Écrivain et poète américain né en 1922 à Lowell, Massachusetts, Jack Kerouac est une figure majeure de la « Beat Generation ». Issu d’une famille de Canadiens français, il commence à écrire très jeune, inspiré par Thomas Wolfe.
Dans les années 1940, il rencontre Allen Ginsberg et William S. Burroughs à l’université, le noyau de ce qui deviendra la « Beat Generation ». Son chef-d’œuvre « Sur la route », chronique de ses voyages à travers les États-Unis, devient le manifeste de toute une génération.
Malgré son succès, Kerouac sombre dans l’alcoolisme et meurt prématurément à St. Petersburg, Floride, le 21 octobre 1969.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Sur la route (1957)
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Dans l’Amérique de l’après-guerre, Jack Kerouac raconte sa rencontre déterminante avec Neal Cassady, qui donnera naissance aux personnages de Sal Paradise et Dean Moriarty. L’histoire commence à New York, où Sal, un jeune écrivain en devenir, croise la route de Dean, un garçon de l’Ouest à l’énergie débordante, tout juste libéré de prison.
Commence alors une série de road trips à travers le continent américain. Les deux amis enchaînent les allers-retours entre New York et San Francisco, passent par Chicago, Denver, La Nouvelle-Orléans. Sans argent ni attaches, ils survivent de petits boulots et d’expédients. Leur quotidien est rythmé par les soirées de jazz, les excès d’alcool et de drogues, les discussions fiévreuses sur le sens de l’existence. Dean accumule les conquêtes et les ruptures, tandis que Sal consigne leurs péripéties.
Publié en 1957 après plusieurs années de réécriture, le roman restitue la quête effrénée d’absolu d’une génération qui refuse le rêve américain conventionnel. Kerouac l’a initialement écrit d’une traite sur un rouleau de papier de 36 mètres, dans un style nerveux calqué sur les improvisations du bebop. Cette recherche formelle, associée à la puissance du récit, en a fait l’œuvre fondatrice de la Beat Generation, ce mouvement culturel qui a profondément marqué les années 1950.
Aux éditions FOLIO ; 436 pages.
2. Les clochards célestes (1958)
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Dans l’Amérique des années 1950, Ray Smith, alter ego de Jack Kerouac, sillonne la côte ouest des États-Unis. Ce jeune homme épris de liberté se déplace en auto-stop ou monte clandestinement dans des trains de marchandises. À San Francisco, il rencontre Japhy Ryder, un érudit passionné par le bouddhisme zen et la littérature orientale. Cette amitié transforme la vision du monde de Ray.
Les deux hommes partagent leur temps entre méditation, discussions philosophiques et randonnées en montagne. Avec d’autres marginaux, ils rejettent le matérialisme ambiant et le conformisme de la société américaine. Ils mènent une existence simple, dorment souvent à la belle étoile, se nourrissent de peu. Cette quête de sens les conduit jusqu’aux sommets des montagnes de Californie, d’Oregon et de l’État de Washington.
Ray alterne entre les moments de communion intense avec la nature et les soirées alcoolisées dans les bars de San Francisco. Quand Japhy part pour le Japon, Ray trouve un emploi de garde forestier au sommet du pic Désolation. Seul face aux éléments pendant de longs mois, il poursuit sa recherche spirituelle.
« Les clochards célestes », paru en 1958, préfigure le mouvement hippie des années 1960 et témoigne d’une époque où la jeunesse américaine cherchait d’autres voies que le consumérisme triomphant.
Aux éditions FOLIO ; 384 pages.
3. Les anges vagabonds (1965)
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En 1956, Jack Kerouac s’installe comme garde forestier au sommet du pic Desolation, dans l’État de Washington. Il y passe deux mois en totale solitude, à méditer et contempler les paysages grandioses qui l’entourent. Cette retraite spirituelle marque le début des « Anges vagabonds », écrit alors que l’auteur, âgé de 34 ans, attend la publication de « Sur la route ».
De retour à la civilisation, il retrouve ses amis de la Beat Generation : Allen Ginsberg et Gregory Corso à San Francisco, puis William Burroughs à Tanger. Mais Kerouac n’est plus le même homme qu’il y a dix ans. Tandis que ses compagnons persistent dans une vie d’excès, lui s’interroge sur le sens de son existence. L’alcool devient son refuge face à une Amérique où il ne trouve plus sa place.
