dès 10 ans.


4. Céleste, ma planète (dès 10 ans, 2007)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans un futur proche, les humains s’entassent dans d’immenses tours de plusieurs centaines d’étages pour tenter d’échapper à la pollution qui étouffe la planète. Un adolescent de 14 ans y mène une existence solitaire, délaissé par sa mère cadre supérieure qui compense son absence en remplissant son réfrigérateur à distance. Pour combler le vide, il joue du piano et peint des cartes du monde sur les murs de son appartement.

Un matin, sa vie bascule quand il croise dans l’ascenseur une mystérieuse jeune fille, Céleste. Après une journée passée côte à côte en classe sans échanger un mot, elle disparaît. Bouleversé, le garçon part à sa recherche à travers la ville verticale. Il finit par la retrouver, malade, couverte d’étranges taches qui reproduisent la forme des catastrophes écologiques ravageant la Terre. Les taches s’étendent au rythme des forêts qui brûlent et des glaciers qui fondent. Pour sauver celle qu’il aime, il devra sauver la planète elle-même.

Autour du livre

« Céleste, ma planète » prend sa source dans les pages du magazine Je Bouquine en 2007, avant d’être édité en livre deux ans plus tard. Cette genèse impose certaines contraintes à Timothée de Fombelle : un format court de 96 pages et un découpage en six chapitres qui n’empêchent pas le texte de trouver sa force.

La métaphore centrale – personnifier la Terre à travers une adolescente malade – frappe par sa puissance évocatrice. Chaque catastrophe écologique inscrit sa marque sur le corps de Céleste : la fonte de la banquise arctique, la déforestation de l’Amazonie, la pollution des océans deviennent des plaies visibles qui racontent l’agonie de notre environnement. Cette incarnation physique de la souffrance planétaire transforme une réalité abstraite en drame humain immédiat.

Le contexte de publication, en 2007, résonne avec l’urgence climatique naissante dans les consciences. Quinze ans plus tard, le message n’a rien perdu de son acuité. L’Éducation nationale l’a d’ailleurs inscrit au programme des classes de cinquième dans le cadre du questionnement « L’homme est-il maître de la nature ? ». La brièveté du texte, loin d’être un handicap, sert son propos : pas de longues descriptions ni de digressions, mais une narration tendue vers l’essentiel.

Si certains critiques regrettent le manque de développement des personnages secondaires ou l’aspect parfois allusif de certains passages, la majorité salue l’efficacité du dispositif narratif. « Si c’était une personne, on ferait tout pour la sauver » : cette réplique centrale cristallise tout l’enjeu du récit. En donnant un visage humain à la catastrophe écologique, Timothée de Fombelle réussit à sensibiliser sans moraliser.

« Céleste, ma planète » s’inscrit dans la continuité des préoccupations environnementales déjà présentes dans « Tobie Lolness », autre succès de l’auteur. Mais là où « Tobie » optait pour l’allégorie d’un peuple vivant dans un arbre, « Céleste » ancre son propos dans un futur proche qui ressemble déjà à notre présent : villes verticales étouffées par la pollution, consommation effrénée, solitude technologique. Cette proximité renforce l’impact du message.

Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 96 pages ; Dès 10 ans.


5. Capitaine Rosalie (dès 7 ans, 2019)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Hiver 1917. Rosalie, petite fille rousse de cinq ans et demi, se tient chaque jour au fond de la classe des grands. Trop jeune pour l’école mais sans autre solution – sa mère travaille à l’usine d’obus et son père est au front – elle observe le monde depuis son banc, sous les manteaux des élèves.

Les autres pensent qu’elle dessine toute la journée dans son cahier. En réalité, Rosalie s’est attribué une mission secrète, comme un vrai soldat. Le soir, quand sa mère lui lit les lettres de son père, elle sent que quelque chose ne va pas. Les mots sonnent faux, trop joyeux peut-être. Puis arrive cette mystérieuse enveloppe bleue que sa mère refuse de lui montrer.

Capitaine Rosalie, comme elle aime se faire appeler, a décidé de découvrir la vérité, coûte que coûte. Dans l’ombre de la classe, elle mène son enquête avec une détermination qui force l’admiration.

Autour du livre

Dans sa délicatesse à traiter la guerre à hauteur d’enfant, « Capitaine Rosalie » touche une corde sensible. À la frontière entre le roman illustré et l’album jeunesse, ce petit livre de Timothée de Fombelle parvient à transmettre la complexité émotionnelle de la Grande Guerre sans recourir à des images traumatisantes. Les illustrations d’Isabelle Arsenault, principalement en noir et blanc avec la chevelure rousse de Rosalie comme seule touche de couleur vive, créent un contraste saisissant qui symbolise l’espoir au milieu de la grisaille.

L’ouvrage se distingue par sa capacité à entrelacer plusieurs thématiques : le mensonge protecteur face à la vérité libératrice, l’imagination enfantine confrontée à la dure réalité, l’héroïsme rêvé face aux véritables sacrifices. La narration à la première personne renforce l’authenticité du récit et permet aux jeunes lecteurs de s’identifier immédiatement à cette petite fille de cinq ans et demi qui refuse les faux-semblants.

