John Green est un écrivain américain né le 24 août 1977 à Indianapolis. Après une enfance partagée entre le Michigan, l’Alabama et la Floride, il obtient en 2000 un double diplôme en anglais et études religieuses du Kenyon College. Il travaille brièvement comme aumônier dans un hôpital pour enfants avant de devenir critique littéraire et chroniqueur radio à Chicago.
Son premier roman « Qui es-tu Alaska ? » (2005) remporte le prestigieux prix Michael L. Printz Award. Il connaît un succès international avec « Nos étoiles contraires » (2012), qui devient numéro un des ventes du New York Times. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma, notamment « Nos étoiles contraires » (2014) et « La Face cachée de Margo » (2015).
Outre l’écriture, John Green est connu pour ses projets en ligne avec son frère Hank. Ensemble, ils ont créé la chaîne YouTube « Vlogbrothers » et la communauté « Nerdfighters », engagée dans des causes sociales. En 2014, le magazine Time l’inclut dans sa liste des 100 personnes les plus influentes au monde.
Voici notre sélection de ses romans young adult.
1. Nos étoiles contraires (dès 14 ans, 2012)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Dans une banlieue d’Indianapolis, Hazel Grace Lancaster traîne ses 16 ans et sa bouteille d’oxygène de réunion en réunion pour jeunes cancéreux. Son cancer de la thyroïde, stabilisé mais incurable, a colonisé ses poumons. Un jour, elle croise le regard d’Augustus Waters, un garçon de 17 ans amputé d’une jambe suite à un ostéosarcome. Ce grand amateur de métaphores au charme ravageur va bousculer son quotidien fait de séries télé et de relectures obsessionnelles.
Entre deux séances de chimiothérapie, Hazel et Augustus partagent leurs livres préférés. Elle lui fait découvrir « Une impériale affliction », un roman qui s’achève brutalement au milieu d’une phrase. Déterminé à percer ce mystère qui hante Hazel, Augustus organise un voyage à Amsterdam pour rencontrer l’auteur. Mais ce qui devait être un moment magique tourne au cauchemar face à un écrivain alcoolique et désagréable. Cette déception n’empêche pas leur amour de grandir, jusqu’à ce qu’Augustus annonce une terrible nouvelle qui va tout bouleverser.
Autour du livre
À sa sortie en 2012, « Nos étoiles contraires » s’impose comme un phénomène éditorial. Il occupe la première place de la liste des best-sellers du New York Times durant cinq semaines consécutives. Avec un tirage initial de 300 000 exemplaires, les ventes approchent le million dès janvier 2013. Le Time Magazine le consacre meilleur roman de 2012, tandis que le journal espagnol El País le classe troisième de sa sélection des meilleurs romans pour la jeunesse.
Le traitement sans complaisance de la maladie frappe par sa justesse. Les personnages refusent le statut de victimes et manient un humour noir salvateur : « Se prendre la tête est un effet secondaire de mourir ». Leur maturité précoce, née de la proximité avec la mort, transparaît dans leurs réflexions philosophiques sur l’existence. La relation entre Hazel et Augustus transcende le simple récit d’amour adolescent pour interroger notre rapport au temps, à la souffrance et à la perte.
L’adaptation cinématographique par Fox 2000 en 2014, avec Shailene Woodley et Ansel Elgort dans les rôles principaux, confirme l’impact culturel majeur du roman. Les critiques saluent particulièrement sa manière d’aborder la mort avec authenticité, loin des clichés habituels de la littérature young adult. Le livre reçoit plusieurs distinctions, dont le Prix des Incorruptibles 2015 et le Prix jeunesse des libraires du Québec 2014.
Aux éditions POCKET JEUNESSE ; 384 pages ; Dès 14 ans.
2. Qui es-tu Alaska ? (dès 15 ans, 2005)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Miles Halter, 16 ans, quitte son quotidien sans relief en Floride pour intégrer le pensionnat de Culver Creek en Alabama. Ce passionné des dernières paroles de personnages célèbres part « en quête d’un Grand Peut-être », selon les mots de Rabelais. À son arrivée, il rencontre son colocataire Chip surnommé « le Colonel », puis Alaska Young, une fille aussi brillante qu’imprévisible dont il tombe amoureux. Entre cigarettes fumées en cachette, alcool et blagues potaches contre l’administration, Miles découvre l’amitié, l’amour et la liberté.
