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Les meilleurs romans de Deon Meyer – Notre sélection

Deon Meyer en 10 thrillers – Notre sélection

Deon Meyer est un écrivain sud-africain de romans policiers né le 4 juillet 1958 à Paarl. Il écrit en afrikaans, sa langue maternelle.

Après une enfance à Klerksdorp dans la région des mines d’or, il fait ses études à l’université de Potchefstroom où il obtient un diplôme en anglais et en histoire. Il commence sa carrière comme journaliste au quotidien Die Volksblad, avant de travailler dans la publicité et la communication d’entreprise.

Son premier roman paraît en 1994, mais c’est avec « Jusqu’au dernier » (1996) qu’il connaît le succès international. Ses romans, traduits dans plus de 25 langues, dépeignent l’Afrique du Sud contemporaine et ses défis, notamment la corruption et le racisme post-apartheid. Il est particulièrement connu pour sa série mettant en scène l’inspecteur Benny Griessel.

Meyer a reçu de nombreuses distinctions, dont le Grand Prix de littérature policière en 2003 et le Prix Mystère de la critique en 2004. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées à la télévision et au cinéma.

Passionné de moto, il vit aujourd’hui à Stellenbosch, dans la province du Cap. Il est également scénariste et réalisateur, comme en témoigne son film « Die Laaste Tango » (2013).

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. L’année du lion (2016)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans un futur proche, une pandémie a anéanti 95 % de la population mondiale. En Afrique du Sud, Willem Storm et son fils Nico, 13 ans, font partie des rares survivants. Ils parcourent le pays dévasté à bord d’un camion, entre les hordes de chiens redevenus sauvages et les bandes de pillards.

Willem, humaniste convaincu, décide de fonder une communauté baptisée Amanzi (« eau » en xhosa). Son projet : rassembler des gens de bonne volonté pour reconstruire une société démocratique et égalitaire. La colonie s’agrandit peu à peu. Des personnages clés s’y installent : Domingo le militaire aguerri, Nero le psychologue, Birdie l’ingénieure… Mais les menaces s’accumulent, tant à l’extérieur avec les attaques de gangs qu’à l’intérieur où les luttes de pouvoir s’intensifient.

Nico raconte cette histoire 30 ans plus tard, hanté par l’assassinat de son père. À travers son récit et les témoignages des habitants d’Amanzi s’esquisse le portrait d’une humanité qui tente de repartir de zéro, entre espoir et violence.

Autour du livre

Publié en 2016, « L’année du lion » marque une rupture significative dans l’œuvre de Deon Meyer, qui délaisse temporairement ses habituels polars sud-africains pour s’aventurer dans le genre post-apocalyptique. Cette transition ne relève pas du simple exercice de style : Meyer consacre quatre années de recherches et de documentation minutieuses à ce projet qui l’obsède, consultant notamment le professeur Wolfgang Preiser, chef du département de virologie médicale de l’université de Stellenbosch.

L’inspiration de Meyer puise dans les épidémies de grippe aviaire H5N1 de 1996 et de grippe porcine H1N1 de 2009-2010, ainsi que dans l’œuvre de Yuval Noah Harari, « Sapiens : une brève histoire de l’humanité ». Cette base scientifique et philosophique solide sous-tend la construction d’un récit qui transcende les codes du genre post-apocalyptique pour proposer une réflexion profonde sur la nature humaine et la possibilité d’un renouveau sociétal.

La structure narrative se distingue par son ingéniosité : le récit principal de Nico Storm, narrateur âgé de 47 ans revenant sur son adolescence, s’entrecoupe de témoignages d’autres personnages, recueillis dans le cadre d’un projet d’histoire de la communauté d’Amanzi. Cette polyphonie narrative enrichit considérablement la perspective sur les événements et permet d’aborder des thématiques complexes comme le racisme, le multiracialisme, le déterminisme, le contrat social et les idéaux piétinés.

Stephen King lui-même salue cette œuvre qui prend une résonance particulière après mars 2020, étant fréquemment considérée comme prémonitoire de la pandémie de Covid-19. La comparaison avec « La Route » de Cormac McCarthy, souvent évoquée, ne tient pourtant pas : là où McCarthy plonge dans un désespoir absolu, Meyer choisit résolument l’optimisme comme fil conducteur, sans pour autant céder à la naïveté.

