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Jonathan Kellerman en 6 polars – Notre sélection

Jonathan Kellerman est un écrivain américain de romans policiers né le 9 août 1949 à New York. Passionné d’écriture dès l’âge de neuf ans, il fait des études de psychologie à l’Université de Californie où il obtient son diplôme en 1971, avant de se spécialiser en psychologie clinique pédiatrique en 1974.

Après avoir travaillé à l’hôpital des enfants de Los Angeles comme directeur d’un programme psychosocial en hématologie-oncologie, il publie en 1980 son premier ouvrage « Psychological Aspects of Childhood Cancer ». Son premier roman policier « Le rameau brisé » (When the Bough Breaks) paraît en 1985 et remporte le prestigieux prix Edgar Allan Poe du meilleur premier roman en 1986. Suite à ce succès, il se consacre entièrement à l’écriture.

Son expérience professionnelle nourrit directement son œuvre : son héros récurrent, Alex Delaware, est un psychologue pour enfants considéré comme son double littéraire. Marié depuis 1972 à Faye Kellerman, également romancière avec qui il a cosigné plusieurs ouvrages, il est père de quatre enfants dont Jesse Kellerman, lui aussi auteur de romans policiers. Avec ce dernier, il coécrit notamment les séries « Le Golem » et « Clay Edison ».

Les époux Kellerman sont également connus pour leurs actions philanthropiques, notamment auprès de l’hôpital pour enfants de Los Angeles et de diverses institutions culturelles et éducatives.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Une enquête de Milo Sturgis et Alex Delaware – Le rameau brisé (1985)

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Résumé

Los Angeles, 1985. Alex Delaware, psychologue pour enfants de 33 ans, a pris une retraite anticipée après une affaire traumatisante impliquant des enfants victimes d’abus. Son quotidien paisible bascule lorsque son ami Milo Sturgis, inspecteur de police, sollicite son aide : le Dr Morton Handler, psychiatre aux méthodes douteuses, et sa compagne ont été sauvagement assassinés dans leur appartement.

Le seul témoin est une fillette de sept ans, Melody Quinn, qui vit dans l’immeuble. Mais l’enfant, perturbée et sous médication, ne parvient pas à communiquer ce qu’elle a vu. Delaware accepte d’intervenir comme consultant pour tenter de l’aider à retrouver ses souvenirs. Son implication le conduit sur la piste d’une conspiration vieille de quarante ans, mêlant chantage, extorsion et manipulation d’enfants vulnérables. Plus il creuse, plus il découvre que cette affaire résonne avec le drame qui l’a poussé à abandonner sa carrière.

Autour du livre

En 1985, « Le rameau brisé » inaugure la série Alex Delaware avec deux récompenses majeures : l’Edgar Allan Poe Award et l’Anthony Boucher Award du meilleur premier roman. La singularité du duo formé par Delaware et Milo Sturgis – un psychologue et un inspecteur gay dans le Los Angeles des années 80 – tranche avec les conventions du genre. Leur amitié intellectuelle nourrit une dynamique originale où l’expertise psychologique s’allie aux méthodes d’investigation classiques.

L’ancrage professionnel de Jonathan Kellerman, lui-même psychologue spécialisé dans le traitement des enfants, infuse chaque page. Son expérience clinique transparaît dans l’approche de Delaware face aux patients, notamment dans les scènes avec la jeune Melody Quinn. Les interactions avec le Dr Towle ou les séances thérapeutiques démontrent une connaissance intime du milieu médical et de ses travers.

Les trois premiers quarts suivent une structure de polar procédural où Delaware utilise la psychologie pour faire avancer l’enquête. Le dernier quart bascule dans l’action pure avec courses-poursuites et scènes de torture. Cette rupture de ton, critiquée par certains lecteurs, n’a pas empêché le succès qui a donné naissance à une série de plus de 40 romans sur quatre décennies.

Dans le paysage littéraire des années 1980, l’accent mis sur les aspects psychologiques et la présence d’un personnage ouvertement homosexuel dans un rôle majeur constituent des choix audacieux. La complexité des personnages et l’imbrication des histoires passées et présentes posent les fondations d’une série qui a su se renouveler tout en conservant son ADN original : l’alliance de la psychologie et de l’enquête criminelle.

Aux éditions POINTS ; 464 pages.


2. Une enquête de Milo Sturgis et Alex Delaware – Les tricheurs (2010)

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Résumé

À Los Angeles, une enseignante est retrouvée morte dans sa baignoire remplie de neige carbonique. Elise Freeman travaillait comme professeure à la Windsor Prep Academy, l’un des lycées les plus prestigieux de la ville. Un DVD découvert près de son corps révèle qu’elle subissait du harcèlement de la part de trois collègues enseignants.

