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Les meilleurs livres de Stefan Zweig – Notre sélection

Stefan Zweig en 10 livres – Notre sélection

Stefan Zweig (1881-1942) est un écrivain, dramaturge et biographe autrichien né à Vienne dans une famille juive bourgeoise. Fils d’un riche industriel du textile, il bénéficie d’une éducation privilégiée qui lui permet de voyager à travers l’Europe et de se consacrer à l’écriture dès sa jeunesse.

Avant la Première Guerre mondiale, il se forge une réputation d’intellectuel cosmopolite et pacifiste, nouant des amitiés avec des personnalités comme Sigmund Freud, Romain Rolland ou Émile Verhaeren. Pendant la guerre, bien qu’engagé dans l’armée autrichienne, il maintient ses convictions pacifistes.

Dans l’entre-deux-guerres, Zweig connaît un immense succès littéraire avec ses nouvelles psychologiques (« Amok », « La Confusion des sentiments ») et ses biographies historiques (« Marie-Antoinette », « Marie Stuart », « Fouché »). Il s’installe à Salzbourg où il constitue une importante collection de manuscrits.

L’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 bouleverse sa vie. En 1934, il quitte l’Autriche pour Londres, puis s’exile au Brésil en 1941 avec sa seconde épouse, Lotte Altmann. Profondément affecté par la montée du nazisme et la destruction de l’Europe qu’il chérissait, il achève son autobiographie « Le Monde d’hier » avant de se suicider avec son épouse à Petrópolis, près de Rio de Janeiro, le 22 février 1942.

Son œuvre, marquée par un profond humanisme et une fine analyse psychologique, comprend des nouvelles, des romans, des biographies et des essais qui témoignent de son engagement pour une Europe culturellement unie et pacifique.

Voici notre sélection de ses livres majeurs.


1. Le Monde d’hier (autobiographie, 1943)

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« Le Monde d’hier » retrace la transformation brutale de l’Europe entre 1881 et 1942, vue à travers le regard de Stefan Zweig. Dans la Vienne impériale de la Belle Époque, l’écrivain grandit au sein d’une famille juive aisée, dans une société qui croit au progrès et à la culture. Cette période dorée voit s’épanouir les arts et les lettres, tandis que les frontières s’estompent pour une élite cosmopolite qui parcourt librement le continent.

Mais ce monde s’effondre avec la Première Guerre mondiale. L’Europe bascule dans la barbarie, le nationalisme et l’antisémitisme. Zweig observe, impuissant, la montée du nazisme qui le force à l’exil. D’abord réfugié à Londres puis au Brésil, il perd sa nationalité, sa langue, son public. La violence du siècle a anéanti ses idéaux humanistes et européens.

Ces mémoires, rédigés en 1941 et envoyés à l’éditeur la veille de son suicide, dépassent la simple autobiographie. Les rencontres avec Rilke, Rodin ou Freud alternent avec l’analyse lucide des bouleversements politiques. La prose élégante de Zweig fait revivre un monde englouti, tout en questionnant le sens de l’Histoire et la fragilité de la civilisation. Un testament d’une puissance rare.

Ce livre prend aujourd’hui une résonance particulière alors que l’Europe fait face à de nouveaux défis. Les avertissements de Zweig sur la fragilité des démocraties et les dangers du repli nationaliste n’ont rien perdu de leur pertinence. En ce sens, « Le Monde d’hier » s’impose comme un texte essentiel pour comprendre non seulement le passé mais aussi les enjeux contemporains.

Aux éditions FOLIO ; 592 pages.


2. Le Joueur d’échecs (nouvelle, 1943)

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À bord d’un paquebot reliant New York à Buenos Aires au début des années 1940, le narrateur s’aperçoit de la présence du champion du monde d’échecs, Mirko Czentovic. Ce joueur prodige, d’origine modeste et quasi illettré, accepte de disputer quelques parties contre les passagers moyennant rétribution. Lors d’une partie, un mystérieux inconnu – M. B. – parvient à tenir tête au champion.

L’histoire bascule quand M. B. révèle son passé au narrateur. Emprisonné par la Gestapo dans une chambre d’hôtel viennois, coupé du monde pendant des mois, il n’a dû sa survie mentale qu’à un manuel d’échecs dérobé à ses geôliers. En reconstituant mentalement des centaines de parties, il a frôlé la folie, jusqu’à développer une forme de schizophrénie qui le hante encore. Une ultime confrontation s’engage alors entre ces deux joueurs que tout oppose.

Cette nouvelle posthume de Stefan Zweig, écrite en 1941 peu avant son suicide, condense en cent pages une tension psychologique implacable. Le duel aux échecs devient la métaphore d’un combat entre deux mondes : celui de la culture européenne mise à mal par la barbarie nazie. Les personnages s’affrontent dans un huis clos étouffant où la raison vacille face à l’obsession.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 128 pages.