Le dénouement suscite des réactions contrastées parmi les critiques, certains le jugeant artificiel ou superflu. Cette divergence d’opinions n’entame cependant pas la force d’un récit qui parvient à conjuguer suspense haletant et questionnements fondamentaux sur l’avenir de l’humanité. Meyer réussit ainsi le tour de force de créer un roman accessible et prenant, sans sacrifier la profondeur de sa réflexion sur les enjeux contemporains majeurs comme le changement climatique et la capacité de l’homme à tirer les leçons de ses erreurs passées.

Aux éditions POINTS ; 720 pages.


2. Jusqu’au dernier (1996)

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Résumé

L’inspecteur Mat Joubert, de la brigade des homicides du Cap, traverse une période sombre. Depuis l’assassinat de sa femme Lara il y a deux ans, il s’est laissé aller : surpoids, tabagisme, alcool. Le lieutenant Bart de Wit, son nouveau chef formé à Scotland Yard, ne lui laisse pas le choix : retrouver une hygiène de vie acceptable ou démissionner.

Dans ce contexte tendu, deux affaires complexes mobilisent la brigade. D’abord, les agissements d’un braqueur qui dévalise méthodiquement les succursales d’une même banque avec une courtoisie surprenante. Plus inquiétant, un tueur en série sème la mort avec un vieux Mauser datant de la guerre des Boers. Les victimes semblent n’avoir aucun lien entre elles.

Autour du livre

Premier roman traduit en français de l’écrivain sud-africain Deon Meyer, « Jusqu’au dernier » paraît originalement en 1996 en langue afrikaans sous le titre « Feniks », avant d’être publié aux Éditions du Seuil en 2002. Cette traduction française reçoit le Grand Prix de littérature policière en 2003, marquant ainsi l’entrée remarquée de Meyer sur la scène littéraire francophone.

L’action se déroule au Cap, dans une Afrique du Sud qui émerge à peine de l’apartheid. Cette période charnière de l’histoire du pays imprègne subtilement la trame narrative sans jamais l’alourdir. Les tensions raciales persistent, comme en témoignent les difficultés de recomposition des services de l’État et la coexistence parfois houleuse entre les différentes communautés. La multiplicité des langues officielles – afrikaans, anglais et xhosa – vient complexifier davantage ce tissu social en mutation.

Franz-Olivier Giesbert, dans son ouvrage « Histoire intime de la république », désigne Meyer comme son auteur de polar favori. Cette prédilection s’explique notamment par la construction minutieuse des personnages, à commencer par Mat Joubert, figure centrale dont la renaissance personnelle s’entrelace habilement avec l’enquête criminelle. Veuf endeuillé par la mort tragique de son épouse policière, Joubert incarne un anti-héros crédible qui lutte contre ses démons intérieurs tout en s’efforçant de résoudre une série de meurtres énigmatiques.

La psychologie des personnages secondaires bénéficie du même soin, notamment celle de Benny Griessel, sergent alcoolique qui apparaît ici dans un rôle secondaire avant de devenir le protagoniste de huit romans ultérieurs. Cette attention portée à la dimension humaine des protagonistes s’accompagne d’une peinture sociale acérée de l’Afrique du Sud post-apartheid, où Meyer excelle à dépeindre les paradoxes et les contradictions d’une société en pleine mutation.

Si certains lecteurs devineront l’identité du meurtrier avant le dénouement, la force du récit réside moins dans l’effet de surprise que dans la montée progressive de la tension narrative. Les dernières pages offrent une conclusion particulièrement saisissante qui, selon plusieurs critiques, évoque l’atmosphère des films mettant en scène l’inspecteur Harry interprété par Clint Eastwood.

La maîtrise narrative de Meyer se manifeste également dans sa capacité à entrelacer habilement l’enquête policière avec des éléments plus légers, comme les efforts de Joubert pour perdre du poids ou arrêter de fumer. Ces touches d’humour pince-sans-rire allègent le récit sans en compromettre l’intensité dramatique.

Aux éditions FOLIO ; 496 pages.


3. L’âme du chasseur (2003)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans l’Afrique du Sud post-apartheid du début des années 2000, Thobela Mpayipheli mène une existence tranquille comme employé d’un concessionnaire moto. Cet ancien agent des services secrets, surnommé « P’tit » malgré sa carrure imposante, a tiré un trait sur son passé d’espion et de tueur formé par le KGB. Il vit désormais avec Miriam et le fils de celle-ci.