Mais dès les premières pages, un décompte mystérieux rythme les chapitres – « cent trente-six jours avant », « cent jours avant »… – jusqu’à l’événement qui va tout bouleverser. Une nuit, Alaska quitte précipitamment le campus en voiture, profondément perturbée. Le lendemain, les élèves apprennent sa mort dans un accident. Miles et le Colonel, rongés par la culpabilité d’avoir couvert sa fuite, tentent de comprendre ce qui s’est réellement passé cette nuit-là.
Autour du livre
Premier roman de John Green publié en 2005, « Qui es-tu Alaska ? » remporte le Prix Michael L. Printz 2006 de l’American Library Association. Sa structure narrative originale en deux parties – « avant » et « après » – crée une tension palpable dès les premières pages grâce à un compte à rebours qui rythme chaque chapitre.
Les thèmes abordés résonnent avec force : la quête d’identité propre à l’adolescence, l’apprentissage de la liberté, la découverte de l’amour, mais aussi la culpabilité et le deuil. L’environnement du pensionnat de Culver Creek permet d’isoler les personnages dans une bulle où s’entremêlent légèreté et gravité : les blagues potaches côtoient les réflexions philosophiques sur « le labyrinthe de la souffrance ». Les références littéraires parsèment le texte, notamment à travers la passion d’Alaska pour les livres et celle de Miles pour les dernières paroles de personnages célèbres.
La construction des personnages se révèle particulièrement réussie. Alaska Young incarne une figure complexe et insaisissable qui suscite autant d’agacement que de fascination. Le narrateur Miles évolue progressivement d’une timidité maladive vers une maturité douloureusement acquise. Leurs amis – le Colonel, Takumi, Lara – forment une galerie de portraits nuancés qui évitent les stéréotypes habituels des romans pour adolescents.
Le succès du livre connaît un regain significatif en 2012 : il atteint la dixième place des meilleures ventes du New York Times en format poche, soit sept ans après sa parution initiale, porté par le succès de « Nos étoiles contraires ». En 2019, il est adapté en série télévisée de huit épisodes sur la plateforme Hulu, avec Charlie Plummer dans le rôle de Miles et Kristine Froseth dans celui d’Alaska.
Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 416 pages ; Dès 15 ans.
3. Tortues à l’infini (dès 13 ans, 2017)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
À Indianapolis, Aza Holmes, 16 ans, vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Elle souffre de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) qui la tourmentent sans répit : la peur des bactéries, des infections et des maladies occupe chaque recoin de son esprit. Sa meilleure amie Daisy, une fan de Star Wars extravertie, l’entraîne dans une enquête sur la mystérieuse disparition d’un milliardaire local, Russell Pickett, avec une récompense de 100 000 dollars à la clé.
Cette quête mène Aza vers Davis, le fils du disparu, qu’elle a connu dans son enfance. Entre les deux adolescents, une relation se tisse, faite de poésie, d’astronomie et de confidences nocturnes. Mais comment embrasser quelqu’un quand le simple contact physique déclenche une tempête d’angoisses ? Pendant ce temps, la vérité sur Russell Pickett menace d’éclater au grand jour.
Autour du livre
« Tortues à l’infini » marque le retour de John Green après cinq ans de silence depuis « Nos étoiles contraires ». Cette absence s’explique : l’auteur américain a mis des années à trouver les mots justes pour évoquer les troubles obsessionnels compulsifs dont il souffre lui-même. À travers le personnage d’Aza, il transmet avec une sincérité poignante le quotidien de cette maladie mentale qui emprisonne l’esprit dans des spirales de pensées vertigineuses.
La force du texte réside dans sa capacité à rendre tangible l’expérience des TOC. Les dialogues intérieurs d’Aza prennent la forme d’une petite voix tyrannique qui la pousse sans cesse à désinfecter une plaie sur son doigt, à craindre les bactéries, à s’interroger sur le microbiote. Ces obsessions envahissent chaque aspect de sa vie, jusqu’à compromettre ses relations avec Daisy, sa meilleure amie, et Davis, son premier amour. Comme l’observe une critique : « La souffrance est palpable, formidablement bien retranscrite. Aza nous trimballe dans une spirale d’absurde qui ne cesse de se resserrer en son centre. »
Le succès est immédiat : le livre devient n°1 des ventes du New York Times, du Wall Street Journal et figure parmi les meilleurs livres de l’année selon NPR, Time et plusieurs autres médias majeurs. Une adaptation cinématographique est en cours de production par New Line Cinema pour HBO Max, avec Isabela Merced dans le rôle d’Aza. Mais par-delà les récompenses, ce sont les témoignages de lecteurs qui soulignent l’impact du livre : beaucoup y trouvent enfin les mots pour décrire leurs propres luttes contre l’anxiété et les TOC.
