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Que lire après « La Route » de Cormac McCarthy ? – Notre sélection

Que lire après « La Route » de Cormac McCarthy ? – Notre sélection

D’une noirceur hypnotique, « La Route » de Cormac McCarthy laisse rarement indemne. Son univers réduit à l’os, son langage dépouillé et la force de son lien père-fils impriment durablement leur marque. Si vous êtes en quête d’idées lecture dans la même veine, voici une sélection de récits post-apocalyptiques qui prolongent l’expérience à leur manière.


1. Les Somnambules (Chuck Wendig, 2019)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans un village de Pennsylvanie, Shana surprend sa petite sœur Nessie marchant pieds nus vers la route, muette, le regard absent. Pensant à une crise de somnambulisme, elle décide de la suivre. Rapidement, d’autres personnes, atteintes des mêmes symptômes, se joignent à elles. Ce cortège silencieux grandit jour après jour, attirant proches inquiets, forces de l’ordre, scientifiques… et opportunistes de tout bord. La traversée du pays devient le théâtre d’une tension croissante, où peur et chaos libèrent le pire et parfois le meilleur des êtres humains.

Si « La Route » montrait un père et un fils cheminant à travers un monde en ruines, « Les Somnambules » partage cette même intensité dans un décor américain qui se délite. L’itinérance y est chargée de menaces, non seulement physiques mais aussi idéologiques : suprémacistes, complotistes, extrémistes religieux y flairent une occasion d’imposer leur vision.

Comme McCarthy, Chuck Wendig s’intéresse moins à l’origine de la catastrophe qu’aux réactions humaines : solidarité imprévue, violence latente, espoir fragile. Le récit prend le temps de développer des personnages aux trajectoires entremêlées, chacun façonné par ses convictions, ses failles et ses choix.

On y retrouve ce sentiment d’incertitude permanente, cette impression que chaque pas vers l’avant peut mener à une rencontre salvatrice… ou fatale. C’est cette tension continue, mêlée à un portrait lucide d’une société au bord de la rupture, qui en fait un prolongement naturel pour quiconque a été marqué par « La Route ».

Aux éditions POCKET ; 1312 pages.


2. Les enfiévrés (Ling Ma, 2018)

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Dans « Les enfiévrés », Ling Ma met en scène Candace Chen, une jeune Américaine d’origine chinoise installée à New York. Elle travaille pour une entreprise qui sous-traite la fabrication de Bibles, mène une vie réglée solitaire, et consacre ses rares moments libres à quelques achats ou sorties. Puis survient la fièvre de Shen, une épidémie qui condamne les malades à répéter inlassablement les mêmes gestes jusqu’à la mort. Tandis que la ville se vide, Candace reste d’abord à son poste avant de rejoindre un petit groupe de survivants mené par un chef autoritaire, naviguant entre un passé banal et un présent incertain.

Si « La Route » montrait un monde détruit à travers le lien viscéral entre un père et son fils, « Les enfiévrés » propose une vision tout aussi percutante, mais filtrée par le prisme de l’aliénation moderne. Ici, la catastrophe n’est pas seulement une question de survie physique : elle prolonge et déforme la routine mécanique qui structurait déjà la vie avant l’effondrement.

Le roman s’intéresse à cette inertie qui persiste quand tout s’écroule, à la difficulté de se défaire de gestes et de schémas mentaux qui ressemblent à des chaînes invisibles. Ce livre offre ainsi un écho singulier : même désolation, même sentiment d’isolement, mais aussi une réflexion sur ce qui nous retient en arrière, parfois bien plus sûrement que la faim ou le danger.

Aux éditions MERCURE DE FRANCE ; 352 pages.


3. Station Eleven (Emily St. John Mandel, 2014)

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Dans « Station Eleven », une pandémie fulgurante anéantit la quasi-totalité de la population mondiale. Vingt ans après, une troupe de comédiens et musiciens, la Symphonie Itinérante, parcourt les communautés survivantes autour des Grands Lacs pour jouer Shakespeare et Beethoven. Parmi eux, Kirsten, ancienne enfant actrice qui se souvient à peine du monde d’avant, transporte avec elle deux exemplaires d’une bande dessinée rare, offerte par un acteur célèbre mort la veille de l’effondrement. Le récit alterne entre les jours précédant la catastrophe et la vie des survivants, révélant peu à peu les liens entre les personnages et les fragments de leur passé.