Son quotidien bascule quand la fille d’un vieil ami lui demande son aide. Le père a été enlevé et les ravisseurs exigent, en échange de sa libération, une disquette contenant des informations sensibles sur une taupe de la CIA infiltrée dans les services sud-africains. « P’tit » n’a pas le choix : il enfourche sa BMW et se lance dans une course-poursuite de 2000 kilomètres à travers le pays.

Autour du livre

Au cœur de la nation arc-en-ciel, Deon Meyer dépeint une Afrique du Sud post-apartheid encore marquée par ses divisions profondes. À travers une course-poursuite haletante qui mène de Cape Town jusqu’en Zambie, « L’âme du chasseur » transcende le genre du thriller pour scruter les plaies béantes d’un pays qui peine à surmonter son héritage de violences et de ségrégation.

Dans cette terre où « le sang n’a cessé de couler », Meyer met en scène la difficile cohabitation entre communautés, illustrée par des dialogues révélateurs comme celui entre Miriam et Janina : « Je ne vous crois pas. – Parce que je suis blanche ? – Oui. Parce que vous êtes blanche. » Les tensions raciales persistent dans cette société post-Mandela où, comme le souligne un personnage avec amertume : « Madiba était notre Moïse et il nous a emmenés jusqu’à la terre promise, mais il n’y avait ni lait, ni miel. »

Le protagoniste, Thobela Mpayipheli, incarne cette singularité sud-africaine. Grand Xhosa noir comme Nelson Mandela, ancien agent du KGB et membre de la branche militaire de l’ANC, il tente de se reconstruire dans une existence paisible. Son parcours symbolise les contradictions d’un pays tiraillé entre son passé violent et ses aspirations à la paix. Meyer entrelace habilement l’histoire intime de son héros avec les enjeux politiques contemporains, notamment l’infiltration des services de sécurité par diverses factions.

La dimension politique s’inscrit naturellement dans la narration à travers les accointances entre services secrets, les luttes intestines et l’héritage des conflits passés. Les Xhosas, Zoulous, Afrikaners, Boers constituent une mosaïque complexe dont les relations reflètent les défis de la reconstruction nationale. La structure narrative alterne plusieurs voix et multiplie les retours dans le passé, créant une toile dense qui met en lumière les ramifications profondes des tensions actuelles.

La BMW GS qui traverse le veld devient le véhicule métaphorique d’une nation en quête d’elle-même, tandis que les paysages grandioses d’Afrique australe servent de toile de fond à cette méditation sur l’identité et le changement. Les références constantes à la géographie et à l’histoire du pays ancrent solidement le récit dans sa réalité sociale et politique.

Avec « L’âme du chasseur », Meyer réussit ainsi à tisser une œuvre qui dépasse les frontières du genre policier pour livrer un témoignage lucide sur les tourments d’une société en transition. Son regard sans concession sur les relations interraciales et les séquelles de l’apartheid s’accompagne néanmoins d’une lueur d’espoir, portée par des personnages qui tentent de transcender leurs conditionnements historiques.

Aux éditions FOLIO ; 544 pages.


4. Les soldats de l’aube (1998)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans l’Afrique du Sud post-apartheid des années 2000, Zatopek van Heerden, un ancien policier devenu détective privé, traîne sa dépression d’un bar à l’autre. Sa vie bascule quand une jeune avocate, Hope Beneke, lui confie une mission : retrouver le testament d’un homme d’affaires assassiné. Sans ce document, sa compagne ne pourra hériter de ses biens.

L’enquête prend vite un tour inquiétant. La victime, Johannes Jacobus Smit, a été torturée à la lampe à souder avant d’être abattue d’une balle de M16 dans la nuque. Son coffre-fort a été vidé de son contenu. Van Heerden découvre que Smit n’était pas celui qu’il prétendait être. Il se retrouve bientôt confronté à la mafia, aux services secrets et aux reliquats d’un passé trouble remontant aux années d’apartheid.

Le roman alterne entre l’enquête et les confessions intimes de van Heerden qui raconte son parcours, de son enfance jusqu’à sa déchéance. À travers ce personnage meurtri mais attachant se dessine le portrait d’une société sud-africaine encore marquée par ses démons.

Autour du livre

Publié initialement en 1998 en Afrique du Sud sous le titre « Orion », ce deuxième roman de Deon Meyer remporte rapidement un succès international. La version française parue en 2003 sous le titre « Les soldats de l’aube » décroche le Grand Prix de littérature policière la même année, suivi du Prix Mystère de la critique en 2004.

