Thomas Mann (1875-1955) est l’un des plus grands écrivains allemands du XXe siècle. Né à Lübeck dans une famille de négociants aisés, il s’oriente vers la littérature après de brèves études et un passage dans les assurances.
Nourri par les œuvres de Schopenhauer, Nietzsche et Wagner, il publie en 1901 son premier roman « Les Buddenbrook » qui lui vaudra le Prix Nobel de littérature en 1929. Parmi ses œuvres majeures figurent « La Mort à Venise » (1912) et « La Montagne magique » (1924).
Face à la montée du nazisme, il s’exile d’abord en Suisse en 1933, puis aux États-Unis en 1938, où il écrit « Le Docteur Faustus » (1947). Déchu de sa nationalité allemande en 1936, il retourne néanmoins régulièrement dans son pays après la guerre. Il passe ses dernières années en Suisse, où il meurt à Zurich en 1955.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La Montagne magique (1924)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Jeune ingénieur prometteur de Hambourg, Hans Castorp entreprend en 1907 un bref séjour dans un sanatorium des Alpes suisses. Son cousin Joachim y soigne une tuberculose. Hans imagine une simple escapade de trois semaines dans la pureté vivifiante de l’air de montagne.
Mais les jours se succèdent, identiques et languides, entre repas gargantuesque et cure de repos sur les balcons du Berghof. Imperceptiblement, le jeune homme se fond dans cette micro-société. Lui-même, bientôt, est diagnostiqué tuberculeux. De plein gré, il se plie aux routines médicales immuables.
Dans ce sanatorium à l’écart du monde, Hans côtoie une galerie de personnages hauts en couleur. Settembrini, un littérateur italien humaniste, le prend sous son aile. Naphta, un jésuite brillant, s’impose en figure contradictoire. Entre ces deux pôles intellectuels, Hans oscille. Les joutes oratoires enflammées se multiplient à son chevet.
Dans l’atmosphère feutrée du Berghof, hors du temps, des conventions, Hans affronte aussi son éveil à l’amour et au désir. La belle et insaisissable Madame Chauchat, une patiente russe, exerce sur lui une fascination irrépressible. Saisi d’une douce langueur, il voit les années s’égrener sans qu’il ne cherche à reprendre pied dans le monde. Jusqu’à ce que la Grande Guerre ne vienne fracasser ce huis clos.
Somme romanesque d’une profondeur abyssale, « La Montagne magique » mêle avec virtuosité une peinture de la société d’avant-guerre, une introspection psychologique et une interrogation vertigineuse sur l’existence humaine. Thomas Mann y sonde les thèmes du temps élastique, de la maladie métaphysique, de la décadence de l’Europe. Un chef-d’œuvre incontournable de la littérature du XXe siècle.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 1176 pages.
2. La Mort à Venise (1912)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Au début du XXe siècle, Gustav von Aschenbach, écrivain allemand reconnu et respecté, décide de partir en voyage à Venise. Homme d’une cinquantaine d’années à la vie ordonnée et austère, il espère trouver dans la cité des Doges un renouveau créatif. À l’hôtel des Bains sur le Lido, il aperçoit Tadzio, un adolescent d’une beauté sublime qui le subjugue immédiatement.
Aschenbach, d’ordinaire si maître de lui-même, est bouleversé par la perfection des traits du jeune Polonais. Une obsession naît, irrépressible. L’écrivain se met à suivre Tadzio dans les ruelles vénitiennes, épiant le moindre de ses gestes, se consumant d’un amour impossible et inavouable. Bientôt, une épidémie de choléra frappe la ville, mais Aschenbach, obnubilé par sa passion, se refuse à quitter Venise.
Dans ce court roman paru en 1912, Thomas Mann livre un texte d’une rare intensité sur le désir, la beauté et la mort. La plume ciselée de l’auteur allemand, Prix Nobel de littérature, dépeint avec brio la déchéance d’un homme prisonnier d’une passion destructrice, sur fond d’une Venise envoûtante et crépusculaire.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 188 pages.