L’inspecteur Milo Sturgis et son ami psychologue Alex Delaware mènent l’enquête, mais ils se heurtent rapidement à un obstacle de taille : le chef de la police, dont le fils étudie justement à Windsor Prep, leur ordonne d’éviter tout scandale qui pourrait nuire aux chances d’admission du garçon à Yale. Les deux enquêteurs doivent donc naviguer avec prudence dans cet établissement élitiste où les secrets sont bien gardés.

Au fil de leurs investigations, le passé trouble d’Elise Freeman refait surface. Cette femme qui se posait en victime manipulait son entourage avec une redoutable habileté. Entre les professeurs qui se taisent, les élèves arrogants qui mentent et un petit ami aux intentions douteuses, la liste des suspects ne cesse de s’allonger.

Autour du livre

Cette 25e enquête d’Alex Delaware marque une inflexion significative dans la série. Si le duo Delaware-Sturgis conserve sa dynamique caractéristique, leur relation prend une nouvelle dimension : le psychologue agit désormais davantage comme un faire-valoir du lieutenant de police. Cette évolution suscite des réactions mitigées parmi les critiques, certains regrettant l’époque où les compétences psychologiques d’Alex Delaware occupaient le premier plan.

Le contexte du lycée privé Windsor Prep permet à Jonathan Kellerman de disséquer les travers d’une société américaine obsédée par la réussite académique. Les enjeux d’admission dans les universités prestigieuses, la corruption qui gangrène le système éducatif et les tensions entre classes sociales constituent l’ossature thématique de l’intrigue. La figure du chef de la police, tiraillé entre son devoir professionnel et son désir de voir son fils intégrer Yale, incarne parfaitement ces contradictions.

La narration s’articule principalement autour d’interrogatoires successifs, une approche qui divise la critique. Si certains y voient un choix qui ralentit le rythme, d’autres apprécient cette mécanique qui dévoile progressivement les secrets des personnages. Le portrait d’Elise Freeman, la victime, se révèle particulièrement complexe : d’abord présentée comme une victime de harcèlement, elle apparaît peu à peu comme une manipulatrice habile.

Le dénouement surprenant constitue l’un des points forts des « Tricheurs », même si certains critiques jugent le mode opératoire du meurtrier peu crédible. La présence récurrente de Milo dans la cuisine d’Alex, ses festins improvisés et ses confrontations avec sa hiérarchie constituent des moments d’accalmie bienvenus qui allègent la tension narrative.

Aux éditions POINTS ; 408 pages.


3. Une enquête de Milo Sturgis et Alex Delaware – Des ombres dans la nuit (2018)

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Résumé

Une soirée au restaurant vire au cauchemar pour une famille de Los Angeles quand elle découvre à son retour un cadavre dans son salon. Le corps, méconnaissable, a le visage pulvérisé par un tir de fusil et les mains amputées. L’inspecteur Milo Sturgis fait appel à son ami le Dr Alex Delaware, pédopsychiatre consultant pour la police, pour l’aider à comprendre pourquoi ce corps a été délibérément placé dans cette maison.

Le mystère s’épaissit quand les enquêteurs s’intéressent aux Corvin, propriétaires de la demeure : un père prétentieux qui ne peut s’empêcher de parler, une mère exaspérante, un fils rebelle et une fille au comportement troublant. Le voisin, Trevor Britt, dessinateur de comics à la personnalité inquiétante, devient rapidement suspect. Mais son mutisme total force Delaware et Sturgis à multiplier les pistes dans ce quartier résidentiel où chaque maison semble abriter de sombres secrets.

Autour du livre

Trente-trois ans après « Le rameau brisé », le premier opus qui a propulsé Alex Delaware sur le devant de la scène en 1985, « Des ombres dans la nuit » poursuit la série avec une régularité remarquable – un livre par an. Si les premières enquêtes se concentraient sur la psychologie infantile, domaine de prédilection du protagoniste, le champ d’action s’est progressivement élargi au fil des années.

Le duo formé par Delaware et l’inspecteur Milo Sturgis continue de séduire les lecteurs, leur complicité naturelle donnant lieu à des échanges pleins d’humour qui allègent la tension du récit. Leur relation professionnelle s’est toutefois quelque peu éloignée de sa justification initiale : la présence du psychologue sur les scènes de crime relève désormais davantage de l’habitude que de la nécessité, ses observations psychologiques ne dépassant guère le niveau d’un cours d’introduction à la psychologie.

