Régine Pernoud est une archiviste et historienne médiéviste française, née le 17 juin 1909 à Château-Chinon et morte le 29 avril 1998 à Paris.
1. La femme au temps des cathédrales
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La femme a-t-elle toujours été cette perpétuelle mineure qu’elle fut au XIXe siècle ? A-t-elle toujours été écartée de la vie politique comme elle le fut dans la France de Louis XIV ? N’a-t-elle jamais eu plus d’indépendance économique que celle que lui concédait l’autorisation maritale ?
Régine Pernoud, avec son expérience de médiéviste et d’archiviste, s’est attachée depuis longtemps à l’étude de ces questions. Ses ouvrages consacrés à Héloïse, à Aliénor d’Aquitaine, à la Reine Blanche y donnaient partiellement réponse. Pour en finir avec le Moyen Age contenait, sur le statut de la femme, un raccourci qui a frappé bien des lecteurs et attiré l’attention des critiques, leur faisant souhaiter plus long développement sur le sujet.
C’est ce développement qu’on trouvera dans La Femme au temps des cathédrales : on y apprendra que le plus ancien traité d’éducation est dû en France à une femme, que la médecine était exercée couramment par des femmes au XIII siècle, qu’au XII siècle l’Ordre de Fontevraud réunissait aussi bien les moines que les moniales sous l’autorité d’une abbesse.
Sait-on qu’aux temps féodaux, les filles étaient majeures à 12 ans, deux ans avant les garçons ? Et sait-on que ce n’est qu’au XVIIe siècle que la femme a dû prendre obligatoirement le nom de son époux ? Etude systématique menée à travers une multitude d’exemples concrets, elle ne laisse échapper aucun aspect des activités féminines au cours de la période féodale et médiévale : administration des biens, métiers et commerce ; domaine de la pensée, de la littérature, de la politique même ; femmes écrivains, éducatrices suzeraines, celles qui animèrent les cours d’amour et celles qui ont inspiré les romans de chevalerie.
Plus encore, l’auteur, puisant aussi bien dans l’histoire du droit que dans celle des événements et des faits sociaux, dessine ce qui n’avait pas encore été tenté, un schéma de l’évolution du pouvoir de la femme: depuis les origines – les libertés et l’autonomie par elle conquises – la période d’apogée, puis le déclin sous diverses influences – celle de l’Université notamment jusqu’au moment où en 1593 un édit du Parlement de Paris lui interdit toute fonction dans l’Etat. Beaucoup d’autres traits de société sont ainsi à découvrir dans l’étude de Régine Pernoud, très approfondie, mais comme toujours alerte et d’une lecture captivante.
Un maître-livre, hors duquel désormais toute vision de la question ici abordée restera incomplète.
2. Aliénor d’Aquitaine
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La chronique scandaleuse s’est emparée très tôt du personnage d’Aliénor d’Aquitaine; très tôt, puisqu’au XIIIe siècle déjà le facétieux Ménestrel de Reims lui attribuait des aventures avec Saladin. Les Français ne lui auraient-ils pas gardé rancune d’avoir abandonné la couronne de France pour celle d’Angleterre ?
Quoi qu’il en soit, la réputation fâcheuse qu’on lui a faite aura marqué, pour la postérité, une personnalité féminine hors pair, donc l’existence aura eu pour cadre non seulement l’Occident européen de l’Aquitaine à la Saxe et à la Sicile, mais le Proche-Orient avec Antioche et Constantinople.
Avec le recul de l’histoire, et la lumière des textes de son temps, la personne et l’action d’Aliénor d’Aquitaine prennent un relief étonnant. A travers elles s’opère la fusion entre le Nord et le Midi, entre la poésie des troubadours et la magie des vieux contes celtiques; on peut dire que sans Aliénor, la civilisation occidentale – celle de l’amour courtois, des romans de chevalerie, de Tristan et Iseult – n’eût pas été ce qu’elle fut.
