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John Edward Williams en 2 romans – Notre sélection

John Edward Williams en 2 romans – Notre sélection

John Edward Williams naît le 29 août 1922 à Clarksville, au Texas. Son enfance est marquée par la disparition mystérieuse de son père alors qu’il n’a que deux ans, suivie du remariage de sa mère avec George Williams. Après un bref passage dans un établissement d’enseignement supérieur, où il échoue en anglais, il s’engage dans l’US Army Air Force en 1942. C’est durant son service en Inde, en Chine et en Birmanie qu’il commence à écrire son premier roman, « Nothing But the Night ».

À son retour de guerre, Williams s’inscrit à l’université de Denver où il obtient ses diplômes de premier et second cycles. Sa carrière d’écrivain démarre avec la publication de « Nothing But the Night » (1948) et d’un recueil de poésie, « The Broken Landscape » (1949). Après avoir obtenu son doctorat à l’université du Missouri en 1954, il retourne enseigner à Denver où il dirige le programme d’écriture créative.

Écrivain peu prolifique mais exigeant, Williams publie seulement quatre romans : « Nothing But the Night », « Butcher’s Crossing », « Stoner », et « Augustus », ce dernier lui valant le National Book Award en 1972. Son roman « Stoner », initialement paru en 1965, connaît une renaissance remarquable après sa réédition en 2005, devenant un best-seller international, particulièrement en Europe.

Williams prend sa retraite de l’université de Denver en 1985 et s’éteint le 3 mars 1994 à Fayetteville, Arkansas, laissant derrière lui un roman inachevé, « The Sleep of Reason ».

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Butcher’s Crossing (1960)

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Résumé

En 1873, Will Andrews, fils de pasteur et étudiant en troisième année à Harvard, quitte tout pour se rendre dans l’Ouest américain. Il ne cherche ni fortune ni gloire, mais une forme de révélation spirituelle au contact de la nature sauvage, inspiré par les idées du philosophe Ralph Waldo Emerson. Son périple le mène à Butcher’s Crossing, une modeste bourgade du Kansas qui vit du commerce des peaux de bison. McDonald, un vieil ami de son père qui dirige ce négoce, lui propose un emploi de bureau qu’Andrews décline : il veut vivre une véritable aventure.

Le destin place sur sa route Miller, un chasseur chevronné qui prétend avoir découvert, dix ans plus tôt, une vallée secrète dans les montagnes du Colorado abritant l’un des derniers grands troupeaux de bisons du pays. Andrews décide de financer une expédition de chasse avec Miller, accompagnés de deux hommes : Charley Hoge, un conducteur de chariot manchot qui noie sa foi dans le whisky, et Fred Schneider, un écorcheur au tempérament frondeur.

Après un voyage périlleux à travers les plaines désertiques, les quatre hommes atteignent la vallée promise où paissent effectivement des milliers de bisons. Mais la soif de sang s’empare de Miller qui, dans une frénésie meurtrière, massacre les bêtes par centaines. Son obsession aveugle menace désormais le groupe : l’hiver approche et les premiers flocons de neige risquent de les piéger dans cette vallée reculée des Rocheuses…

Autour du livre

« Butcher’s Crossing », publié en 1960, marque une rupture avec les stéréotypes du western traditionnel. John Edward Williams écrit d’ailleurs à l’époque que « le sujet de l’Ouest a subi un processus de stéréotypes irrationnels ». Son roman se démarque par une vision désenchantée de la conquête de l’Ouest, dépouillée de tout romantisme.

Le parcours initiatique de Will Andrews, qui cherche à se découvrir lui-même dans la nature sauvage, fait écho aux idées transcendantalistes d’Emerson sur l’harmonie entre l’homme et la nature. Mais sa quête spirituelle se heurte à la réalité brutale de la chasse aux bisons, métaphore de la destruction systématique des ressources naturelles par l’homme. La figure de Miller, dans son obsession dévastatrice, rappelle le capitaine Achab de « Moby Dick ». Situé dans les années 1870, le récit dépeint la fin d’une époque. L’extermination des bisons, réduits de plusieurs millions à quelques milliers de têtes, symbolise la transformation irrémédiable de l’Ouest américain sous l’effet de l’expansion territoriale et du capitalisme naissant.