L’originalité de la structure narrative se manifeste dans l’alternance systématique entre deux récits parallèles : d’un côté l’enquête menée par van Heerden, narrée à la troisième personne, de l’autre les confessions intimes du protagoniste écrites à la première personne. Cette double temporalité permet d’éclairer progressivement la personnalité complexe du détective tout en maintenant le suspense de l’investigation principale.

La figure de Zatopek van Heerden incarne les paradoxes d’une société sud-africaine en pleine mutation post-apartheid. Sous ses dehors d’ancien policier alcoolique et bagarreur se dissimule un intellectuel mélomane, docteur en criminologie, fin gourmet et cuisinier émérite. Sa relation fusionnelle avec sa mère Joan, artiste peintre reconnue, ajoute une dimension sensible à ce personnage tourmenté par ses idéaux.

La construction psychologique des personnages secondaires bénéficie du même soin que celle du protagoniste. Hope Beneke, l’avocate idéaliste, et Wilna van As, la compagne soumise de la victime, représentent différentes facettes de la condition féminine. Le redoutable Tiny Mpayipheli deviendra d’ailleurs le héros du roman suivant de Meyer, « L’âme du chasseur ».

L’ancrage dans la réalité historique et politique de l’Afrique du Sud constitue bien plus qu’une simple toile de fond. Les ramifications de l’enquête remontent jusqu’aux années troubles de l’apartheid, avec en filigrane la question de la cohabitation entre anciens ennemis. Le personnage de Thobela Mpayipheli, membre de l’ANC formé en URSS et en RDA comme agent secret, illustre cette complexité des identités dans un pays en reconstruction.

« Les soldats de l’aube » a fait l’objet d’une adaptation en série télévisée de 10 épisodes en 2006 par la télévision sud-africaine, sous la direction de Gerrit Schoonhoven, avec Neil Sandilands dans le rôle principal. Michael Connelly lui-même reconnaît attendre avec impatience chaque nouveau roman de Meyer, saluant ainsi le talent de son confrère sud-africain.

À travers une intrigue policière savamment orchestrée transparaissent les grands thèmes de la littérature sud-africaine contemporaine : le poids du passé, la violence endémique, le racisme latent, la peur des Blancs de tout perdre, mais aussi l’espoir d’une possible rédemption individuelle et collective.

Aux éditions FOLIO ; 560 pages.


5. Le pic du diable (Benny Griessel #1, 2004)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Le Cap, années 2000. L’inspecteur Benny Griessel traverse une mauvaise passe. Sa femme l’a chassé du domicile familial à cause de son alcoolisme. Pour la reconquérir et garder son poste dans la police, il doit rester sobre pendant six mois. Une tâche ardue alors qu’une affaire complexe lui tombe dessus.

Un mystérieux justicier assassine méthodiquement les criminels qui ont fait du mal à des enfants. Celui-ci n’est autre que Thobela Mpayipheli, un ancien agent du KGB d’origine xhosa. Après avoir perdu son fils adoptif lors d’un braquage et vu les meurtriers échapper à la justice grâce à des policiers corrompus, il traque désormais les pédophiles relâchés par les tribunaux.

Une troisième voix s’ajoute au récit : celle de Christine van Rooyen, une prostituée qui se confie à un pasteur. Cette call-girl, mère d’une petite fille, craint pour la vie de son enfant. Dans une Afrique du Sud où les plaies de l’apartheid peinent à cicatriser, ces trois êtres brisés vont voir leurs chemins converger vers un dénouement aussi violent qu’inattendu.

Autour du livre

Premier volet d’une série mettant en scène l’inspecteur Benny Griessel, « Le pic du diable » de Deon Meyer paraît initialement en 2004 en Afrique du Sud sous le titre « Infanta ». La traduction française signée Estelle Roudet arrive trois ans plus tard.

La structure narrative s’articule autour de trois destins qui s’entrelacent dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Cette société complexe, où persistent les clivages raciaux malgré la fin officielle de la ségrégation, constitue bien plus qu’un simple décor : elle incarne un personnage à part entière qui influence profondément le cours des événements. Les tensions entre Afrikaners et descendants des colons anglais perdurent, tandis que la discrimination positive mise en place suscite des réactions contrastées.

L’alcoolisme de Benny Griessel occupe une place centrale dans la narration. Meyer évite les clichés du policier alcoolique en dépeignant avec une précision clinique les affres du sevrage : la soif omniprésente, exacerbée par les publicités qui glorifient la consommation d’alcool, les stigmates physiques et psychologiques, ainsi que les premières étapes brutales de la désintoxication. Cette lutte personnelle se mêle intimement à l’enquête principale.