Dans « Des ombres dans la nuit », la complexité de l’intrigue divise les critiques. Certains saluent les multiples rebondissements qui maintiennent le suspense jusqu’au dénouement, d’autres déplorent une surabondance de personnages et de fausses pistes qui nuisent à la fluidité du récit. Le rythme soutenu des dialogues et la construction progressive du mystère compensent néanmoins ces défauts structurels.

La série Alex Delaware s’inscrit dans une tradition familiale : Jonathan Kellerman publie en parallèle de son épouse Faye Kellerman, également autrice de polars à succès. Cette continuité sur plus de trois décennies témoigne d’une fidélité remarquable du lectorat, qui retrouve chaque année ces personnages comme « on revoit de la famille lointaine pour prendre des nouvelles ».

Aux éditions POINTS ; 552 pages.


4. Une enquête de Milo Sturgis et Alex Delaware – Les sœurs ennemies (2014)

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Résumé

Alex Delaware, le célèbre psychologue pour enfants se retrouve au cœur d’une affaire de garde familiale explosive à Los Angeles. Constance Sykes, médecin fortunée à la carrière brillante mais à la vie privée chaotique, intente un procès à sa sœur cadette Cheri pour obtenir la garde de sa nièce Rambla. Si Cheri mène une existence bohème, rien ne justifie qu’on lui retire son enfant selon Delaware, mandaté par le tribunal pour évaluer la situation.

La décision du psychologue déclenche une spirale infernale : Constance le menace de mort avant d’être retrouvée étranglée dans le vestibule de sa luxueuse demeure. Dans la foulée, Cheri disparaît avec sa fille. Le lieutenant Milo Sturgis, ami de longue date de Delaware, est convaincu de la culpabilité de la jeune mère. Pour la première fois en 29 enquêtes, les deux complices s’opposent sur l’interprétation des faits.

Autour du livre

« Les sœurs ennemies » marque un retournement notable dans la relation entre Alex Delaware et le lieutenant Milo Sturgis. Pour la première fois en 29 enquêtes, les deux complices s’opposent sur l’interprétation des faits, créant une tension inédite qui insuffle un nouveau souffle à leur partenariat historique. Cette opposition tranche avec leur complicité habituelle et soulève des questionnements sur la nature de leur collaboration.

L’originalité de cette enquête réside dans son point de départ : une banale affaire de garde d’enfant qui bascule dans le tragique. Jonathan Kellerman recentre l’action sur l’expertise psychologique de Delaware, s’éloignant des investigations criminelles classiques des volumes précédents. Cette orientation permet de mettre en lumière les dysfonctionnements du système judiciaire californien, notamment dans le traitement des affaires familiales où les informations confidentielles circulent trop facilement dans les couloirs des tribunaux.

Si certains critiques regrettent une intrigue qui « traîne en longueur », d’autres saluent le retour aux fondamentaux de la série avec un Delaware qui renoue avec sa pratique de psychologue pour enfants. La force du récit tient dans sa capacité à creuser l’esprit des personnages, à ressortir leurs forces et leurs faiblesses plutôt que de les juger ou de les condamner. Le contraste saisissant entre les deux sœurs – l’une médecin ambitieuse et froide, l’autre bohème sensible et candide – nourrit une réflexion sur l’injustice de la destinée.

Aux éditions POINTS ; 384 pages.


5. Une enquête de Milo Sturgis et Alex Delaware – Un maniaque dans la ville (2012)

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Résumé

À Los Angeles, la découverte du corps mutilé de Vita Berlin bouleverse la police. Cette femme désagréable qui n’avait pas un ami au monde a été sauvagement éviscérée dans son appartement. L’inspecteur Milo Sturgis fait appel à son ami, le psychologue Alex Delaware, pour l’aider sur cette affaire particulièrement macabre.

Mais bientôt, un second cadavre est découvert, tout aussi atrocement mis en scène. Puis un troisième. Les victimes semblent n’avoir rien en commun, si ce n’est la signature du tueur qui les éviscère avec une précision clinique et laisse sur place une feuille avec un point d’interrogation. La panique s’empare de Los Angeles tandis que Sturgis et Delaware tentent de comprendre ce qui relie ces meurtres.

L’enquête les mène sur la piste de l’ancien hôpital psychiatrique de Ventura, où Delaware a fait ses études. Dans cet établissement, un service spécial accueillait autrefois les patients les plus perturbés. Les deux enquêteurs découvrent qu’un ancien patient cherche à se venger de ceux qu’il considère responsables des traitements subis.

