Santiago Amigorena est un artiste pluridisciplinaire né le 15 février 1962 à Buenos Aires, en Argentine. Fils de psychanalystes, il passe son enfance entre l’Argentine et l’Uruguay avant de s’exiler avec sa famille à Paris en 1973. Il y fait ses études au lycée Rodin où il rencontre le réalisateur Cédric Klapisch, avec qui il collaborera régulièrement tout au long de sa carrière.
Sa carrière cinématographique débute comme scénariste dans les années 1990, signant une trentaine de scénarios pour la nouvelle génération de réalisateurs français. Il passe à la réalisation en 2006 avec « Quelques jours en septembre », suivi de deux autres longs métrages.
Parallèlement, il mène une carrière d’écrivain remarquée. Son projet littéraire ambitieux, débuté en 1998 avec « Une enfance laconique », vise à créer une vaste autobiographie en six parties. Son roman « Le ghetto intérieur » (2019) reçoit plusieurs distinctions, dont le Prix des libraires de Nancy et le Grand prix SGDL de la fiction.
Il a été marié à l’actrice Julie Gayet avec qui il a eu deux enfants, puis a partagé la vie de Juliette Binoche de 2006 à 2009. Depuis 2018, il est marié à la scénariste Marion Quantin, avec qui il a eu un enfant en 2019.
Naturalisé français, Amigorena poursuit aujourd’hui ses activités d’écrivain, de réalisateur et de scénariste, comme en témoigne sa récente nomination aux César 2023 pour le meilleur scénario original du film « En corps ».
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Le ghetto intérieur (2019)
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Buenos Aires, 1940. Vicente Rosenberg mène une vie paisible avec sa femme Rosita et leurs trois enfants. Émigré de Pologne douze ans plus tôt, il a réussi à s’intégrer parfaitement dans la société argentine. Mais les nouvelles qui lui parviennent d’Europe viennent bouleverser son existence : sa mère et son frère, restés à Varsovie, sont désormais enfermés dans le ghetto créé par les nazis.
Impuissant face au sort des siens, rongé par la culpabilité de ne pas les avoir fait venir en Argentine quand il le pouvait encore, Vicente sombre progressivement dans le mutisme. Il s’isole de plus en plus, même de sa propre famille, hanté par les lettres de sa mère qui laissent entrevoir l’horreur du quotidien dans le ghetto. Son silence devient sa prison, un « ghetto intérieur » dans lequel il s’emmure, s’éloignant inexorablement de sa femme et de ses enfants.
Ce récit biographique de Santiago Amigorena, inspiré de l’histoire de son grand-père, révèle une facette méconnue de la Shoah : le destin de ceux qui, ayant échappé au génocide, doivent vivre avec le poids de leur survie. Le livre interroge la notion d’identité juive et la transmission des traumatismes d’une génération à l’autre. Salué par la critique lors de sa sortie en 2019, il reçoit le prix des libraires de Nancy–Le Point en 2019 et figure parmi les finalistes des prix Goncourt, Médicis et Renaudot.
Aux éditions FOLIO ; 192 pages.
2. La Justice des hommes (2023)
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Alice et Aurélien forment un couple ordinaire de la région parisienne, parents de deux jeunes enfants : Elsa, 6 ans, et Loup, 4 ans. Lui rêve de devenir écrivain tandis qu’elle dirige un restaurant. Un soir, après une violente dispute conjugale, Alice sort rejoindre son amant. Fou de jalousie, Aurélien se lance à sa poursuite avec les enfants. Un incident avec la police survient et le voilà condamné à neuf mois de prison ferme.
Durant son incarcération, Aurélien se mure dans un silence total, refusant tout contact avec sa femme et ses enfants. À sa sortie, il s’isole dans un modeste appartement en banlieue, toujours sans donner de nouvelles aux siens. Sa fille Elsa, traumatisée par les événements, a elle aussi cessé de parler. Le couple se déchire devant la justice, poussé par des avocats qui attisent les conflits au lieu de chercher l’apaisement.