Avec ce récit largement autobiographique empreint de nostalgie et de désillusion, Kerouac dépeint le portrait d’un homme qui, malgré ses errances entre New York, Mexico, Tanger, Paris et Londres, ne parvient plus à ressentir l’ivresse de la liberté qui caractérisait sa jeunesse.
Aux éditions FOLIO ; 253 pages.
4. Big Sur (1962)
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À l’été 1960, Jack Kerouac cherche à échapper à sa nouvelle notoriété. L’auteur de « Sur la route » s’installe dans une cabane prêtée par un ami, perchée sur les falaises de Big Sur en Californie. Le fracas des vagues sur la côte escarpée et la solitude absolue lui promettent une retraite salvatrice.
L’apaisement est de courte durée. Ses angoisses le rattrapent et le poussent à regagner San Francisco. Il y retrouve son cercle d’amis, dont Cody (l’alter ego de Neal Cassady), figure de ses précédents romans. Mais Cody a changé : il mène désormais une vie stable de père de famille. Ce changement bouleverse Kerouac, qui observe avec amertume la transformation de son ancien compagnon de route.
Le roman raconte l’effondrement psychologique d’un homme tiraillé entre son besoin de solitude et son attirance pour les excès. Les allers-retours frénétiques entre la ville et Big Sur rythment sa chute. L’alcool aggrave ses crises de paranoïa. Les cauchemars et les hallucinations s’intensifient. Dans ce récit autobiographique d’une rare sincérité, Kerouac dévoile la souffrance d’un artiste qui ne supporte plus le personnage public qu’il est devenu.
Aux éditions FOLIO ; 308 pages.
5. Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines (2008)
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Été 1944, Manhattan. Will Dennison, barman à ses heures, et Mike Ryko, marin par intermittence, traînent leur spleen dans une ville étouffante. Ils appartiennent à une bande de jeunes désœuvrés qui subsistent grâce à des emplois précaires et tuent le temps entre beuveries et discussions enfiévrées. Parmi eux brille Philip Tourian, un garçon de 17 ans à la beauté magnétique, qui supporte mal l’admiration excessive que lui porte Ramsay Allen, un quadragénaire amoureux de lui.
Harcelé par Allen qui ne cesse de le poursuivre, Philip conçoit un projet d’évasion avec Mike : embarquer sur un cargo vers la France. Mais leur indolence et leur penchant pour l’alcool sabotent chacune de leurs tentatives. L’atmosphère s’alourdit progressivement entre Philip et son soupirant, jusqu’à l’issue tragique.
Signé par Jack Kerouac et William S. Burroughs, ce roman à quatre mains s’enracine dans leur propre expérience : en 1944, ils ont été mêlés à l’assassinat d’un ami par un autre membre de leur cercle. Le manuscrit est resté dans l’ombre pendant des décennies avant d’être publié. On y trouve déjà les obsessions qui irrigueront l’œuvre des deux écrivains : le refus des conventions, l’appel de la liberté et la fascination pour les marges.
Aux éditions FOLIO ; 240 pages.
6. Satori à Paris (1966)
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À la fin de l’année 1965, un écrivain américain débarque à Paris. Jack Kerouac, l’auteur de « Sur la route », s’est mis en tête de percer le mystère de ses origines bretonnes. Son nom complet, Jean-Louis Lebris de Kerouac, l’obsède. Il rêve de découvrir une lignée aristocratique, nourri par les récits de son père qui lui répétait : « Jack, n’oublie jamais que tu es un Breton ! »
Le séjour parisien se transforme vite en une succession de beuveries et de rencontres fortuites. Dans les bars, les taxis, les trains, Kerouac enchaîne les conversations avec qui veut bien l’écouter. Entre deux verres de cognac, il tente de consulter les archives à la Bibliothèque Nationale. Puis direction Brest, où il espère trouver des traces de sa famille. Mais rien ne se passe comme prévu.
L’auteur livre un récit sans filtre de ces dix jours chaotiques. Il se montre tel qu’il est : un homme vieillissant, impatient, parfois arrogant, qui supporte mal les rebuffades des Français. Sa quête généalogique se double d’une expérience mystique : quelque part entre Paris et Brest, il aurait vécu un « satori », une illumination subite. Mais les vapeurs d’alcool brouillent les contours de cet éveil spirituel brusque, dont la nature exacte restera, comme ses origines bretonnes, enveloppée de mystère.
Aux éditions FOLIO ; 160 pages.