3. La Pitié dangereuse (roman, 1939)

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En 1913, dans une petite ville de garnison austro-hongroise, le lieutenant Anton Hofmiller mène une existence monotone jusqu’au jour où il est invité au château des Kekesfalva. Lors d’un bal, il commet une bourde en invitant à danser Edith, la fille du maître des lieux, sans savoir qu’elle est paralysée. Mortifié par sa gaffe, il envoie des fleurs pour s’excuser.

Pris de pitié, le jeune officier multiplie ensuite les visites auprès d’Edith. La jeune femme s’éprend peu à peu de lui tandis que son père et son médecin encouragent cette relation, persuadés qu’elle aide à sa guérison. Anton se retrouve alors prisonnier d’une situation qu’il n’a pas voulue : incapable d’avouer qu’il n’éprouve que de la compassion pour Edith, il s’enfonce dans les non-dits et les malentendus.

Seul roman achevé de Stefan Zweig, publié en 1939 alors que l’Europe sombre dans la guerre, « La Pitié dangereuse » dissèque avec une précision chirurgicale les mécanismes psychologiques qui transforment un sentiment noble en poison. Les tourments intérieurs d’Anton, ses lâchetés et ses élans de générosité résonnent comme un écho à la désagrégation de l’Empire austro-hongrois à la veille de la Première Guerre mondiale.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 504 pages.


4. La Confusion des sentiments (nouvelle, 1927)

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Au soir de sa vie, le professeur Roland de D. reçoit un livre d’hommages pour ses soixante ans. Cette biographie minutieuse omet pourtant l’essentiel : la rencontre qui a bouleversé sa destinée. En 1927, il décide de raconter cet épisode décisif de sa jeunesse.

À dix-neuf ans, surpris par son père dans une vie de débauche à Berlin, Roland accepte de partir étudier dans une petite ville allemande. Là-bas, il tombe sous le charme d’un professeur de philologie passionné par Shakespeare. Installé dans une chambre au-dessus de l’appartement de son maître, il fréquente bientôt le couple formé par ce dernier et son épouse. Mais le comportement du professeur le déroute : tantôt proche et chaleureux, tantôt distant et cruel. Ces sautes d’humeur inexplicables tourmentent le jeune homme jusqu’à ce qu’un terrible secret lui soit révélé.

Cette nouvelle audacieuse aborde avec une délicatesse remarquable le thème de l’homosexualité, sujet tabou en 1927. Les mots ciselés de Zweig donnent vie à une histoire d’amour impossible, où la pudeur se mêle à la souffrance. Freud lui-même salua la justesse psychologique de ce récit qui ausculte les profondeurs de l’âme humaine sans jamais tomber dans le pathos.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 126 pages.


5. Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (nouvelle, 1927)

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Au début du XXe siècle, dans une pension de famille sur la Riviera française, une nouvelle bouleverse la quiétude des lieux : Madame Henriette, une cliente respectable, vient de s’enfuir avec un jeune homme rencontré la veille. L’événement déclenche l’indignation générale des pensionnaires, à l’exception du narrateur qui refuse de condamner ce geste.

Son attitude interpelle Mrs C., une aristocrate anglaise d’un certain âge qui l’invite à une confession. Elle lui révèle qu’elle aussi a vécu, vingt ans plus tôt, une passion fulgurante de vingt-quatre heures. Veuve de quarante-deux ans, elle avait croisé dans un casino de Monte-Carlo un jeune Polonais en proie au démon du jeu. Touchée par son désespoir, elle avait tenté de le sauver, avant de basculer elle-même dans une passion dévorante.

La parution de cette nouvelle en 1927 avait marqué les esprits, notamment celui de Sigmund Freud qui y voyait une étude remarquable des pulsions humaines. Le récit enchâssé permet d’aborder les thèmes du désir et de l’addiction. La description hypnotique des mains du joueur sur le tapis vert constitue l’un des sommets du texte.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 128 pages.


6. Amok ou le fou de Malaisie (nouvelle, 1922)

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En 1912, sur le pont d’un paquebot reliant Calcutta à l’Europe, un passager rencontre un homme mystérieux qui refuse tout contact avec les autres voyageurs. Durant plusieurs nuits, cet inconnu lui confie son histoire : médecin exilé en Malaisie après une malversation, il menait une existence solitaire jusqu’au jour où une femme de la haute société coloniale vint le consulter pour un avortement clandestin.

Irrité par l’arrogance de cette patiente qui le traite avec mépris, le médecin refuse d’abord de l’aider, puis tente de lui imposer un marché sordide. La femme s’enfuit, outrée. Pris de remords, il est alors saisi d’une folie destructrice – l’amok, cette transe meurtrière qui frapperait parfois les Malais – et se lance à sa poursuite. Mais il est trop tard : ayant eu recours à une avorteuse locale, elle agonise. Sur son lit de mort, elle fait jurer au médecin de préserver son secret.

La narration serpente entre les ombres du navire et les souvenirs brûlants des colonies, dans un crescendo oppressant. La confession nocturne se fait de plus en plus fiévreuse, portée par une prose hypnotique qui suit les méandres d’une conscience ravagée par la culpabilité.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 190 pages.


