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Les meilleurs romans de Samuel Beckett – Notre sélection

Samuel Beckett en 6 romans – Notre sélection

Samuel Beckett (1906-1989) est un écrivain, poète et dramaturge irlandais d’expression française et anglaise. Né dans la banlieue de Dublin, il fait ses études au Trinity College avant de s’installer à Paris comme lecteur d’anglais. Sa rencontre avec James Joyce y est déterminante.

Établi définitivement à Paris en 1938, il connaît la consécration avec « En attendant Godot » (1953), qui marque le début d’une importante carrière théâtrale. Son œuvre, caractérisée par un minimalisme radical, comprend notamment la trilogie romanesque « Molloy » (1951), « Malone meurt » (1951), « L’Innommable » (1953) et les pièces « Fin de partie » (1957) et « Oh les beaux jours » (1961).

En 1969, il reçoit le prix Nobel de littérature pour son renouvellement des formes du roman et du théâtre. Il s’éteint à Paris en décembre 1989 où il repose au cimetière du Montparnasse.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Molloy (1951)

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Publié en 1951, « Molloy » se compose de deux récits en miroir. Dans la première partie, le narrateur éponyme, un vieil homme aux jambes raides, entreprend de retrouver sa mère. Handicapé, crasseux, à moitié fou, il erre dans une campagne quasi déserte, tantôt à vélo, tantôt en béquilles, jusqu’à finir par ramper. Son périple absurde est émaillé de rencontres étranges et de réflexions philosophiques teintées d’humour noir sur la déchéance du corps et de l’esprit.

La seconde partie suit Jacques Moran, un détective privé méticuleux mandaté par un mystérieux Youdi pour retrouver Molloy. Accompagné de son fils dont il malmène l’innocence, Moran s’enfonce peu à peu dans une quête insensée. Au fil des pages, son corps et sa raison se dégradent de façon similaire à ceux de Molloy, comme s’il devenait son double. Les deux récits se font écho et questionnent l’identité même des personnages : Moran et Molloy ne seraient-ils pas une seule et même personne ?

Ce premier volet d’une trilogie (suivi de « Malone meurt » et « L’Innommable ») déconstruit les codes du roman traditionnel. Dans une langue inventive, Beckett y dépeint la condition humaine avec un mélange glaçant de dérision et de cruauté. Entre burlesque et tragique, le texte oscille constamment, porté par une écriture sans compromis.

Aux éditions DE MINUIT ; 273 pages.


2. Malone meurt (1951)

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Dans une chambre grise aux contours indistincts, un vieillard paralysé attend sa fin. C’est Malone, protagoniste du roman éponyme de Samuel Beckett, qui se sait condamné mais ignore quand surviendra sa mort. Son existence se limite désormais à quelques gestes quotidiens : manger la soupe qu’on lui apporte, utiliser son bâton-harpon pour saisir les objets hors de portée, écrire dans un petit cahier avec un crayon usé.

Pour structurer ses derniers jours, Malone s’impose un projet d’écriture : raconter quatre histoires – une sur un homme, une sur une femme, une sur une chose et une dernière sur un animal. Mais son esprit vagabonde. Les récits qu’il imagine, peuplés de personnages loufoques, se mêlent à ses observations immédiates et aux fragments de sa mémoire défaillante. La narration oscille entre lucidité clinique et délire, tandis que l’identité même du narrateur se brouille. Dans cette attente de la mort, les certitudes se délitent.

Aux éditions DE MINUIT ; 192 pages.


3. L’Innommable (1953)

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« L’Innommable », dernier volet de la trilogie de Samuel Beckett, nous livre le monologue d’une créature privée de presque tout. Le narrateur, réduit à l’état de tronc, confiné dans une jarre près d’un restaurant, se trouve dans une rue peu fréquentée donnant sur un abattoir. Son corps se dégrade progressivement : il perd ses membres un à un, sa vue décline, puis son ouïe. Mais qui est-il vraiment ? Mahood ? Worm ? Ou n’est-il qu’une voix désincarnée ? Le texte oscille entre ces différentes identités possibles, sans jamais trancher.