Ce roman pourrait vous séduire par sa manière de traiter l’après-catastrophe sans complaisance, tout en laissant place à la lumière. Comme chez McCarthy, la survie est une lutte constante, les rencontres peuvent être marquées par la violence et la peur, les paysages portent les cicatrices d’un monde disparu. Mais là où « La Route » s’enfonce dans une noirceur presque absolue, « Station Eleven » garde un fil d’espoir : l’art, la mémoire et les liens humains deviennent des armes contre l’oubli et la barbarie.

La construction, faite d’allers-retours entre le passé et le présent, permet de ressentir l’ampleur de la perte tout en montrant ce qui demeure. Une vision du post-apocalyptique où la question n’est pas seulement de continuer à vivre, mais de savoir pourquoi et pour quoi le faire.

Aux éditions RIVAGES ; 480 pages.


4. La Constellation du Chien (Peter Heller, 2012)

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Dans « La Constellation du Chien », Peter Heller raconte l’histoire de Hig, neuf ans après qu’une pandémie et une maladie du sang ont presque effacé l’humanité. Retranché dans un ancien aérodrome du Colorado, il vit avec son chien Jasper et Bangley, un voisin armé jusqu’aux dents, plus prompt à tirer qu’à parler. Hig, lui, aime la pêche, les vols en Cessna au-dessus d’un territoire déserté, et conserve le souvenir de sa femme disparue. Entre raids meurtriers et moments de répit au bord d’une rivière, il s’accroche à ce qu’il reste de beau dans un monde dur et silencieux.

Si « La Route » montrait un univers nu et sans espoir, « La Constellation du Chien » garde une lumière. Heller mêle tension et douceur, alternant scènes de survie brutales et instants suspendus où la nature, même meurtrie, conserve sa grandeur. Le récit parle autant de l’instinct vital que de ce qui donne envie de continuer : la loyauté d’un compagnon à quatre pattes, le parfum des pins, le plaisir simple de lancer une ligne dans l’eau froide.

Comme McCarthy, il interroge la fragilité de l’homme et la force des liens dans l’adversité, mais il laisse entrevoir que même dans un monde abîmé, il reste possible de trouver de la chaleur humaine, un peu de paix et, parfois, un bonheur inattendu.

Aux éditions BABEL ; 416 pages.


5. Silo (Hugh Howey, 2012)

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Dans « Silo » de Hugh Howey, les derniers survivants d’un monde ravagé vivent confinés dans un immense bunker souterrain de 144 étages. Les plus hauts niveaux accueillent les dirigeants, les plus profonds abritent les ouvriers qui maintiennent les machines en état. Parler du monde extérieur est interdit : ceux qui demandent à sortir sont envoyés nettoyer les capteurs qui offrent à la communauté une vision de la surface… avant de mourir dans l’atmosphère toxique. Lorsque Juliette, une mécanicienne du bas de l’échelle, accède au poste de shérif, elle découvre des vérités qui menacent l’équilibre fragile du Silo et remettent en cause tout ce que ses habitants croient savoir.

Si « La Route » vous a percuté par sa tension permanente, sa vision implacable de l’humanité et la lutte pour la survie dans un monde dévasté, « Silo » pourrait vous captiver pour d’autres raisons mais avec un même impact. On y retrouve un décor oppressant et un sentiment constant de menace, non pas dans l’immensité vide mais dans un espace clos où la peur est entretenue par ceux qui détiennent le pouvoir.

Là où McCarthy montrait un duo avançant dans un paysage ouvert et hostile, Howey resserre l’intrigue dans un univers vertical, saturé de règles et de secrets. Les deux récits interrogent ce que les êtres humains sont prêts à faire pour se protéger ou pour connaître la vérité, et posent la question du prix à payer pour un espoir, aussi ténu soit-il.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 744 pages.


6. The Leftovers (Tom Perrotta, 2011)

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Dans « The Leftovers », Tom Perrotta imagine un monde où, un 14 octobre, des millions de personnes disparaissent soudainement, sans explication. À Mapleton, petite ville américaine, la famille Garvey n’a perdu aucun de ses membres, mais l’événement bouleverse profondément leurs vies. Kevin, le père, devenu maire, tente de maintenir un semblant d’ordre et de normalité. Laurie, la mère, quitte son foyer pour rejoindre les Coupables Survivants, une secte silencieuse. Tom, le fils, abandonne ses études pour suivre un gourou charismatique, tandis que Jill, l’adolescente autrefois studieuse, s’égare dans les excès. Autour d’eux gravitent d’autres figures marquées par la perte, comme Nora, qui a vu disparaître toute sa famille.

