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Les 5 meilleurs livres de Clément Rosset

Les 5 meilleurs livres de Clément Rosset

Clément Rosset, né le 12 octobre 1939 à Carteret dans la Manche, mort le 27 mars 2018 à Paris, est un philosophe français.


1. Le réel et son double

Le réel et son double (Clément Rosset)

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Rien de plus fragile que la faculté humaine d’admettre la réalité, d’accepter sans réserves l’impérieuse prérogative du réel. Cette faculté se trouve si souvent prise en défaut qu’il semble raisonnable d’imaginer qu’elle n’implique pas la reconnaissance d’un droit imprescriptible – celui du réel à être perçu – mais figure plutôt une sorte de tolérance, conditionnelle et provisoire.

Le réel n’est généralement admis que sous certaines conditions et seulement jusqu’à un certain point : s’il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l’abri de tout spectacle indésirable.

Quant au réel, s’il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs. Cet essai vise à illustrer le lien entre l’illusion et le double, à montrer que la structure fondamentale de l’illusion n’est autre que la structure paradoxale du double. Paradoxale, car la notion de double implique en elle-même un paradoxe : d’être à la fois elle-même et l’autre.


2. Loin de moi – Étude sur l’identité

Loin de moi - Étude sur l'identité (Clément Rosset)

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Si votre absence totale d’originalité vous désespère, si la question de votre identité profonde vous hante, lisez ce livre de Clément Rosset qui pourrait bien vous délivrer de quelques interrogations inutiles. La légèreté de cet ouvrage à l’humour cathartique tranche avec le sérieux de son projet philosophique : à l’instar de penseurs tels que Montaigne ou Pascal, Clément Rosset, tenant notre identité sociale pour la seule identité réelle et la prétendue identité personnelle pour une illusion absolue, tente de nous révéler l’inanité de toute introspection.

« La connaissance de soi est à la fois inutile et inappetissante (…) Et moins on se connaît, mieux on se porte. » Ainsi, la question « Qui suis-je ? » constitue un frein tant à l’existence qu’à l’activité. En effet, l’exercice de la vie implique une certaine insouciance de soi sans laquelle on n’entreprend jamais rien.

Sans verser dans l’érudition, Clément Rosset sollicite de manière éclairante et jamais gratuite de nombreuses références littéraires et cinématographiques. Petit livre très recommandable d’un philosophe bon vivant qui parvient, par la grâce d’une écriture acérée, à convertir sa dépression en truculence, Loin de moi s’adresse à un large public, amoureux de la digression philosophique et du paradoxe.


3. La force majeure

La force majeure (Clément Rosset)

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La joie est, par définition, illogique et irrationnelle.

La langue courante en dit là-dessus plus long qu’on ne pense lorsqu’elle parle de  » joie folle  » ou déclare de quelqu’un qu’il est fou de  » joie « . Il n’est effectivement de joie que folle ; tout homme joyeux est à sa manière en déraisonnant. Mais c’est justement en cela que la joie constitue la force majeure, la seule disposition d’esprit capable de concilier l’exercice de la vie avec la connaissance de la vérité.

Car la vérité penche du côté de l’insignifiance de la mort, comme l’enseignait Nietzsche et l’enseigne aujourd’hui Cioran. En l’absence de toute raison crédible de vire, il n’y a que la joie qui tienne, précisément parce que celle-ci se passe de toute raison.


4. Le réel – Traité de l’idiotie

Le réel - Traité de l'idiotie (Clément Rosset)

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Qu’est-ce que le réel et de quelle façon perçoit-on la réalité ? Est-ce que l’existence, manifestation de la réalité, est une notion déterminée par un sens précis ainsi que l’exprime la philosophie hégélienne en définissant le réel par le rationnel ou ne procède-t-elle pas d’une série de hasards, quelconques, qui finissent par déterminer un sens, un peu à la manière de Malcolm Lowry quand il décrit dans Au-dessus du volcan, le chemin que décide finalement de suivre, le consul complètement ivre ? Autrement dit est-ce que le réel résulte d’une logique interne déterminée et explicable ou bien n’est-il pas plutôt le fait de l’idiotie, c’est-à-dire de quelque chose d’à la fois solitaire, unique et inconnaissable ? (si le mot grec idiotes décrit une personne dénuée d’intelligence et de raison, il signifie d’abord simple, particulier, unique).

Cette interrogation du réel que propose Clément Rosset part d’une position critique face à la philosophie traditionnelle. Elle remet en question Kant et ses deux ouvrages fondamentaux, la Critique de la raison pure et la Critique de la raison pratique, considérées comme « Critiques non critiquante », et qui, selon l’auteur, débouchent toujours sur une forme de dogmatisme, mais elle s’oppose aussi à Hegel qui construit son système sur le concept de Savoir absolu, lequel ne donne que « l’illusion » d’un sens se développant à travers l’Idée, la Raison et l’Esprit. Clément Rosset en vient donc également à s’opposer aux « continuateurs contemporains » de Hegel, c’est-à-dire Bataille, Derrida et Lacan dont les travaux sont toujours fondés sur l’espoir d’un savoir, d’une explication à venir et pour qui tout se passe comme dans Le Procès de Kafka où l’on attend toujours d’avoir accès à la Loi. Remettant en question la quête obstinée de la philosophie à vouloir percer le sens et la raison du devenir et de l’histoire,

Clément Rosset entend rendre le réel à lui-même, à l’insignifiance. Il ne s’agit pas pour lui de décrire la réalité comme absurde ou inintéressante, mais à dissiper les faux sens qui l’entoure : il n’y a pas de mystères dans les choses, il y a un mystère des choses. Inutile de creuser les choses pour leur arracher un secret qui n’existe pas, c’est dans leur existence que les choses sont incompréhensibles. L’étude du consul ivrogne d’ Au dessus du volcan comme celles du désarroi amoureux ou de l’art apparaissent à l’auteur être les seules possibilités d’accès au réel. Elles se substituent aux démarches intellectuelles qui ne sont jamais que des spectacles du réel.

Clément Rosset analyse donc le sens que l’on donne au réel, comme sa version édulcorée, de la même façon qu’il étudie dans une seconde partie de l’ouvrage la grandiloquence – à travers laquelle on saisit Le réel dans l’écriture, la peinture, la musique et le cinéma – comme un moyen de lui échapper par le biais du langage et de la représentation. Au terme de l’ouvrage se dessine le réel dans une perspective double, celle qu’offre l’idiotie : « Si le sort le plus général du réel est d’échapper au langage, le sort le plus général du langage est de manquer le réel. Il existe une chose indépendante du langage, qu’on appelle la réalité ».


5. Schopenhauer, philosophe de l’absurde

Schopenhauer, philosophe de l'absurde (Clément Rosset)

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Le caractère absurde du Vouloir demeure, ainsi qu’il apparaîtra ailleurs, l’intuition majeure de Schopenhauer. Cette recherche de l’absurde est la seconde origine du désintéressement de Schopenhauer à l’égard des thèmes généalogiques. Le dessein philosophique n’est pas d’expliquer le comportement singulier, mais de faire apparaître l’absurde de tout comportement.

Pour servir ce dessein, l’étude du Vouloir uniforme et aveugle est plus intéressante que l’étude de ses manifestations particulières, qui peuvent expliquer généalogiquement un caractère dans sa singularité. Précisément, le propos de Schopenhauer n’est pas d’expliquer, mais de dénoncer les explications. Aussi la généalogie n’est-elle invoquée qu’à titre de moyen, et jamais de fin. L’intuition généalogique, qui tourne court, n’est qu’une étape vers l’absurde.

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