Luca Di Fulvio (1957-2023) est un écrivain et homme de théâtre italien né et mort à Rome. Avant de créer sa propre compagnie théâtrale, « Le Moveable Feast », il collabore avec plusieurs artistes de renom dont Andrzej Wajda.
Sa carrière littéraire débute en 1996 avec « Zelter », un roman de vampires. Il s’illustre ensuite dans différents genres : thriller avec « L’Empailleur » (2000) – plus tard adapté au cinéma, littérature jeunesse sous le pseudonyme de Duke J. Blanco, et romans historiques. C’est d’ailleurs dans ce dernier genre qu’il connaît son plus grand succès avec « Le Gang des rêves » (2008), une saga familiale se déroulant dans le New York des années 1920.
Ses dernières œuvres majeures incluent « Les enfants de Venise » (2013), « Le Soleil des rebelles » (2015) et « Mamma Roma » (2020), pour lequel il est finaliste du prix Bancarella 2021. Atteint de la maladie de Charcot, il s’éteint à l’âge de 66 ans.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Le Gang des rêves (2008)
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Dans le New York des années 1920, Cetta Luminita débarque à Ellis Island avec son bébé Natale, fruit d’un viol en Italie. Rebaptisé « Christmas » par les services d’immigration, l’enfant grandit dans les rues malfamées du Lower East Side tandis que sa mère se prostitue pour assurer leur survie. Malgré la misère qui les entoure, Cetta garde l’espoir que son fils deviendra un véritable citoyen Américain.
Christmas grandit dans les rues de Manhattan, entre violence et pauvreté. À treize ans, ce gamin débrouillard crée son propre gang, les Diamond Dogs. Sa vie bascule quand il sauve la vie de Ruth, une riche héritière juive sauvagement agressée. Leurs regards se croisent et ne se quitteront plus. Mais le destin s’acharne à les séparer, de New York jusqu’à Hollywood où Ruth s’exile avec sa famille.
Dans cette fresque de près de mille pages, l’Amérique des années folles prend vie avec une force rare. Les destins s’entrecroisent sur fond de prohibition, de naissance de la radio et du cinéma parlant. La narration alterne entre deux époques et suit en parallèle plusieurs personnages, dont les trajectoires dessinent un portrait saisissant du rêve américain et de ses désillusions.
Aux éditions POCKET ; 864 pages.
2. Le Soleil des rebelles (2015)
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En 1407, dans une vallée reculée du royaume de Saxe, le jeune Marcus II mène une existence dorée au sein du château familial. À neuf ans, il assiste impuissant au massacre de ses parents et de toute sa maisonnée par les hommes du cruel seigneur Ojsternig. Sauvé in extremis par Eloisa, la fille d’Agnete, la sage-femme du village, il trouve refuge chez cette dernière qui le rebaptise Mikael.
De prince choyé, le voilà devenu serf de la glèbe, contraint de dissimuler son identité et de s’adapter à une vie de labeur et de privations. Sous la tutelle d’Agnete, sa mère adoptive à la rudesse protectrice, et les enseignements du mystérieux Raphaël, Mikael grandit. La rage au cœur, il rêve de vengeance contre l’usurpateur qui règne désormais sur ses terres. Sa rencontre avec les rebelles de Volod le Noir marquera le début d’une lutte acharnée pour la justice et la liberté, sur fond de rivalités féodales et de complots.
Cette fresque médiévale de Luca di Fulvio, publiée en 2015, s’inscrit dans la lignée des grands romans d’aventures historiques comme « Les Piliers de la Terre ». La narration oscille entre épopée et conte initiatique, portée par des personnages inoubliables comme la mystérieuse Emöke dont les prophéties rythment le récit. Les scènes de batailles côtoient les moments d’apprentissage, tandis que la quête de liberté se mêle à une histoire d’amour naissante entre Mikael et Eloisa.
Aux éditions POCKET ; 960 pages.
3. Les prisonniers de la liberté (2018)
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En 1913, trois jeunes gens décident de quitter l’Europe pour Buenos Aires. Rosetta fuit la Sicile après avoir subi un viol et perdu sa ferme face aux manigances d’un baron local. Rocco, lui aussi sicilien, refuse de rejoindre la mafia qui a déjà coûté la vie à son père. Quant à Rachel, une adolescente juive de treize ans, elle échappe de justesse à un pogrom qui décime sa famille en Russie.
Leur arrivée dans la capitale argentine brise vite leurs espoirs d’une vie meilleure. La ville grouille de proxénètes, de mafieux et de misère. Rachel se retrouve piégée dans un réseau de prostitution dont elle parvient à s’extraire en se faisant passer pour un garçon. Rosetta et Rocco doivent affronter la pègre locale tout en luttant pour leur survie dans les quartiers pauvres.
