John Steinbeck (1902-1968) est l’un des écrivains américains les plus influents du XXe siècle. Né à Salinas en Californie, il grandit dans une famille de classe moyenne et étudie brièvement à Stanford avant de se lancer dans divers métiers.
Après des débuts modestes en littérature, il connaît le succès avec « Tortilla Flat » (1935), suivi de chefs-d’œuvre comme « Des souris et des hommes » (1937) et « Les raisins de la colère » (1939), ce dernier lui valant le prix Pulitzer.
Son œuvre, marquée par un profond réalisme social et une grande empathie pour les laissés-pour-compte de la société américaine, est couronnée par le prix Nobel de littérature en 1962.
Il décède à New York en 1968, laissant derrière lui un héritage littéraire majeur qui continue d’influencer la littérature contemporaine.
Voici notre sélection de ses meilleurs romans.
1. Des souris et des hommes (1937)
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1937. Les États-Unis traversent la Grande Dépression. En Californie, deux journaliers sillonnent les routes poussiéreuses de ferme en ferme. George, petit homme sec et vif, veille sur Lennie, un géant à la force inouïe mais à l’intelligence limitée. Malgré leurs différences, une profonde amitié les unit. Ils nourrissent un rêve commun : économiser assez pour s’acheter une petite propriété et y couler des jours paisibles, entourés d’animaux. George s’occupera de l’exploitation. Lennie, lui, élèvera des lapins.
Embauchés dans un nouveau ranch, ils tentent de cacher le handicap de Lennie pour préserver leur emploi. Mais le comportement puéril et inadapté du colosse inquiète George. Car Lennie aime caresser ce qui est doux et soyeux comme du velours, quitte à étreindre trop fort. Souris, chiens, robes… Rien n’échappe à sa poigne maladroite. Lorsque la tentatrice épouse du patron s’en mêle, le drame semble inévitable.
Dans ce roman bref et intense, John Steinbeck brosse le portrait saisissant d’une amitié sincère vouée à l’échec. Avec une écriture épurée et des dialogues d’une sobriété remarquable, il dépeint la misère et la solitude des laissés-pour-compte. L’innocence de Lennie face à la cruauté du monde rend le destin des deux hommes plus poignant encore. Un récit inoubliable.
Aux éditions FOLIO ; 176 pages.
2. Les raisins de la colère (1939)
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1930, Oklahoma. La crise économique s’abat sur les États-Unis comme une chape de plomb. Ruinés, chassés de leurs fermes par les banques, les paysans sont poussés sur les routes par milliers. Parmi eux, les Joad, contraints d’abandonner la terre de leurs ancêtres pour tenter leur chance en Californie. Là-bas, annoncent des prospectus alléchants, on embauche à tours de bras pour les récoltes.
Entassés dans un vieux camion brinquebalant, trois générations prennent le chemin de l’Ouest. Aux commandes, Tom, l’aîné des enfants, libéré de prison quelques jours plus tôt. Très vite, le mirage californien se lézarde. Car ils sont des milliers, comme eux, à chercher du travail. Les boulots se font rares, les salaires dérisoires. Maltraités, exploités, parqués dans des bidonvilles sordides, voilà le lot des migrants de l’Oklahoma. Les raisins de la colère, ces fruits amers d’une Amérique en crise, sont en train de mûrir.
Avec « Les raisins de la colère », Steinbeck dresse le portrait saisissant d’une époque, d’un pays, de ses déshérités en quête d’une vie meilleure. Un roman puissant, déchirant, sur cette Amérique des laissés-pour-compte.
Aux éditions FOLIO ; 640 pages.
3. À l’est d’Éden (1952)
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Nous sommes à la fin du 19ème siècle, en Californie. Au cœur de la vallée de la Salinas, deux familles vont voir leurs destins s’entrecroiser : les Trask et les Hamilton. Figure centrale du roman, Adam Trask est un homme profondément marqué par son histoire familiale.
Lorsque son épouse, l’énigmatique et malfaisante Cathy, accouche de jumeaux aussi dissemblables que peuvent l’être le jour et la nuit, Caleb et Aron, Adam doit affronter seul les défis de la paternité. Heureusement, il pourra compter sur la sagesse et le dévouement de Lee, son serviteur d’origine chinoise.
