Leïla Slimani est une écrivaine et journaliste franco-marocaine née le 3 octobre 1981 à Rabat. Issue d’une famille biculturelle – son père était un banquier et haut fonctionnaire marocain, sa mère une médecin ORL franco-algérienne – elle grandit dans un environnement francophone au Maroc.
Après des études au lycée français de Rabat, elle s’installe à Paris en 1999 où elle étudie à Sciences Po. Elle débute sa carrière comme journaliste chez Jeune Afrique en 2008, couvrant l’actualité nord-africaine jusqu’en 2012, date à laquelle elle se consacre à l’écriture.
Son premier roman « Dans le jardin de l’ogre » (2014) est remarqué par la critique. La consécration arrive avec son deuxième roman « Chanson douce », qui obtient le prix Goncourt en 2016. Elle publie ensuite plusieurs ouvrages dont « Sexe et mensonges : La vie sexuelle au Maroc » (2017) et la trilogie « Le Pays des autres » dont le premier tome paraît en 2020.
En 2017, elle est nommée représentante personnelle du président Emmanuel Macron pour la francophonie. Militante pour les droits des femmes, elle prend régulièrement position sur des sujets de société, notamment les droits des femmes au Maroc. En 2024, elle est choisie pour co-écrire la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris.
Mariée depuis 2008, elle est mère de deux enfants et partage sa vie entre la France et le Maroc, revendiquant pleinement sa double culture.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Chanson douce (2016)
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Dans le Paris d’aujourd’hui, Myriam et Paul cherchent une nounou pour leurs deux jeunes enfants. Après plusieurs entretiens, ils engagent Louise, une quadragénaire discrète aux références impeccables. La nouvelle venue transforme rapidement leur quotidien : non contente de s’occuper parfaitement des enfants, elle range, cuisine, et devient le pilier central de la maisonnée.
Mais dès les premières pages, le drame est révélé : Louise a tué les deux enfants avant de tenter de mettre fin à ses jours. Le récit remonte alors le fil des événements pour comprendre comment cette femme en apparence irréprochable a basculé dans l’horreur. À travers le portrait de cette nounou solitaire et celui d’un couple de jeunes actifs, se dessine une réflexion sur la maternité, les rapports de classe et la précarité sociale.
Deuxième roman de Leïla Slimani, « Chanson douce » a reçu le prix Goncourt en 2016. Inspiré d’un fait divers survenu à New York en 2012, le livre s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires et a été traduit dans une quarantaine de langues. Son succès a donné lieu à une adaptation cinématographique en 2019 avec Karin Viard dans le rôle de Louise.
Aux éditions FOLIO ; 256 pages.
2. Le pays des autres – La guerre, la guerre, la guerre (2020)
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En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, rencontre Amine Belhaj, un soldat marocain combattant dans l’armée française. Ils se marient et s’installent près de Meknès au Maroc, où Amine a hérité d’une terre rocailleuse qu’il compte transformer en exploitation agricole florissante. Pour Mathilde, c’est le début d’une nouvelle vie, loin de sa famille et de ses repères.
Le couple affronte les difficultés quotidiennes : la terre aride qui résiste aux efforts d’Amine, l’hostilité des colons français qui désapprouvent cette union mixte, la méfiance des Marocains envers cette étrangère. Mathilde doit aussi composer avec les traditions locales, le poids de la religion et une société où les femmes restent cantonnées à leur rôle d’épouse et de mère. De leur union naissent deux enfants : Aïcha, brillante mais mise à l’écart à l’école en raison de ses origines métisses, et Selim.
Sur fond de montée des tensions indépendantistes dans le Maroc des années 1950, le roman suit pendant dix ans cette famille prise entre deux cultures, deux religions, deux visions du monde. Le titre « Le pays des autres » prend alors tout son sens : chaque personnage se sent étranger quelque part, que ce soit par sa nationalité, son genre ou sa position sociale.
Cette saga familiale s’inspire de l’histoire des grands-parents de Leïla Slimani. Après deux romans contemporains aux atmosphères sombres (« Dans le jardin de l’ogre », « Chanson douce »), ce changement radical de registre dévoile une autre facette de son talent. Elle livre ici une fresque historique qui interroge l’identité, l’exil et la condition féminine. Le succès rencontré par ce premier tome a donné naissance à une trilogie dont le deuxième volet, « Regardez-nous danser », est paru en 2022.
Aux éditions FOLIO ; 416 pages.