La critique salue unanimement la puissance du roman. Oakley Hall, auteur finaliste du Prix Pulitzer, le qualifie de « meilleur western jamais écrit ». The Guardian souligne sa capacité à dépeindre « des hommes réduits aux situations les plus extrêmes ». Pour The Spectator, « le roman culmine magnifiquement dans l’action et frappe douloureusement dans la pensée ». The Independent note toutefois que certains passages, notamment la fin, n’atteignent pas le niveau de « Stoner », l’autre chef-d’œuvre de Williams.

Une adaptation cinématographique, réalisée par Gabe Polsky avec Nicolas Cage dans le rôle de Miller et Fred Hechinger dans celui d’Andrews, est sortie aux États-Unis en octobre 2023 après sa première au Festival international du film de Toronto en 2022.

Aux éditions 10/18 ; 336 pages.


2. Stoner (1965)

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Résumé

Missouri, 1910. William Stoner quitte la ferme familiale pour étudier l’agronomie à l’université de Columbia. Sa vie bascule lors d’un cours obligatoire de littérature anglaise : la découverte de Shakespeare le bouleverse au point qu’il décide d’abandonner l’agriculture pour se consacrer aux lettres.

Cette conversion inattendue le mène jusqu’au professorat dans cette même université, où il s’accroche à son idéal d’enseignement malgré les obstacles. Son mariage avec Edith, fille de bonne famille, se révèle être un désastre : elle transforme leur foyer en champ de bataille et s’emploie méthodiquement à le séparer de leur fille Grace. Sur le campus, son intégrité professionnelle lui vaut l’inimitié tenace de son supérieur Lomax, qui s’acharne à entraver sa carrière.

À quarante-trois ans, cet homme effacé connaît enfin l’amour véritable avec Katherine Driscoll, une jeune collègue qui partage sa passion des livres. Mais dans le milieu universitaire des années 1930, une liaison entre professeurs ne peut rester longtemps secrète…

Autour du livre

Publié en 1965, « Stoner » passe quasiment inaperçu du vivant de John Edward Williams. Il ne se vend qu’à 2000 exemplaires avant de sombrer dans l’oubli. Ce n’est qu’en 2006, lors de sa réédition par New York Review Books Classics, qu’il connaît une renaissance spectaculaire. La traduction française par Anna Gavalda en 2011 participe à ce succès tardif.

Le récit se déroule sur fond d’événements historiques majeurs – les deux guerres mondiales, la Prohibition, le krach boursier de 1929 – qui affectent la vie du campus universitaire. John Edward Williams y dépeint avec acuité le monde académique américain du début du XXe siècle, ses codes rigides et ses luttes intestines. À travers le parcours de Stoner, il questionne le prix à payer pour rester fidèle à ses convictions dans une société conformiste.

Williams s’inspire en partie de sa propre expérience : comme son personnage, il est issu d’un milieu rural du Texas et consacre sa vie à l’enseignement de la littérature à l’université de Denver. Sans être autobiographique, le roman transpose cette connaissance intime du milieu universitaire américain, tout en évitant les pièges du roman de campus traditionnel.

Pour The New Yorker, « Stoner » est « le plus grand roman américain dont vous n’avez jamais entendu parler ». Morris Dickstein, dans le New York Times, le qualifie de « roman parfait ». Ian McEwan loue sa « prose autoritaire », tandis que Julian Barnes, Bret Easton Ellis et John McGahern comptent parmi ses plus ardents défenseurs.

En 2015, une adaptation cinématographique est annoncée avec Casey Affleck dans le rôle-titre et Tommy Lee Jones à ses côtés. Film4, Cohen Media Group et Blumhouse Productions s’associent pour porter à l’écran cette histoire d’une vie ordinaire devenue extraordinaire sous la plume de Williams.

Aux éditions J’AI LU ; 384 pages.

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