Karine Tuil est une romancière française née le 3 mai 1972 à Paris, d’un père d’origine juive tunisienne. Après des études de droit à l’Université Paris II Panthéon-Assas, où elle obtient un DEA en Droit de la communication, elle commence une carrière de juriste avant de se consacrer entièrement à l’écriture.
Son premier roman, « Pour le Pire », paraît en 2000 aux éditions Plon. Elle connaît son premier succès critique avec « Interdit » (2001), qui est sélectionné pour le prix Goncourt. Au fil des années, elle développe une œuvre qui analyse sans complaisance les contradictions des individus et les hypocrisies de la société contemporaine. Ses romans abordent des thèmes divers comme l’identité, le judaïsme, les rapports de domination et les enjeux sociaux.
Sa carrière littéraire connaît une consécration en 2019 avec « Les choses humaines », publié chez Gallimard, qui remporte le prix Interallié et le prix Goncourt des lycéens. Elle est nommée Chevalière de la Légion d’honneur en 2022, après avoir été faite Officière des Arts et des Lettres en 2017. Karine Tuil vit à Paris avec son compagnon et leurs trois enfants.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La décision (2022)
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Résumé
Mai 2016. Alma Revel, 49 ans, juge d’instruction antiterroriste, doit se prononcer sur le sort d’Abdeljalil Kacem, un jeune homme de 23 ans suspecté d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. Cette décision déjà complexe se double d’un dilemme personnel : mariée depuis vingt-cinq ans à un écrivain juif en perte d’inspiration qui se réfugie dans la religion, Alma entretient une liaison avec Emmanuel, l’avocat qui représente justement Kacem.
Entre les interrogatoires du prévenu qui clame son innocence, les menaces de mort quotidiennes qui l’obligent à vivre sous protection policière, et sa vie familiale qui s’effrite, Alma perd pied. Comment trancher ? Maintenir en détention un homme peut-être innocent au risque qu’il se radicalise en prison ? Ou le libérer en espérant qu’il ne représente plus un danger pour la société ?
Autour du livre
Ce thriller judiciaire s’inscrit dans la lignée des précédents romans de Karine Tuil qui sondent les grands maux de la société française contemporaine. Après avoir abordé le mouvement #MeToo dans « Les choses humaines », elle s’attaque ici au terrorisme islamiste et à ses répercussions sur l’appareil judiciaire français. Les scènes d’interrogatoire, particulièrement saisissantes, alternent avec les doutes moraux qui assaillent la protagoniste, dans une tension qui ne faiblit pas jusqu’au dénouement.
Aux éditions FOLIO ; 352 pages.
2. Les choses humaines (2019)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Paris, 2016. Jean Farel s’apprête à recevoir la Légion d’honneur des mains du Président. À 70 ans, ce monstre sacré du PAF cumule émissions télé et chroniques radio. Sa femme Claire, 43 ans, s’est forgé une réputation d’intellectuelle féministe. Leur fils Alexandre brille à Polytechnique et s’apprête à rejoindre Stanford. Mais derrière cette façade étincelante se cache un édifice fragile : Jean entretient une liaison depuis des années avec une autre femme, tandis que Claire s’apprête à le quitter pour Adam, un professeur de français.
Le château de cartes s’effondre brutalement quand Alexandre est accusé de viol par Mila, la fille d’Adam. Une soirée arrosée, un pari stupide entre étudiants privilégiés, et voilà que deux vies basculent : celle de Mila, jeune fille timide issue d’un milieu juif traditionaliste, et celle d’Alexandre, héritier d’une dynastie médiatique. Pour lui, la relation était consentie. Pour elle, c’était un viol. Dans le sillage de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, l’accusation fait l’effet d’une bombe.
Le récit déroule alors l’inexorable descente aux enfers d’une famille privilégiée : perquisition, garde à vue, mise en examen. Claire doit concilier son engagement féministe avec la défense de son fils. Jean voit son empire médiatique vaciller. Les réseaux sociaux s’enflamment. Les médias dévoilent le moindre détail de leur vie privée.
Autour du livre
Inspiré d’une affaire réelle survenue à Stanford en 2016, ce onzième roman de Karine Tuil a reçu le prix Interallié et le Goncourt des lycéens 2019. La romancière s’est immergée deux ans dans les tribunaux, assistant à des procès pour viol aux assises de Paris. Le livre a été adapté au cinéma par Yvan Attal en 2021, avec Charlotte Gainsbourg et Ben Attal dans les rôles principaux. À travers cette chronique judiciaire qui refuse tout manichéisme, Tuil interroge les zones grises du consentement et les mutations sociales de l’ère post-#MeToo.
Aux éditions FOLIO ; 352 pages.
3. L’insouciance (2016)
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Résumé
2009. Le lieutenant Romain Roller revient d’Afghanistan où une embuscade meurtrière a décimé son unité. Lors d’un séjour de décompression à Chypre organisé par l’armée, il tombe sous le charme de Marion Decker, une journaliste venue couvrir le retour des soldats. Leur liaison passionnée se poursuit en France, mais Marion est mariée à François Vély, un puissant entrepreneur franco-américain.
François Vély, fils d’un ancien ministre et résistant juif, dirige un empire des télécommunications. Sa vie bascule quand il pose pour un magazine, assis sur une œuvre d’art représentant une femme noire. La photographie déclenche un scandale médiatique qui menace sa réputation et compromet une importante fusion avec une société américaine.
