Cet article vous présente une sélection de 5 des meilleurs livres sur la collaboration.
1. Histoire de la collaboration : 1940-1945 (François Broche, Jean-François Muracciole)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Il est établi depuis les années 1970 que ce ne sont pas les Allemands mais les Français qui ont voulu et pratiqué la « collaboration » avec l’occupant. Pour des raisons politiques, morales, intellectuelles, matérielles, le régime de Vichy et une partie de la population ont préféré travailler avec l’occupant, abdiquant tout esprit de résistance, refusant même de se réfugier dans la simple neutralité…
Ce phénomène est d’une infinie complexité – Pétain n’est pas Laval, Bousquet n’est pas Doriot, Brasillach n’est pas Arletty – et, de 1940 à 1944, les enjeux changent en permanence : offrir les bases aériennes de Syrie aux Allemands, ce n’est pas la même chose que de leur livrer des machines-outils, organiser la rafle du Vél d’Hiv’, c’est bien différent de participer à la construction du mur de l’Atlantique.
Ce livre est le premier à offrir à un large public une synthèse froide, solide, cohérente et documentée, délivrée des passions idéologiques qui ont longtemps pollué cette question et tenant compte de multiples recherches parcellaires menées depuis 30 ou 40 ans (depuis que les archives sont ouvertes).
Passionnante de bout en bout, cette ample fresque de la France des années noires comble une lacune. Elle donne des réponses à de nombreuses questions que les Français se posent encore aujourd’hui.
À propos de l’auteur
François Broche, spécialiste de la France Libre, est l’auteur de nombreux ouvrages, en dernier lieu Dictionnaire de la Collaboration (Belin, 2014).
Jean-François Muracciole, professeur d’Histoire contemporaine à Montpellier, est l’un des meilleurs connaisseurs de la Résistance. Ensemble ils ont dirigé Ie Dictionnaire de la France Libre (Bouquins, 2010).
2. Le livre noir de la collaboration (Philippe Valode)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
« 40 millions de pétainistes en 1940 » déclarait avec provocation Henri Amouroux dans son best-seller La Grande Histoire des Français sous l’Occupation.
Quelle fut la responsabilité du peuple français durant ces quatre années noires ? Qui furent ces collaborateurs, hommes de pouvoir ou simples anonymes souvent délateurs ?
On le sait, seulement 2% des Français s’engagèrent activement dans la Résistance, et seulement 6% dans une collaboration volontariste et fanatique. Comment agirent les autres 9 Français sur 10 ? La réalité est complexe, et encore en partie taboue.
Entre la collaboration d’Etat orchestrée par Vichy et les groupuscules fascistes, il y a un monde. Pétain n’est pas Laval, Grasset n’est pas Drieu la Rochelle. Pourtant, les faits sont là : la Collaboration a été massivement pratiquée en France, au moins jusqu’en 1942.
Quelles furent les responsabilités individuelles et collectives ? Était-il facile de s’affranchir de ce mouvement général ? C’est tout l’objet de ce livre ambitieux qui retrace avec précision cette histoire, en s’appuyant sur plusieurs années de recherche.
Philippe Valode, spécialiste de la période, décrit en détail les différents modes de la collaboration, quantifie le phénomène et répertorie tous les principaux acteurs, avec une courte biographie de chacun d’eux.
À propos de l’auteur
Philippe Valode, historien, est l’auteur de cinquante ouvrages. Spécialiste d’histoire de France, il a mené beaucoup de recherches sur cette période et publié une biographie très remarquée sur le sujet : « Les hommes de Pétain » (éditions nouveau monde, 2011) ainsi qu’aux éditions Acropole « Le livre noir de l’histoire de France » en 2009.
3. La collaboration – Vichy, Paris, Berlin – 1940-1945 (Thomas Fontaine, Denis Peschanski)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Le 24 octobre 1940, sur le quai de la gare de Montoire, Pétain serre la main de Hitler. La France a fait le choix de la collaboration.
Mais qui a intérêt à collaborer ? Les Français ou les Allemands ? Qui en sont les acteurs ? Quel rôle louent les ultras ? Qui s’est enrichi ? Quelle est l’ampleur de la collaboration militaire ? Quel rôle a joué Vichy dans la déportation des Juifs de France et dans la répression de la Résistance ? A quel point intellectuels et artistes se sont-ils compromis ?
Près de 600 documents ― affiches, rapports, lettres, journaux intimes, insignes, tracts, procès-verbaux, mains courantes, pièces à conviction, registres d’écrou, albums photographiques, objets, etc ― sont ici rassemblés et commentés, suivant une trame chronologique, de juin 1940 à avril 1945.
Fonds exceptionnels des Archives nationales, séries du contre-espionnage encore inexploitées du Service historique de la Défense, dossiers des Brigades spéciales des Renseignements généraux à la préfecture de police, pièces d’un des collectionneurs les plus importants de la place de Paris : avec ces archives, pour beaucoup inédites, c’est la collaboration sous toutes ses formes qui est présentée.