La justice, ou plutôt son dysfonctionnement, constitue l’un des thèmes majeurs. À travers le parcours de Thobela Mpayipheli, ancien agent du KGB devenu justicier, Meyer interroge la légitimité de la vengeance face à une institution judiciaire défaillante. La population sud-africaine manifeste d’ailleurs son soutien à ce vengeur surnommé « Artémis », illustrant ainsi la crise de confiance envers les institutions officielles.

La dimension politique transparaît à travers la description d’une société gangrenée par la corruption, où la guerre des services de police entrave les enquêtes plus qu’elle ne les fait progresser. Les séquelles de l’apartheid imprègnent encore profondément les relations sociales, tandis que le trafic de drogue international étend son emprise sur le pays.

« Le pic du diable » remporte le prix ATKV de la prose en 2004 en Afrique du Sud, puis le Prix suédois du meilleur roman policier traduit en 2010. Une adaptation en série télévisée de cinq épisodes voit le jour en 2023 sur M-Net, avec Hilton Pelser dans le rôle de Griessel.

Aux éditions POINTS ; 544 pages.


6. Kobra (Benny Griessel #4, 2013)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Une série de meurtres secoue Le Cap. Trois gardes du corps sont exécutés dans une propriété viticole, tandis que leur protégé, un scientifique anglais, s’évapore. Les douilles gravées d’une tête de serpent signe la présence de Kobra, un tueur impitoyable recherché par Interpol.

L’affaire échoit au capitaine Benny Griessel des Hawks. Cet ex-alcoolique en lutte contre ses démons doit composer avec une hiérarchie peu coopérative et des services secrets qui entravent son enquête. La situation se corse quand un jeune pickpocket subtilise le mauvais portefeuille au mauvais moment…

Autour du livre

L’Afrique du Sud post-apartheid constitue la toile de fond de « Kobra », quatrième opus des enquêtes de Benny Griessel publié en 2013. Si les séquelles douloureuses de cette période transparaissent à travers les interactions entre les personnages, leur impact s’estompe progressivement pour laisser place à des problématiques plus contemporaines comme la mondialisation du crime et la corruption financière internationale.

Les Hawks, unité d’élite de la police criminelle sud-africaine, incarnent cette évolution sociétale avec leur composition multiethnique. Le capitaine Benny Griessel, personnage central d’origine afrikaner, dirige une équipe où collaborent notamment le capitaine Vaughn Cupido, métis particulièrement sensible sur ses origines, et le capitaine Mbali Kaleni, femme noire dont la présence témoigne de la lente mais réelle transformation des mentalités.

La narration alterne entre l’enquête officielle menée par Griessel et le parcours de Tyrone Kleinbooi, jeune pickpocket qui finance les études de médecine de sa sœur. Cette dualité permet d’éclairer les contrastes saisissants de la société sud-africaine contemporaine, où pauvreté et opulence se côtoient quotidiennement. Le personnage de Tyrone illustre particulièrement bien cette réalité : « Les blancs du nord ne demandent qu’à faire plaisir aux noirs, sans doute à cause de la culpabilité qu’ils ressentent envers leurs propres équipées colonialistes. »

Les difficultés personnelles de Griessel ajoutent une dimension psychologique supplémentaire au récit. Son combat contre l’alcoolisme et ses troubles de la libido avec sa nouvelle compagne Alexa humanisent ce personnage tourmenté, qui compte désormais plus de 400 jours d’abstinence.

Traduit dans vingt-sept pays et tiré à 50 000 exemplaires pour sa sortie française en 2014, « Kobra » confirme l’ancrage international de Meyer. Si certains critiques regrettent un relatif effacement du contexte socio-politique sud-africain par rapport à ses premiers romans, d’autres saluent la maîtrise avec laquelle l’intrigue mêle enjeux locaux et problématiques globales comme le blanchiment d’argent et le terrorisme international.

La dimension linguistique mérite une attention particulière, avec l’intégration de termes en afrikaans, xhosa et zoulou, accompagnés d’un glossaire qui enrichit l’immersion culturelle sans entraver la lecture.

Aux éditions POINTS ; 504 pages.