Au fil des pages, Steinbeck nous entraîne dans une saga envoûtante qui, par-delà l’histoire singulière de la famille Trask, convoque les grands thèmes universels. Le conflit entre Caleb et Aron fait écho au récit biblique de Caïn et Abel, aux notions de bien, de mal, de destinée et de libre-arbitre.
Avec « À l’est d’Éden », Steinbeck signe un roman total. Récit d’une époque, celle des pionniers de l’Ouest américain, chronique familiale, étude de caractères, méditation sur la nature humaine : une œuvre qui happe le lecteur et ne le lâche plus.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 631 pages.
4. La perle (1947)
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Basse-Californie, années 1940. C’est dans ce décor aride que nous rencontrons Kino, un indien pêcheur de perles. Avec sa femme Juana et leur fils Coyotito, il coule des jours plus ou moins difficiles, rythmés par le chant de la mer. Jusqu’au drame qui fait voler en éclats leur fragile quiétude : la piqûre d’un scorpion, qui laisse le nourrisson entre la vie et la mort. Kino et Juana savent que seul le médecin de la ville pourrait le sauver. Mais comment payer ses services quand on est plus pauvre que la misère ?
Animé d’un espoir fou, Kino se jette à l’eau et remonte une perle fabuleuse, la plus grosse qu’on ait jamais vue. Soudain, l’avenir s’illumine : cette perle, c’est la fin de la faim, la guérison de Coyotito, la promesse d’une vie digne. Seulement voilà : les miracles ont un prix. Et dans ce village rongé par l’envie, une telle merveille déchaîne bien vite les passions les plus sombres.
En quelques pages d’une densité remarquable, Steinbeck nous offre un texte aussi cruel que magnifique, allégorie des ravages de la cupidité sur l’âme humaine. Un récit d’une puissance rare.
Aux éditions FOLIO ; 128 pages.
5. Tortilla Flat (1935)
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Californie, années 1920. Danny revient à Monterey après la Première Guerre mondiale. Cet insouciant « paisano » – un métis d’origines espagnole, indienne et mexicaine – mène une existence modeste dans le bidonville de Tortilla Flat, sur les hauteurs de la ville. Sa vie bascule quand son grand-père lui lègue une maison délabrée.
Cette aubaine en cache une autre : sa nouvelle demeure devient le repaire de sa bande de potes bohèmes. Des « paisanos » comme lui, fainéants et portés sur la bouteille. Pilon, Pablo, Pirate et consorts préfèrent largement picoler gratis chez Danny que lui payer un loyer. Tous partagent la même philosophie épicurienne. Leur seule ambition ? Profiter des plaisirs simples. Flemmarder au soleil, chaparder de quoi manger, s’enivrer de vin bon marché. L’arrivée inopinée de ce maigre héritage bouleverse leur quotidien de joyeux vauriens.
Avec ce truculent roman picaresque publié en 1935, Steinbeck chronique les aventures et mésaventures de cette attachante bande de paumés. Loin d’être un tableau misérabiliste, l’ouvrage célèbre leur amitié indéfectible et leur soif de liberté. Un hymne à l’insouciance teinté d’humour et de poésie qui révéla le talent du futur prix Nobel.
Aux éditions FOLIO ; 251 pages.
6. Rue de la Sardine (1945)
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Années 1930. Monterey, Californie. La Grande Dépression a frappé de plein fouet la rue de la Sardine, ce quartier pauvre où s’agitent les laissés-pour-compte. Parmi eux, Mack, un chômeur, et sa bande de joyeux lurons. Dora la tenancière de maison close, Lee Chong l’épicier chinois, ou encore Doc le biologiste au grand cœur. Tous tentent de survivre comme ils peuvent.
Mack et ses compères enchaînent les mésaventures, entre petits larcins et beuveries, toujours animés des meilleures intentions. Car dans ce microcosme haut en couleurs, misère rime avec générosité. Et lorsque Mack décide d’organiser une fête surprise pour Doc, c’est toute la rue qui se mobilise. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…
Avec ce récit déconcertant mâtiné de tendresse, Steinbeck brosse le portrait attachant d’une communauté à la marge. Loin des paillettes du rêve américain, il livre un témoignage attendrissant sur la résilience des invisibles.
