Laurence Peyrin est une romancière française originaire de Grenoble. Après une carrière dans la presse, elle se lance dans l’écriture de romans avec « Stockholm », qui paraît en 2014. Elle connaît le succès dès l’année suivante avec « La drôle de vie de Zelda Zonk » (2015), qui remporte le Prix Maison de la Presse. Elle publie ensuite environ un ouvrage tous les ans, dans lesquels elle aborde notamment des thématiques féministes.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Une toute petite minute (2021)
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Une minute. C’est le temps qu’il aura fallu pour que la vie de Madeline Oxenberg bascule à jamais. Cette nuit du 31 décembre 1995, l’adolescente de 17 ans tue sa meilleure amie Estrella dans la salle de bain d’une fête du Nouvel An. Sans un mot d’explication, elle reconnaît sa culpabilité et accepte sa condamnation à vingt ans de prison.
De 1996 à 2016, Madeline purge sa peine au pénitencier de Bedford Hills. Elle refuse toute remise de peine, déterminée à purger sa sentence jusqu’au bout. Pendant ces longues années, elle étudie la littérature anglaise, obtient des diplômes et s’initie à l’horticulture.
À sa sortie, Madeline doit affronter un monde radicalement différent de celui qu’elle a quitté. Entre sa mère distante, sa sœur devenue mère de famille et ses tentatives pour se réinsérer, elle cherche sa place tout en portant le fardeau de son crime. Ce n’est qu’au terme du livre que sera enfin dévoilé ce qui s’est réellement passé durant cette minute fatale.
Dans ce roman psychologique d’une grande justesse, Laurence Peyrin réussit le pari délicat de nous attacher à une meurtrière. Elle évite les écueils du genre – pathos, sensationnalisme, jugement moral – pour livrer une réflexion sur la culpabilité et le pardon.
Le récit alterne entre deux périodes : l’incarcération de Madeline et son retour à la liberté. Cette structure permet d’observer comment la jeune femme, emprisonnée à 17 ans, tente de se reconstruire dans un monde qu’elle ne reconnaît plus. Si le dénouement peut sembler tardif, c’est que l’essentiel est ailleurs : dans le cheminement intérieur du personnage et sa lente renaissance.
Aux éditions POCKET ; 411 pages.
2. Après l’océan (2022)
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Southampton, 1912. Séduit par la promesse d’un riche Américain, Charles Alistair vend sa boulangerie prospère pour s’installer à New York avec les siens. Le « maître des tourtes » s’embarque sur le Titanic en compagnie de sa femme, son fils, ses deux filles et son gendre. La nuit du 14 avril, le paquebot sombre dans l’Atlantique. Seules Letta, 22 ans, et sa petite sœur Molly en réchappent.
À leur arrivée dans le Nouveau Monde, Molly, traumatisée, ne parle plus. Letta doit prendre soin de sa jeune sœur tout en trouvant comment survivre dans cette ville qui lui est étrangère. Elle trouve un emploi dans une pharmacie où elle se lie d’amitié avec Natalie, une femme médecin amputée d’une jambe. Mais l’état de Molly empire de semaine en semaine. Jusqu’au jour où la jeune fille est internée à l’hôpital psychiatrique de Blackwell.
À travers l’histoire de deux rescapées du Titanic, Laurence Peyrin raconte l’après-drame plus que le naufrage lui-même. Son roman sonde les thèmes du deuil, de la reconstruction et du traumatisme psychologique dans le New York du début du XXe siècle. La puissance du récit tient à son héroïne, Letta, qui doit surmonter sa propre douleur pour sauver sa sœur Molly, brisée par la tragédie. L’autrice y dénonce aussi le traitement inhumain des malades mentaux à l’époque.
Aux éditions POCKET ; 400 pages.
3. L’Aile des vierges (2018)
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Angleterre, 1946. Maggie Fuller franchit les portes de Sheperd House, un imposant manoir du Kent, pour y devenir femme de chambre. Fille d’une sage-femme féministe et petite-fille d’une suffragette, cette jeune veuve au caractère bien trempé n’avait pas imaginé sa vie ainsi. Elle qui rêvait d’études de médecine en Amérique se retrouve à servir l’aristocratique famille Lyon-Thorpe, aux côtés d’un personnel ancré dans les traditions du siècle précédent.
Dans ce microcosme figé où chacun doit rester à sa place, Maggie bouleverse les codes. Son esprit rebelle et ses idées progressistes dérangent. Mais sa rencontre avec John Lyon-Thorpe, le maître des lieux, change la donne. Entre eux naît une passion secrète et dévorante qui pourrait tout remettre en question. Tiraillée entre son désir d’indépendance et ses sentiments, Maggie devra choisir.