7. En vrille (Benny Griessel #5, 2015)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans l’Afrique du Sud contemporaine, un cameraman découvre par hasard un corps enfoui dans le sable près du Cap. La victime : Ernst Richter, un jeune entrepreneur à succès, fondateur d’un site web qui fournit des alibis aux couples infidèles. L’enquête est confiée aux Hawks, une unité d’élite de la police sud-africaine.

L’inspecteur Benny Griessel, figure centrale de cette brigade, traverse une période sombre. Le suicide d’un collègue qui a massacré sa famille le fait replonger dans l’alcool après 602 jours d’abstinence. Son supérieur confie donc l’enquête à son adjoint, Vaughn Cupido.

En parallèle, François du Toit, le propriétaire d’un domaine viticole en difficulté, se confie à son avocate. Son récit retrace l’histoire de sa famille depuis 1682 et celle des vignobles sud-africains. Ces deux histoires vont finir par converger.

Autour du livre

Au croisement du polar et du roman œnologique, « En vrille » se déploie dans une Afrique du Sud post-apartheid où persistent les tensions raciales et sociales. Le titre original en afrikaans, « Ikarus », fait écho au mythe grec d’Icare et à sa chute fatale – une métaphore qui traverse l’ensemble du récit.

La structure narrative jongle entre deux fils conducteurs : l’enquête sur le meurtre d’Ernst Richter, créateur d’un site d’alibis pour conjoints infidèles, et la confession d’un viticulteur, François du Toit, à son avocate. Cette architecture narrative tisse progressivement des liens entre ces deux trames apparemment distinctes.

La région viticole du Boland, qui s’étend du Cap à Stellenbosch sur environ 50 kilomètres, devient un personnage à part entière avec ses vignobles, ses manoirs hollandais du XVIIIe siècle et ses jacarandas aux fleurs bleues éclatantes. Meyer s’inspire d’ailleurs d’une fraude réelle survenue dans le milieu viticole sud-africain pendant l’apartheid, donnant ainsi à son intrigue un ancrage historique solide.

Les personnages principaux portent en eux les cicatrices de leur société. Benny Griessel, policier blanc en lutte perpétuelle contre l’alcoolisme, replonge après 602 jours d’abstinence suite au suicide d’un collègue. Son partenaire Vaughn Cupido, officier métis montant dans la hiérarchie, prend les rênes de l’enquête tandis que leur supérieure, la Major Mbali Kaleni, d’origine zouloue, incarne les évolutions post-apartheid dans la police.

La thématique de l’alcool traverse le récit tel un fil rouge empoisonné. Elle ne se limite pas à la simple addiction de Griessel mais s’étend au monde viticole sud-africain, créant un contraste saisissant entre la noblesse du vin et ses aspects les plus destructeurs. Meyer aborde également la discrimination positive en faveur de la population noire, les scandales politiques autour du président Zuma, et les défis d’une jeune démocratie confrontée à son passé.

S’inspirant de faits réels, notamment concernant le commerce international des vins français et le trafic de fausses appellations, Meyer livre un tableau sans concession des tensions entre tradition viticole millénaire et modernité numérique incarnée par les start-ups. Cette dualité se reflète jusque dans les mouvements de capitaux qui sous-tendent ces deux mondes en apparence si éloignés.

Aux éditions POINTS ; 504 pages.


8. La femme au manteau bleu (Benny Griessel #6, 2017)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans la région du Cap, le corps nu d’une femme est retrouvé sur un muret panoramique. Pas le moindre indice pour l’identifier : le cadavre a été méticuleusement nettoyé à l’eau de Javel. Deux enquêteurs chevronnés des Hawks, la brigade criminelle sud-africaine, prennent l’affaire en main : Benny Griessel et Vaughn Cupido.

La morte est rapidement identifiée : il s’agit d’Alicia Lewis, une Américaine basée à Londres, spécialiste des peintres hollandais de l’âge d’or. Sa profession : retrouver des œuvres d’art perdues. Les policiers découvrent qu’elle a contacté un professeur d’histoire à la retraite et un ancien flic devenu détective privé avant sa mort. Un mystérieux tableau disparu, peint par Carel Fabritius, disciple de Rembrandt, semble être la clé de l’énigme.

Autour du livre

À la différence des imposants volumes habituels de Deon Meyer, « La femme au manteau bleu » se distingue par sa brièveté – moins de 200 pages – ce qui constitue une première dans la série mettant en scène le duo d’enquêteurs Benny Griessel et Vaughn Cupido. Cette rupture avec le format traditionnel divise les critiques : certains apprécient cette concision qui maintient un rythme soutenu, d’autres regrettent l’absence de la densité caractéristique des précédents opus.