3. Le pays des autres – Regardez-nous danser (2022)
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Dans le Maroc des années 1960, la famille Belhaj incarne les transformations d’un pays en pleine mutation après son indépendance. Le domaine agricole d’Amine, ancien spahi marié à Mathilde l’Alsacienne, prospère enfin après des années de labeur. Une piscine surgit dans leur propriété, symbole de leur ascension sociale dans la nouvelle bourgeoisie de Meknès. Leur fille Aïcha poursuit des études de médecine à Strasbourg tandis que leur fils Selim, en rupture avec les ambitions paternelles, s’égare dans les paradis artificiels d’Essaouira.
Cette saga familiale se déroule sur fond d’autoritarisme du roi Hassan II, entre tentatives d’attentat et répression sanglante. Le Maroc post-colonial peine à trouver son équilibre, tiraillé entre traditions ancestrales et séductions de la modernité occidentale. Dans les rues d’Essaouira, les hippies côtoient les forces de l’ordre, tandis que dans les salons bourgeois, on danse et on festoie en ignorant la misère des bidonvilles.
Ce deuxième volet d’une trilogie inspirée de l’histoire familiale de Leïla Slimani offre un éclairage saisissant sur les « années de plomb » marocaines. À travers le destin croisé de ses personnages, surgissent les paradoxes d’une société où les femmes s’émancipent malgré le poids des traditions, où la jeunesse rêve de liberté face à un pouvoir autoritaire, où les anciennes élites coloniales sont remplacées par une nouvelle bourgeoisie tout aussi déconnectée du peuple. La parution du troisième tome est prévue pour 2025.
Aux éditions FOLIO ; 384 pages.
4. Dans le jardin de l’ogre (2014)
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Dans le Paris des années 2010, Adèle mène en apparence une vie rangée. Journaliste trentenaire mariée à Richard, un chirurgien, et mère d’un petit garçon de trois ans, elle habite un bel appartement dans le 18e arrondissement. Mais derrière cette façade respectable se cache une réalité plus sombre : Adèle souffre d’une addiction sexuelle qui la pousse à multiplier les relations avec des inconnus.
Jour après jour, elle organise méticuleusement sa double vie, enchaînant les rendez-vous furtifs avec des amants de passage – collègues, amis de son mari, hommes croisés dans la rue. Ces relations sans lendemain ne lui procurent aucun plaisir mais répondent à un besoin compulsif qu’elle ne peut contrôler. Quand Richard découvre ses infidélités, il décide de quitter Paris pour la Normandie, espérant que l’éloignement permettra à sa femme de se « soigner ».
Premier roman de Leïla Slimani publié en 2014, « Dans le jardin de l’ogre » aborde frontalement un sujet tabou : l’addiction sexuelle au féminin. Sans jamais tomber dans le voyeurisme, le récit dépeint avec acuité la descente aux enfers d’une femme prisonnière de ses pulsions. Cette fiction glaçante préfigure déjà les thèmes qui feront le succès de « Chanson douce », Goncourt 2016 : la transgression des normes sociales, la violence sourde qui couve sous les apparences policées de la bourgeoisie.
Aux éditions FOLIO ; 240 pages.
5. Le parfum des fleurs la nuit (2021)
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En avril 2019, Leïla Slimani accepte une proposition singulière : passer une nuit entière, seule, dans le musée de la Punta della Dogana à Venise. Ce lieu prestigieux, qui abrite la Collection Pinault, devient le théâtre d’une expérience aussi insolite qu’introspective.
L’autrice, qui avoue ne pas être particulièrement sensible à l’art contemporain, déambule dans les salles désertes. Au fil des heures, ses pas la mènent d’une œuvre à l’autre tandis que ses pensées vagabondent. Le parfum entêtant du galant de nuit, cette fleur qui ne s’épanouit qu’à la tombée du jour, ranime les souvenirs de son enfance marocaine. Dans l’obscurité du musée surgissent alors les fantômes du passé, notamment celui de son père Othman, injustement emprisonné puis acquitté après sa mort.
Cette nuit solitaire se transforme en une méditation sur l’acte d’écrire, la liberté, l’identité et l’exil. Entre Orient et Occident, entre clarté et pénombre, Slimani livre un texte où l’intime côtoie l’universel. Cette commande éditoriale pour la collection « Ma nuit au musée » des éditions Stock devient le prétexte d’une confession littéraire qui interroge la place de l’écrivain dans la société et la nécessité de la solitude dans la création.
Aux éditions FOLIO ; 160 pages.