Une somme qui fera date.
À propos de l’auteur
Thomas Fontaine, historien, a soutenu en 2013 une thèse majeure sur la déportation de répression. Fin connaisseur des archives françaises et allemandes, il est aujourd’hui une référence incontournable sur le système d’occupation en France, comme sur la mémoire de la guerre.
Denis Peschanski, historien, est directeur de recherche au CNRS. Par ses nombreux ouvrages et ses films, il est devenu un spécialiste de renommée internationale sur la France des années noires.
4. Guy Éclache, enquête sur un ultra de la collaboration (Séverine Germain)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Le parcours de Guy Eclache, ennemi public n°1 de l’Isère à la Libération.
De l’enfance de Guy Eclache passée dans la Creuse à son exécution à Grenoble le 20 octobre 1945, ce livre tente de comprendre comment cet homme est devenu l’un des meneurs du milieu collaborationniste grenoblois, membre de la Waffen SS, reconnu coupable de dizaines de pillages, meurtres, tortures et dénonciations de Juifs et Résistants.
A travers l’examen des archives administratives et médiatiques de l’époque, Séverine Germain analyse la dérive progressive d’un Français sous l’Occupation. Elle dessine le portrait d’un homme qui, à la faveur de la guerre et des circonstances exceptionnelles mises en place par le régime de Vichy, devient un collaborateur acharné et sadique.
Si c’est à Grenoble que sévit Guy Eclache, l’homme n’en reste pas moins emblématique des collaborateurs qui ont œuvré en France à l’époque : son visage est celui d’une tenace rancœur idéologique envers la démocratie qui trouve dans les circonstances de la Collaboration et de l’Occupation l’occasion de s’exprimer sans retenue.
A l’heure de la résurgence de l’extrême-droite partout en Europe, il est utile de rappeler ce qu’a produit l’avènement du régime de Vichy. Retracer le parcours d’un ultra de la Collaboration, c’est aussi, d’une certaine manière, rendre encore et toujours hommage aux Résistants.
À propos de l’auteur
Séverine Germain, diplômée de l’IEP de Grenoble, est titulaire d’un doctorat en science politique. Actuellement fonctionnaire territoriale, elle est spécialisée dans les questions de sécurité.
5. Les années interdites – Auteurs, journalistes et artistes dans la collaboration (Dominique Lormier)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
En 1940, suite à la défaite militaire de la France et à l’abolition de la République, nombreux sont les écrivains, artistes et journalistes à choisir la loyauté au maréchal Pétain, à relayer la propagande de Vichy ou à flirter avec l’occupant. Souvent par opportunisme, mais aussi par conviction.
Moins de cinq ans plus tard, tous auront à répondre de leurs choix devant les tribunaux de l’épuration. Ceux, du moins, qui n’ont pas trouvé refuge à l’étranger ou argué de commodes « services rendus à la Résistance ».
Il y a ceux, fascinés par l’Allemagne hitlérienne, partisans de la collaboration, qui assument sans rien renier et le paieront parfois de leur vie (Brasillach, Céline, Drieu, Rebatet…). Ceux qu’aveuglèrent leur pacifisme, leur anticommunisme ou leur foi dans la Révolution nationale (Béraud, Chardonne, Jouhandeau, Maurras…). Ceux qui finirent par exprimer des regrets, tout en s’accordant des circonstances atténuantes (Denoël, Fernandel, Guitry, Montherlant…).
Plus nombreux encore furent ceux qui parvinrent à dissimuler leurs « années interdites » et connurent après-guerre des carrières enviables : Audiard, Barjavel, Cocteau, Duverger, Vlaminck… Sans oublier quelques intellectuels insoupçonnables, tels Sartre, Beauvoir ou Duras, dont le comportement sous l’Occupation aura laissé à désirer.
Dominique Lormier, découvreur du « fichier interdit de la collaboration française », brosse ainsi le portrait de groupe de cinquante hommes et femmes au carrefour de l’Histoire.
À propos de l’auteur
Né en 1960, Dominique Lormier, essayiste et historien, collabore à plusieurs revues (Historia, Actualité de l’Histoire, 14-18, etc.). Membre de l’Institut Jean-Moulin, il est un spécialiste reconnu de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance.
Il a été directeur de collection aux éditions du Rocher et rédacteur en chef aux éditions Chronique. Grand prix de la Légion d’honneur pour son œuvre historique en 2006, il est l’auteur de 70 ouvrages.
Dernières parutions : Les Crimes nazis lors de la libération de la France 1944-1945 (2014), Histoires extraordinaires de la Seconde guerre mondiale (2016), et le retentissant Fichier interdit de la collaboration française (2017), tous trois au Cherche Midi.