L’originalité de ce polar réside dans son incursion dans le monde de l’art, et plus particulièrement celui de la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Meyer tisse habilement des liens entre l’héritage colonial néerlandais de l’Afrique du Sud et l’univers pictural de l’âge d’or hollandais, notamment à travers la figure de Carel Fabritius, élève de Rembrandt. Cette trame permet d’établir un dialogue avec « Le Chardonneret » de Donna Tartt, créant ainsi une intertextualité inattendue.

Les passages consacrés à la vie privée de Benny Griessel, notamment ses projets de mariage, apportent une touche d’humanité et de légèreté au récit. Le duo qu’il forme avec Vaughn Cupido continue de fonctionner avec efficacité, leurs échanges parsemés d’humour contrastant avec la gravité de l’enquête.

Si les thématiques habituelles de Meyer – la corruption, les tensions raciales post-apartheid – apparaissent en filigrane, elles cèdent la place à des questionnements sur la propriété des œuvres d’art et leur circulation entre les pays. Cette orientation nouvelle témoigne peut-être d’une volonté d’élargir le champ thématique de la série, tout en conservant l’ancrage sud-africain qui fait sa spécificité.

Marie-Caroline Aubert, directrice de la Série noire chez Gallimard, souligne la construction caractéristique de Meyer qui fait converger deux lignes narratives apparemment distinctes : l’enquête contemporaine et l’histoire de la peinture hollandaise. Cette structure, bien que resserrée, conserve la mécanique narrative propre au romancier.

Publié initialement en 2017 en afrikaans sous le titre « Die vrou in die blou mantel », ce roman marque une pause dans le rythme des productions plus ambitieuses de Meyer, comme une respiration avant « La proie », son opus suivant qui retrouvera l’ampleur habituelle de ses œuvres avec plus de 500 pages.

Aux éditions FOLIO ; 176 pages.


9. La proie (Benny Griessel #7, 2018)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

La corruption règne en Afrique du Sud sous la présidence de Jacob Zuma. Deux flics intègres des Hawks, Benny Griessel et Vaughn Cupido, enquêtent sur un meurtre maquillé en suicide : un ex-policier a été défenestré d’un train. Leur investigation se heurte aux pressions de leur hiérarchie qui cherche à enterrer l’affaire.

En France, Daniel Darret, un ancien agent de l’ANC formé par le KGB, a trouvé refuge à Bordeaux où il se forme à la restauration de meubles anciens. Sa tranquillité vole en éclats quand un vieux compagnon d’armes le sollicite pour une mission périlleuse : éliminer le président sud-africain lors de sa visite à Paris.

Autour du livre

Publié en Afrique du Sud en 2018, « La proie » de Deon Meyer s’inscrit dans un contexte politique brûlant : la présidence controversée de Jacob Zuma, marquée par une corruption systémique qui gangrène les plus hautes sphères de l’État. Sans jamais le nommer explicitement, Meyer dresse un réquisitoire implacable contre ce dirigeant qui a trahi les idéaux de la lutte anti-apartheid et l’héritage de Nelson Mandela.

La narration repose sur un double mouvement qui s’accélère progressivement. Les chapitres alternent entre deux intrigues apparemment distinctes – l’une au Cap, l’autre à Bordeaux – dont le rythme s’intensifie à mesure que se rapproche leur point de convergence. Cette architecture minutieuse permet de maintenir une tension constante tout en développant deux atmosphères contrastées : l’Afrique du Sud post-Mandela minée par la kleptocratie d’un côté, et la France où un ancien combattant tente de se reconstruire de l’autre.

Les personnages incarnent les déchirures d’une société sud-africaine en proie au désenchantement. Benny Griessel et Vaughn Cupido, policiers intègres des Hawks, se heurtent à une hiérarchie compromise qui tente d’étouffer leur enquête. Daniel Darret, ancien tireur d’élite de l’ANC réfugié à Bordeaux, cristallise quant à lui toute l’amertume d’une génération qui a vu ses idéaux trahis par ceux-là mêmes qui devaient les porter.

Meyer dévoile les mécanismes de la « captation d’État » – concept désignant la mainmise d’intérêts privés sur les institutions – à travers un tableau sans concession : pots-de-vin, blanchiment d’argent, infiltration des rouages publics par la famille Gupta avec la complicité du pouvoir. La dimension internationale n’est pas oubliée, avec une Russie de Poutine qui cherche à étendre son influence sur le continent africain.