Or, cette femme lettrée s’est aussi révélée, à l’occasion, une tête politique; deux fois reine, mère de deux rois, on pourrait lui appliquer l’épithète de « grand-mère de l’Europe » – comme à telle autre reine d’Angleterre – car ses enfants et petits-enfants peuplèrent non seulement les cours de France et d’Angleterre, mais la Sicile, la Castille et jusqu’à l’Empire germanique.
Admirablement attentive à son temps, toujours prête à faire face aux situations si tragiques fussent-elles, elle se montra, au cours d’une vie mouvementée s’il en fut, capable d’organiser la défense d’une forteresse, d’administrer non seulement son duché, mais tout un royaume, de prévoir l’importance qu’allait prendre, au XIIIe siècle, la bourgeoisie des villes.
Les textes contemporains, si sobres soient-ils, nous laissent entrevoir la femme passionnée, la mère vigilante, la reine énergique qu’elle sut être. Au total, selon l’expression de l’un d’entre eux, « une femme incomparable ».
3. Pour en finir avec le Moyen Âge
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Méprisés pendant des siècles, encensés par les Romantiques, ces mille ans d’histoire ont presque toujours été recouverts de la crasse de l’ignorance. Godiche ne vient-il pas de gothique ? Féodal ne désigne-t-il pas l’obscurantisme le plus indécrottable ? Moyenâgeux les vieilleries poussiéreuses ?
Grâce à ce livre décapant, mille ans d’histoire émergent enfin – le Moyen Age est mort, vive le Moyen Age ! Régine Pernoud, à la lumière de son immense érudition d’historienne, fustige les ignares, pulvérise leurs erreurs et les idées reçues à propos du Moyen Age.
4. Héloïse et Abélard
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Héloïse et Abélard : deux noms bien et mal connus; en réalité, une « très haute histoire d’amour », vécue au siècle de Tristan et Iseut.
Cette page d’« amours célèbres » qui fut quelque peu travestie au XVIII° siècle et romancée au XIX° nous apparaît aujourd’hui dans sa vérité, à travers une correspondance dont l’authenticité est désormais reconnue, avec des accents étonnamment modernes; c’est l’échange entre deux êtres séparés par la vie, engagés malgré eux dans une voie de renoncement et qu’une dialectique passionnée amène, l’un par l’autre, à la Sainteté.
Pour toile de fond : l’Université de Paris, ou plutôt, ses prémisses, frayant sa voie parmi les vignobles de la Montagne Sainte-Geneviève, l’art roman dans son plein épanouissement, avec déjà ces recherches vers l’« architecture raisonnée » et la voûte gothique, l’essor de la logique qui donnera leur structure aux grandes sommes médiévales.
Dialectique du couple, affrontement de la passion et de la philosophie, de la foi et de la raison, et, pour finir, triomphe d’un amour au-dessus de l’amour, sont ici évoqués avec les confidences mêmes laissées par les acteurs de ce grand drame humain à deux personnages.
5. Hildegarde de Bingen
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C’est à la redécouverte d’une des plus grandes figures de la culture européenne médiévale que nous convie ici l’historienne d’Aliénor d’Aquitaine et de La Femme au temps des cathédrales.
Religieuse allemande du XIIe siècle, Hildegarde de Bingen fut à la fois musicienne, auteur de soixante-dix sept symphonies ; écrivain génial de livres de visions qui fascinèrent son époque et anticipent plusieurs découvertes des astrophysiciens modernes ; auteur, enfin, de traités de médecine douce qui font encore autorité parmi les spécialistes… Des milliers de gens vinrent écouter ses sermons dans les cathédrales de Mayence, de Trèves, de Cologne.
L’empereur Frédéric Barberousse, des rois, des papes écoutèrent les conseils – ou les réprimandes – de cette femme inspirée, généreuse, en qui l’élévation spirituelle va de pair avec la passion du savoir. L’érudition est la sensibilité de Régine Pernoud font ici merveille pour nous donner une passionnante biographie.