Aux éditions FOLIO ; 224 pages.
7. Les naufragés de l’autocar (1947)
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Californie, années 1940. Un autocar tombe en panne près d’une station-service isolée. Les passagers, contraints d’y passer la nuit, font connaissance dans ce lieu improbable. Juan Chicoy, le chauffeur, se demande s’il ne devrait pas tout plaquer. Sa femme Alice, nerveuse, surveille la jolie Camille qui affole les hommes.
La panne réparée, le voyage reprend. Mais un nouvel incident immobilise le véhicule en pleine montagne. Dans ce huis clos forcé, les masques tombent. Frustrations, désirs inavoués, rêves brisés : chacun révèle sa vraie nature.
Avec un humour grinçant, Steinbeck dissèque l’âme de cette galerie de personnages, représentative d’une Amérique meurtrie. De cette situation cocasse, il tire un portrait au vitriol d’une société d’après-guerre, où les faux-semblants l’emportent. Un roman qui se lit comme une pièce de théâtre.
Aux éditions FOLIO ; 384 pages.
8. En un combat douteux… (1936)
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États-Unis, début des années 1930. Le pays est en pleine tourmente économique. Dans une vallée californienne, les propriétaires de vergers décident de baisser les salaires des ouvriers saisonniers, déjà au bord de la misère.
C’est dans ce contexte explosif que Mac et Jim, deux militants communistes, débarquent pour organiser la riposte. Leur mission : convaincre les cueilleurs de pommes de se mettre en grève. Mais soulever une foule écrasée par la pauvreté n’est pas chose aisée. Entre discours enflammés et manœuvres de l’ombre, Mac et Jim sont déterminés à mener leur lutte jusqu’au bout. Quitte à franchir certaines limites.
Avec « En un combat douteux… », Steinbeck signe un roman social sans concession. Il y dépeint avec justesse la réalité crue d’une Amérique en crise, tiraillée entre l’exploitation des plus faibles et la soif de justice. Une œuvre qui interroge la légitimité des moyens employés pour défendre un idéal.
Aux éditions FOLIO ; 380 pages.
9. Lune noire (1942)
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Hiver 1942, dans un village minier d’Europe du Nord. Les nazis débarquent pour s’emparer des ressources de charbon. La stupeur passée, le maire Orden et le docteur Winter décident d’entraver l’occupant par tous les moyens. Ils prônent dans un premier temps une résistance passive. Mais les actes de sabotage et les meurtres ne tardent pas. Les Allemands répliquent avec violence. Exécutions et représailles se succèdent.
Le colonel Lanser, officier désabusé, sait que cette invasion est vouée à l’échec. Ses jeunes lieutenants, avides de gloire, affrontent une population de plus en plus hostile. Dans le froid glacial, sous les flocons de neige, les tensions s’exacerbent. Le climat devient irrespirable pour les deux camps.
Avec ce court roman publié clandestinement en France en 1942, Steinbeck signe un superbe plaidoyer contre l’occupation, et un hommage au courage des peuples opprimés. Une histoire intemporelle sur la liberté et la dignité.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 157 pages.
10. Le Poney rouge (1933)
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Dans une ferme californienne des années 1930, le jeune Jody, dix ans, partage son temps entre l’école et les corvées du ranch sous le regard austère de son père. Sa vie bascule le jour où celui-ci lui offre un superbe poney à la robe rouge. L’enfant le baptise Gabilan, du nom des montagnes qui surplombent leur vallée.
Accompagné de Billy Buck, le garçon d’écurie, Jody s’initie avec patience au dressage de son compagnon. Il apprend à le nourrir, à le soigner, à gagner sa confiance. Mais alors qu’approche le moment tant attendu de la première monte, le poney tombe gravement malade.
Avec « Le Poney rouge », Steinbeck dévoile sans artifice l’âpre réalité de la vie rurale américaine au début du XXe siècle. Si l’ouvrage est souvent présenté comme un livre pour la jeunesse, sa tonalité grave et son regard lucide sur la brutalité du monde agricole en font une œuvre transgénérationnelle.
Aux éditions FOLIO JUNIOR ; 144 pages.