Sorti à l’occasion du centenaire de l’armistice, « Capitaine Rosalie » a reçu le Prix des Incorruptibles 2021. Son succès auprès des enseignants en fait aujourd’hui un outil pédagogique pour aborder la Première Guerre mondiale en classe. La pertinence du livre résonne particulièrement avec l’actualité, avec la situation des enfants ukrainiens séparés de leurs pères partis combattre.

Les lecteurs adultes trouveront dans ces pages matière à réflexion sur la protection parfois excessive des enfants face aux tragédies. À travers le personnage de Rosalie, Timothée de Fombelle démontre la capacité des plus jeunes à percevoir et comprendre les non-dits, rappelant qu’ils méritent souvent plus de vérité que les adultes ne le pensent.

Cette histoire courte mais dense soulève des questions universelles sur le courage, la résilience et le pouvoir des mots. La quête de Rosalie pour maîtriser la lecture devient le symbole d’une émancipation nécessaire, même douloureuse, face aux mensonges bienveillants des adultes.

Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 72 pages ; Dès 7 ans.


6. Le Livre de Perle (dès 13 ans, 2014)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Il était un prince du nom d’Ilian, banni de son royaume féerique par son frère jaloux qui le tenait responsable de la mort de leur mère. Projeté dans notre monde – le Paris des années 1930 – il devient Joshua Perle, adopté par un couple de confiseurs spécialisés dans la guimauve. Derrière lui, dans son univers magique, il a dû abandonner Olia, une fée qui a sacrifié ses pouvoirs par amour pour lui.

La vie de Joshua bascule quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Fait prisonnier dans un camp allemand, il découvre un objet venu de son monde qui ranime son espoir de retour. Commence alors une quête qui durera toute sa vie : rassembler des reliques magiques susceptibles de rouvrir le passage entre les mondes. Pendant ce temps, Olia, devenue mortelle, erre elle aussi dans notre univers, cherchant à le retrouver sans pouvoir l’approcher, sous peine de disparaître à jamais.

Cette histoire nous est transmise par un jeune photographe qui croise la route du vieux Joshua et de ses mystérieuses valises remplies d’objets étranges. À travers son regard, nous découvrons peu à peu les secrets de cet homme énigmatique et de son impossible quête amoureuse.

Autour du livre

À travers une architecture savamment orchestrée, « Le Livre de Perle » tisse des liens entre plusieurs univers et temporalités. La narration alterne entre le monde féerique et notre réalité, entre les années 1930 et l’époque contemporaine, créant un effet de puzzle qui se dévoile progressivement. Cette structure complexe déstabilise initialement le lecteur, mais les pièces s’assemblent peu à peu pour former un tout cohérent.

La singularité du livre réside dans son mélange audacieux de genres : la douceur sucrée d’une confiserie parisienne contraste avec la dureté de la Seconde Guerre mondiale, tandis que la magie des contes de fées s’infiltre dans les événements historiques. Cette fusion improbable fonctionne grâce à une écriture poétique qui sait rester sobre face aux horreurs de la guerre. Les guimauves de la Maison Perle deviennent ainsi un symbole de réconfort dans un monde bouleversé par le conflit.

Timothée de Fombelle se met lui-même en scène dans le récit à travers la figure du narrateur, créant un jeu de miroirs entre fiction et réalité. Cette mise en abyme interroge la nature même des histoires et leur pouvoir sur nous : « Nous étions tous pareils. Les histoires nous inventent. » Le livre questionne notre rapport à l’imaginaire et à la croyance, rappelant la célèbre citation de J.M. Barrie dans « Peter Pan » : « Chaque fois que quelqu’un dit : ‘Je ne crois pas aux contes de fées’, il y a une petite fée quelque part qui tombe raide morte. »

Couronné par le Prix Pépites 2014 du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, « Le Livre de Perle » transcende les catégories d’âge traditionnelles. Si certains lecteurs peuvent se perdre dans ses méandres narratifs, d’autres y trouvent une profondeur qui invite à de multiples lectures. La fin ouverte laisse chaque lecteur libre d’imaginer sa propre conclusion, fidèle à l’esprit d’un livre qui célèbre le pouvoir de l’imagination.

Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 304 pages ; Dès 13 ans.


7. Victoria rêve (dès 9 ans, 2012)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Victoria habite à Chaise-sur-le-Pont, une ville si tranquille qu’elle s’y ennuie profondément. Pour cette collégienne à l’imagination débordante, la vie de famille manque cruellement de sel : un père employé dans une usine de pâtés, une mère effacée et une grande sœur obsédée par son apparence. Son seul refuge : les livres alignés sur l’étagère de sa chambre, qu’elle appelle son « horizon », et qui lui permettent de s’évader dans des mondes plus excitants.

Sa routine bascule le jour où surviennent des événements inexpliqués : ses livres favoris s’évanouissent mystérieusement de sa bibliothèque, la vieille horloge du salon disparaît, et plus surprenant encore, elle surprend son père rentrant tard le soir vêtu comme un cow-boy. Victoria et Jo partent alors en quête de réponses.

