Philippe Besson est un écrivain, dramaturge et scénariste français né le 29 janvier 1967 à Barbezieux-Saint-Hilaire (Charente). Fils d’un instituteur et d’une clerc de notaire, il fait d’abord carrière dans les ressources humaines après des études à l’École supérieure de commerce de Rouen.
Il se lance dans l’écriture en 1999 avec « En l’absence des hommes », qui remporte le prix Emmanuel-Roblès. Le succès de ses premiers romans, notamment « Son frère » (adapté au cinéma par Patrice Chéreau) et « L’Arrière-saison » (Grand Prix RTL-Lire 2003), l’encourage à se consacrer entièrement à la littérature.
Auteur prolifique, il aborde dans son œuvre des thèmes comme l’homosexualité, l’amour et la famille. Son roman autobiographique « Arrête avec tes mensonges » (2017) connaît un grand succès et est adapté au cinéma en 2023. En parallèle de son activité d’écrivain, il a été chroniqueur dans différents médias et a participé à l’écriture de plusieurs scénarios pour la télévision.
Philippe Besson est également connu pour son engagement en faveur des droits LGBT et ses prises de position politiques. Il est Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres depuis 2015.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Ceci n’est pas un fait divers (2023)
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Un appel téléphonique bouleverse la vie d’un jeune danseur de 19 ans : sa sœur Léa, 13 ans, lui annonce que leur père vient d’assassiner leur mère. De Paris, où il étudie à l’Opéra, il rejoint en urgence leur pavillon de Blanquefort, dans la banlieue bordelaise. Le corps de sa mère git dans la cuisine, lacéré de dix-sept coups de couteau. Son père a disparu dans la nature. La police pose les scellés sur la maison.
Commence alors pour le frère et la sœur une descente aux enfers. Ils doivent gérer l’après : les interrogatoires, les obsèques, l’attente du procès. Le grand frère renonce à son rêve de devenir danseur étoile pour protéger Léa, traumatisée d’avoir assisté au meurtre. Ensemble, ils remontent le fil des années pour tenter de comprendre : les disputes violentes, la jalousie maladive du père, sa volonté de contrôle absolu sur leur mère.
Inspiré d’une histoire vraie, ce récit sobre et percutant donne la parole aux victimes invisibles des féminicides. Sans pathos ni sensationnalisme, il dévoile la mécanique implacable de la violence conjugale et ses répercussions dévastatrices sur les enfants. La narration à la première personne, portée par le fils aîné, insuffle une puissance émotionnelle brute à ce texte qui refuse de reléguer ces drames au rang de simples faits divers.
Aux éditions POCKET ; 192 pages.
2. Son frère (2001)
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Thomas et Lucas sont frères. Le premier apprend qu’il est atteint d’une maladie du sang incurable. À 25 ans, il doit affronter l’inéluctable. Lucas, son aîné d’un an, décide de l’accompagner dans cette épreuve. Ensemble, ils quittent l’agitation parisienne pour se réfugier dans leur maison de vacances familiale sur l’île de Ré.
Entre les séjours à l’hôpital et les moments de répit sur l’île, les deux frères se rapprochent comme jamais. L’un tente d’apprivoiser sa mort prochaine, l’autre cherche la force d’être présent à chaque instant. Dans cette intimité retrouvée surgit le souvenir d’un drame survenu des années plus tôt sur ces mêmes plages, un secret que Thomas n’a jamais révélé et qui pourrait éclairer d’un jour nouveau sa maladie.
Publié en 2001, ce deuxième roman de Philippe Besson frappe par sa sobriété face à un sujet aussi bouleversant. Les mots justes s’enchaînent sans artifice pour dire l’essentiel : l’amour fraternel, la révolte contre l’acharnement thérapeutique, la solitude face à la souffrance. Patrice Chéreau en a tiré un film remarqué en 2003 avec Bruno Todeschini et Eric Caravaca.
Aux éditions POCKET ; 160 pages.