Cette saga s’inspire d’événements réels, notamment les activités de la Zwi Migdal, une organisation criminelle juive qui contrôlait la traite des femmes en Argentine au début du XXe siècle. Le récit alterne entre scènes d’une violence crue et moments de solidarité bouleversants, tandis que les personnages s’unissent pour combattre l’oppression. Les dialogues en plusieurs langues – espagnol, italien, yiddish, russe – et l’ambiance des bas-fonds donnent corps à ce Buenos Aires cosmopolite et dangereux de la Belle Époque.
Aux éditions POCKET ; 784 pages.
4. Les enfants de Venise (2013)
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Dans la Rome de 1515, Mercurio survit grâce à ses talents d’arnaqueur et sa capacité à se fondre dans n’importe quel rôle. Orphelin à la tête d’une petite bande, il dérobe la bourse d’un riche marchand juif. L’attaque dégénère : un mort, un blessé grave. Pour échapper à la justice, Mercurio s’enfuit vers Venise avec ses complices Benedetta et Zolfo.
Sur la route, le trio croise la route d’Isacco da Negroponte, un charlatan reconverti en médecin, et de sa fille Giuditta. Entre Mercurio et la jeune fille juive, c’est le coup de foudre. Mais leur amour naissant devra affronter mille obstacles : la différence de religion, l’hostilité du père, la jalousie meurtrière de Benedetta, et surtout la montée du fanatisme religieux à Venise où se crée le premier ghetto de l’histoire.
Cette fresque de près de mille pages recrée avec maestria une Venise méconnue, celle des bas-fonds et de la misère, loin des clichés romantiques. Les personnages secondaires, du capitaine Lanzafame au terrifiant Scarabello, forment une galerie shakespearienne qui donne tout son sel à l’intrigue. Le roman puise son inspiration dans la commedia dell’arte, multipliant les jeux de masques et d’identités qui font écho aux déguisements de Mercurio.
Aux éditions POCKET ; 992 pages.
5. Mamma Roma (2020)
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En 1870, la comtesse Silvia di Boccamara arrache Pietro, seize ans, à son orphelinat misérable. Mais le suicide de son époux ruiné précipite leur fuite vers Rome. La ville, dernier bastion du pouvoir papal protégé par l’armée française, refuse encore de rejoindre la jeune nation italienne. Pietro y rencontre Marta, une orpheline élevée dans un cirque ambulant par Melo, un dresseur de chevaux au grand cœur.
Dans les rues de la cité éternelle gronde la révolution. Les patriotes italiens s’organisent dans l’ombre pour faire tomber le pouvoir pontifical. Pietro s’initie à la photographie et immortalise la vraie Rome – celle du peuple qui souffre et qui lutte – pendant que Marta cherche ses origines et que la comtesse – elle-même orpheline – affronte les fantômes de son passé. Ces trois destins s’entrechoquent sur fond de bataille pour l’unité italienne.
Cette saga de 800 pages mêle avec brio la grande Histoire et les destins individuels, l’âpreté des combats et la tendresse des sentiments. Les scènes de rue palpitent d’une vie intense tandis que la tension monte vers l’assaut final de la Porta Pia. Un chant d’amour pour Rome.
Aux éditions POCKET ; 816 pages.
6. Le Paradis caché (2023)
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En 1633, dans un village des Alpes italiennes, une jeune femme, Susanna, est retrouvée ensanglantée près du cadavre de son mari, un astronome adepte des théories de Galilée. L’Inquisition s’empare aussitôt de l’affaire. Constantin Tron, inquisiteur impitoyable secondé par son fidèle Paolo, monte un procès pour sorcellerie avec une issue certaine : le bûcher.
Le récit oscille entre ce procès et les années de jeunesse de Susanna, née dans le sang au monastère de Santa Ulpizia d’une mère prostituée. Son destin s’entremêle avec celui de Daniele, un garçon de cinq ans confié au même monastère. Sous l’aile protectrice du Frère Thevet et d’une abbesse avant-gardiste, ils grandissent ensemble, nourris de lectures interdites et de savoirs proscrits. Mais leur soif de connaissance devient dangereuse dans une société qui condamne l’instruction des femmes.
Ce testament littéraire de Luca di Fulvio, publié quelques mois avant sa mort des suites de la maladie de Charcot, transcende le simple roman historique. Le texte pulse au rythme des interrogatoires, s’illumine de moments de grâce entre les personnages et dénonce, à travers l’obscurantisme du XVIIe siècle, les mécanismes de répression toujours actifs aujourd’hui.
Aux éditions POCKET ; 768 pages.
