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Thibaut Solano en 4 livres – Notre sélection

Thibaut Solano en 4 livres – Notre sélection

Thibaut Solano est un journaliste et écrivain français. Après des études de cinéma à l’Université de Poitiers (2001-2005) et une formation à l’École supérieure de journalisme de Lille-Montpellier (2007-2009), il débute sa carrière au quotidien La Montagne à Clermont-Ferrand, où il travaille pendant dix ans. Il poursuit ensuite dans la presse nationale, collaborant successivement avec Ebdo, L’Express et Marianne, où il se spécialise dans la chronique judiciaire.

Passionné par les faits divers et les affaires criminelles, il publie deux enquêtes journalistiques remarquées aux éditions Les Arènes : « Les disparues » (2016), consacré à l’affaire des disparues de la gare de Perpignan, et « La voix rauque » (2018), qui retrace les origines de l’affaire Grégory. En 2021, il se tourne vers la fiction avec son premier roman policier « Les noyés du Clain » aux éditions Robert Laffont, suivi en 2023 des « Dévorés », dont l’action se déroule à Clermont-Ferrand.

Voici notre sélection de ses livres majeurs.


1. Série Simon Magny – Les noyés du Clain (roman, 2021)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Le 11 septembre 2001, alors que le monde a les yeux rivés sur les tours jumelles qui s’effondrent, Simon s’installe à Poitiers pour étudier le cinéma. Timide et peu à l’aise dans l’univers étudiant, il trouve un job de pigiste à L’Écho, le quotidien local. Sa routine de petits reportages sans intérêt s’arrête brutalement quand un corps est repêché dans le Clain, la rivière qui traverse la ville.

L’enquête le mène sur la piste d’autres disparitions mystérieuses d’étudiants. Épaulé par Mernot, un journaliste aguerri des faits divers qui devient son mentor, Simon s’enfonce dans une investigation de plus en plus dangereuse. Les rumeurs se multiplient : meurtres rituels, jeux pervers qui auraient mal tourné… Jusqu’à ce qu’une agression violente le force à fuir la ville.

2015. Après dix ans d’absence, Simon retrouve Poitiers et son ancien journal. Les noyades inexpliquées le hantent toujours. Avec l’aide de Mernot, maintenant rongé par la maladie, il reprend ses recherches, déterminé à percer les secrets d’une ville où la vérité se noie dans les légendes urbaines.

Autour du livre

En s’inspirant d’une série de décès survenus dans la Garonne entre 2011 et 2013, Thibaut Solano transpose l’histoire à Poitiers, la ville où il a fait ses études, et ancre son récit dans deux périodes charnières : 2001-2004 et 2015. Cette structure temporelle permet de créer des ponts avec des événements marquants : les attentats du 11 septembre, le duel Le Pen-Chirac, jusqu’à l’attentat de Charlie Hebdo. À travers ces repères historiques se dessine le portrait d’une France fracturée, où les villes moyennes comme Poitiers oscillent entre passé figé et avenir incertain.

La force des « Noyés du Clain » réside dans sa capacité à transcender le simple fait divers pour brosser le tableau d’une société qui se délite. Les quartiers délaissés côtoient les maisons proprettes, la drogue circule, les SDF s’installent – une réalité sociale qui transparaît en filigrane de l’enquête. Cette dimension sociologique s’incarne notamment dans le village natal de Simon, où l’école publique menacée de fermeture illustre les nouvelles formes de séparatisme social qui gagnent la France rurale.

Le personnage de Simon Magny s’éloigne des canons du genre policier : ni flic chevronné ni enquêteur hors pair, il incarne une figure ordinaire, presque anti-héroïque. Sa timidité maladive et ses angoisses chroniques, qui le poussent à consommer des « petites pilules bleues », en font un protagoniste inhabituel. Cette fragilité assumée n’entame en rien sa détermination, qui le pousse à poursuivre son investigation malgré les menaces.

L’apprentissage du métier de journaliste constitue un autre point fort du livre. À travers le personnage de Mernot, mentor bourru qui initie Simon aux arcanes du fait-diversier, Solano livre un témoignage efficace sur les méthodes d’investigation à l’ancienne : l’importance du terrain, les relations avec les informateurs, la connaissance intime du territoire. Cette approche artisanale du journalisme local contraste avec les pratiques contemporaines du métier.

Aux éditions POCKET ; 442 pages.