3. En l’absence des hommes (2001)
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Paris, 1916. Vincent de l’Étoile a seize ans quand la guerre embrase l’Europe. Trop jeune pour partir au front, il passe ses journées dans les salons parisiens où il rencontre Marcel Proust. L’écrivain, séduit par l’intelligence du jeune homme, noue avec lui une relation d’une grande tendresse. Le même été, Vincent tombe éperdument amoureux d’Arthur, un soldat de vingt-et-un ans en permission. Sept nuits de passion absolue bouleversent son existence avant qu’Arthur ne reparte vers les tranchées de Verdun.
S’ensuit une correspondance à trois voix. Vincent confie à Marcel son amour pour Arthur tandis que le jeune soldat lui écrit des lettres enflammées depuis le front. Entre les discussions intellectuelles avec l’écrivain et la passion charnelle pour Arthur, Vincent découvre toutes les facettes de l’amour. Mais la guerre n’accorde aucun répit aux amants.
Premier roman de Philippe Besson, « En l’absence des hommes » a reçu le prix Emmanuel-Roblès en 2001. Les dialogues épurés alternent avec des lettres d’une grande intensité émotionnelle. La construction en trois parties – les rencontres, la correspondance, la révélation finale – tisse une histoire d’amour poignante sur fond de guerre. Les silences comptent autant que les mots dans cette évocation du désir et du deuil.
Aux éditions POCKET ; 214 pages.
4. Paris-Briançon (2022)
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À la gare d’Austerlitz, l’Intercités n°5789 s’apprête à partir pour Briançon. Dans ce train de nuit, une dizaine de passagers vont partager le même wagon pendant onze heures : Alexis, un médecin quadragénaire, Victor, un jeune hockeyeur, Julia et ses deux enfants qui fuient un mari violent, un couple de retraités dont l’homme est atteint d’un cancer, Serge, un VRP menacé de licenciement, et cinq étudiants en psychologie. Dès les premières pages, Philippe Besson annonce que certains d’entre eux ne verront pas le jour se lever.
La nuit favorise les confidences. Les langues se délient. Ces inconnus que rien ne destinait à se rencontrer se livrent sans retenue. Alexis aide Victor à assumer son homosexualité, Julia confie sa peur à Serge, les jeunes discutent politique avec le couple de retraités. Mais alors que le train file dans la nuit, aucun ne se doute du drame qui les attend.
« Paris-Briançon » est une mosaïque intimiste qui mêle suspense et étude de caractères. Le huis clos ferroviaire, cadre idéal pour les confidences, structure le récit en deux temps : d’abord une lente immersion dans la psychologie des personnages, puis le choc brutal d’un drame qui remet tout en perspective. Le roman frappe par son économie de moyens. Le style dépouillé, sans effets superflus, donne toute sa force au tragique ordinaire qui se noue.
Aux éditions POCKET ; 208 pages.
5. Un soir d’été (2024)
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Été 1985. Philippe, dix-huit ans, retrouve ses amis sur l’île de Ré pour les vacances. Il loge chez François, dont le père tient la boucherie du village. Il y a aussi Christophe, un fils de pêcheur, Nicolas, un garçon solitaire récemment arrivé sur l’île, et Marc et sa sœur Alice, deux Parisiens en villégiature. Six jeunes gens au seuil de leur vie d’adulte, entre langueur estivale et désirs naissants.
Les jours s’égrènent au rythme des bains de mer et des soirées en boîte de nuit. Les sentiments s’entremêlent : François s’amourache d’Alice, qui n’a d’yeux que pour Nicolas. Philippe et Marc se rapprochent, partagent leurs premiers émois. Mais le 19 juillet, le soir de l’anniversaire de Christophe, un drame survient : l’un d’eux s’évapore dans la nuit, sans explication.