Autour du livre

« Un maniaque dans la ville » est généralement considéré comme l’un des meilleurs volets de la série Alex Delaware. Vingt-septième opus publié en 2012, il renoue avec les racines psychologiques qui ont fait le succès des premiers tomes. Le tandem formé par l’inspecteur Milo Sturgis et le psychologue Alex Delaware retrouve ici sa complémentarité si particulière, portée par des dialogues incisifs qui insufflent une dose d’humour bienvenue face à l’horreur des crimes.

Le livre puise sa force dans le contraste saisissant entre la froideur clinique des meurtres et la chaleur de la relation entre les deux enquêteurs. Milo, policier homosexuel mal vu par sa hiérarchie auquel on confie les affaires les plus désespérées, et Alex, consultant psychologue dont l’expertise s’avère cruciale, forment un duo improbable mais terriblement efficace. Leur amitié de longue date transparaît dans chaque échange.

L’intrigue s’ancre dans l’histoire trouble de la psychiatrie américaine et de ses méthodes controversées. Jonathan Kellerman mobilise ici son expérience de psychologue pour enfants pour donner corps et crédibilité aux aspects psychologiques de l’enquête. Le choix de situer une partie de l’action à l’hôpital psychiatrique de Ventura, où Alex Delaware a fait ses études, ajoute une dimension intime à l’investigation.

Si certains critiques déplorent une construction similaire aux précédents volumes, la majorité salue le retour aux fondamentaux psychologiques de la série. Les descriptions particulièrement macabres des scènes de crime peuvent heurter les âmes sensibles, mais elles servent le propos sans jamais verser dans le gore. La fin, laissée délibérément ouverte, contribue à faire de ce « Maniaque dans la ville » un opus mémorable qui transcende les codes du thriller policier traditionnel.

Aux éditions POINTS ; 432 pages.


6. Une enquête de Milo Sturgis et Alex Delaware – Le Musée des désirs (2020)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans les hauteurs de Beverly Hills, une découverte macabre attend les enquêteurs : quatre cadavres mis en scène dans une limousine, dont celui du chauffeur au volant. Le lieutenant Milo Sturgis du LAPD fait immédiatement appel au Dr Alex Delaware, psychologue consultant, pour l’aider à décrypter cette mise en scène morbide. Les trois passagers, tués selon des méthodes différentes, n’ont rien en commun : un avocat, une femme sans-abri et un déficient mental.

L’enquête s’annonce tortueuse. Pendant que Sturgis et son équipe multiplient les interrogatoires et passent au crible les indices, Delaware mobilise ses connaissances en psychologie pour tenter de comprendre la logique du tueur. Leur investigation les mènera dans les cercles huppés de Los Angeles, sur la piste d’un trafic d’œuvres d’art volées par les nazis, dont certaines appartenaient à Goebbels lui-même.

Autour du livre

Cette 35e aventure du duo Alex Delaware/Milo Sturgis s’inscrit dans la lignée des premiers opus de la série. Psychiatre devenu écrivain, Jonathan Kellerman insuffle à son personnage principal une authentique épaisseur psychologique, fruit de sa propre expérience professionnelle. L’intrigue se déploie dans le Los Angeles des beaux quartiers, celui des demeures luxueuses et des collectionneurs d’art, tout en explorant les recoins les plus sombres de la ville.

La force du « Musée des désirs » réside dans le tandem formé par Delaware et Sturgis. Leur relation transcende le simple rapport professionnel : quand Sturgis ne dévalise pas le réfrigérateur de son ami, les deux hommes échangent des dialogues vifs qui dynamisent le récit. Cette complicité s’étend à l’équipe d’enquêteurs qui les entoure, créant une synergie efficace dans la résolution de cette affaire complexe.

Le récit progresse selon une mécanique minutieuse, à travers un travail de fourmi fait d’interrogatoires, d’analyses d’indices et de recoupements. Si certains critiques déplorent une intrigue qui « se traîne » ou « alambiquée », d’autres saluent cette approche méthodique qui reflète la réalité du travail policier. La présence de Robin, la compagne de Delaware, et de leur bouledogue français Blanche, apporte une touche d’humanité bienvenue face à la noirceur des crimes.

Les références à l’histoire de l’art nazi et aux œuvres pornographiques de la collection Goebbels insufflent une dimension historique inattendue à cette enquête contemporaine. Ces éléments confèrent au récit une profondeur supplémentaire, même si le mobile final des meurtres peut sembler « tordu et pas très crédible » selon certains avis critiques.

Aux éditions SEUIL ; 464 pages.

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