L’originalité de « Tortues à l’infini » tient aussi à son mélange des genres : sous les traits d’une enquête sur un milliardaire disparu se cache une méditation sur la maladie mentale, l’amitié et l’amour à l’adolescence. Les références littéraires et scientifiques s’entremêlent aux conversations sur Star Wars et aux fanfictions de Daisy, dans un univers où poésie et pop culture cohabitent naturellement. La fin, saluée pour sa justesse, évite les résolutions artificielles : Aza apprend non pas à « guérir » mais à vivre avec son trouble.
Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 384 pages ; Dès 13 ans.
4. Will et Will (avec David Levithan, dès 14 ans, 2010)
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Résumé
Dans la banlieue de Chicago, Will Grayson mène une existence discrète, marquée par deux règles d’or : ne jamais trop s’investir et toujours rester silencieux. Son meilleur ami Tiny Cooper, un adolescent gay à la personnalité explosive, prépare une comédie musicale sur sa propre vie. À l’autre bout de la ville vit un autre Will Grayson, un lycéen dépressif qui communique en secret sur Internet avec Isaac, dont il est tombé amoureux.
Le hasard réunit les deux Will lors d’une soirée à Chicago. Cette rencontre improbable bouleverse leur quotidien : le premier Will s’ouvre peu à peu aux sentiments qu’il éprouve pour Jane, tandis que le second découvre qu’Isaac n’existe pas – il s’agit d’un piège tendu par son amie Maura. Les destins des deux adolescents s’entremêlent autour de Tiny Cooper, personnage solaire qui les aide à s’accepter tels qu’ils sont.
Autour du livre
Premier roman young adult LGBT à intégrer le classement des meilleures ventes du New York Times, « Will et Will » aborde l’homosexualité sans en faire le sujet central, la traitant comme une composante naturelle de l’identité des personnages.
La collaboration entre John Green et David Levithan engendre une narration singulière : chaque auteur prend en charge l’un des deux Will Grayson, deux voix distinctes qui s’entrelacent au fil des chapitres. Cette dualité s’incarne jusque dans la typographie : le Will de Levithan s’exprime sans majuscules et présente ses dialogues sous forme théâtrale, tandis que celui de Green suit une narration plus conventionnelle.
Le personnage de Tiny Cooper s’impose comme le véritable pivot du récit, bien plus que les deux protagonistes éponymes. Cet adolescent gay et corpulent, qui monte une comédie musicale sur sa propre vie, catalyse les transformations des deux Will. Sa présence exubérante contraste avec leur introversion et les pousse à sortir de leur isolement.
Les critiques soulignent la capacité du livre à équilibrer l’humour et l’émotion, notamment dans le traitement de thèmes sensibles comme la dépression, l’acceptation de soi ou les relations toxiques. Le dénouement divise cependant les lecteurs : certains apprécient sa dimension spectaculaire quand d’autres le jugent trop éloigné du réalisme qui caractérise le reste du récit. Cette fin théâtrale fait écho à la comédie musicale de Tiny, bouclant ainsi la boucle d’une histoire qui met en scène les différentes facettes de l’adolescence.
Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 384 pages ; Dès 14 ans.
5. La face cachée de Margo (dès 14 ans, 2008)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
À Orlando, en Floride, Quentin Jacobsen mène une existence tranquille de lycéen aux côtés de ses deux meilleurs amis, Ben et Radar. Depuis l’enfance, il voue une admiration sans bornes à sa voisine Margo Roth Spiegelman, une adolescente populaire et rebelle qu’il n’ose approcher. Un soir, elle s’introduit dans sa chambre et l’entraîne dans une folle expédition nocturne à travers la ville, une virée vengeresse contre ceux qui l’ont blessée.
Le lendemain, Margo disparaît sans laisser de traces. Ce n’est pas la première fois qu’elle fugue, mais cette fois-ci semble différente. Persuadé qu’elle lui a laissé des indices pour la retrouver, Quentin se lance dans une quête effrénée avec l’aide de ses amis. Plus il progresse dans son enquête, plus il réalise que la Margo qu’il pensait connaître n’était peut-être qu’une illusion.
Autour du livre
« La face cachée de Margo », publié en 2008 sous le titre original « Paper Towns », est le troisième roman de John Green. Entré directement à la cinquième place des bestsellers du New York Times dans la catégorie jeunesse, il remporte en 2009 l’Edgar Award du meilleur livre pour jeunes adultes.
