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Marcel Pagnol en 6 romans majeurs – Notre sélection

Marcel Pagnol en 6 romans – Notre sélection

Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge et cinéaste français né le 28 février 1895 à Aubagne et mort le 18 avril 1974 à Paris. Fils d’instituteur, il passe une enfance heureuse en Provence, notamment près du massif du Garlaban, qui marquera profondément son œuvre.

Après des études brillantes et une brève carrière d’enseignant, il connaît son premier grand succès en 1928 avec la pièce « Topaze ». Sa célèbre trilogie marseillaise (« Marius », « Fanny », « César ») le consacre définitivement comme auteur majeur.

Pionnier du cinéma parlant français, il fonde ses propres studios à Marseille en 1934 et réalise de nombreux films marquants dont « La Femme du boulanger » (1938) et « La Fille du puisatier » (1940). Il travaille avec les plus grands acteurs de l’époque comme Raimu et Fernandel.

Élu à l’Académie française en 1946, il se consacre dans les années 1950-1960 à l’écriture de ses célèbres « Souvenirs d’enfance » (« La Gloire de mon père », « Le Château de ma mère »), qui connaissent un immense succès. Il publie également « L’Eau des collines » (1962), composé de « Jean de Florette » et « Manon des sources ».

Son œuvre, profondément ancrée dans la Provence, mêle avec talent humour et émotion, tout en dressant des portraits inoubliables de personnages populaires. Pagnol a marqué durablement la culture française du XXe siècle, tant par ses écrits que par ses films.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Souvenirs d’enfance – La Gloire de mon père (1957)

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Dans la France du début du XXe siècle, le petit Marcel grandit à Aubagne puis à Marseille, fils d’un instituteur républicain et d’une mère couturière. Sa tante Rose l’emmène régulièrement au parc Borély où elle rencontre en secret son futur mari, l’oncle Jules, qui deviendra plus tard un personnage haut en couleur de la famille.

L’été de ses huit ans, en 1904, Marcel découvre pour la première fois les collines provençales lorsque ses parents louent avec l’oncle Jules et la tante Rose une maison de campagne, la Bastide Neuve. Pour le jeune garçon et son petit frère Paul, c’est le début d’une suite d’aventures dans la garrigue, entre observation des insectes et jeux d’Indiens. Mais le moment crucial arrive lors de l’ouverture de la chasse : Marcel suit en cachette son père et son oncle, se perd dans les collines, et assiste finalement à un exploit qui fera la fierté de toute la famille.

Publié en 1957 alors que Pagnol s’éloigne du cinéma et du théâtre, ce premier tome de ses souvenirs d’enfance connaît un succès fulgurant avec 50 000 exemplaires vendus en un mois. Ces mémoires romancées, qui mettent en scène des personnages devenus aussi populaires que ceux de Marius ou de César, ont fait l’objet d’une mémorable adaptation cinématographique par Yves Robert en 1990, avec Philippe Caubère dans le rôle du père.

Aux éditions GRASSET ; 240 pages.


2. Souvenirs d’enfance – Le Château de ma mère (1958)

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Dans ce deuxième volet des « Souvenirs d’enfance », le petit Marcel savoure ses vacances d’été dans les collines provençales. Admis comme rabatteur de chasse aux côtés de son père Joseph et de l’oncle Jules, il fait la connaissance de Lili des Bellons, un garçon de son âge qui maîtrise tous les secrets de la garrigue. Entre parties de chasse et pose de pièges, une amitié profonde se noue entre les deux enfants.

La perspective de la rentrée scolaire pousse Marcel à une tentative de fugue qui tourne court. Pour atténuer le chagrin du retour à Marseille, la famille entreprend de revenir chaque week-end à la Bastide Neuve. Le trajet, long de quatre heures, est considérablement raccourci grâce à Bouzigue, ancien élève de Joseph, qui leur remet la clé des propriétés longeant le canal. Ces passages clandestins deviennent source d’angoisse pour Augustine, la mère de Marcel, particulièrement effrayée par un château et son terrible gardien.

Publié en 1957 alors que Pagnol approche de la soixantaine, ce deuxième tome des « Souvenirs d’enfance » se distingue par une tonalité plus grave que le précédent. L’insouciance de l’enfance côtoie la mélancolie, notamment dans l’épilogue qui évoque la mort prématurée d’Augustine, du petit Paul devenu chevrier, et de Lili tué pendant la Grande Guerre. En 1941, par un étrange hasard, Pagnol achète sans le savoir le château qui effrayait tant sa mère, pour y construire des studios de cinéma – un projet qui ne verra jamais le jour.

Aux éditions GRASSET ; 240 pages.


3. Souvenirs d’enfance – Le Temps des secrets (1960)

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Dans ce troisième volet des « Souvenirs d’enfance », le jeune Marcel Pagnol vit ses dernières vacances d’été à La Treille, dans l’arrière-pays marseillais du début du XXe siècle. Son ami Lili, désormais occupé aux travaux des champs, n’a plus autant de temps à lui consacrer. C’est alors que Marcel fait la rencontre d’Isabelle, fille d’un prétendu poète, qui va bouleverser sa vie de préadolescent. Subjugué par cette demoiselle aux manières sophistiquées, il délaisse ses anciennes activités pour jouer les chevaliers servants, jusqu’à ce que la réalité le rattrape brutalement.

La deuxième partie du livre marque un tournant : Marcel entre en sixième au lycée Thiers de Marseille. Fini le temps des courses dans la garrigue, place à la discipline et aux nouveaux codes sociaux. Entre professeurs excentriques et camarades hauts en couleur comme l’inénarrable Lagneau, le garçon découvre un monde où il n’est plus le fils du maître d’école mais un élève parmi d’autres.