Ce livre est intéressant par sa façon de sonder l’humain face à un bouleversement irréversible. Ici, pas de paysages dévastés ni de lutte pour la survie matérielle, mais une tension tout aussi forte : celle de continuer à vivre quand le sens s’est effondré. Comme chez McCarthy, l’événement déclencheur n’est jamais expliqué, et l’essentiel se joue dans les réactions, les silences et les contradictions des personnages.

Perrotta montre comment la douleur, la culpabilité ou l’incompréhension poussent chacun vers des chemins différents : l’oubli volontaire, la quête spirituelle, la dérive, ou la reconstruction fragile. L’atmosphère lente et mélancolique, la place donnée aux non-dits et aux gestes du quotidien rappellent cette façon qu’a « La Route » de parler de fin du monde à travers les liens humains, plutôt qu’à travers l’événement lui-même. C’est un roman qui, sans promesse de réponse ni de rédemption claire, interroge sur ce qui reste quand tout a basculé.

Aux éditions 12-21 ; 432 pages.


7. Le Passage (Justin Cronin, 2010)

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« Le Passage » de Justin Cronin débute dans un futur proche, où une expérience militaire secrète libère douze créatures issues d’un virus inconnu. Ces êtres, proches des vampires, anéantissent presque toute l’humanité. Cent ans plus tard, une colonie de survivants lutte pour se maintenir en vie derrière des remparts, éclairés en permanence pour repousser les prédateurs. Un jour, une jeune fille arrive. Elle semble avoir quatorze ans… mais en réalité, elle porte un siècle d’histoire et peut-être la clé du salut.

Ce roman peut séduire celles et ceux qui ont aimé « La Route » pour son intensité et son atmosphère post-apocalyptique. On y retrouve la tension permanente d’un monde réduit à quelques poches de vie, où chaque déplacement est un pari contre la mort. Comme chez McCarthy, la survie passe autant par la résistance physique que par la volonté de préserver un sens moral dans un univers où tout s’effondre.

« Le Passage » déploie aussi une galerie de personnages auxquels on s’attache profondément, et qui affrontent l’isolement, la peur, mais aussi l’espoir ténu qu’une rédemption est possible. C’est un récit dense, ample, qui entrelace horreur et humanité, et qui donne envie de savoir jusqu’où ses protagonistes sont prêts à aller pour que quelque chose d’humain subsiste.

Aux éditions POCKET ; 1280 pages.


8. La Lignée (Guillermo Del Toro, Chuck Hogan, 2009)

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Dans « La Lignée » de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan, tout commence par l’atterrissage silencieux d’un Boeing à l’aéroport JFK. À l’intérieur, presque tous les passagers sont morts, sans explication. Très vite, le Dr Ephraïm Goodweather et son équipe comprennent qu’ils sont face à un virus inconnu qui transforme les humains en vampires. Alors que New York sombre dans le chaos, un petit groupe de survivants, aux profils très différents, tente de s’organiser pour enrayer cette menace qui pourrait anéantir l’humanité.

Si vous avez aimé « La Route » de Cormac McCarthy, « La Lignée » peut vous séduire par son atmosphère de fin du monde et son sentiment d’urgence. On y retrouve cette idée d’une survie précaire, d’alliances improbables forgées dans l’adversité, d’un danger constant qui transforme chaque geste du quotidien en acte de résistance.

Ici, la menace n’est pas diffuse comme chez McCarthy, mais implacable, avec une propagation fulgurante qui renforce la tension. Le roman joue aussi sur l’opposition entre l’effondrement d’une grande ville et l’intimité des liens entre personnages, un équilibre entre grand spectacle apocalyptique et drame humain.

Aux éditions PRESSES DE LA CITÉ ; 448 pages.


9. World War Z (Max Brooks, 2006)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

« World War Z » de Max Brooks prend la forme d’un recueil de témoignages recueillis par un agent de l’ONU, plusieurs années après une guerre mondiale contre une pandémie zombie. On passe d’un pays à l’autre, d’un soldat à un médecin, d’un réfugié à un politicien, chacun racontant un fragment du conflit : les débuts de l’épidémie, l’effondrement des gouvernements, la panique, puis les stratégies mises en place pour reprendre le dessus. Cette mosaïque de points de vue compose le récit d’une humanité au bord de l’effacement, qui tente de se reconstruire.

Ce bouquin vous parlera par la même tension permanente entre survie physique et poids moral des choix à faire. Comme chez McCarthy, le danger n’est pas seulement l’ennemi direct — ici les morts-vivants — mais aussi la peur, le cynisme et les décisions brutales qui révèlent le pire comme le meilleur de l’homme. « World War Z » ne se limite pas à un récit de catastrophe : il interroge la fragilité des systèmes politiques, l’inégalité des ressources et la résilience des individus. On y retrouve ce sentiment d’un monde irrémédiablement transformé, où chaque geste compte, où l’espoir se mesure à la capacité d’endurer.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 544 pages.