Les souvenirs de cet été 1985 irriguent chaque page de ce roman autobiographique. Philippe Besson restitue avec une grande justesse l’atmosphère d’une époque révolue, celle d’avant les portables et les réseaux sociaux, celle où l’île de Ré n’était pas encore reliée au continent par un pont. Sa prose épurée capture les émois adolescents, la sensualité des corps qui se frôlent, mais aussi la culpabilité lancinante de n’avoir pas su déceler les signes avant-coureurs du drame.
Aux éditions JULLIARD ; 208 pages.
6. Arrête avec tes mensonges (2017)
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Dans une petite ville de Charente, à Barbezieux, l’hiver 1984 marque le début d’une histoire d’amour secrète entre deux lycéens de 17 ans. Philippe, brillant élève de terminale C qui assume déjà son homosexualité, observe depuis des mois Thomas Andrieu, un camarade de terminale D. Contre toute attente, ce dernier fait le premier pas et leur relation débute, à l’abri des regards. Six mois de passion intense s’écoulent avant une brutale séparation.
Vingt-trois ans plus tard, en 2007, Philippe Besson, alors écrivain reconnu, croit apercevoir Thomas dans un hôtel bordelais. Cette homme est en réalité Lucas, le fils de Thomas. S’ensuit une série de révélations sur le destin tragique de son premier amour, un homme qui n’aura jamais réussi à accepter son homosexualité et aura vécu toute sa vie dans le déni, jusqu’à une fin dramatique en 2016.
« Arrête avec tes mensonges » tire sa force de son architecture en trois mouvements (1984, 2007, 2016) qui fait monter progressivement la tension dramatique. Ce roman éclaire aussi d’un jour nouveau toute l’œuvre de Besson en révélant la matrice autobiographique de ses obsessions : l’absence, le manque, la perte. En choisissant de publier cette histoire d’amour que Thomas voulait garder secrète, Besson prend le risque de trahir une promesse. Mais cette « trahison » sert paradoxalement d’hommage posthume, donnant enfin voix à celui qui s’est tu toute sa vie.
Aux éditions POCKET ; 160 pages.
7. Un certain Paul Darrigrand (2019)
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En 1988, Philippe Besson a vingt-deux ans. Il quitte Rouen et son école de commerce pour débuter un DESS à Bordeaux. Dès la rentrée universitaire, une bousculade fortuite dans un couloir le met sur la route de Paul Darrigrand, un étudiant marié de vingt-quatre ans. Le coup de foudre est immédiat. Entre les deux hommes s’installe une liaison secrète, à la fois brûlante et fragile, rythmée par des rendez-vous furtifs et des week-ends volés sur l’île de Ré.
La fièvre amoureuse laisse bientôt place à une autre fièvre, plus inquiétante. Le corps de Philippe s’affaiblit, ses défenses immunitaires s’effondrent. Dans ces années où le sida fait rage, chaque nouveau symptôme devient source d’angoisse. Les médecins peinent à poser un diagnostic. Tandis que Paul s’éloigne pour un stage à Paris, la passion et la maladie se disputent le premier rôle dans ce combat pour la vie.
Ce roman autobiographique entremêle la fougue d’un amour interdit et l’épreuve de la maladie. Les mots sonnent juste, sans pathos ni artifice. Philippe Besson y dévoile aussi les coulisses de ses romans précédents, notamment « Son frère », inspiré par cette période charnière de sa vie. Le récit s’inscrit dans la continuité de « Arrête avec tes mensonges », publié deux ans plus tôt, et forme le deuxième volet d’une trilogie autobiographique qui s’achèvera avec « Dîner à Montréal ».
Aux éditions POCKET ; 168 pages.
8. Dîner à Montréal (2019)
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À Montréal, une séance de dédicaces réunit par hasard Philippe Besson et Paul Darrigrand après dix-huit ans de silence. Leur histoire d’amour s’était achevée sans explication quand Paul avait choisi de retourner vers Isabelle, son épouse. Philippe suggère alors un dîner pour le soir même. Les retrouvailles se feront à quatre : Paul et Isabelle d’un côté, Philippe et Antoine, son nouveau compagnon, de l’autre.