3. Les Buddenbrook (1901)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Lübeck, ville hanséatique du nord de l’Allemagne, 1835. La famille Buddenbrook, dynastie de négociants en grains, est à son apogée. Johann, le patriarche, mène son commerce d’une main de maître. Son fils Jean lui succède avec la même rigueur. Antonie, Thomas, Christian et Clara, les enfants de Jean, grandissent dans l’opulence et l’admiration de leur milieu.
Quelques années plus tard, c’est au tour de Thomas de reprendre le flambeau familial. Homme d’affaires avisé mais tourmenté, il peine à trouver l’équilibre entre son sens du devoir et ses aspirations profondes. Son frère Christian, artiste dans l’âme, se révèle incapable de répondre aux attentes de sa condition. Quant à Antonie, elle devra se plier aux exigences de son rang en matière de mariage.
Les années passent, implacables. Une fissure apparaît dans l’édifice Buddenbrook. Hanno, le fils de Thomas, n’a que faire du négoce. Sa sensibilité exacerbée le pousse vers la musique. Le déclin s’amorce, inexorable.
Fresque minutieuse, « Les Buddenbrook » nous entraîne dans l’intimité d’une grande famille sur quatre générations. Mêlant finesse psychologique et acuité sociologique, Thomas Mann ausculte les rouages d’une bourgeoisie qui se grippe. Mais au-delà de la chronique, le roman interroge le poids de l’héritage et le déterminisme social. Faut-il se soumettre ou se démettre quand le destin est tout tracé ? C’est toute la question de la liberté individuelle qui est posée, avec en toile de fond, la société allemande du XIXe siècle qui vacille au seuil de la modernité.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 852 pages.
4. Tonio Kröger (1903)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Tonio Kröger voit le jour dans la bourgeoisie de Lübeck, cité marchande d’Allemagne du Nord. Nous sommes au début du XXe siècle. Son père, consul respecté, incarne les valeurs traditionnelles. Sa mère, elle, vient du Sud. De ce mariage contrasté naît un enfant à part. Brun, les yeux sombres, Tonio ne ressemble pas à ses camarades. Il fuit leurs jeux pour se réfugier dans les livres. Son cœur s’enflamme pour le jeune Hans, modèle indépassable de grâce et de légèreté. En vain.
Les années passent. Ingeborg, ravissante jeune fille, devient son nouveau tourment. Mais l’adolescent maudit, trop grave, la regarde de loin. Munich l’accueille enfin. La grande ville lui offre la liberté de créer. Déjà, le succès lui sourit. Pourtant, le doute l’assaille. Comment être artiste sans renier ses racines ? L’écriture implique-t-elle de renoncer à vivre ?
Bien plus tard, un séjour au Danemark le confronte à ses fantômes. Il croise le chemin de Hans et Ingeborg, jeune couple radieux. Rien n’a changé. Il sera toujours l’étranger, celui qui observe sans être vu.
Tonio Kröger, double transparent de Thomas Mann, nous livre le roman d’une jeunesse défunte et d’un irrésistible appel à écrire. La prose lumineuse de l’auteur sublime les tourments d’une âme à fleur de peau.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 153 pages.
5. Le Docteur Faustus (1947)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Paru en 1947, « Le Docteur Faustus » nous entraîne au cœur de l’Allemagne du début du XXe siècle. Sur plus de 600 pages, l’auteur tisse la biographie d’Adrian Leverkühn, un compositeur fictif de génie. Le récit, confié à Serenus Zeitblom, ami et confident du musicien, couvre la période de 1885 à 1930.
Leverkühn, assoiffé d’absolu, noue un pacte démoniaque pour libérer son génie créateur. Renonçant aux joies terrestres, sacrifiant son humanité, il connaîtra les affres de la création et la solitude dévorante de l’artiste maudit. Son parcours se déploie en miroir des soubresauts qui agitent la nation allemande, glissant inexorablement vers le nazisme.
Roman-fleuve foisonnant, « Le Docteur Faustus » brasse de nombreux thèmes : la musique, la théologie, la philosophie, l’Histoire. La prose virtuose de Mann y atteint des sommets.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 665 pages.