Cette histoire, initialement conçue comme un scénario de film, interroge la place de l’humain face à la machine judiciaire. La force du texte réside dans sa capacité à montrer comment la justice, censée pacifier les relations humaines, peut parfois les déchirer davantage. Le dernier chapitre révèle la dimension partiellement autobiographique du récit, l’auteur s’adressant directement à ses propres enfants pour évoquer sa séparation d’avec leur mère.
Aux éditions P.O.L ; 320 pages.
3. Le premier exil (2021)
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En 1968, le petit Santiago, six ans, quitte Buenos Aires avec sa famille pour fuir la dictature militaire du général Onganía. Ses parents, un professeur de psychologie et une psychanalyste interdite d’exercer, trouvent refuge en Uruguay. À Montevideo, l’enfant mutique s’adapte lentement à sa nouvelle vie, entre séances chez le psychanalyste trois fois par semaine et moments de liberté dans le grand ficus de son jardin.
Accompagné de sa chienne Céleste et de ses « meilleurs meilleurs amis », Santiago découvre les jeux de billes, les premiers émois amoureux et la vie politique qui s’agite autour de lui. Mais l’Uruguay des années 1970 n’est plus le havre de paix qu’il était. La violence s’installe, les paramilitaires sévissent et les disparitions se multiplient. À douze ans, Santiago devra prendre une nouvelle fois le chemin de l’exil, direction la France.
« Le premier exil » s’inscrit dans le vaste projet autobiographique de Santiago Amigorena baptisé « Le Dernier Livre », auquel il travaille depuis 25 ans. Cette quête mémorielle mêle les souvenirs intimes aux tourments de l’Histoire, dans une Amérique du Sud marquée par les dictatures. L’auteur y livre également une réflexion sur les origines de son silence et de son rapport à l’écriture, devenue pour lui un refuge vital face aux traumatismes de l’exil. Il y révèle aussi le rôle trouble joué par la France, qui exporta ses techniques de torture apprises pendant la guerre d’Algérie vers les dictatures sud-américaines.
Aux éditions FOLIO ; 304 pages.
4. Il y a un seul amour (2020)
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Dans le cadre de la collection « Une nuit au musée » des éditions Stock, Santiago Amigorena passe une nuit solitaire au musée Picasso de Paris. Équipé d’un simple carnet, d’un stylo et de « L’Expérience intérieure » de Georges Bataille, l’écrivain arpente les salles désertes en ce soir de février, alors que se tient l’exposition Picasso-Giacometti.
Cette nuit d’insomnie se transforme en méditation sur l’amour sous toutes ses formes. Tourmenté par l’absence de sa compagne Marion restée chez eux à quelques rues de là, Amigorena s’interroge : existe-t-il un seul et même amour ? Celui qu’on porte à l’art est-il comparable à celui qu’on voue à l’être aimé ? Entre deux tentatives pour trouver le sommeil sur son lit de camp, il compose une lettre d’amour où s’entremêlent ses réflexions sur la peinture, l’écriture et sa relation amoureuse.
Au fil de ses déambulations nocturnes surgissent les fantômes de Vermeer, Rembrandt ou Bellini. Dans un rêve mémorable, Picasso lui-même lui fait visiter l’exposition, accompagné de Giacometti qui le surnomme malicieusement « le Genou-qui-peint ».
Ce texte bref marque les débuts d’une série originale dans laquelle des écrivains contemporains livrent leurs impressions d’une nuit passée seuls dans un musée. Parmi eux figurent notamment Leïla Slimani à la fondation Pinault de Venise, Léonor de Recondo au musée El Greco de Tolède, ou encore Kamel Daoud. Une expérience singulière qui transforme ces lieux de culture en espaces d’introspection.
Aux éditions POINTS ; 120 pages.