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Atiq Rahimi en 4 romans – Notre sélection

Atiq Rahimi est un écrivain et cinéaste franco-afghan né le 26 février 1962 à Kaboul. En 1984, fuyant l’invasion soviétique en Afghanistan, il trouve refuge au Pakistan avant d’obtenir l’asile politique en France. Il poursuit ses études à la Sorbonne où il obtient un doctorat en audiovisuel.

Sa carrière littéraire débute en 2000 avec « Terre et cendres », qu’il adaptera plus tard au cinéma. En 2008, il reçoit le prestigieux prix Goncourt pour « Syngué sabour », son premier roman écrit en français. Son œuvre, qui compte une dizaine de romans, aborde souvent les thèmes liés à l’exil et aux conflits dans son pays natal.

Comme cinéaste, il réalise plusieurs documentaires et longs-métrages remarqués, dont « Terre et cendres » (2004) et « Notre-Dame du Nil » (2019). Il s’illustre également dans d’autres domaines artistiques, notamment en créant la callimorphie, un art graphique mêlant dessin et calligraphie persane et japonaise.

En 2023, sa carrière est couronnée par sa participation en tant que membre du jury au Festival de Cannes. Partageant sa vie entre Paris et Kaboul depuis la chute des Talibans, Rahimi contribue activement au développement des médias afghans, notamment en tant que conseiller créatif du groupe Moby, principal groupe médiatique du pays.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Syngué sabour (2008)

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Quelque part en Afghanistan, une femme se retrouve seule à veiller son mari, un combattant djihadiste dans le coma depuis qu’une balle lui a traversé la nuque. Dans leur maison isolée aux environs d’une ville en guerre, elle le soigne avec les moyens du bord : des gouttes dans les yeux, un tuyau dans la bouche, de l’eau sucrée en perfusion. Dehors, les bombes explosent et les coups de feu claquent.

Face à cet homme immobile aux yeux grands ouverts, la parole de cette femme se libère peu à peu. D’abord timidement, puis avec de plus en plus d’audace. Elle lui confie ses secrets les plus intimes : son enfance marquée par la violence paternelle, son mariage arrangé à 17 ans avec un inconnu parti à la guerre, les humiliations subies pendant leurs rares années de vie commune. Pour la première fois, elle ose dire sa souffrance, ses désirs refoulés, sa colère. Le corps inerte de son époux devient sa « syngué sabour », cette pierre magique qui, selon la tradition perse, absorbe les confessions jusqu’à éclater.

Premier roman d’Atiq Rahimi écrit directement en français, « Syngué sabour » a reçu le prix Goncourt en 2008. À travers ce huis clos, l’auteur donne la parole à toutes les femmes réduites au silence par l’extrémisme religieux. Le livre est dédié à la poétesse afghane Nadia Anjuman, assassinée à 25 ans par son mari. En 2013, Rahimi l’a lui-même adapté au cinéma avec Jean-Claude Carrière, confiant le rôle principal à Golshifteh Farahani.

Aux éditions FOLIO ; 137 pages.


2. Terre et cendres (2000)

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Afghanistan, début des années 1980. Un village vient d’être bombardé par l’armée soviétique, ne laissant que deux survivants : Dastaguir, un vieil homme, et son petit-fils Yassin. L’explosion a rendu l’enfant sourd, mais celui-ci ne réalise pas son handicap. Dans son innocence, il pense que les tanks russes ont emporté les voix des adultes.

Une éprouvante mission attend Dastaguir : il doit se rendre à la mine où travaille son fils Mourad pour lui annoncer que sa femme, sa mère et tous les autres membres de la famille ont péri dans l’attaque. Alors qu’il attend avec Yassin qu’une voiture les conduise jusqu’à la mine, le vieil homme est assailli par ses pensées. Comment dire l’indicible ? Comment planter ce poignard dans le cœur de son propre fils ?

Premier roman d’Atiq Rahimi publié en 2000, « Terre et cendres » frappe par sa narration à la deuxième personne qui place le lecteur au plus près des tourments de Dastaguir. Ce court texte de moins de cent pages évoque avec pudeur les ravages de la guerre à travers le prisme intime d’une famille brisée. En 2004, l’auteur lui-même adapte son roman au cinéma et reçoit le prix « Regard vers l’avenir » au Festival de Cannes.

Aux éditions FOLIO ; 96 pages.


3. Maudit soit Dostoïevski (2011)

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Dans le Kaboul des années 1990, après le retrait des troupes soviétiques et avant l’arrivée des talibans au pouvoir, Rassoul assassine d’un coup de hache une vieille usurière qui force sa fiancée à se prostituer. Au moment précis où il commet son crime, le jeune homme se souvient de « Crime et Châtiment » de Dostoïevski, roman qu’il a lu pendant ses études en URSS. Bouleversé par cette réminiscence, il s’enfuit sans emporter l’argent ni les bijoux de sa victime.

Dans une ville ravagée par les combats entre factions rivales, Rassoul erre, rongé par la culpabilité. Il perd la voix, se réfugie dans les vapeurs du haschich, cherche désespérément à être jugé pour son crime. Mais dans ce pays où la mort est omniprésente, où les attentats et les règlements de compte font partie du quotidien, son meurtre semble insignifiant. D’autant plus que le corps de la victime a mystérieusement disparu, tout comme les traces de son forfait.

Publié en 2011, ce cinquième roman d’Atiq Rahimi transpose l’œuvre de Dostoïevski dans l’Afghanistan contemporain. Le parallèle entre les deux récits permet d’interroger la notion même de crime et de justice dans une société brisée par des décennies de guerre. Cette réflexion fait écho à l’histoire de l’auteur, dont le frère a été assassiné en Afghanistan alors que lui-même était exilé en France.

Aux éditions FOLIO ; 288 pages.


4. Les porteurs d’eau (2019)

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« Les porteurs d’eau » narre une journée décisive, le 11 mars 2001, dans la vie de deux Afghans que tout sépare. Tom, exilé à Paris depuis vingt ans, décide brutalement de quitter femme et enfant pour rejoindre Nuria, une mystérieuse amante rencontrée à Amsterdam. Naturalisé français, il a changé son prénom et tente de couper les ponts avec ses origines.

À des milliers de kilomètres, à Kaboul, Yûsef remplit sa tâche quotidienne de porteur d’eau sous le joug des Talibans. Petit et difforme à force de porter son outre, il vit avec sa belle-sœur Shirine dont le mari a disparu. Alors que le régime détruit les Bouddhas millénaires de Bâmiyân, des sentiments inavouables grandissent en lui pour cette femme qu’il doit protéger.

Atiq Rahimi compose ici une partition à deux voix où les chapitres alternent entre Paris-Amsterdam et Kaboul. Le roman interroge l’identité et l’exil à travers deux hommes qui n’arrivent pas à être eux-mêmes : l’un fuit ses racines quand l’autre étouffe ses désirs.

Aux éditions FOLIO ; 272 pages.

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