10. La Parabole du semeur (Octavia E. Butler, 1993)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

En 2024, les États-Unis se sont effondrés sous l’effet combiné du dérèglement climatique, de la misère et de la violence. Lauren Olamina, 15 ans, vit dans une enclave protégée au sud de la Californie. Elle souffre d’hyperempathie, c’est-à-dire qu’elle ressent physiquement la douleur et le plaisir des autres. Lorsque son quartier est attaqué et détruit, elle fuit vers le nord. Sur la route, elle rassemble autour d’elle un petit groupe de survivants et leur transmet les principes d’une philosophie qu’elle appelle « Semence de la Terre », dont l’idée centrale est que « Dieu est changement ». Son objectif : bâtir une communauté capable de s’adapter et de se reconstruire.

Cette histoire déploie un décor tout aussi brutal : incendies, pillages, faim, méfiance permanente. Mais là où McCarthy installe une désolation sans horizon, Octavia E. Butler laisse entrevoir une issue. Lauren, comme le père de « La Route », avance dans un monde où chaque rencontre peut être fatale, mais elle choisit de transformer la survie en projet collectif.

Ce n’est pas seulement l’histoire d’une marche à travers un pays détruit ; c’est celle d’une tentative de refonder un cadre commun dans un univers où tout s’effrite. « La Parabole du semeur » embrasse la dureté physique d’un monde en ruine à une réflexion sur ce qui permet encore de faire lien : la confiance, l’adaptabilité et la vision d’un futur qui dépasse le simple fait de tenir un jour de plus.

Aux éditions AU DIABLE VAUVERT ; 368 pages.


11. Le feu et la glace (Robert McCammon, 1987)

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« Le feu et la glace » suit plusieurs survivants après une guerre nucléaire qui a anéanti les États-Unis. Parmi eux, Swan, une fillette au don mystérieux protégée par Josh, un catcheur imposant ; Sister, une sans-abri qui découvre un étrange anneau de verre ; et Roland, un adolescent embarqué dans la dérive violente d’un ancien colonel. Dans un pays figé par un hiver radioactif, chacun avance à travers ruines, pénuries et violence, tandis qu’une menace inquiétante semble rôder dans l’ombre. À mesure que leurs chemins se rapprochent, la lutte prend des accents surnaturels et oppose bientôt le bien et le mal.

Ce roman peut intéresser celles et ceux qui ont aimé « La Route » pour son atmosphère sombre, son sentiment d’effondrement total et ses personnages en quête de sens au milieu du chaos. Comme chez McCarthy, la survie ne se résume pas à trouver de quoi manger : elle implique de préserver un reste d’humanité, de protéger quelqu’un ou de garder un but, aussi fragile soit-il.

McCammon pousse toutefois l’histoire vers une dimension plus ample, avec plusieurs récits entremêlés et une touche fantastique qui accentue la tension. On y retrouve la dureté des paysages dévastés, la brutalité des rapports humains et cette lumière ténue qui, même au milieu des pires ténèbres, empêche d’abandonner complètement.

Aux éditions MONSIEUR TOUSSAINT LOUVERTURE ; 540 pages.


12. Le fléau (Stephen King, 1978)

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Dans « Le fléau » de Stephen King, une souche de grippe créée dans un laboratoire militaire s’échappe et décime presque toute l’humanité. Les rares personnes immunisées errent dans un pays ravagé. Peu à peu, elles se regroupent autour de deux figures opposées : Mère Abigaël, vieille femme guidée par une foi inébranlable, et Randall Flagg, être inquiétant aux pouvoirs surnaturels. Deux communautés se forment, chacune persuadée de détenir la bonne voie, jusqu’à l’affrontement inévitable.

Vous retrouverez dans « Le fléau » une ambiance marquée par l’effondrement total de la civilisation et la lutte quotidienne pour survivre. Comme chez McCarthy, les routes sont vides, les villes silencieuses, chaque rencontre peut être un danger. Mais Stephen King y ajoute une dimension chorale : plusieurs récits se croisent, donnant une vision large de l’après-catastrophe.

Le roman interroge aussi la nature humaine : face au vide, choisit-on la solidarité ou la domination ? Derrière le décor apocalyptique, l’histoire met en relief ce qui reste d’humanité quand tout s’effondre — et ce qui disparaît. Un récit ample, intense, qui mêle désespoir, tensions et une question centrale : que devient l’homme quand le monde n’existe plus ?