« L’Aile des vierges » se distingue par la force de son héroïne. Maggie Fuller, personnage bien construit, porte le roman de bout en bout. L’écriture de Laurence Peyrin se révèle fluide, particulièrement dans la première partie du roman, où l’atmosphère du manoir anglais d’après-guerre est admirablement restituée. Les dialogues, souvent teintés d’humour, apportent du rythme au récit.
Aux éditions POCKET ; 480 pages.
4. Sous le soleil de Soledad (2023)
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Cassie, surnommée « Mama Cass » comme la chanteuse des Mamas & Papas, gère un parc touristique dans les Everglades. Cette quinquagénaire bourrue fuit tout contact social, écrasée par ses complexes. Sa routine bien huilée vole en éclats le jour où elle trouve morte sa femme de ménage mexicaine, Soledad. Elle réalise alors qu’elle ne sait rien de cette employée fidèle qui œuvrait dans l’ombre depuis trois décennies.
Une lettre posthume de Soledad chamboule son existence : elle demande à Cassie de ramener ses cendres au Yucatan. Pour cette femme qui n’a jamais mis les pieds hors de Floride, ce premier départ s’annonce comme une épreuve insurmontable.
Dans l’avion qui l’emmène au Mexique, elle rencontre Viva, une influenceuse pétillante. Cette semaine au Mexique va métamorphoser Cassie. En cherchant à comprendre qui était vraiment Soledad, elle va s’ouvrir peu à peu aux autres et apprendre à s’accepter.
Le roman évite les clichés du genre feel-good grâce à une écriture pleine d’humour et un portrait psychologique nuancé. L’amitié qui naît entre Cassie et Viva, une influenceuse solaire, sonne juste. Laurence Peyrin aborde aussi des thèmes contemporains comme le féminisme, les réseaux sociaux ou le mouvement #MeToo. Une histoire touchante portée par des dialogues vifs et des descriptions soignées des paysages de Floride et du Yucatan.
Aux éditions CALMANN-LÉVY ; 425 pages.
5. Les Jours brûlants (2020)
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Nous sommes en 1976. À Modesto, petite ville de Californie, Joanne coule des jours heureux. À 37 ans, cette mère de deux enfants savoure une vie confortable auprès de son mari chirurgien. Les cocktails qu’elle prépare lors de leurs soirées mondaines font sa renommée. Mais sa tranquillité vole en éclats le jour où un inconnu l’agresse sur le chemin de la bibliothèque, la traite de « connasse » et lui vole son sac.
Cette violence gratuite la dévaste. Incapable de surmonter le traumatisme, Joanne perd pied. Son comportement change radicalement, inquiète ses proches. Lorsqu’elle comprend qu’elle est devenue un poids pour sa famille, elle s’enfuit sans laisser de trace. Son errance la mène à Las Vegas où le hasard la conduit au « Bunny Bunny », un club de strip-tease pas comme les autres. Dans ce lieu improbable peuplé d’écorchées vives comme elle, Joanne trouve un havre de paix inattendu. Sous sa nouvelle identité de barmaid, elle tente de panser ses plaies et de se réinventer.
Dans « Les Jours brûlants », Laurence Peyrin s’intéresse aux répercussions d’un traumatisme sur une femme en apparence comblée. À travers le destin de Joanne, elle questionne ce qui peut pousser une mère de famille à tout quitter du jour au lendemain. La puissance du roman réside dans sa capacité à décrire le basculement psychologique du personnage principal et sa lente reconstruction dans un univers aux antipodes de son milieu d’origine. Sur fond de chronique sociale de l’Amérique des années 70, la question de l’émancipation féminine et le thème de la résilience.
Aux éditions POCKET ; 400 pages.
6. Ma Chérie (2019)
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Gloria Mercy Hope Merriman vit une existence dorée dans le Miami des années 1960. Ancienne Miss Floride, elle est depuis dix ans la maîtresse d’un puissant agent immobilier qui la couvre de luxe et l’installe dans une belle villa. Ses journées s’écoulent entre cocktails mondains et séances de manucure. On la surnomme « Ma Chérie ».
Tout s’effondre quand son amant est arrêté pour escroquerie. À trente ans, sans le sou, elle doit retourner dans son village natal de Chooga Pines, en Floride. Dans le bus qui l’y ramène, elle accepte qu’un homme noir s’assoie à côté d’elle, ce qui provoque la stupeur des autres passagers.
Dans cette Amérique conservatrice de 1963, alors que Martin Luther King milite pour les droits civiques et que Kennedy est président, Gloria va devoir se reconstruire. Elle retrouve ses parents, son ami d’enfance Benjamin traumatisé par la guerre de Corée, et recroise Marcus, l’homme du bus. À leur contact, celle qui n’était qu’une femme entretenue superficielle va peu à peu s’ouvrir aux autres et prendre conscience des injustices qui l’entourent.
