Sandrine Collette est une romancière française née en 1970 à Paris. Après des études supérieures couronnées par un doctorat en science politique en 1999, elle mène d’abord une carrière universitaire comme chargée de cours à l’Université de Nanterre, tout en travaillant comme consultante en ressources humaines.
Sa carrière littéraire démarre en 2012 avec « Des nœuds d’acier », qui remporte le Grand Prix de littérature policière. Ce premier succès la pousse à se consacrer pleinement à l’écriture. Elle s’installe alors dans le Morvan, à La Comelle, où elle partage son temps entre l’écriture et l’élevage de chevaux.
En une décennie, elle s’impose comme une voix majeure du thriller français, avec des romans mêlant souvent nature sauvage et tension psychologique. Parmi ses œuvres marquantes figurent « Et toujours les forêts » (2020), qui remporte plusieurs prix dont le Grand Prix RTL-Lire, et « On était des loups » (2022), récompensé par le Prix Jean Giono et le Prix Renaudot des lycéens.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. On était des loups (2022)
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Quelque part dans les contrées reculées d’Amérique du Nord, Liam a bâti son existence loin des hommes. Cet ancien enfant maltraité vit de la chasse et du piégeage avec sa femme Ava, qui l’a suivi par amour, et leur fils Aru de 5 ans. Son quotidien bascule le jour où un ours tue Ava. Sous son corps sans vie, leur petit garçon a miraculeusement survécu.
Pour Liam, la situation est intenable : comment poursuivre sa vie de trappeur avec un enfant ? Lui qui part des jours entiers traquer le gibier ne peut ni emmener Aru dans ses chasses périlleuses, ni le laisser seul à la cabane. Il décide alors de le confier à son oncle et sa tante en ville. Père et fils entament à cheval une traversée des montagnes qui va mettre à l’épreuve leurs liens fragiles.
Les phrases se déploient sans ponctuation, comme les pensées brutes de Liam, dans un flot où la tendresse perce parfois sous la violence. Cette histoire d’apprentissage de la paternité se déroule dans une nature majestueuse, impitoyable, où le hurlement des loups fait écho aux tourments intérieurs des personnages. Le roman a reçu le prix Renaudot des Lycéens 2022.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 168 pages.
2. Madelaine avant l’aube (2024)
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Dans un hameau reculé d’une France médiévale, trois fermes abritent une poignée de paysans qui peinent sous le joug d’un seigneur tyrannique. Aux Montées vivent Rose la guérisseuse, les jumelles Ambre et Aelis avec leurs époux respectifs, ainsi que les trois fils d’Aelis. Les jours s’écoulent au rythme des corvées et du travail harassant de la terre, entre famines, hivers glacials et la menace constante du fils du seigneur qui terrorise et viole les femmes du pays.
L’arrivée de Madelaine, une fillette sauvage surgie de la forêt, bouleverse cet équilibre précaire. Recueillie par Ambre qui ne peut avoir d’enfant, cette gamine courageuse et insoumise grandit avec une flamme de révolte dans le regard. Son refus de l’injustice et sa rage contre l’ordre établi menacent peu à peu la survie de toute la communauté.
Nominé pour le prix Goncourt 2024, ce onzième roman de Sandrine Collette frappe par sa noirceur et son intensité. L’écriture brute et poétique donne vie à ce conte cruel sur la révolte contre l’oppression. Chaque page résonne des bruits de la forêt, du froid qui mord les chairs, des silences lourds entre les personnages. Une histoire âpre qui questionne la soumission et le prix de la liberté.
Aux éditions JC LATTÈS ; 252 pages.
3. Les larmes noires sur la terre (2017)
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Dans une France dystopique d’un avenir proche, les services sociaux ont trouvé la solution pour gérer la misère : parquer les indésirables dans d’anciennes casses automobiles transformées en centres de détention. C’est là que Moe, 26 ans, se retrouve avec son bébé après une descente aux enfers. Originaire de Tahiti, elle avait tout quitté six ans plus tôt pour suivre un homme en métropole. Le rêve s’est vite transformé en cauchemar : un mari violent, pas de travail, errance, solitude.
À la Casse, elle rejoint un groupe de cinq femmes qui s’entraident pour survivre : Ada l’Afghane aux dons de guérisseuse, l’impétueuse Jaja, Poule qui a tout perdu dans les attentats, la douce Marie-Thé et Nini qui danse encore malgré tout. Dans ce monde brutal où les épaves servent de logements, chacune garde l’espoir de réunir les 15 000 euros nécessaires pour en sortir. Déterminée à sauver son fils de cet enfer, Moe va s’engager sur des chemins dangereux qui mettront à l’épreuve son humanité.