Cette histoire déploie plusieurs strates de lecture qui s’entremêlent habilement. La première partie s’articule autour d’une nuit de vengeance jubilatoire, tandis que la seconde prend des allures d’enquête policière avant de culminer dans un road trip déjanté. John Green y interroge avec tact la construction de l’identité à l’adolescence et la manière dont chacun se crée une image sociale. Les « villes de papier », ces lotissements fantômes abandonnés qui parsèment l’Amérique, font écho aux « personnes de papier » : des êtres que l’on perçoit en deux dimensions, sans jamais accéder à leur profondeur réelle.
Les personnages secondaires, Ben et Radar, insufflent une dose d’humour salutaire à travers leurs dialogues percutants. Les références littéraires à Walt Whitman et l’inclusion de concepts philosophiques élèvent le propos au-delà d’une simple histoire adolescente. Cette dimension réflexive n’empêche pas le livre de maintenir un rythme soutenu, notamment lors du road trip final chronométré qui mêle courses effrénées dans les supermarchés et rencontres improbables avec des vaches sur l’autoroute.
Plusieurs éléments rapprochent le personnage de Margo de celui d’Alaska dans le précédent roman de Green, « Qui es-tu Alaska ? », notamment leur côté insaisissable et leur propension à disparaître. Cette parenté thématique n’enlève rien à l’originalité d’un ouvrage qui séduit par sa réflexion sur les apparences sociales et l’impossibilité de vraiment connaître l’autre. Fort de son succès, « La face cachée de Margo » a été adapté au cinéma en 2015 par Jake Schreier, avec Cara Delevingne dans le rôle de Margo.
Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 400 pages ; Dès 14 ans.
6. Le théorème des Katherine (dès 14 ans, 2006)
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Résumé
Colin Singleton cumule deux particularités : c’est un surdoué et il n’est sorti qu’avec des filles prénommées Katherine – dix-neuf exactement. À dix-sept ans, tout juste bachelier, il vient de se faire larguer par Katherine XIX. Pour lui remonter le moral, Hassan, son seul ami, l’entraîne dans un road trip improvisé loin de Chicago.
Le duo s’arrête à Gutshot, Tennessee, où ils font la connaissance de Lindsey Lee Wells et de sa mère Hollis. Cette dernière les embauche pour réaliser des interviews des habitants sur l’histoire de leur ville. Colin entreprend en parallèle un projet fou : créer une formule mathématique universelle capable de prédire la durée et l’issue de toute relation amoureuse, en se basant sur ses propres expériences avec les Katherine.
Autour du livre
« Le théorème des Katherine » se distingue nettement des autres romans de John Green. Avec ses notes de bas de page savantes et ses formules mathématiques, il s’apparente à une audacieuse expérience littéraire. La dimension humoristique se révèle particulièrement réussie : le meilleur ami Hassan apporte une touche d’irrévérence bienvenue avec ses répliques cultes comme « pas intéressant », tandis que les annotations de l’auteur en bas de page ajoutent une dose d’esprit et d’érudition.
Sous ses allures de comédie romantique décalée, le récit aborde plusieurs thématiques adolescentes : la quête identitaire, la transition vers l’âge adulte, le besoin de reconnaissance. La singularité du personnage principal – un surdoué obsédé par les anagrammes et les statistiques – permet d’interroger de manière originale les relations humaines. Sa tentative de modéliser mathématiquement l’amour soulève des questions existentielles sur la prévisibilité des sentiments.
L’évolution des personnages se dessine avec justesse, en particulier celle de Colin qui passe progressivement de l’égocentrisme à une plus grande maturité émotionnelle. Le duo qu’il forme avec Hassan fonctionne à merveille grâce à leur amitié improbable et leurs échanges pleins d’esprit. Les scènes comiques comme la chasse au cochon sauvage ou l’attaque des frelons ponctuent efficacement le récit.
Pour les lecteurs mathophobes, John Green a pris soin d’inclure les explications techniques du théorème en annexe uniquement. Cette structuration ingénieuse permet de profiter pleinement de l’histoire sans se perdre dans les équations. Les critiques saluent majoritairement l’originalité de cette approche qui mêle romance, humour et réflexion sur les relations humaines, même si on peut déplorer des longueurs dans la première partie.
Aux éditions POCKET JEUNESSE ; 360 pages ; Dès 14 ans.