2. Série Simon Magny – Les Dévorés (roman, 2023)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Clermont-Ferrand, décembre 2018. La ville vit au rythme des manifestations des Gilets jaunes quand le corps mutilé d’un professeur est découvert dans le coffre d’une voiture abandonnée sur le parking d’un supermarché. Simon Magny, journaliste spécialisé dans les faits divers pour le journal L’Éclair, se saisit de l’affaire.

Quelques jours plus tard, une fillette disparaît en plein marché de Noël. Des témoins évoquent une mystérieuse femme au volant d’une berline noire, aperçue sur les lieux des deux drames. Simon et son collègue photographe Martin se lancent dans une enquête parallèle à celle de la police. Alors que la psychose s’empare de la ville, ils découvrent des liens troublants avec d’anciennes affaires non résolues.

Autour du livre

« Les Dévorés » est le second volet des enquêtes du journaliste Simon Magny, après « Les noyés du Clain ». Le choix d’un fait-diversier comme protagoniste principal apporte un regard différent sur l’investigation criminelle. Ce parti pris s’explique par le parcours de Thibaut Solano, lui-même ancien journaliste à La Montagne pendant une dizaine d’années à Clermont-Ferrand.

Le livre met en scène un anti-héros atypique : Simon se décrit comme « moche avec un peu de bide », traîne sa solitude entre sites de rencontres et soirées arrosées avec ses collègues. Il s’éloigne nettement des codes habituels du polar où l’enquêteur incarne souvent une figure héroïque. La ville de Clermont-Ferrand ne sert pas uniquement de décor : les descriptions précises des quartiers, des rues et de l’ambiance hivernale transforment la cité auvergnate en personnage à part entière.

L’intrigue s’ancre dans un contexte social particulier, celui des Gilets jaunes en décembre 2018. Cette toile de fond ajoute une dimension supplémentaire au récit en illustrant les tensions qui traversent la société française. À travers le regard des journalistes de L’Éclair, Solano montre aussi l’envers du décor d’une rédaction locale, entre alcool et cynisme.

Finaliste du Prix des Nouvelles Voix du Polar 2024 chez Pocket, « Les Dévorés » divise les critiques sur sa conclusion. Si certains lecteurs regrettent un dénouement trop rapide et des zones d’ombre non élucidées, d’autres y voient une fin réaliste qui s’éloigne des résolutions artificielles. Cette ambiguïté finale pourrait suggérer une suite aux aventures de Simon Magny.

Aux éditions POCKET ; 384 pages.


3. La voix rauque (enquête journalistique, 2018)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans l’est de la France, au début des années 1980, une famille ouvrière des Vosges subit un calvaire qui va durer trois ans. Un mystérieux corbeau à la voix rauque harcèle les Villemin par téléphone, parfois jusqu’à quatorze fois par jour. Ces appels, d’abord moqueurs, deviennent de plus en plus menaçants. L’harceleur connaît tous les secrets de la famille, leurs habitudes, leurs horaires, le moindre de leurs faits et gestes.

La cible principale de cette persécution est Jean-Marie Villemin. Sa promotion comme contremaître à l’usine et son ascension sociale déclenchent une cascade de jalousies. Dans ce milieu ouvrier où chaque signe extérieur de richesse est scruté, son salon en cuir et sa voiture neuve alimentent une haine sourde. Le mystérieux observateur, posté quelque part sur les hauteurs d’Aumontzey, multiplie les appels à son domicile et à celui de ses parents.

Thibaut Solano reconstitue méticuleusement les années qui ont précédé l’assassinat du petit Grégory Villemin en 1984. Les centaines d’appels enregistrés, les témoignages et les archives judiciaires révèlent un clan déchiré par des secrets inavouables – inceste, enfants illégitimes, suicide. Ce travail d’investigation éclaire d’un jour nouveau l’une des plus grandes énigmes criminelles françaises, toujours non résolue après quatre décennies.

Autour du livre

Cette investigation sur les origines de l’affaire Grégory restitue avec une rare précision les trois années qui précèdent le drame. Les centaines d’appels anonymes, scrupuleusement documentés, reconstituent l’atmosphère toxique qui régnait au sein de cette famille vosgienne avant l’assassinat. Un parti pris éditorial fort : se concentrer sur la genèse du crime plutôt que sur ses suites médiatiques et judiciaires déjà largement commentées.

La force de « La voix rauque » réside dans sa capacité à dépeindre l’escalade progressive de la violence psychologique. Les transcriptions des dialogues enregistrés, les silences pesants et le souffle glaçant du corbeau créent une tension palpable. Thibaut Solano met en lumière les mécanismes de la haine ordinaire : petites mesquineries, grandes susceptibilités, secrets inavouables qui gangrènent peu à peu les relations familiales.