La colère de l’auteur transparaît dans sa peinture d’une nation « arc-en-ciel » dévoyée par ses nouveaux maîtres. Comme le résume un personnage : « Nous revoilà au temps de l’apartheid : mensonges et trahisons ». Cette amertume n’exclut pourtant pas l’espoir, illustré par cette réflexion de Benny Griessel : « J’ai appris une chose sur ce pays : ça ne va jamais aussi mal qu’on le craint. Et ça ne va jamais aussi bien qu’on le voudrait. »

La parution de « La proie » coïncide avec la démission forcée de Jacob Zuma en février 2018, poussé vers la sortie par son propre parti, l’ANC, sous la pression des scandales de corruption. Cette synchronicité renforce encore la portée politique de ce roman qui transcende les codes du genre policier pour livrer une radiographie saisissante d’une démocratie fragilisée.

Aux éditions FOLIO ; 576 pages.


10. Cupidité (Benny Griessel #8, 2020)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En Afrique du Sud, Benny Griessel et Vaughn Cupido, deux policiers des Hawks – l’unité d’élite de la police sud-africaine – sont sanctionnés pour insubordination. Rétrogradés au rang de simples enquêteurs, ils sont mutés à Stellenbosch, une ville cossue à 50 kilomètres du Cap.

Leur première mission consiste à retrouver un étudiant disparu, Callie de Bruin, génie de l’informatique au train de vie suspect. En parallèle, Sandra Steenberg, une agente immobilière criblée de dettes, reçoit une proposition alléchante : vendre dans la plus grande discrétion le domaine viticole d’un milliardaire sulfureux, Jasper Boonstra. La commission lui permettrait d’effacer tous ses problèmes financiers.

Ces deux affaires, en apparence sans lien, s’entremêlent peu à peu dans une ville où la corruption gangrène jusqu’aux plus hautes sphères de l’État.

Autour du livre

Avec ce huitième volet des enquêtes de Benny Griessel, Deon Meyer poursuit sa radioscopie de l’Afrique du Sud contemporaine. Sous couvert d’une double intrigue policière qui se déroule à Stellenbosch, cité viticole située à cinquante kilomètres du Cap, l’auteur sud-africain dresse le portrait d’une nation profondément gangrenée par ce qu’il nomme la « captation de l’État » – un système de corruption généralisée mis en place sous la présidence de Jacob Zuma entre 2009 et 2018.

Le titre original « Donkerdrif », qui signifie « Sombre Passion » en afrikaans, a été remplacé dans l’édition française par « Cupidité » – un choix qui souligne la thématique centrale de l’œuvre, comme l’illustre cette citation emblématique : « Il y a tant de choses qui nous divisent dans ce pays. Mais la cupidité nous unit ». Cette obsession de l’argent facile traverse en effet toutes les strates de la société sud-africaine dépeinte dans le roman, des plus hautes sphères du pouvoir jusqu’aux plus modestes citoyens.

La structure narrative alterne des chapitres très courts, créant un effet de « ping-pong cérébral » selon certains critiques. Cette construction en miroir permet de faire dialoguer les deux intrigues principales jusqu’à leur convergence finale, tout en maintenant un rythme soutenu qui ne faiblit pas sur près de 600 pages.

Le duo formé par Benny Griessel et Vaughn Cupido gagne encore en épaisseur psychologique, notamment à travers leurs préoccupations très humaines : lutte contre l’alcoolisme pour l’un, régime alimentaire et application « Lose It! » pour l’autre. Meyer excelle particulièrement dans ces touches d’humour qui viennent alléger la noirceur du propos, comme en témoignent les dialogues savoureux entre les deux policiers.

La dimension politique reste omniprésente mais subtilement distillée à travers le récit, sans jamais verser dans le manifeste. Meyer pousse plus loin sa critique habituelle de la corruption en s’attaquant frontalement au concept de « captation de l’État », tout en continuant d’explorer les fractures raciales et sociales qui persistent dans la société post-apartheid.

« Cupidité » multiplie également les clins d’œil cinématographiques, notamment une scène de course-poursuite qui évoque explicitement le film « Heat » de Michael Mann. Cette maîtrise du rythme et des codes du genre n’empêche pas Meyer d’inclure des réflexions plus profondes sur la condition féminine, notamment à travers le personnage de Sandra confrontée au harcèlement sexuel et au paternalisme toxique.

Aux éditions FOLIO ; 608 pages.

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