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 764 pages.


13. Le dernier rivage (Nevil Shute, 1957)

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Dans « Le dernier rivage » de Nevil Shute, nous sommes en Australie, dans les derniers mois qui précèdent l’extinction de toute vie humaine après une guerre nucléaire. Le Nord de la planète est déjà mort, et la poussière radioactive progresse inexorablement vers le Sud. À Melbourne, Dwight Towers, commandant d’un sous-marin américain, Peter Holmes, officier australien, sa femme Mary et leur amie Moira Davidson poursuivent leur quotidien. Ils savent pourtant qu’il ne reste que peu de temps. Certains s’accrochent à des habitudes, comme planter un jardin ou organiser une course automobile. D’autres s’abandonnent à l’alcool ou accomplissent des gestes absurdes mais réconfortants, comme acheter des cadeaux pour des proches déjà disparus. Tous avancent vers la fin avec une forme de calme obstiné, en choisissant de ne pas sombrer dans le chaos.

Ce bouquin dépeint un monde vidé de tout espoir de reconstruction. Comme chez McCarthy, il ne s’agit pas de survivants qui tentent de rebâtir, mais de personnages confrontés à l’impossibilité même de l’avenir. Là où « La Route » déploie un univers de violence et de misère errante, « Le dernier rivage » montre une autre réaction face à l’inéluctable : continuer les gestes du quotidien, maintenir un semblant d’ordre, parler de demain en sachant qu’il n’existera pas.

Dans les deux cas, la tension vient de ce contraste entre la banalité de certains instants et l’ombre constante de la mort. Shute ne mise pas sur l’action ni sur le spectaculaire ; il s’attache plutôt à l’étrangeté de cette normalité qui persiste alors que le temps se rétrécit.

Aux éditions DU CHEMIN DE FER ; 400 pages.


14. Je suis une légende (Richard Matheson, 1954)

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Dans « Je suis une légende », Richard Matheson raconte l’histoire de Robert Neville, seul rescapé d’une épidémie qui a transformé le reste de l’humanité en créatures nocturnes, mi-vampires mi-morts-vivants. Retranché dans une maison fortifiée, il passe ses journées à chercher de quoi vivre et à traquer ses ennemis, avant de résister chaque nuit à leurs assauts. Isolé depuis des années, hanté par la perte de sa femme et de sa fille, Neville tente aussi de comprendre la nature de cette maladie et d’y trouver un remède, tout en sombrant par moments dans le désespoir.

Ce roman parlera à celles et ceux qui ont aimé « La Route » pour sa manière de plonger le lecteur dans un monde vidé de toute vie humaine, où la survie est une lutte quotidienne. Comme chez McCarthy, l’intérêt ne réside pas seulement dans les menaces extérieures, mais dans le poids écrasant de la solitude et dans les questions que cette situation extrême pose sur ce que signifie être humain. Matheson, en donnant la parole à un personnage faillible, parfois brisé, montre que la frontière entre le monstre et l’homme dépend du regard porté par la société – une idée qui résonne avec la vision sombre et dépouillée de l’humanité présente dans « La Route ».

Aux éditions FOLIO ; 240 pages.


15. La Terre demeure (George R. Stewart, 1949)

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Dans « La Terre demeure », Ish, un étudiant en écologie, revient d’un séjour solitaire dans les montagnes pour découvrir qu’une pandémie fulgurante a décimé presque toute l’humanité. Après avoir erré dans un pays silencieux où la nature reprend le dessus et les villes tombent en ruine, il rencontre Em et quelques autres rescapés. Ensemble, ils forment une petite communauté qui, au fil des décennies, oscille entre survie au jour le jour et tentatives de reconstruire quelque chose qui ressemble à une société. Mais dans ce monde où les savoirs se perdent et où les habitudes d’avant n’ont plus de sens, la question reste entière : que transmettre aux générations qui n’ont jamais connu “l’ancien monde” ?

Ce livre est notable pour sa manière sobre et sans esbroufe de traiter la fin d’un monde. Là où McCarthy met l’accent sur la survie dans un univers brutal et réduit à l’essentiel, Stewart s’intéresse à ce qui se passe après le choc initial : la lente désagrégation des acquis, la difficulté à préserver la mémoire d’une civilisation, la tentation de se contenter de ce qui reste plutôt que de bâtir à nouveau. Comme dans « La Route », il n’y a pas de promesse de retour à la normale, mais une réflexion sur ce qui compte vraiment lorsque tout s’effondre — et sur la force ou la fragilité des liens humains dans cet après-monde.

Aux éditions FOLIO ; 544 pages.

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