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5 des meilleurs livres d’André Gide

Les 5 meilleurs livres d’André Gide

Né le 22 novembre 1869 à Paris, André Gide fait partie de l’entourage littéraire de Mallarmé et de Valéry dès 1891. Il fonde avec quelques amis La Nouvelle Revue Française en 1908, donnant trois ans plus tard aux Éditions de la N.R.F. l’une de leurs toutes premières publications, Isabelle.

Par son œuvre, ses prises de position, ses nombreuses amitiés et ses voyages, il exerce durant l’entre-deux-guerres et au-delà un véritable magistère. Il reçoit le prix Nobel de Littérature en 1947 et meurt à Paris le 19 février 1951.


1. La symphonie pastorale

La symphonie pastorale André Gide

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Un pasteur recueille une jeune orpheline aveugle, farouche, et l’éduque en lui donnant une vision magnifiée du monde. Premier péché ? Puis il tombe amoureux d’elle, son fils aussi… Poussant la partition vers la tragédie ? Avec l’éclat du style d’André Gide, ce classique nous fait vibrer jusqu’à la dernière page.

« […] je n’ai point encore dit l’immense plaisir que Gertrude avait pris à ce concert de Neuchâtel. On y jouait précisément La symphonie pastorale. Je dis « précisément » car il n’est, on le comprend aisément, pas une œuvre que j’eusse pu davantage souhaiter de lui faire entendre. Longtemps après que nous eûmes quitté la salle de concert, Gertrude resta encore silencieuse et comme noyée dans l’extase.

– Est-ce que vraiment ce que vous voyez est aussi beau que cela ? dit-elle enfin. […]
– Ceux qui ont des yeux, dis-je enfin, ne connaissent pas leur bonheur.
– Mais moi qui n’en ai point, s’écria-t-elle aussitôt, je connais le bonheur d’entendre.»

– Il ne faut pas chercher à m’en faire accroire, voyez-vous. D’abord parce que ça serait très lâche de chercher à tromper une aveugle… Et puis parce que ça ne prendrait pas, ajouta-t-elle en riant. Dites-moi, pasteur, vous n’êtes pas malheureux, n’est-ce pas ?

Je portai sa main à mes lèvres, comme pour lui faire sentir sans le lui avouer qu’une partie de mon bonheur venait d’elle, tout en répondant:
– Non, Gertrude, non, je ne suis pas malheureux. Comment serais-je malheureux ?


2. Les faux-monnayeurs

Les faux monnayeurs André Gide

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Qu’un jeune garçon apprenne qu’il n’est pas le fils de son père, qu’il décide de ne pas se présenter à ses examens et de partir au hasard de certaines rencontres : jusque-là, rien que de très commun. Mais qu’il croise la route tordue de faussaires en tout genre, d’enfants qui trafiquent de la fausse monnaie ou de tricheurs ès sentiments, et l’histoire se transforme en une folle épopée où les différents fils se mêlent et s’emmêlent pour mieux finir par démêler tous les mensonges.

Singulier roman que cette croisée de destins et de personnages : il surprend et fascine, tant il ne ressemble à rien de connu tout en conservant une structure parfaitement attendue. Manière de symphonie, où Gide, qui tenait Les Faux-Monnayeurs pour l’un de ses textes les plus aboutis, orchestre les thèmes qui lui sont chers : l’adolescence et ses tourments, les troubles d’identité, mais surtout le mensonge, le faux sous toutes ses facettes, qu’il débusque avec acharnement, pour qu’enfin les masques tombent.


3. Les nourritures terrestres

Les nourritures terrestres André Gide

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André Gide, exalté, sensuel, lyrique. Les Nourritures Terrestres, œuvre de jeunesse, est un hymne panthéiste. Il célèbre la vie, la nature, le désir. Sa composition est kaléidoscopique. Les genres y sont mêlés : notes de voyages, fragments de journal intime, rondes et ballades, dictionnaire poétique, dialogues fictionnels.

Toutes les formes d’écriture sont convoquées pour dire l’ardeur avec laquelle Gide tente d’exister. Il invite le lecteur à éduquer sa sensibilité : tendre vers une acuité de l’instant, du mouvement, du dénuement. Vers l’amour, libéré de ses contraintes morales ou religieuses.

Gide rend hommage à la Création toute entière et prône une vie nomade, sans attaches. Son style est à l’image de ses intuitions : libre, sauvage et intensément poétique. « Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur ». C’est en effet cela que transmet Gide, cet éveil, cet élan à demi-mystique qui rend grâce au simple fait de respirer.


4. L’immoraliste

L’immoraliste André Gide

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Un homme se fuit en parcourant le monde, entraînant dans son long voyage son épouse, essayant d’oublier ses pulsions amorales.

Un matin, j’eus une curieuse révélation sur moi-même: Moktir, le seul des protégés de ma femme qui ne m’irritât point, était seul avec moi dans ma chambre.

Je me tenais debout auprès du feu, les deux coudes sur la cheminée, devant un livre, et je paraissais absorbé, mais pouvais voir se refléter dans la glace les mouvements de l’enfant à qui je tournais le dos.

Une curiosité que je ne m’expliquais pas bien me faisait surveiller ses gestes. Moktir ne se savait pas observé et me croyait plongé dans la lecture.

Je le vis s’approcher sans bruit d’une table où Marceline avait posé, près d’un ouvrage, une paire de petits ciseaux, s’en emparer furtivement, et d’un coup les engouffrer dans son burnous.


5. Si le grain ne meurt

Si le grain ne meurt André Gide

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André Gide a dépassé la cinquantaine quand il entreprend d’écrire ses mémoires. Si, depuis longtemps déjà, il tient un journal et use des événements de sa vie privée comme d’un tremplin pour son inspiration, il a toujours voilé ses sources par la fiction littéraire. Dans Si le grain ne meurt, il raconte sans fard ses vingt-six premières années, de sa naissance à ses fiançailles. Lors de la parution, le volume scandalise ses contemporains.

Pourquoi jeter bas le masque avec cette audace provocante ? Provoquer est dans la nature de Gide, comme y est aussi une sorte d’obsession de la sincérité. Tout dire, et tant pis pour les conséquences – ou plutôt tant mieux si l’hypocrisie en étouffe. Dans son récit, il appelle Emmanuelle sa cousine et future épouse Madeleine Rondeaux – et dote de pseudonymes les compagnons de ses randonnées, mais la vérité n’en pâtit guère.

Si le grain ne meurt est, avec le Journal, l’œuvre où il se montre le plus vrai, et où il nous touche comme tous les grands mémorialistes, de Rousseau à Chateaubriand.

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