Jean Racine est un dramaturge et poète français. Issu d’une famille de petits notables de la Ferté-Milon et tôt orphelin, Racine reçoit auprès des « Solitaires » de Port-Royal une éducation littéraire et religieuse rare.
1. Phèdre
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Phèdre, ce chef-d’œuvre incontestable, pense-t-on encore qu’il n’en fut pas de plus contesté que celui-là ? « Faire un inceste en plein théâtre ! » s’indigne Pradon, rival malheureux de Racine devant la postérité. Phèdre « n’est ni tout à fait coupable ni tout à fait innocente », proteste l’auteur.
Car elle est tout entière habitée par cette passion – sourde, aveugle, déraisonnable, exacerbée par sa déraison même – qu’elle entretient pour Hippolyte, passion qui ne peut mourir et ne mourra qu’avec elle.
Fait étrange, c’est cette même année 1677 que Racine, ayant porté à son paroxysme de grandeur et de violence l’amour qu’un être humain peut nourrir pour son semblable, se tourne vers l’amour de Dieu.
2. Andromaque
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Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort… Pris dans une chaîne amoureuse sans issue, comment pourraient-ils s’en sortir ? De fait, quand le rideau s’ouvre, tous les éléments de l’étau tragique sont déjà prêts à se refermer sur les personnages : prisonniers de leurs passions, leur perte est inéluctable.
Racine orchestre avec délectation leurs débats impuissants, leurs actions désespérées, et leur terrible fin, pour le plus grand plaisir du spectateur et du lecteur. Modèle par excellence de l’écriture classique, Racine n’en reste pas moins d’une modernité étonnante : sa peinture des rapports humains et sa connaissance du cœur amoureux touchent peut-être plus que jamais.
En particulier dans Andromaque qui est sans doute, avec Phèdre, la tragédie où la passion amoureuse est la plus dévastatrice. Et sur scène, depuis sa création en 1667, le succès ininterrompu d’Andromaque est la preuve vivante de cette modernité.
3. Britannicus
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Tyran sanguinaire, empereur féroce, despote criminel : le seul nom de Néron provoque des frémissements d’horreur. C’est ce que Racine a bien compris : pour sa première tragédie romaine – terrain traditionnel de son vieux rival Corneille – Néron tombe à point nommé pour provoquer la crainte et la pitié. Il choisit donc d’en faire son héros maléfique, le double ignominieux de son frère Britannicus, innocent bientôt immolé à la formation machiavélique du jeune empereur.
Car ce qui intéresse Racine, ce ne sont pas tant les crimes de Néron que les méandres de son âme. Il veut saisir et peindre sur le vif le moment où tout bascule, où l’élève de Sénèque choisit le crime contre la vertu, la ruse et la dissimulation contre la sincérité, le pouvoir par la force, sans la justice, dans l’abjection et dans la honte.
Cela donne une des pièces les plus noires de Racine où même l’amour, dévasté par les poisons et les complots, n’a plus aucun avenir. Un théâtre de la cruauté qui s’inscrit dans la plus pure tradition de la tragédie.
4. Bérénice
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Bérénice appartient à l’histoire romaine et orientale. Son action est sans violence, son dénouement n’est pas dicté par la passion. Ce n’en est pas moins une tragédie : un personnel de princes et de rois fait son malheur en une série de discours réglés.
C’est le personnage le plus dépendant, le moins libre, qui donne son nom à la pièce ; Titus, qui congédie la femme qu’il aime, fait sans cesse un effort douloureux sur lui-même, jusqu’au transport d’héroïsme final. Le sujet de la pièce est le renvoi de Bérénice, qui ne fait aucun doute : il est dicté par la tradition romaine.
L’action se réduit à retracer les souffrances que cette nécessité entraîne : tout l’art de Racine, ici, est dans le suspens, dans le retard, dans l’attente de l’aveu et de l’adieu.
5. Iphigénie
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Iphigénie est innocente et vertueuse ; c’est pourtant elle que son père doit se résoudre à sacrifier. Iphigénie incarne la douceur et la tendresse ; c’est pourtant elle qui est au centre du déchaînement des fureurs familiales. Iphigénie exalte le dévouement et l’abnégation jusqu’au sublime ; c’est pourtant elle qui subit les lâchetés et les excès dévastateurs.
Tels sont les tragiques paradoxes d’Iphigénie, où l’oracle divin ne semble rien d’autre que le révélateur des passions des hommes.