Publié en 2017, ce roman prémonitoire secoue par sa vision implacable d’une société qui criminalise la pauvreté. Le style ciselé de Sandrine Collette, fait de phrases courtes qui claquent comme des gifles, traduit la violence sourde de cet univers carcéral. Sans pathos ni artifices, elle bâtit une réflexion puissante sur l’exclusion à travers le destin de ces six femmes unies dans l’adversité.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 384 pages.
4. Des nœuds d’acier (2012)
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À sa sortie de prison après 19 mois de détention, Théo Béranger n’aspire qu’à retrouver sa liberté. Il vient d’être incarcéré pour avoir violemment agressé son frère Max, désormais tétraplégique, qui avait couché avec sa compagne. À peine libéré, il transgresse l’interdiction de s’approcher de sa victime et doit fuir précipitamment. Son errance le mène dans une région montagneuse isolée où il trouve refuge dans la pension de Mme Mignon.
Sur les conseils de son hôtesse, Théo part en randonnée et tombe sur une ferme reculée habitée par deux frères vieillards. Après une invitation à boire le café, il se réveille enchaîné dans leur cave. Commence alors une descente aux enfers : réduit à l’état d’esclave par ses geôliers déments, battu, affamé et humilié quotidiennement, Théo va perdre peu à peu son humanité aux côtés de Luc, un autre prisonnier séquestré depuis huit ans.
Premier roman de Sandrine Collette paru en 2013, ce thriller psychologique a reçu le Grand Prix de Littérature Policière. L’écriture, d’une sobriété glaçante, installe une tension oppressante qui ne relâche jamais son étreinte. Les scènes de violence, suggérées plutôt que décrites crûment, n’en deviennent que plus insoutenables dans ce huis clos étouffant où la folie rôde.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 264 pages.
5. Six fourmis blanches (2015)
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Dans les montagnes reculées d’Albanie, Mathias exerce le métier de sacrificateur. Pour conjurer le mauvais sort et s’attirer les bonnes grâces des esprits, les villageois font appel à lui lors des mariages et des naissances. Le rituel consiste à précipiter une chèvre du haut d’une falaise afin d’apaiser les esprits de la montagne. Mais un jour, un drame survient quand le petit-fils d’un caïd local périt sous sa surveillance. Pourchassé, Mathias n’a d’autre choix que la fuite.
Non loin de là, six touristes français entament une randonnée de trois jours. Menés par Vigan, leur guide, Lou et ses compagnons découvrent les splendeurs de ces sommets sauvages. Leur émerveillement se change en cauchemar quand une violente tempête de neige s’abat sur eux. Bientôt, le groupe se retrouve piégé dans l’immensité blanche, où chaque pas peut être le dernier.
La rudesse des éléments se marie à la brutalité des hommes dans ce thriller oppressant. Le récit alterne entre les deux narrateurs, Lou et Mathias, jusqu’à leur collision fatale. La montagne impose sa loi : elle écrase les corps, égare les esprits et fait ressurgir les peurs primitives enfouies au plus profond des êtres.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 312 pages.
6. Et toujours les forêts (2020)
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Personne n’a jamais voulu de Corentin. Sa mère le traîne de foyer en foyer avant de l’abandonner définitivement chez Augustine, son arrière-grand-mère qui vit recluse dans un hameau des Forêts. Contre toute attente, l’enfant trouve auprès de cette vieille femme austère mais bienveillante une maison où grandir, jusqu’à son départ pour des études en ville où il se perd dans une existence insouciante.
Tout bascule un soir où une mystérieuse catastrophe anéantit la surface terrestre pendant qu’il fait la fête dans les catacombes avec ses amis. À sa remontée à la surface, il découvre un monde carbonisé, vidé de toute vie. Miraculeusement épargné, Corentin n’a plus qu’une obsession : parcourir les centaines de kilomètres qui le séparent des Forêts pour retrouver Augustine. Il entame alors une longue marche à travers un monde en cendres, accompagné d’un chien aveugle, dernier vestige du monde d’avant.
Les phrases brèves et cinglantes lacèrent le récit comme autant de coups de couteau, tandis que l’écriture épurée renforce l’impression d’un univers revenu au degré zéro de l’existence. Ce conte noir sur la fin d’un monde questionne avec une âpreté glaçante notre rapport à la nature, tout en laissant filtrer une lueur d’espoir à travers les liens qui unissent les rares survivants.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 384 pages.
7. Juste après la vague (2018)
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Dans un monde ravagé par un tsunami apocalyptique, une famille nombreuse se retrouve isolée sur une colline transformée en île. Pata et Madie doivent protéger leurs neuf enfants alors que l’eau monte sans cesse, engloutissant peu à peu leur refuge. La décision s’impose : partir vers les terres hautes à bord de leur frêle embarcation. Un choix cruel les attend : la barque ne peut contenir que huit passagers.