Le temps d’un repas, les quatre convives s’observent, se jaugent, s’affrontent parfois. Les questions fusent, tantôt anodines, tantôt acérées. Profitant des pauses cigarette d’Isabelle et Antoine, les anciens amants peuvent enfin parler librement. L’occasion pour Philippe d’obtenir les réponses qui le hantent depuis deux décennies, et pour Paul de confesser ce qu’il n’avait jamais osé dire.
« Dîner à Montréal » se démarque par sa construction singulière autour d’un unique dîner qui sert de catalyseur narratif. Philippe Besson transforme un moment en apparence banal en un huis clos psychologique d’une rare intensité. Le texte opère un va-et-vient entre les dialogues du présent et les réminiscences du passé, tandis que le narrateur scrute et décode chaque geste, chaque inflexion, chaque sous-entendu. En refermant sa trilogie autobiographique avec ce roman, Besson signe une œuvre à la fois minimaliste dans sa forme et ambitieuse dans son projet : faire d’une soirée ordinaire le miroir des grandes questions qui traversent une vie.
Aux éditions POCKET ; 160 pages.
9. Un homme accidentel (2008)
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Dans un quartier huppé de Los Angeles au début des années 1990, un jeune policier mène une existence tranquille. À trente ans, il travaille dans les beaux quartiers de Beverly Hills et s’apprête à devenir père. Sa vie bascule le jour où il enquête sur le meurtre d’un jeune prostitué, retrouvé mort sur une pelouse. Dans le carnet d’adresses de la victime figure le nom de Jack Bell, la star montante du cinéma hollywoodien.
La rencontre entre le policier et l’acteur déclenche une passion dévastatrice, aussi violente qu’inattendue. Le flic rangé se laisse submerger par des sentiments qu’il n’avait jamais soupçonnés. Entre les rendez-vous clandestins dans les motels et les virées sur la côte Pacifique, leur liaison enflamme tout sur son passage. Mais dans une Amérique puritaine, cet amour impossible ne peut que mal finir.
Cette histoire d’amour homosexuel en forme de thriller psychologique marque un tournant dans l’œuvre de Philippe Besson. Le récit alterne entre présent et passé, entre l’enquête criminelle et la passion amoureuse. Les émotions explosent dans une écriture à la fois pudique et sensuelle, qui évite les clichés du genre. Le roman, publié en 2008, préfigure déjà les thèmes autobiographiques que l’auteur développera dix ans plus tard dans « Arrête avec tes mensonges ».
Aux éditions POCKET ; 230 pages.
10. Vivre vite (2015)
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En 1955, James Dean se tue dans un accident de voiture à l’âge de 24 ans. Cette mort brutale fige à jamais l’image d’un jeune acteur fulgurant qui n’aura tourné que trois films. Philippe Besson retrace le parcours de cette étoile filante, depuis son enfance dans l’Indiana jusqu’à sa fin tragique sur une route de Californie.
Le récit commence avec la mort de sa mère alors qu’il n’a que 9 ans, un traumatisme dont il ne se remettra jamais. Son père le confie à son oncle et sa tante. Le jeune Jimmy grandit, rebelle et tourmenté. Il quitte l’université pour se consacrer au théâtre à New York. Son talent explose à l’Actors Studio. Hollywood l’appelle. En trois films – « À l’Est d’Eden », « La Fureur de vivre » et « Géant » – il devient une icône. Mais la vitesse le fascine, les voitures de course l’attirent inexorablement.
Cette biographie romancée adopte une forme originale : une succession de témoignages fictifs de ceux qui ont connu Dean. Sa mère, son père, ses professeurs, Marlon Brando, Elizabeth Taylor et bien d’autres racontent « leur » Jimmy. Ces voix multiples dessinent le portrait d’un être insaisissable, à la beauté magnétique, dévoré par ses démons intérieurs. La prose nerveuse de Besson épouse parfaitement le rythme effréné de cette vie trop brève.
Aux éditions POCKET ; 224 pages.