En pleine tourmente, un ami d’enfance de Romain, Osman Diboula, prend publiquement sa défense. Fils d’immigrés ivoiriens devenu conseiller politique après les émeutes de 2005, Osman se retrouve malgré lui au cœur d’une spirale qui va tous les emporter.
Autour du livre
Écrit en 2015, alors que la France subissait une vague d’attentats, « L’insouciance » dissèque avec acuité les maux d’une société fracturée. Pour donner corps à son récit, Karine Tuil s’est longuement documentée, notamment auprès des services de l’armée, pour dépeindre le quotidien des soldats et les séquelles psychologiques des conflits. Le livre a marqué la rentrée littéraire 2016 par son traitement sans concession des questions identitaires et sa capacité à entrelacer l’intime et le politique.
Aux éditions FOLIO ; 544 pages.
4. L’Invention de nos vies (2013)
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Résumé
À New York, Sam Tahar incarne la réussite absolue. Avocat de renom, marié à la fille d’une des plus grandes fortunes juives américaines, père de deux enfants, il mène une vie luxueuse entre procès médiatiques et aventures extraconjugales. Mais derrière cette façade étincelante se cache une imposture : Sam s’appelle en réalité Samir, il est musulman et a construit son succès en usurpant l’identité de Samuel, son ami de jeunesse.
Vingt ans plus tôt, tous deux étudiaient le droit à Paris avec Nina, une beauté envoûtante qui oscillait entre leurs deux personnalités opposées. Après une liaison passionnée avec Samir, Nina avait choisi de rester auprès de Samuel par pitié, suite à sa tentative de suicide. Blessé, Samir s’était exilé aux États-Unis en s’inventant une nouvelle vie. Tandis qu’il gravissait les échelons du barreau new-yorkais, Samuel végétait dans une banlieue française, enchaînant les manuscrits refusés.
Vingt ans plus tard, le hasard d’une émission de télévision permet à Nina et Samuel de retrouver la trace de leur ancien ami. Les retrouvailles font ressurgir les passions, mais aussi les vérités inavouables. Dans une Amérique traumatisée par le 11 septembre, la supercherie de Sam pourrait déclencher un séisme. La menace se précise quand son demi-frère, radicalisé dans les quartiers sensibles, menace de tout révéler.
Autour du livre
Publié en 2013, « L’Invention de nos vies » s’inscrit dans les questionnements brûlants de son époque : discrimination à l’embauche, montée du terrorisme, repli communautaire. À travers ce triangle amoureux explosif, Karine Tuil dissèque les mécanismes de l’ascension sociale et le prix à payer pour réussir dans une société gangrenée par les préjugés. Sélectionné pour le prix Goncourt 2013, ce roman confirme la place de Karine Tuil parmi les voix majeures de la littérature française contemporaine.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 504 pages.
5. Six mois, six jours (2010)
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Résumé
Dans un hôtel de luxe, Juliana Kant succombe au charme d’un inconnu, Herb Braun. À 45 ans, cette héritière de l’une des plus grandes fortunes d’Allemagne, mariée et mère de famille, se lance dans une liaison qui va précipiter sa chute. En exactement six mois et six jours, le séduisant photographe de guerre va détruire sa réputation.
Cette histoire nous est racontée par Karl Fritz, 78 ans, qui fut pendant un demi-siècle l’homme de confiance de la famille Kant avant d’être brutalement congédié. Face à une journaliste venue recueillir ses mémoires, ce vieillard amer dévoile les coulisses du scandale : les rendez-vous clandestins, les vidéos compromettantes, le chantage. Mais ce qui semblait n’être qu’une sordide affaire d’extorsion cache peut-être une vengeance liée à un passé plus sombre. Car il semblerait que l’empire industriel des Kant ait connu son essor sous le Troisième Reich.
Autour du livre
Ce livre s’inspire du scandale qui a éclaboussé en 2007 l’héritière de BMW, victime elle aussi d’un maître chanteur. Le choix d’un narrateur indirect, témoin partial et rancunier, permet d’observer à distance la chute d’une dynastie rattrapée par les fantômes de l’Histoire.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 256 pages.
6. Douce France (2007)
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Résumé
Années 2000. Claire Funaro, une Française de trente ans se fait arrêter par erreur lors d’un contrôle d’identité visant des immigrants clandestins. Au lieu de prouver sa nationalité française, elle décide de se faire passer pour une Roumaine sans papiers. Cette décision impulsive la précipite dans l’univers des centres de rétention administrative, où sont détenus les étrangers en situation irrégulière.
Dans cet espace clos régi par l’attente et l’incertitude, la narratrice découvre un microcosme où se côtoient diverses nationalités. Sa rencontre avec Yuri, un Biélorusse énigmatique aux histoires changeantes, la trouble profondément. Cette expérience ravive en elle le sentiment d’illégitimité hérité de ses parents, juifs d’Afrique du Nord naturalisés français dans les années 1960.
Autour du livre
Publié en 2007, ce livre nait dans un contexte de durcissement des politiques migratoires en France. Karine Tuil a obtenu une autorisation exceptionnelle pour visiter le centre de rétention du Mesnil-Amelot. Cette immersion clandestine s’inscrit dans la lignée d’autres infiltrations célèbres, comme « Dans la peau d’un Noir » de John Howard Griffin (1960), « Tête de Turc » de Günter Wallraff (1986), ou la série « Stateless », basée sur le cas réel d’une Australienne enfermée par erreur dans un centre de détention.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 160 pages.