Née le 12 janvier 1929 à Tunis, Nicole de Buron débute sa carrière comme journaliste à Marie Claire avant de se tourner vers l’écriture romanesque. Autrice prolifique, elle connaît le succès avec ses récits humoristiques largement inspirés de sa vie personnelle. Dans un style vif, plein d’autodérision, elle raconte à la deuxième personne du pluriel les aventures d’une femme écrivain et de sa « tribu » – mari, filles et petits-enfants. Son roman « Chéri, tu m’écoutes ? … alors, répète ce que je viens de dire » (1998) s’écoule à 150 000 exemplaires.
Nicole de Buron marque également le paysage audiovisuel français comme scénariste. Elle est notamment l’autrice de la célèbre série télévisée « Les Saintes Chéries » et de plusieurs comédies pour le cinéma, dont « Vas-y maman » avec Annie Girardot, « Erotissimo » et « Elle court, elle court la banlieue ».
Parallèlement à sa carrière d’écrivaine et de scénariste, elle dirige le domaine agricole La Flassane près de Limoux, une activité qui lui vaut la médaille du Mérite agricole. Mariée successivement à Jean Bruel, fondateur de la Compagnie des Bateaux Mouches, puis à Antoine Roblot, elle est mère de deux filles. Nicole de Buron s’éteint le 11 décembre 2019 à Paris.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. C’est quoi, ce petit boulot ? (1988)
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À la grande surprise de ses parents, Petite Chérie, une adolescente jusque-là peu intéressée par les études, décide de préparer son baccalauréat. Les nuits de révision s’enchaînent, entre larmes et épuisement, tandis que sa mère supporte difficilement cette période stressante. Contre toute attente, Petite Chérie réussit brillamment son examen. Mais au lieu de poursuivre des études supérieures comme l’espèrent ses parents, elle leur annonce son intention de faire le tour du monde avec Yann, un séduisant marin tatoué.
Une seule ombre au tableau : le voilier de Yann s’avère minuscule et le couple manque cruellement d’argent pour acquérir l’embarcation de leurs rêves. Petite Chérie se lance alors dans une succession de petits boulots : vendeuse de frites sur une plage bretonne, vendangeuse, shampouineuse dans un salon de coiffure. Autant d’expériences professionnelles prétextes à des aventures rocambolesques.
Ce récit semi-autobiographique s’inscrit dans une série de romans où Nicole de Buron transpose avec esprit ses propres expériences maternelles. Les situations cocasses s’enchaînent, portées par une narration à la deuxième personne qui crée une proximité immédiate avec le lecteur. L’humour omniprésent transforme les petits tracas quotidiens en moments de pure comédie.
Aux éditions FLAMMARION ; 327 pages.
2. Qui c’est, ce garçon ? (1985)
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Dans les années 1980 à Paris, une mère de famille bourgeoise voit sa vie basculer quand sa fille cadette de seize ans, Joséphine surnommée « Petite Chérie », tombe éperdument amoureuse d’un camarade de classe. Entre les appels téléphoniques interminables, les retours tardifs justifiés par des révisions et les changements d’humeur, le quotidien devient vite un parcours d’obstacles.
La situation se corse davantage lorsque Joséphine demande la pilule à sa mère, provoquant chez cette dernière une véritable onde de choc. Tandis qu’elle tente de gérer la crise avec diplomatie, d’autres défis l’attendent : son mari aux prises avec le fisc, sa fille aînée enceinte jusqu’aux yeux, ses propres questionnements sur sa capacité à être une « mère branchée ».
Cette chronique familiale, devenue un classique, se distingue par son usage novateur de la narration à la deuxième personne du pluriel – le fameux « Vous » – qui place directement le lecteur dans la peau de cette mère dépassée. Le roman a marqué son époque en posant les jalons de ce qui deviendra plus tard la « chick-lit » à la française, tout en offrant une satire mordante de la bourgeoisie parisienne des années 1980.
Aux éditions FLAMMARION ; 303 pages.
3. Où sont mes lunettes ? (1991)
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À 59 ans, une femme reçoit un courrier de la caisse de retraite qui la renvoie brutalement à son âge. Elle ouvre alors une vieille malle poussiéreuse dans laquelle elle exhume ses souvenirs. Son passé ressurgit peu à peu : une jeunesse marquée par des grands-parents aristocrates ruinés et une mère instable qui multiplie les séjours en maison de repos.
Elle débute sa carrière professionnelle comme secrétaire d’un patron paternaliste, puis entame une liaison tumultueuse avec un officier italien qui se termine par un avortement clandestin en Suisse. Mais le destin lui réserve une belle surprise : elle rencontre celui qu’elle surnommera le « Grand Salaud », l’homme qui partagera sa vie pendant trente ans, entre disputes mémorables et moments de bonheur intense.
Ce récit semi-autobiographique de Nicole de Buron, publié dans les années 1990, s’inscrit dans la lignée de ses précédents succès qui dépeignaient déjà la société française des Trente Glorieuses. Les situations décrites, tantôt cocasses tantôt émouvantes, témoignent des mutations sociales qui ont marqué cette génération de femmes.
Aux éditions FLAMMARION ; 295 pages.
4. Chéri, tu m’écoutes ? … alors, répète ce que je viens de dire (1998)
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Chez les Buron, l’amour sème la pagaille. Alizée, 25 ans, abandonne son appartement et son petit ami Thomas pour retourner vivre chez ses parents. La raison de sa fuite ? Un coup de foudre pour Joao, séduisant danseur brésilien qui ne parle pas un mot de français. Mais leur histoire d’amour naissante se heurte à un mur : la famille de Joao refuse l’idée même d’une belle-fille à la peau claire.
Le chaos s’intensifie quand Lilibelle, la grand-mère de 75 ans, décide d’épouser à Las Vegas un contre-amiral fortuné de 80 ans, provoquant l’ire de sa future belle-famille. Pour couronner le tout, Matthias, le petit-fils, tombe amoureux de Mélanie, une jeune femme pieuse qui exige un mariage dans les règles les plus strictes de la tradition.
Cette succession de saynètes familiales dépeint avec justesse les relations de couple modernes. Les situations rocambolesques s’enchaînent sans tomber dans la caricature, portées par un humour qui a fait la renommée de Nicole de Buron.
Aux éditions PLON ; 197 pages.
5. Mais t’as-tout-pour-être-heureuse ! (1996)
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Une femme mène une vie en apparence parfaite jusqu’au jour où elle se réveille dans l’incapacité de sortir du lit. Sans raison apparente, elle se met à pleurer et à souffrir. Les médecins ne trouvent rien, si ce n’est une « petite déprime ». Alors que ses amies lui répètent qu’elle « a tout pour être heureuse », elle se sent de plus en plus coupable. Vêtue d’une vieille robe de chambre, elle traîne son mal-être en se réfugiant dans le chocolat et l’autodénigrement.
Sur les conseils de sa fille cadette, elle consulte un psychiatre qui lui prescrit des médicaments. Elle les prend en cachette, contre l’avis de son mari et de sa fille aînée. S’ensuit une période tumultueuse où elle manque de divorcer, songe à éliminer Florence — l’amie trop proche de son époux — et envisage même le suicide. Puis, aussi mystérieusement qu’elle est apparue, la dépression s’évapore.
Ce roman de Nicole de Buron, paru en 1996, aborde avec une légèreté insoupçonnée un fléau sociétal grandissant. La romancière parvient à transformer une épreuve difficile en thérapie par le rire. Ses propos résonnent particulièrement dans notre époque où la santé mentale n’est plus taboue.
Aux éditions FLAMMARION ; 217 pages.