Avec « Ma chérie », Laurence Peyrin réussit à entrelacer la trajectoire personnelle de son héroïne avec les grands enjeux sociaux de l’époque : la ségrégation raciale, le traumatisme des vétérans de Corée, l’émergence du mouvement des droits civiques. La construction du récit, divisée en trois parties qui correspondent aux prénoms de l’héroïne (Gloria, Mercy, Hope), déroule son évolution psychologique. D’abord superficielle et passive, Gloria s’éveille progressivement à la conscience politique et sociale.
Aux éditions POCKET ; 288 pages.
7. Miss Cyclone (2017)
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New York, 1980. Angela a seize ans et vit à Coney Island avec sa mère, dans un HLM. Sa meilleure amie June habite le quartier chic voisin. Angela doit épouser Nick, son petit ami depuis l’enfance, dès qu’ils auront l’âge légal. Ensemble, ils reprendront le stand d’auto-tamponneuses familial. Leur destin semble écrit d’avance.
Le soir où John Lennon est assassiné, Nick présente Adam à Angela. Cette rencontre fait naître en elle des doutes sur la vie qui l’attend. Mais les événements s’enchaînent différemment de ce qu’elle imaginait. Angela se retrouve mariée à dix-sept ans. Les années passent, elle devient mère de quatre enfants tandis que June refuse la maternité.
Le roman suit ces différents personnages sur vingt ans, à travers quatre moments clés de l’histoire new-yorkaise : la mort de Lennon en 1980, l’ouragan Grace en 1991, l’affaire Lewinsky en 1998 et les attentats du 11 septembre 2001. Laurence Peyrin tisse un récit sensible sur l’amitié, les choix de vie et la possibilité – ou non – de reprendre en main son destin. Une histoire sur le poids des non-dits et la possibilité, peut-être, d’une deuxième chance.
Aux éditions POCKET ; 352 pages.
8. La drôle de vie de Zelda Zonk (2015)
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Hanna habite avec son mari Jeffrey dans un hameau perdu d’Irlande. Elle restaure des meubles anciens tandis que lui écrit des romans policiers. Ils élèvent ensemble Patti, la fille de la sœur d’Hanna, une hôtesse de l’air trop occupée pour s’en occuper. Leur vie s’écoule sans remous jusqu’au jour où Hanna est grièvement blessée dans un carambolage.
Sa convalescence à l’hôpital prend un tour inattendu quand elle rencontre Zelda Zonk, une vieille dame au caractère bien trempé. Ce nom interpelle Hanna : c’était l’alias utilisé par Marilyn Monroe pour échapper aux paparazzis. Simple coïncidence ? Zelda reste évasive sur son passé américain.
La présence de Michael, le fils de Zelda, complique encore la situation. Hanna se sent irrésistiblement attirée par cet homme mystérieux. Entre une possible romance et le secret de Zelda, elle s’interroge sur ses propres désirs. Le moment est-il venu de changer de vie ?
Le roman joue sur l’ambiguïté permanente autour de Zelda Zonk : est-elle vraiment Marilyn Monroe ayant mis en scène sa mort pour vivre incognito en Irlande ? Cette énigme sert de prétexte pour aborder des thèmes plus profonds : la liberté, les choix de vie, la passion, la routine du couple.
Aux éditions POCKET ; 448 pages.
9. Hanna (2015)
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Dans ce deuxième volet qui fait suite à « La drôle de vie de Zelda Zonk », nous retrouvons Hanna à New York où elle tente de reconstruire sa vie. Pour oublier sa liaison passionnée avec Michael, le fils de la mystérieuse Zelda Zonk, elle a quitté l’Irlande et suivi son mari Jeff. Elle a ouvert une librairie-salon de thé qui a rapidement connu le succès.
Mais le passé la rattrape à travers sa fille Eleanor, six mois, dont les yeux rappellent étrangement ceux de Michael – son véritable père. Ce secret n’est pas le seul à peser sur les épaules d’Hanna : Zelda lui a légué son cottage irlandais avant de mourir. Jeff, de son côté, dissimule aussi ses propres mensonges.
Le décès du père d’Hanna va précipiter son retour en Irlande. Les retrouvailles avec Michael semblent inévitables. Entre New York et Kinsale, Hanna devra faire face à ses choix, ses doutes et ses désirs.
Laurence Peyrin brode un récit intimiste autour des choix amoureux, de la maternité et des secrets de famille. Le personnage d’Hanna gagne en profondeur par rapport au premier tome : elle évolue d’une femme indécise vers quelqu’un qui assume peu à peu ses choix. Le mystère sur l’identité de Zelda Zonk, fil conducteur des deux romans, trouve ici sa résolution.
Aux éditions POCKET ; 288 pages.