Autour du livre

À l’origine publié dans le magazine « Je Bouquine », « Victoria rêve » prend un nouvel envol sous forme de livre, accompagné des illustrations de François Place. La couverture, particulièrement soignée, se déplie pour révéler des représentations colorées de couvertures de livres imaginaires qui peuplent l’univers de Victoria.

Après les épopées de « Tobie Lolness » et « Vango », Timothée de Fombelle s’aventure ici sur un terrain plus intime et contemporain. Il y déploie plusieurs fils narratifs : la puissance de l’imaginaire enfantin, les premiers émois amoureux, et la dure réalité du chômage parental. Sans jamais citer explicitement un titre de livre dans ses pages, « Victoria rêve » réussit paradoxalement à célébrer la littérature jeunesse dans son ensemble.

François Place apporte une dimension supplémentaire au récit avec ses illustrations acidulées. Les dessins qui ouvrent chaque chapitre prolongent l’aspect onirique du texte, tandis que les rabats de couverture créent un jeu de références avec les lectures qui nourrissent l’imaginaire de Victoria.

Une version audio, lue par Timothée de Fombelle lui-même, est sortie simultanément avec le livre. Cette double parution renforce la dimension orale et musicale du texte, que plusieurs critiques comparent aux films de Jean-Pierre Jeunet, notamment « Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain » et « Micmacs à tire-larigot », pour leur même mélange de poésie et de réalisme social.

Ce livre court – une centaine de pages – s’adresse aux lecteurs de 9 à 14 ans, même si de nombreux adultes y retrouveront leurs propres souvenirs d’enfance. Les critiques soulignent particulièrement la façon dont Timothée de Fombelle aborde des sujets graves – comme le chômage – sans perdre sa légèreté ni son optimisme. La fin, unanimement saluée pour sa justesse émotionnelle, évite les écueils du pathos tout en gardant sa charge dramatique.

Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 96 pages ; Dès 9 ans.


8. Quelqu’un m’attend derrière la neige (dès 7 ans, 2019)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

La veille de Noël, un vieux camion jaune remonte l’Europe depuis l’Italie. À son bord, Freddy d’Angelo livre des glaces artisanales, seul avec ses pensées depuis plus de trois mois. Son patron lui a annoncé que l’entreprise ne tiendra plus longtemps – cette traversée nocturne vers l’Angleterre pourrait être l’une de ses dernières missions.

Dans le ciel d’hiver, une hirondelle du nom de Gloria défie les lois de la nature. Au lieu de rejoindre ses semblables sous le soleil d’Afrique, elle vole vers le nord, guidée par un étrange pressentiment. Son histoire a basculé le jour où un enfant l’a sauvée d’une mort certaine, lui donnant le goût d’observer et de comprendre les humains.

Entre Calais et la Manche, par cette nuit de réveillon, leurs chemins vont se croiser. Une rencontre qui les mènera vers un troisième personnage, dont la vie ne tient qu’à un fil dans le froid glacial.

Autour du livre

Publié dans un format carré qui se situe à mi-chemin entre l’album et le roman illustré, « Quelqu’un m’attend derrière la neige » s’inscrit dans la lignée de « Capitaine Rosalie », précédent ouvrage de Timothée de Fombelle qui avait connu un franc succès. Cette forme hybride permet une lecture à plusieurs niveaux : les plus jeunes s’attarderont sur les illustrations tandis que les adultes saisiront les subtilités d’un texte qui aborde des thématiques sociales contemporaines.

Les illustrations de Thomas Campi constituent un élément essentiel du livre. Ses dessins réalistes aux teintes passées évoquent l’univers pictural d’Edward Hopper, notamment dans le traitement des jeux d’ombre et de lumière. Cette atmosphère mélancolique souligne la solitude des personnages et accentue le contraste entre la froideur hivernale et les rares moments de chaleur humaine. Sous la jaquette, la couverture cartonnée révèle d’autres illustrations qui enrichissent l’expérience de lecture.

Timothée de Fombelle tisse habilement plusieurs fils narratifs autour de la thématique de la migration, qu’elle soit animale ou humaine. Cette mise en parallèle permet d’évoquer avec pudeur la question de l’immigration clandestine, sans jamais tomber dans le moralisme. D’autres sujets d’actualité traversent le récit : la solitude dans nos sociétés modernes, la précarité économique d’entreprises traditionnelles face à la mondialisation, l’isolement social des travailleurs routiers.

Si la quatrième de couverture présente l’ouvrage comme un conte de Noël, il s’agit davantage d’un conte hivernal où la période des fêtes sert de toile de fond pour questionner notre rapport à la solidarité. Cette tension entre la magie attendue de Noël et la dureté du réel confère au texte une profondeur particulière qui touche autant les enfants que les adultes. À l’image de « La Petite Fille aux allumettes », le récit mêle la douceur du conte à la cruauté du monde contemporain.

Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 56 pages ; Dès 7 ans.

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