Cette immersion dans les Vosges des années 1980 dessine aussi le portrait d’une France en mutation. Sur fond de mondialisation naissante, les promotions sociales et les signes extérieurs de richesse cristallisent les rancœurs dans ce milieu ouvrier. Les conflits syndicaux et les changements sociétaux résonnent en arrière-plan de ce drame familial.

Publié en 2018, ce livre s’inscrit dans la lignée des ouvrages de Denis Robert sur l’affaire, tout en proposant un angle inédit. Les critiques saluent unanimement cette enquête qui éclaire d’un jour nouveau l’une des plus grandes énigmes criminelles françaises. L’approche documentaire rigoureuse, basée sur l’étude du dossier judiciaire et de nombreux témoignages directs, s’accompagne d’une immersion sur le terrain, dans les lieux mêmes où s’est nouée la tragédie.

Aux éditions POCKET ; 272 pages.


4. Les disparues (enquête journalistique, 2016)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

À la fin des années 1990, le quartier de la gare de Perpignan est le théâtre d’une série de crimes qui glace le sang des habitants. Une adolescente s’évapore sans laisser de trace, suivie par trois jeunes femmes sauvagement assassinées. Les victimes partagent des traits communs troublants : toutes sont brunes, méditerranéennes, âgées de 17 à 23 ans, issues de milieux modestes et en quête d’émancipation.

L’enquête s’enlise pendant vingt ans. Les policiers accumulent les fausses pistes, interrogent des centaines de témoins. La psychose s’empare de la ville. Les théories les plus extravagantes circulent. Un innocent est emprisonné puis lynché médiatiquement. L’identification du tueur par son ADN en 2014 révèle une vérité bien plus banale mais non moins terrifiante.

Premier livre sur cette affaire qui a marqué toute une génération de Perpignanais, « Les disparues » est le fruit de quatre années d’investigation menée par le journaliste Thibaut Solano. Entre France, Suisse et Espagne, il a interrogé 150 personnes pour reconstituer cette histoire criminelle hors norme. Le récit s’attache avant tout à redonner leur humanité aux victimes – Tatiana, Mokhtaria, Marie-Hélène et Fatima -, sans céder à la tentation du sensationnalisme macabre.

Autour du livre

Cette enquête criminelle de Thibaut Solano trouve son origine dans un travail journalistique sur les légendes urbaines en 2010-2011. En remontant le fil d’une rumeur qui circulait dans toute la France à propos d’un maniaque déguisé en vieille dame rôdant près d’une gare, le journaliste découvre l’affaire des disparues de Perpignan. Il décide alors de s’y consacrer pleinement, multipliant les déplacements dans la ville catalane à une période où l’enquête stagne et où l’intérêt médiatique s’est éteint.

Pendant quatre ans, entre 2012 et 2015, Solano mène un travail d’investigation méticuleux. Il interroge environ 150 personnes, sillonne le territoire de la Suisse à l’Espagne, et reconstitue patiemment le puzzle de cette histoire criminelle. Cette persévérance s’avère d’autant plus remarquable que l’affaire connaît un rebondissement majeur pendant son enquête : en 2014, l’identification d’un ADN permet d’arrêter l’un des meurtriers.

« Les disparues » se distingue par son approche centrée sur les victimes plutôt que sur les tueurs. Cette démarche singulière transparaît notamment dans la structure même du récit, qui retrace la vie de Tatiana, Mokhtaria, Marie-Hélène et Fatima, leurs aspirations et leur quête d’émancipation. Cette attention portée aux victimes s’accompagne d’un traitement sobre des faits, évitant tout sensationnalisme malgré l’horreur des crimes.

Premier ouvrage consacré à cette affaire qui a traumatisé toute une région, le livre de Solano restitue également la psychose qui s’est emparée de Perpignan. Il documente les rumeurs les plus extravagantes qui ont circulé, comme celle d’un adorateur de Salvador Dalí obsédé par la gare, considérée par le peintre comme « le centre cosmique de l’univers ». Ces éléments illustrent comment une affaire criminelle peut générer ses propres mythologies urbaines, la peur collective nourrissant les théories les plus invraisemblables.

« Les disparues » suscite un fort écho lors de sa sortie en 2016, comme en témoignent les nombreux commentaires élogieux de lecteurs qui soulignent sa rigueur journalistique et son respect des familles des victimes. Les rares critiques reprochent à Solano d’avoir écrit ce livre « dans le silence », sans demander l’autorisation aux personnes concernées, et d’avoir romancé certains aspects.

Aux éditions LES ARÈNES ; 424 pages.

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