Cette conscience torturée ne cesse de parler, comme pour prouver son existence. Elle questionne tout : sa nature, son environnement, la réalité même de sa voix. Les personnages des précédents romans de la trilogie – Molloy et Malone – apparaissent furtivement, peut-être comme des doubles imaginaires de ce narrateur qui doute de tout. Le texte avance par hypothèses successives, aussitôt affirmées que niées, dans un flux de paroles qui cherche à repousser le silence. La dernière partie du roman culmine dans une phrase vertigineuse de neuf pages.

Aux éditions DE MINUIT ; 216 pages.


4. Murphy (1938)

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« Murphy », premier roman de Samuel Beckett publié en 1938, met en scène un anti-héros dublinois échoué dans le Londres d’avant-guerre. Oisif par conviction, Murphy subsiste grâce aux fausses notes de loyer qu’il adresse à un oncle hollandais et à l’affection de Célia, une Irlandaise qui a quitté la prostitution par amour pour lui. Son plus grand bonheur consiste à s’attacher dans un fauteuil à bascule et s’abandonner aux méandres de sa pensée, loin des exigences du monde réel.

La menace de Célia de reprendre son ancien métier le pousse à chercher du travail. Le destin – ou l’absurde – le conduit vers un poste d’infirmier dans un hôpital psychiatrique. Dans cet univers clos, Murphy trouve une forme inattendue de communion avec les patients, notamment à travers d’étranges parties d’échecs en différé avec un certain Monsieur Endon. En parallèle, une troupe hétéroclite d’anciens amis irlandais se lance sur ses traces. Parmi eux, Miss Counihan, qui espère encore l’épouser, ignore que son bien-aimé a trouvé dans la folie des autres un écho à sa propre inadaptation au monde.

Aux éditions DE MINUIT ; 201 pages.


5. Premier amour (1970)

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En 1945, Samuel Beckett compose « Premier amour », une nouvelle brève et grinçante qui ne sera publiée qu’en 1970. Le récit s’ouvre sur la mort du père du narrateur, un événement qui précipite ce jeune misanthrope à la rue. Chassé de la demeure familiale, il trouve refuge sur les bancs publics et dans les cimetières, seuls endroits où il goûte une forme de paix.

Sa rencontre avec Lulu, une prostituée, bouleverse sa solitude calculée. Elle l’héberge, le nourrit, tente de l’apprivoiser malgré son caractère revêche. Lui observe avec détachement cette femme qui s’est éprise de lui, supportant tant bien que mal les gémissements liés à son activité professionnelle.

Le texte jongle entre grotesque et tragédie, mêlant réflexions existentielles et observations triviales. Dans une langue française ciselée – c’est l’un des premiers textes que Beckett écrit dans notre langue – l’auteur construit un personnage paradigmatique de son œuvre : asocial, cynique, plus à l’aise parmi les morts que les vivants. La grossesse de Lulu marquera le point de rupture, confrontant le narrateur à une réalité qu’il ne peut supporter. Sans pathos ni sentimentalisme, ce texte décape les conventions romantiques pour révéler la part sombre et absurde des relations humaines.

Aux éditions DE MINUIT ; 56 pages.


6. Le Dépeupleur (1970)

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Dans un cylindre de 50 mètres de circonférence et 16 mètres de hauteur, deux cents êtres errent sans répit. C’est le huis clos imaginé par Samuel Beckett dans « Le Dépeupleur ». Sous une lumière jaunâtre, ces corps desséchés se frôlent comme des feuilles mortes, cherchant inlassablement on ne sait quoi – ou qui. La température oscille brutalement entre 5 et 25 degrés. Des échelles aux barreaux manquants permettent d’accéder à des niches creusées dans la paroi, objets d’une quête perpétuelle.

Cette microsociété s’organise en cercles concentriques distincts. À la périphérie se tiennent les grimpeurs qui attendent leur tour, ainsi que les « vaincus » qui ne cherchent plus rien. Plus au centre gravitent ceux qui marchent en file indienne, épuisés. Au cœur du cylindre s’agite la masse des chercheurs actifs.

Dans ce microcosme concentrationnaire, Beckett pousse à son paroxysme sa réflexion sur l’absurde. Le cylindre devient un laboratoire où s’observe, sous une lumière crue, l’obstination humaine à chercher un sens là où il n’y en a peut-être aucun. Ce texte radical, publié en 1970, compte parmi les œuvres les plus expérimentales de la littérature contemporaine.

Aux éditions DE MINUIT ; 58 pages.

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