Initialement prévu comme conclusion de la trilogie sous le titre « Les Grands Amours », ce livre s’est transformé en troisième tome d’une tétralogie tant les souvenirs affluaient sous la plume de Pagnol. Le récit alterne entre moments cocasses – comme la désastreuse séance de coiffure familiale – et passages plus mélancoliques qui traduisent la fin de l’enfance. Adapté deux fois au cinéma, en 1990 par Yves Robert puis en 2022 par Christophe Barratier, le livre conserve une résonance particulière chez les lecteurs qui y reconnaissent leurs propres tourments d’adolescents.

Aux éditions GRASSET ; 264 pages.


4. Souvenirs d’enfance – Le Temps des amours (1977)

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Dans ce quatrième et dernier tome des « Souvenirs d’enfance » publié à titre posthume en 1977, Marcel Pagnol nous ramène dans le Marseille du début du XXe siècle. L’histoire suit le jeune Marcel au lycée Thiers où il entre comme demi-pensionnaire en 1905. Loin de sa famille et des collines de son enfance, l’adolescent découvre un nouveau monde : celui des amourettes lycéennes, des punitions scolaires et des premières farces potaches entre camarades.

Les personnages emblématiques des premiers tomes – Paul le petit frère, Joseph le père instituteur, Lili des Bellons – cèdent la place à une nouvelle galerie de figures marquantes : Lagneau, cancre attachant dont les amours maladroites occupent le dernier chapitre, et Yves, qui partage avec Marcel tant la passion des études que celle des collines provençales. Une longue digression sur l’épidémie de peste qui ravagea Marseille en 1720 vient surprendre le lecteur au milieu de ces souvenirs lycéens.

Ce livre occupe une place à part dans l’œuvre de Pagnol : publié trois ans après sa mort, il rassemble des textes à différents stades d’achèvement, certains déjà parus dans la presse, d’autres encore en chantier. Cette genèse particulière explique sa structure en mosaïque, qui rompt avec la continuité narrative des tomes précédents. L’ouvrage a été adapté en téléfilm en 2006 par Thierry Chabert, qui clôt ainsi le cycle des adaptations des « Souvenirs d’enfance ».

Aux éditions GRASSET ; 260 pages.


5. L’eau des collines – Jean de Florette (1962)

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Au début du XXe siècle, dans un hameau perché des collines provençales, deux paysans rusés, César Soubeyran et son neveu Ugolin, rêvent de faire fortune en cultivant des œillets. Pour cela, il leur faut une terre irriguée. La mort du vieux Pique-Bouffigue, propriétaire d’un domaine pourvu d’une source, semble leur offrir cette chance.

Mais c’est Jean Cadoret, un bossu venu de la ville, qui hérite du domaine. Cet ancien percepteur s’installe avec femme et enfant, la tête pleine de projets agricoles inspirés par les livres. Les deux comploteurs décident alors de boucher la source en secret. Jean ignore son existence et s’échine à transporter l’eau de très loin. Malgré sa détermination et son optimisme, ses efforts sont voués à l’échec. Un jour, Jean tente d’accéder à un point d’eau avec des explosifs. L’opération lui est fatale.

Publié en 1962, « Jean de Florette » marque le retour de Pagnol au roman après trente ans d’absence. L’histoire s’inspire d’un fait divers que lui avait raconté un paysan quand il avait treize ans. Il en avait d’abord fait un film en 1952 avant de le transformer en roman. La tragédie paysanne prend ici des allures de drame antique, où la cupidité et la méfiance envers l’étranger mènent au crime. En 1986, Claude Berri en tire un film mémorable avec Yves Montand, Gérard Depardieu et Daniel Auteuil.

Aux éditions GRASSET ; 288 pages.


6. L’eau des collines – Manon des sources (1962)

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Deuxième volet du diptyque « L’eau des collines », « Manon des sources » se déroule dans les années 1920, dans l’arrière-pays d’Aubagne. Quelques années après la mort tragique de Jean de Florette, sa fille Manon est devenue une jeune bergère solitaire qui parcourt les collines avec ses chèvres. Pendant ce temps, Ugolin Soubeyran prospère grâce à ses cultures d’œillets sur les terres qu’il a acquises par des manœuvres malhonnêtes.

Le destin bascule quand Ugolin tombe éperdument amoureux de Manon. Mais la jeune fille, qui découvre que les villageois connaissaient l’existence d’une source sur les terres de son père sans jamais l’en avoir informé, ne songe plus qu’à la vengeance. Elle trouve le moyen de priver d’eau tout le village, provoquant une série d’événements qui vont révéler les secrets enfouis et bouleverser la vie de chacun.

Cette suite, publiée en 1962, est en réalité l’adaptation romanesque du film que Pagnol avait lui-même réalisé dix ans plus tôt. L’histoire prend la forme d’une tragédie grecque où chaque personnage se trouve confronté aux conséquences de ses actes passés. Le récit culmine avec une révélation finale dévastatrice qui donne une nouvelle dimension à tout ce qui précède.

L’adaptation cinématographique de Claude Berri en 1986, avec Yves Montand, Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart, a contribué à en faire un classique du patrimoine culturel français. La force du récit tient autant dans sa dimension universelle – la vengeance, la culpabilité, le pardon – que dans son ancrage profond dans la Provence rurale du début du XXe siècle.

Aux éditions GRASSET ; 288 pages.

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