Une nuit, les parents s’éclipsent avec six de leurs enfants, abandonnant les trois du milieu : Louie le boiteux, Perrine la borgne et Noé le chétif. À leur réveil, les trois « sacrifiés » découvrent une promesse griffonnée sur un bout de papier : leurs parents reviendront les chercher dans douze jours. Pendant que les uns affrontent les tempêtes et les dangers de l’océan, les autres s’organisent sur leur bout de terre qui s’amenuise, rongé par les flots.
Ce thriller psychologique déploie une tension implacable autour du dilemme moral d’une mère contrainte d’abandonner ses propres enfants. Sandrine Collette, elle-même aquaphobe, transpose ses angoisses dans une nature hostile où l’océan devient un monstre bien vivant. Un huis clos à ciel ouvert d’une rare intensité, qui résonne avec les drames que vivent les réfugiés climatiques.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 352 pages.
8. Il reste la poussière (2016)
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Dans une estancia isolée de Patagonie, à la fin du XIXe siècle, quatre frères et leur mère mènent une vie de labeur et de misère. Rafael, le plus jeune, né après la mystérieuse disparition du père, subit les violences quotidiennes de ses aînés sous le regard indifférent de sa mère, une femme austère qui dirige l’exploitation d’une main de fer. Face à cette hostilité permanente, le garçon trouve refuge auprès de son cheval Halley et de ses chiens.
La situation déjà précaire de la famille bascule le jour où la mère, joueuse invétérée, « perd » l’un de ses fils lors d’une partie de poker. Peu de temps après, Rafael, parti à la recherche de chevaux échappés, découvre un homme blessé qui lui confie avant de mourir une petite fortune en liquide. Cet argent, censé apporter un peu de répit dans cette vie de souffrance, va au contraire déchaîner les pires instincts.
Cette tragédie familiale sur fond de western patagonien frappe par sa noirceur. Les vastes étendues balayées par les vents glacés deviennent le théâtre d’un huis clos étouffant où la violence des hommes répond à celle de la nature. Le livre a reçu le prix Landerneau polar 2016, bien qu’il s’inscrive davantage dans la tradition du nature writing américain.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 352 pages.
9. Animal (2019)
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Au Népal, la coutume veut qu’on attache parfois certains enfants indésirables aux arbres de la forêt pour qu’ils servent d’appâts aux tigres et aux ours. Une nuit, Mara, une jeune veuve qui vit seule dans une cabane, trouve deux enfants ligotés à un arbre. Cette femme solitaire brise les interdits en les délivrant, puis fuit avec eux vers la grande ville. Dans les bidonvilles de Pokhara, elle tente d’élever Nin et Nun, mais la misère la pousse à un geste désespéré : abandonner la petite Nin à l’hôpital et disparaître avec son frère.
Vingt ans plus tard, cette même Nin, devenue Lior après son adoption par un couple français, est une chasseuse obsédée par la traque des grands fauves. Dans les étendues glacées du Kamtchatka, elle poursuit avec son mari Hadrien et d’autres chasseurs un ours particulièrement rusé. Cette chasse qui tourne au duel réveille en elle des souvenirs enfouis de son enfance népalaise. Hantée par une terreur inexplicable des tigres, elle décide de retourner sur les traces de son passé.
La sauvagerie imprègne chaque page de ce roman où la bestialité change de camp selon les circonstances. Les chapitres alternent entre plusieurs voix, y compris celle de l’ours, dans une construction audacieuse qui brouille les limites entre humanité et animalité.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 352 pages.
10. Ces orages-là (2021)
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Clémence a trouvé la force de quitter Thomas après trois années de relation toxique. Elle s’installe dans une petite maison défraîchie à quelques kilomètres de lui, avec un jardin envahi par la végétation et un bassin où nagent quatre poissons rouges et demi. Dans sa nouvelle vie de boulangère, elle tente de se reconstruire malgré la terreur qui ne la quitte pas.
Car Thomas n’est pas un homme ordinaire. Derrière ses airs charmants se cache un prédateur qui prenait plaisir à humilier Clémence, à l’isoler de ses proches, à la faire courir nue dans la forêt la nuit comme un gibier traqué. Même loin de lui, son emprise demeure. Clémence oscille entre l’envie de lui échapper et celle de le retrouver, entre sa peur viscérale et son attirance maladive pour celui qui l’a détruite.
Cette histoire d’emprise psychologique s’écarte des sentiers battus pour révéler la part sombre qui peut habiter chacun. Les mots percutent avec la violence des coups qu’ils décrivent. Le texte se déploie par saccades, comme le souffle court d’une femme qui fuit. Une tension magistrale, jusqu’à un dénouement qui renverse toutes les certitudes.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 240 pages.