7. Lettre d’une inconnue (nouvelle, 1922)

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À Vienne, au début du XXe siècle, un célèbre romancier reçoit le jour de ses 41 ans une longue lettre d’une inconnue. Cette femme lui révèle qu’elle l’a aimé passionnément depuis ses treize ans, quand il habitait l’appartement voisin du sien. Durant toutes ces années, elle l’a observé, attendu, désiré, sans jamais oser lui avouer ses sentiments.

Le destin les a réunis à trois reprises. De leur première nuit d’amour est né un enfant, mais l’écrivain, trop occupé par ses conquêtes éphémères, ne l’a jamais reconnue. Chaque année, elle lui envoyait anonymement des roses blanches pour son anniversaire. Aujourd’hui, leur fils vient de mourir et elle-même sent sa fin proche. Cette lettre constitue son ultime confession.

Publiée en 1922, cette nouvelle de Stefan Zweig dépeint les tourments d’un amour absolu et sans retour. La structure épistolaire crée une distance narrative saisissante entre la femme qui se livre sans fard et l’homme qui lit avec indifférence. Le temps joue ici un rôle central : tout est déjà terminé au moment de la lecture. La lettre n’est qu’une confession posthume qui ne changera rien. Cette fatalité donne au texte sa dimension tragique.

Aux éditions FOLIO ; 128 pages.


8. Ivresse de la métamorphose (roman inachevé, 1982)

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Dans l’Autriche meurtrie de 1926, Christine Hoflehner mène une existence terne comme employée des postes à Klein-Reifling. À 28 ans, elle vit avec sa mère malade dans un logement misérable, hantée par la mort de son père et de son frère pendant la Grande Guerre. Un télégramme bouleverse sa routine : sa tante d’Amérique l’invite dans un palace suisse.

En quelques jours, la modeste fonctionnaire se métamorphose. Parée de robes élégantes, entourée de luxe et de raffinement, elle devient la coqueluche de l’hôtel sous le nom de Christina van Boolen. Mais les rumeurs sur ses origines modestes précipitent son retour brutal à Klein-Reifling. De retour dans sa vie étriquée, elle rencontre Ferdinand, un ancien combattant mutilé qui partage sa révolte contre une société injuste. Ensemble, ils élaborent un plan désespéré pour échapper à leur condition.

Testament romanesque publié après la mort de Zweig, ce texte inachevé reflète le pessimisme croissant de l’écrivain face à la montée du nazisme. Rédigé en deux temps – la première partie en 1931, la seconde en 1938 durant son exil londonien – le récit oppose avec une âpreté grandissante le clinquant d’une société privilégiée à la détresse d’une génération sacrifiée par la guerre.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 285 pages.


9. La Peur (nouvelle, 1920)

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Dans le Vienne bourgeois du début du XXe siècle, Irène Wagner mène une existence confortable auprès de son mari avocat et de leurs deux enfants. Par ennui plus que par passion, elle prend pour amant un jeune pianiste qu’elle retrouve une fois par semaine. Sa vie bascule le jour où une femme l’attend à la sortie de l’immeuble de son amant et la menace de tout révéler.

Commence alors une descente aux enfers pour Irène. Terrorisée à l’idée que son mari découvre sa liaison, elle cède au chantage de cette mystérieuse femme qui exige des sommes toujours plus importantes. La peur s’installe, grandit, l’obsède jour et nuit. Elle ne dort plus, sursaute au moindre bruit, s’isole. Son comportement change tant que son mari s’inquiète, multipliant les questions auxquelles elle ne peut répondre sans avouer sa faute.

Cette nouvelle écrite en 1913 et publiée en 1920 à Berlin existe en deux versions : l’originale et une version raccourcie parue en 1925. Le texte décortique les mécanismes de la peur et ses manifestations physiques et psychologiques. Les phrases courtes créent une atmosphère oppressante qui maintient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final, digne des meilleurs thrillers psychologiques.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 250 pages.


10. Un soupçon légitime (nouvelle, 1987)

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Dans un paisible cottage près de Bath, Betsy et son mari font la connaissance de leurs nouveaux voisins. John Limpley, géant débonnaire à l’enthousiasme épuisant, et son épouse effacée tentent depuis neuf ans d’avoir un enfant. Pour briser leur solitude, la narratrice leur offre un chiot. Une décision qui va bouleverser leur existence.

Le bouledogue Ponto devient l’objet de toutes les attentions de John. Gâté sans limites, l’animal règne bientôt en despote sur la maisonnée. Mais quand Madame Limpley annonce sa grossesse, John reporte soudain toute son affection sur elle. Le chien, délaissé du jour au lendemain, rumine sa vengeance dans l’ombre. Une tension sourde monte jusqu’au drame final.

Cette nouvelle, restée inédite du vivant de Zweig, offre une variation sur le thème de la monomanie qui traverse son œuvre. Le texte frappe par son angle narratif décalé : à travers le regard de la voisine, nous assistons impuissants à l’escalade de la violence. La psychologie du chien, à qui l’auteur prête une conscience presque humaine, ajoute une dimension singulière à ce récit glaçant.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.

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